Prix Turing

Le prix Turing ou ACM Turing Award, en hommage à Alan Turing (1912-1954), est attribué tous les ans depuis 1966 à une personne sélectionnée pour sa contribution de nature technique faite à la communauté informatique[1]. Les contributions doivent être d’une importance technique majeure et durable dans le domaine informatique.

Prix Turing

Statue d'Alan Turing à Bletchley Park.

Nom original ACM Turing Award
Organisateur Association for Computing Machinery
Date de création 1966

Pour les articles homonymes, voir Turing.

Organisation et financement

La récompense est décernée par l’Association for Computing Machinery (ACM)[2].

Cette récompense a été créée par l’InterTrust Technologies Corporation’s Strategic Technologies and Architectural Research Laboratory (STAR Lab). Elle est parfois considérée comme étant l'équivalent du prix Nobel en informatique[3]. De 2007 à 2013, le lauréat de ce prix se voyait remettre la somme de 250 000 USD (dont une partie offerte par Intel et Google).

Depuis 2014, la somme remise est d'un million de dollars, offerte par Google[4].

Lauréats

Liste des lauréats
Année Nom(s) Motivation(s)
1966 Alan J. Perlis ( États-Unis) Construction de compilateurs.
1967 Maurice Wilkes ( Royaume-Uni) Bibliothèque logicielle.
1968 Richard Hamming ( États-Unis) Méthodes numériques, systèmes de codage automatique, détection et correction d’erreurs.
1969 Marvin Minsky ( États-Unis) Intelligence artificielle.
1970 James H. Wilkinson ( Royaume-Uni) Analyse numérique, algèbre linéaire, analyse d’erreur vers l’arrière.
1971 John McCarthy ( États-Unis) Intelligence artificielle.
1972 Edsger Dijkstra ( Pays-Bas) La science et l’art des langages de programmation, langage ALGOL.
1973 Charles Bachman ( États-Unis) Technologie des bases de données.
1974 Donald Knuth ( États-Unis) Analyse des algorithmes et conception des langages de programmation
1975 Allen Newell ( États-Unis) et Herbert A. Simon ( États-Unis) Intelligence artificielle, la psychologie de la compréhension humaine, traitement de liste.
1976 Michael Rabin ( Israël) et Dana S. Scott ( États-Unis) Machine non déterministe. Voir Machine de Turing non déterministe.
1977 John Backus ( États-Unis) Systèmes de programmation de haut niveau, procédures formelles pour la spécification des langages de programmation, langage FORTRAN.
1978 Robert Floyd ( États-Unis) Méthodologies pour la création de logiciels efficaces et fiables.
1979 Kenneth Iverson ( Canada) Langages de programmation et notation mathématique, implémentation de systèmes interactifs, utilisation éducative d’APL, théorie et pratique du langage de programmation.
1980 Charles A. R. Hoare ( Royaume-Uni) Définition et conception des langages de programmation.
1981 Edgar Frank Codd ( Royaume-Uni) Systèmes de gestion de bases de données, en particulier bases de données relationnelles.
1982 Stephen Cook[5] ( États-Unis) Complexité du calcul informatique.
1983 Kenneth Thompson ( États-Unis) et Dennis Ritchie ( États-Unis) Théorie des systèmes d'exploitation, implémentation du système UNIX.
1984 Niklaus Wirth ( Suisse) Développement des langages EULER, Algol W, MODULA et PASCAL.
1985 Richard Karp ( États-Unis) Théorie des algorithmes, NP-complétude.
1986 John Hopcroft ( États-Unis) et Robert Tarjan ( États-Unis) Création et analyse de structures de données.
1987 John Cocke ( États-Unis) Théorie des compilateurs, architecture des grands systèmes, invention des architectures RISC.
1988 Ivan Sutherland ( États-Unis) Conception assistée par ordinateur (CAO).
1989 William Kahan ( Canada) Analyse numérique.
1990 Fernando Corbató ( États-Unis) Applications réparties, création de CTSS et Multics.
1991 Robin Milner ( Royaume-Uni) Système de preuves formelles Logic for Computable Functions (en), ML, Calcul de systèmes communicants (CCS) (en).
1992 Butler Lampson ( États-Unis) Environnements personnels distribués.
1993 Juris Hartmanis ( États-Unis) et Richard Stearns ( États-Unis) Théorie de la complexité (informatique théorique).
1994 Edward Feigenbaum ( États-Unis) et Raj Reddy ( Inde) Systèmes d’intelligence artificielle de grande envergure.
1995 Manuel Blum ( Venezuela) Théorie de la complexité appliquée à la cryptographie et à la vérification de programmes.
1996 Amir Pnueli ( Israël) Logique temporelle et vérification de programmes et de systèmes.
1997 Douglas Engelbart ( États-Unis) Informatique interactive.
1998 James Gray ( États-Unis) Bases de données et traitement de transactions.
1999 Frederick Brooks ( États-Unis) Architecture des ordinateurs, systèmes d’exploitation et logiciels.
2000 Andrew Yao ( Chine) Théorie de la calculabilité, génération de nombres pseudo-aléatoires, cryptographie et complexité de la communication.
2001 Ole-Johan Dahl ( Norvège) et Kristen Nygaard ( Norvège) Programmation orientée objet et création des langages Simula I et Simula 67.
2002 Ronald L. Rivest ( États-Unis), Adi Shamir ( Israël) et Leonard M. Adleman ( États-Unis) Cryptographie à clef publique et système RSA.
2003 Alan Kay ( États-Unis) Programmation orientée objet et création du langage Smalltalk.
2004 Vinton G. Cerf ( États-Unis) et Robert E. Kahn ( États-Unis) Réseaux, TCP/IP.
2005 Peter Naur ( Danemark) Pour des contributions fondamentales à la conception des langages de programmation et à la définition d'Algol 60, pour la conception des compilateurs et pour l'art et la pratique de la programmation informatique.
2006 Frances Allen ( États-Unis) Optimisation des compilateurs.
2007 Edmund M. Clarke ( États-Unis), Allen Emerson ( États-Unis) et Joseph Sifakis ( Grèce/ France) Pour leurs travaux sur le model checking.
2008 Barbara Liskov ( États-Unis) Pour la conception de langages de programmation et la méthodologie polymorphe.
2009 Charles P. Thacker ( États-Unis) Pour le travail effectué tout au long de sa carrière dont le Xerox Alto.
2010 Leslie Valiant ( Royaume-Uni) Pour le travail en apprentissage (notamment l'apprentissage PAC), en théorie de la complexité, en calcul distribué et parallèle.
2011 Judea Pearl ( Israël/ États-Unis) Pour des contributions fondamentales à l'intelligence artificielle par le développement de l'analyse probabiliste et du raisonnement causal.
2012 Silvio Micali ( Italie/ États-Unis) et Shafi Goldwasser ( Israël/ États-Unis) Pour leur travaux fondateurs sur la cryptologie et la vérification de preuve, basés de la théorie de la complexité. En particulier l'introduction des systèmes de preuves interactives (qui ont mené au théorème PCP).
2013 Leslie Lamport ( États-Unis) Pour ses contributions fondamentales théoriques et appliquées dans les systèmes distribués et concurrents, notamment en inventant des concepts tels que la causalité et les horloges logiques, […] et la consistance séquentielle[6].
2014 Michael Stonebraker ( États-Unis) Contributions fondamentales pour les systèmes de gestions de bases de données (SGBD)[7]. Inventeur de PostgreSQL.
2015 Whitfield Diffie[8] ( États-Unis) et Martin Hellman[9] ( États-Unis) Pour leurs contributions à la cryptographie contemporaine (créateurs de la cryptographie asymétrique).
2016 Tim Berners-Lee ( Royaume-Uni) Pour avoir inventé le World Wide Web, le premier navigateur web et les protocoles et algorithmes permettant le passage à l'échelle du Web[10].
2017 David Patterson ( États-Unis) et John Hennessy ( États-Unis) Pour avoir été les pionniers d'une approche systématique et quantitative de la conception et de l'évaluation d'architectures informatiques ayant un impact durable sur l'industrie des microprocesseurs[11].
2018 Yann Le Cun ( France), Yoshua Bengio ( Canada) et Geoffrey Hinton ( Canada) Pour les percées conceptuelles et techniques qui ont fait des réseaux neuronaux profonds une composante essentielle de l'informatique[12].
2019 Patrick Hanrahan ( États-Unis) et Edwin Catmull ( États-Unis) Pour leurs contributions fondamentales à l'infographie tridimensionnelle et l'impact révolutionnaire de ces techniques sur les effets spéciaux numériques dans la réalisation de films et autres applications[13].
2020 Alfred Aho ( Canada) et Jeffrey Ullman ( États-Unis) Pour les algorithmes fondamentaux et la théorie sous-jacente à l'implémentation des langages de programmation et pour avoir synthétisé ces résultats et ceux d'autres dans leurs livres très influents, qui ont formé des générations d'informaticiens[14].

Remarques générales

Le prix a été attribué de très nombreuses fois à des chercheurs américains. Le prix Gödel et le prix Donald E. Knuth sont deux autres prix remis par l'ACM pour récompenser des travaux en informatique.

Notes et références

  1. (en)William L. Hosch, « Turing Award », sur Britannica (consulté le ).
  2. (en)« A.M. Turing Award », sur acm.org (consulté le ).
  3. « Yann LeCun, co-lauréat du prix Turing », La Croix, (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le )
  4. Tech Times, « Google Turns 'Nobel Prize' of Computer Science into $1 Million Award », Tech Times, (lire en ligne, consulté le )
  5. « Prolongation de la période de consultation sur la politique de gestion des données de recherche. », sur Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG) (consulté le ).
  6. Prix Turing 2013.
  7. Prix Turing 2014.
  8. « Cryptography Pioneer Whitfield Diffie Receives 2015 ACM A.M. Turing Award », sur ACM.
  9. « Cryptography Pioneer Martin Hellman Receives 2015 ACM A.M. Turing Award », sur ACM.
  10. Sir Tim Berners-Lee, Inventor of the World Wide Web, ACM A.M. Turing Award
  11. [Israel 2018] (en) Brett Israel, « David Patterson, pioneer of modern computer architecture, receives Turing Award » David Patterson, pionnier de l'architecture informatique moderne, reçoit le prix Turing »], Berkeley News, Université de Californie à Berkeley, (lire en ligne)
  12. « Yann LeCun, lauréat du prix Turing : « L’IA continue de faire des progrès fulgurants » », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
  13. (en) « 2019 ACM A.M. Turing Award Laureates », sur awards.acm.org (consulté le ).
  14. (en) « 2020 ACM A.M. Turing Award Laureates », sur awards.acm.org, (consulté le ).

Voir aussi

Liens externes

  • Portail des récompenses et distinctions
  • Portail de l’informatique
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.