Protopunk

Le protopunk est une musique issue du milieu des années 1960 et du début des années 1970 ayant inspiré le punk rock. D'une manière typique, tous les musiciens de protopunk ne se considèrent pas comme punk. En effet, le protopunk n'est pas un genre musical bien défini. Il adopte une large variété de styles et éléments musicaux, en particulier le garage rock.

Protopunk
Origines stylistiques Rockabilly, garage rock, surf rock, hard rock, pub rock
Origines culturelles Milieu des années 1960, États-Unis, Royaume-Uni
Instruments typiques Guitare électrique, basse, batterie, boîte à rythmes, claviers

Sous-genres

Glam punk, garage punk, punk blues

Genres dérivés

Punk rock, post-punk

Des groupes américains comme The Stooges, MC5, Death, The Seeds, Paul Revere and the Raiders, The Monks, The Sonics, Shadows of Knight, The Velvet Underground, The Doors, Alice Cooper, The Trashmen, Suicide, Question Mark and the Mysterians, The Standells, Cheepskates, The Kingsmen, The Modern Lovers, New York Dolls, The Dictators, Lou Reed, Big Star, The Fugs, Television, Captain Beefheart, Patti Smith, Richard Hell, Rocket from the Tombs, et Love ; des groupes allemands comme Ton Steine Scherben, Neu! et Can ; le groupe australien Radio Birdman, et des groupes britanniques tels que Them, The Kinks, The Troggs, The Animals, The Move, The Who, David Bowie, T. Rex, Faces, Mott the Hoople, Roxy Music, Hawkwind, Dr Feelgood[1] ainsi que le groupe péruvien Los Saicos[2], font partie de ceux qui influenceront de manière significative le punk[3],[4],[5].

Histoire

Origines

La musique punk, à l'époque un sous-genre musical, retrace certains de ses éléments dans les premières chansons rhythm and blues, et les récents groupes de rockabilly. La chanson Love Me de Jerry Lott, sortie en 1958 (enregistrée sous le nom de The Phantom) peut être considérée comme précurseur du son punk. Au début et au milieu des années 1960, les groupes de garage rock, par la suite reconnus comme les fondateurs du punk rock, se délocalisent à différents endroits en Amérique du Nord. The Kingsmen, un groupe garage originaire de Portland, dans l'Oregon, se popularise en 1963 grâce à une reprise de Louie Louie[6]. Le surf rock, popularisé et développé par Dick Dale et The Beach Boys, inspire le garage et plus tard le punk rock[7],[8]. Le son minimaliste de la plupart des groupes de garage rock s'inspire de la British Invasion. Les singles des Kinks, You Really Got Me et All Day and All of the Night, sont considérés comme les « prédécesseurs » du genre[9]. En 1965, The Who se popularisent rapidement avec leur single I Can't Explain, un clone virtuel des Kinks. En 1966, la popularité des groupes de garage rock décline pendant quelques années, mais le son agressif et l'attitude rebelle de groupes de « garage psych » comme The Seeds préservent le style de ces groupes qui deviendront plus tard les figures archétypes du protopunk[10]. Les deux premiers albums du groupe Love, Love (1966) et en particulier Da Capo (1967), commencent à explorer un son protopunk avec des chansons comme 7 and 7 Is, leur seule chanson ayant obtenu le succès[11],[12]. Arthur Lee des Love est considéré comme le « premier rockeur punk ». Mais Lee le prend mal, croyant que cette phrase le définissait comme « l'esclave de quelqu'un ou un truc comme ça[13]. »

Développement aux États-Unis

En 1960 émerge l'un des premiers groupes protopunk, The Sonics. En , MC5, un groupe originaire de Détroit, fait paraître Kick Out the Jams. « Musicalement parlant, le groupe est intentionnellement agressif », d'après Lester Bangs du magazine Rolling Stone[14]. En août de la même année, The Stooges, originaires d'Ann Arbor, font paraître leur album homonyme. Selon l'auteur Greil Marcus, le groupe, mené par le chanteur Iggy Pop, reproduit le « son de la chanson Airmobile de Chuck Berry[15]. » L'album est produit par John Cale, un ancien membre du groupe expérimental The Velvet Underground[16].

Au début des années 1970, les New York Dolls décident de faire passer leur style rock 'n' roll des années 1950 à un autre niveau, qui sera plus tard connu sous le nom de glam punk[17]. Au même moment, le mythique duo new-yorkais Suicide, qui réunit Alan Vega et Martin Rev, joue une musique expérimentale et minimaliste, souvent teintée de rockabilly, définissable comme une sorte d'électro-punk avant l'heure. Dans le Queens, The Dictators jouent du rock humoristique et font des reprises pleines d'énergie rageuse[18]. À Boston, The Modern Lovers menés par Jonathan Richman se popularisent grâce à leur style minimaliste. En 1974, une scène garage rock commence à se regrouper autour du club Rathskeller au Kenmore Square. Y participent des groupes tels que Real Kids, fondé par l'ancien membre des Modern Lovers John Felice ; Willie Alexander and the Boom Boom Band, dont le chanteur est un ancien membre du Velvet Underground où il officia pendant quelques mois en 1971 ; et Mickey Clean and the Mezz[19],[20],[21],[22]. Dans l'Ohio, une petite scène underground émerge, menée par Devo originaire d'Akron et Kent, et par The Electric Eels, Mirrors et Rocket from the Tombs. Lorsque The Electric Eels et Mirrors se disloquent, The Styrenes émergent de ces séparations[23],[24].

Développement international

À la fin des années 1960, le groupe britannique The Deviants joue dans un style psychédélique[25]. En 1970, le groupe évolue en Pink Fairies, jouant dans une veine similaire[26].

Notes et références

  1. (en) Buckley 2003, p. 403, The addition of Simon House(violin/keyboards) in 1974 mellowed the musical assault without damaging the fabric, but with proto-punk Lemmy on the bass the demands of heavy rock would always be satisfied.
  2. (en)Jonathan Watts, Dan Collyns, Where did punk begin? A cinema in Peru , The Guardian, 14 septembre 2012.
  3. "Proto-Punk", All Music Guides, consulté le 24 septembre 2009.
  4. (en) D. Hebdige, Subculture, the meaning of style, (Londres : Taylor & Francis, 1979), p. 25.
  5. (en) Jack B. Moore, Skinheads shaved for battle: a cultural history of American skinheads, (Popular Press, 1993), p. 41.
  6. (en) Sabin (1999), p. 157.
  7. (en) « Surf music », AllMusic (consulté le ).
  8. (en) R. Sabin, Punk rock: so what? : the cultural legacy of punk (Routledge, 1999), p. 159.
  9. (en) Harrington (2002), p. 165.
  10. Sabin (1999), p. 159.
  11. (en) Schinder, Schwartz (2008), p.263.
  12. (en) "Da Capo" AllMusic, consulté le 5 août 2011.
  13. (en) Einarson (2010), p.241.
  14. (en) MC5: Kick Out the Jams, review by Lester Bangs, Rolling Stone, 5 avril 1969, consulté le 27 janvier 2007.
  15. (en) Marcus (1979), p. 294.
  16. (en) Taylor (2003), p. 49.
  17. (en) Harrington (2002), p. 538.
  18. (en) Bessman (1993), pp. 9–10.
  19. (en) Andersen and Jenkins (2001), p. 12.
  20. (en) Robin Vaughan, « Reality Bites »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?), Boston Phoenix, 6-12 juin 2003 (consulté le ).
  21. (en) Joe Harvard, « Mickey Clean and the Mezz », Boston Rock Storybook (consulté le ).
  22. (en) Ira Robbins, « Wille Alexander », Trouser Press Guide (consulté le ).
  23. (en) Klimek, Jamie, Mirrors, Jilmar Music.
  24. (en) Jäger, Rolf, Styrenes—A Brief History, Rent a Dog, consulté le 27 novembre 2007.
  25. (en) Toshikazu Ohtaka, « Soundwise, we wanted to be incredibly loud and violent! That says it all. The hippies wanted to be nice and gentle, but our style was the opposite of that peaceful, natural attitude. » (version du 8 mai 2008 sur l'Internet Archive), .
  26. (en) Unterberger (1998), pp. 86–91.

Voir aussi

Bibliographie

  • Peter Buckley, The Rough Guide to Rock, Londres, Rough Guides, (ISBN 1-85828-201-2)
  • (en) Einarson, John. Forever Changes: Arthur Lee and the Book of Love. (Jawbone ()). (ISBN 1-906002-31-2)
  • (en) Schinder, Scott; Schwartz, Andy. Icons of Rock: Elvis Presley ; Ray Charles; Chuck Berry ; Buddy Holly ; The Beach Boys ; James Brown ; The Beatles ; Bob Dylan ; The Rolling Stones ; The Who ; The Byrds ; Jimi Hendrix.(ABC-CLIO, 2008). (ISBN 0-313-33846-9)
  • (en) Unterberger, Richie (1999). Music USA: The Rough Guide (Londres : Rough Guides). (ISBN 1-85828-421-X)
  • (en) Unterberger, Richie (2002). British Punk, in All Music Guide to Rock: The Definitive Guide to Rock, Pop, and Soul, 3d ed., ed. Vladimir Bogdanov, Chris Woodstra, and Stephen Thomas Erlewine (San Francisco: Backbeat). (ISBN 0-87930-653-X)
  • (en) Taylor, Steven (2003). False Prophet: Field Notes from the Punk Underground (Middletown, Conn.: Wesleyan University Press). (ISBN 0-8195-6668-3)
  • (en) Taylor, Steve (2004). The A to X of Alternative Music (London and New York: Continuum). (ISBN 0-8264-8217-1)
  • (en) Marcus, Greil, ed. (1979). Stranded: Rock and Roll for a Desert Island (New York: Knopf). (ISBN 0-394-73827-6)
  • (en) Marcus, Greil (1989). Lipstick Traces: A Secret History of the Twentieth Century (Cambridge, Mass.: Harvard University Press). (ISBN 0-674-53581-2)
  • (fr) Lipstick Traces : Une histoire secrète du vingtième siècle
  • (en) Reed, John (2005). Paul Weller: My Ever Changing Moods (London et al.: Omnibus Press). (ISBN 1-84449-491-8)
  • (en) Bessman, Jim (1993). Ramones: An American Band (New York: St. Martin's). (ISBN 0-312-09369-1)
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