Protocole Hossbach

La Note Hossbach, qu'on appelle également mais de façon erronée le Protocole Hossbach, est une note officieuse, rédigée par le lieutenant-colonel Friedrich Hoßbach d'après le procès-verbal d'une réunion secrète le à Berlin pendant laquelle Adolf Hitler informa les participants qu'il projetait de commencer éventuellement une guerre. Dans cette perspective, Hitler exposa les étapes essentielles du projet d’agrandissement de l'« espace vital » à l'Est[1]. Au cours du procès de Nuremberg, la Note Hossbach fut utilisée dans l'acte d'accusation pour prouver l'accusation de « complot » des dignitaires présents.

Le Major Friedrich Hoßbach (au milieu) en 1934

Participants

C'est à la chancellerie du Reich que Hitler réunit les membres de la réunion, qui dura de 16 h 15 à 20 h 30 :

Fut présent également l'aide de camp d'Hitler pour la Wehrmacht, le lieutenant-colonel Friedrich Hoßbach.

Débat

Hitler avait convoqué les plus hauts dirigeants de l'armée et de la politique étrangère pour une conférence pour se pencher sur les problèmes de l'économie de guerre, surtout l'approvisionnement en acier, qui était insuffisant. Ce fut l'occasion pour Raeder de demander immédiatement de mettre davantage d'acier à la disposition de la marine pour la construction navale. La conférence devait, en présence d'Hermann Göring, responsable du plan quadriennal, arriver à un consensus viable sur la répartition des matières premières. Cependant, Hitler s'écarta tout de suite du sujet et fit, pendant plusieurs heures, aux participants un exposé de ses objectifs les plus précis en politique étrangère. Il s'ensuivit une discussion animée sur ce thème, et c'est seulement ensuite que le sujet de la répartition de l'acier fut abordé.

Pour Hitler, l'autarcie de son pays n'est plus possible. La politique nataliste a porté ses fruits, et la population augmente, mais l'utilisation d'engrais artificiels a détérioré en partie le sol. La participation au commerce mondial n’est pas dans les objectifs du Führer. Le manque de réserves du régime rend la crise alimentaire inévitable. Il faut donc s'emparer de « territoires utilisables pour l’agriculture », et il n'est pas question de soumettre des populations pour le moment.

Hitler pense que toute tentative d’expansion sera contrée par une force plus ou moins importante. Il échafaude alors trois hypothèses, mettant en scène les deux « ennemis implacables de l’Allemagne », la Grande-Bretagne et la France :

  • Le conflit aurait lieu entre 1943 et 1945, lorsque la modernité des équipements allemands ne sera plus d’actualité. De même, le vieillissement des dirigeants du Reich, y compris Hitler lui-même, ne laisse pas d'autre choix, au plus tard, que cette période pour mener un conflit ;
  • Les conflits sociaux en France nécessitent l'intervention de l’armée, ce qui sera alors un moment opportun pour l'Allemagne ;
  • La guerre d’Espagne évolue vers un conflit anglo-franco-italien vers 1938. Là encore, l’Allemagne pourrait agir à partir de cette période.

Néanmoins, quoi qu'il arrive, il faut tout d'abord s'emparer de l’Autriche et de la Tchécoslovaquie, pour éviter une menace de flanc lors d'un conflit à l'Ouest. Notamment, Hitler suppose, avec justesse, que la Grande-Bretagne laissera l'Allemagne s'emparer de la Tchécoslovaquie, à cause des difficultés internes de son empire, et que la France fera donc de même.

Neurath, Blomberg et Fritsch s'opposent à cette vision d'Hitler, ce qui causera la réorganisation des services du Reich.

Conséquences

La première grande conséquence de la réunion fut l'affaire Blomberg-Fritsch : deux affaires judiciaires (peut-être montées de toutes pièces) permirent à Hitler d'écarter Blomberg et Fritsch de leurs postes respectifs et de remplacer le ministère de la Guerre par l'Oberkommando der Wehrmacht. Wilhelm Keitel fut mis à la tête de ce dernier, et Hitler gardait le contrôle de la Wehrmacht et nomma Walther von Brauchitsch à la tête des forces de l'Armée de terre (la Heer).

L'autre conséquence fut la démission de von Neurath puisque la politique définie par Hitler « signifiait l’effondrement de la politique étrangère que [il avait], jusqu'alors, poursuivie avec persévérance [2]». Il fut remplacé par Joachim von Ribbentrop.

Sources

Notes et références

  1. « A secret meeting at which Hitler informed his closest advisers that he planned to go to war.... he outlined the steps he intended to take in achieving Lebensraum in the East, and the means he would use to provide its germanization » in (en) Louis L. Snyder, Encyclopedia of the Third Reich, Ware, Hertfordshire, Wordsworth Editions, coll. « military library », , 410 p. (ISBN 978-1-853-26684-3, OCLC 954460015), p. 171
  2. « Procès des grands criminels de guerre devant le tribunal militaire international », T. I. Nuremberg, 1947, t. XVI, p. 640.
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