Programme Shenzhou

Le programme Shenzhou, (chinois : 神舟 ; pinyin : shénzhōu ; litt. « vaisseau divin ») est le programme de vol spatial habité de la République populaire de Chine. Les missions du programme utilisent le vaisseau spatial Shenzhou développé avec l'aide de la Russie, et qui présente de grandes similarités avec le vaisseau Soyouz, ainsi que le lanceur Longue Marche 2F qui est tiré depuis la base de lancement de Jiuquan. Le projet est lancé en 1992 sous le nom de Projet 921-1. Le premier vol d'un taïkonaute a lieu le (mission Shenzhou 5) après quatre vols sans équipage destinés à qualifier le vaisseau qui se sont déroulés entre 1999 et 2002. Fin 2011, quatre missions habitées Shenzhou ont été lancées depuis le démarrage du programme : elles ont permis de tester des configurations de vol (taille de l'équipage, opérations en vol) de complexité croissante. Dans le cadre de la mission Shenzhou 7, l'astronaute Zhai Zhigang a réalisé la première sortie d'un Chinois dans l'espace le . Et le , dans le cadre de la mission Shenzhou 9, Liu Yang devint la première taïkonaute chinoise à aller dans l'espace et réalisa durant ce vol un amarrage manuel à la station spatiale Tiangong 1. La station spatiale Tiangong 2 est lancée le et ses occupants sont lancés un mois après.

Pour les articles homonymes, voir Shenzhou.

Programme Shenzhou

Architecture modulaire de la capsule Shenzhou
Données générales
Pays Chine
Objectifs Vol spatial habité
Statut En cours
Nombre de missions 11
Données techniques
Capsules Shenzhou
Lanceurs Longue Marche 2F
Bases de lancement Centre spatial de Jiuquan
Historique
Début
1er lancement 19 novembre 1999 (Shenzhou 1)
1er lancement habité 15 octobre 2003 (Shenzhou 5)
Résultats
Première(s) 1er chinois (Shenzhou 5) et 1re chinoise (Shenzhou 9) dans l'espace
1re sortie extravéhiculaire chinoise (Shenzhou 7)

Historique

Le projet 714 (1971)

La Chine place en orbite son premier satellite artificiel, Dong Fang Hong I (L'Orient est rouge) le à l'aide d'une fusée Longue Marche-1 tirée depuis la base de lancement de Jiuquan. Elle devient ainsi la cinquième puissance spatiale après l'Union soviétique, les États-Unis, la France et le Japon[1]. La création d'un programme de vols spatiaux habités sous-tendue par un premier rapport d'experts et la création d'un institut de recherche voué à la médecine spatiale en 1968, se concrétise en 1971 avec le lancement du projet 714 dont l'objectif est de placer sur orbite le premier astronaute chinois en 1973. 19 astronautes sont sélectionnés mais le programme est arrêté peu après par Mao Zedong qui annonce que d'autres projets sont plus prioritaires. Toutefois la mise au point des techniques nécessaires se poursuit. Le satellite FSW-0 1, le permet à la Chine de mettre au point les techniques de rentrée atmosphérique et d'atterrissage qui seront utilisées dans le cadre des vols spatiaux habités. La mort de Mao Zedong en 1976 entraine des bouleversements dans les priorités du pays qui touchent également le programme spatial. Néanmoins, le premier bâtiment de la série Yuan Wang destiné au suivi des trajectoires des missiles, lanceurs et satellites entre en service en 1979. Le premier missile balistique intercontinental chinois est tiré avec succès à sa portée maximale en [2].

Le projet 863 (1992)

Après la première tentative avortée dans les années 1960, un projet de programme spatial habité (projet 863-204) est lancé en . Il prévoit notamment le développement d'un vaisseau habité et d'une station spatiale. Ce projet est abandonné en 1992 au profit du projet 921. En lançant ce programme de prestige à l'opposé de la stratégie adoptée jusque-là, Jiang Zemin veut sans doute surtout profiter de l'opportunité créée par l'éclatement de l'Union soviétique qui permet à la Chine de se procurer à faible cout toute la technologie nécessaire à un vol habité. Le projet est placé le sous la direction de Qi Faren et de Wang Yongzhi[3]. Il est planifié trois phases s'étalant sur deux décennies :

  • Durant la phase hase 1 deux vols sans équipage sont effectués. Le premier vol habité chinois doit avoir lieu en 2002.
  • La phase 2 débute en 2007 et comprend plusieurs vols destinés à tester la technologie de rendez-vous et d'amarrage en orbite ainsi que la mise en œuvre d'un laboratoire spatial léger.
  • La phase 3 prévoit la mise en orbite d'une station spatiale de 20 tonnes qui devrait avoir lieu durant la période 2010-2015.

En 1995, des accords sont passés entre la Russie et la Chine portant sur l'acquisition des technologies du vaisseau russe Soyouz ainsi que l'achat d'exemplaires du vaisseau, de systèmes de support-vie, d'amarrage et de combinaisons spatiales. Les équipages chinois sont entrainés dans les installations de la Cité des Étoiles à Moscou. Le programme est baptisé Shenzou, c'est-à-dire vaisseau divin, allusion au nom poétique de la Chine (pays divin). Le vaisseau Shenzhou a des caractéristiques très proches du vaisseau Soyouz. Il se différencie par des dimensions légèrement supérieures et une forme légèrement plus cylindrique. Comme le vaisseau Soyouz, le vaisseau Shenzhou atterrit sur la terre ferme. En 1996, deux astronautes chinois, Wu Jie et Li Qinglong commencent leur formation au Centre d'entraînement des cosmonautes Youri-Gagarine en Russie. Une fois cette formation achevée, les deux hommes retournent en Chine et participent à la formation d'autres astronautes chinois à Pékin et au Centre spatial de Jiuquan. De nouvelles installations (bâtiment d'assemblage, pas de tir, etc.) sont bâties sur la base de lancement de Jiuquan, en Mongolie-Intérieure; Au printemps 1998, une maquette taille réelle du lanceur Longue Marche 2F version du lanceur Longue Marche développée pour placer en orbite le vaisseau Shenzhou est mise en œuvre pour les tests d'intégration et de capacité[4].

Premier vol du vaisseau Shenzhou

Maquette du lanceur Longue Marche 2F.

Le premier vol du vaisseau spatial sans équipage, Shenzhou 1 a lieu le , une date choisie pour symbolisme puisqu'il s'agit du 50e anniversaire de la fondation de la République populaire de Chine. Trois autres vols (Shenzhou 2 à Shenzou 4) sont effectués entre 2001 et 2002 pour mettre au point le vaisseau, le lanceur et le segment terrestre[5].

Premier chinois dans l'espace

Yang Liwei, devenu en 2003 le premier chinois dans l'espace lors du vol Shenzhou 5.

Le cinquième vol, Shenzhou 5, le premier transportant un chinois dans l'espace (Yang Liwei), fut lancé le .

Tout comme les programmes spatiaux similaires d'autres pays, le programme Shenzhou la question est posée de savoir si la Chine doit dépenser de l'argent dans un programme spatial habité, alors que le niveau de vie moyen des chinois est encore très bas. En effet, deux programmes de vols spatiaux habités antérieurs, l'un au milieu des années 1970 et l'autre dans les années 1980 ont été annulés à cause de leurs coûts importants. En réponse aux détracteurs, un certain nombre de justifications sont diffusées dans les médias chinois. La première est que le destin à long terme de l'humanité réside dans l'exploration de l'espace, et que la Chine ne doit pas être laissée pour compte. Une autre est que ce programme doit catalyser le développement de la science et de la technologie en Chine. Enfin le prestige résultant de cette capacité a également pour objectif d'augmenter l'image de la Chine dans le monde, d'une manière similaire aux Jeux olympiques de 2008. Le , à la suite du succès du vol habité Shenzhou 6 les responsables chinois indiquent que la mission a couté 110 millions d'USD tandis que 2,3 milliards de dollars US ont été dépensées pour le projet 921-1 au cours des 11 dernières années[6].

Station spatiale Tiangong

La première station spatiale chinoise, Tiangong 1 est lancée en , il s'agit d'un module d'essai. En , Liu Yang, la première astronaute féminine chinoise, réalise un amarrage manuel à la station Tiangong 1, pour la première fois dans le programme spatial chinois. Le , la station Tiangong 2 est lancée. Les taïkonautes partent la rejoindre un mois après, le .

Caractéristiques techniques du lanceur Longue Marche 2F

Le vaisseau Shenzhou est lancé par une fusée CZ-2F ou Longue Marche 2F depuis la base de lancement de Jiuquan. Il s'agit d'une version modifiée du lanceur Longue Marche 2E par ajout de systèmes de sécurité augmentant les chances de survie de l'équipage en cas de panne et quelques renforts structurels. La fusée mesure 62 mètres de haut et pèse 477 tonnes. Elle peut placer 8,5 tonnes sur une orbite basse de 500 km[7].

Caractéristiques du vaisseau Shenzhou

Le vaisseau Shenzhou développé pour le programme spatial chinois est au niveau de sa structure très proche du vaisseau russe Soyouz. Comme celui-ci il peut transporter trois passagers et comporte trois modules (module de service, de descente et orbital). Par rapport à Soyouz, le vaisseau Shenzhou est légèrement plus grand et le module orbital dans la version utilisée pour les premiers vols est équipé de panneaux solaires de 12 m2, ce qui le rend autonome. Les modules orbitaux des missions sans équipage Shenzhou 3 et Shenzhou 4 ont pu ainsi effectuer des vols de six mois de façon autonome, c'est-à-dire après que le module de service et le module de descente ont été largués[8],[9].

Comparaison des caractéristiques des vaisseaux Shenzhou et Soyouz[10]
Module Caractéristique Shenzhou Soyouz
Vaisseau completMasse7,8 tonnes7,21 tonnnes
Longueur9,15 m.6,98 m.
Diamètre maximal2,8 m.2,6 m.
Module de serviceMasse3 tonnes2,95 tonnes
dont ergols1100 kg900 kg
Longueur2,94 m.2,3 m.
Diamètre maximal2,8 m.2,2 m.
Panneaux solaires2 de 24 m²2
Module de descenteMasse3,2 tonnes3 tonnes
Longueur2,5 m.1,9 m.
Diamètre maximal2,5 m.1,17 m.
Module orbitalMasse2 tonnes1,3 tonnes
Longueur2,8 m.2,2 m.
Diamètre maximal2,8 m.2,25 m.
Panneaux solaires2 de 12 m²aucun

Historique des missions Shenzhou

La combinaison spatiale Haiying portée par Yang Liwei en exposition.

Les lignes bleues correspondent aux missions habitées.

Nom de la missionInsigneDate de lancementDescription
Shenzhou 1Vol de test non habité.
Shenzhou 2Vol de test avec animaux à bord.
Shenzhou 3Vol de test avec un mannequin.
Shenzhou 4Vol de test avec un mannequin et plusieurs expériences scientifiques.
Shenzhou 5Premier vol d'un taïkonaute.
Shenzhou 6Équipage de deux taïkonautes; mission de 5 jours.
Shenzhou 7Équipage de 3 taïkonautes; Première sortie extravéhiculaire chinoise.
Shenzhou 8Test sans équipage. Amarrage avec la station Tiangong 1.
Shenzhou 9Équipage de trois taïkonautes dont la première femme chinoise (Liu Yang). Rendez-vous automatique et manuel et amarrage avec Tiangong 1 (premier amarrage avec équipage pour la Chine).
Shenzhou 10Équipage de trois taïkonautes . Amarrage avec Tiangong 1. Deuxième amarrage avec équipage pour la Chine.
Shenzhou 11Équipage de deux taïkonautes. Amarrage avec Tiangong 2. Vol de longue durée (un mois).
Shenzhou 12Équipage de trois taïkonautes. Amarrage avec la Station spatiale chinoise . Vol de longue durée (trois mois).

Notes et références

Références

  1. I. Sourbès-Verger et D. Borel, p. 25-31 op. cit.
  2. I. Sourbès-Verger et D. Borel, p. 21-35 op. cit.
  3. I. Sourbès-Verger et D. Borel, p. 365_366 op. cit.
  4. (en) [PDF]Futron Corporation, « China and the Second Space Age » [archive du ], (consulté le )
  5. China in space : the great leap forward, p. 262-308
  6. (en) « Successful Manned Space Mission Triggers Booming Aerospace Economy », sur http://www.spacedaily.com, (consulté le )
  7. (en) Patrick Blau, « Long March 2F – Launch Vehicle », sur Spaceflight101 (consulté le )
  8. China in space : the great leap forward, p. 267-271
  9. (en) Patrick Blau, « Shenzhou Spacecraft Overview », sur Spaceflight101 (consulté le )
  10. China in space : the great leap forward, p. 270

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Philippe Coué, Shenzhou : les Chinois dans l'Espace, éditions L'Esprit du Temps, 2013
  • Isabelle Sourbès-Verger et Denis Borel, Un empire très céleste : la Chine à la conquête de l'espace, Paris, Dunod, , 275 p. (ISBN 978-2-10-051729-9)
  • (en) Brian Harvey, China in space : the great leap forward, Springer Praxis, (ISBN 978-1-4614-5042-9)
  • (en) Brian Harvey, China's Space Program : from conception to manned spaceflight, London/Chichester, Springer Verlag, , 349 p. (ISBN 1-85233-566-1, lire en ligne)

Liens externes

  • Portail de l’astronautique
  • Portail de la Chine
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.