Prise de Lubumbashi

La prise de Lubumbashi a eu lieu en lors de la première guerre du Congo. Les rebelles de l'Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo prennent la ville défendue par les forces armées zaïroises (FAZ) fidèles au président Mobutu Sese Seko.

Prise de Lubumbashi
L'entrée de la ville en 2003
Informations générales
Date
Lieu Lubumbashi, Zaïre
Issue Victoire décisive rebelle
Belligérants
Zaire AFDL
Rwanda
Zambie
Commandants
Peneloa Molanda
Forces en présence
21e brigade des FAZ
Division de sécurité présidentielle (en)
AFDL/APR
Tigres katangais
Armée zambienne

Première guerre du Congo

Coordonnées 11° 40′ 11″ sud, 27° 29′ 00″ est
Géolocalisation sur la carte : République démocratique du Congo

Contexte

Le Zaïre début avril 1997. Les FAZ viennent de quitter Kamina le [1].

Lubumbashi est la deuxième ville du pays et la capitale de la riche province minière du Shaba(aujourd'hui Katanga). La ville est riche de ses mines de cuivre et de cobalt et est le dernier objectif stratégique de l'AFDL avant la capitale Kinshasa[2].

Forces en présence

En 1990, la ville est le siège de la 21e brigade d'infanterie « Léopard » des FAZ, environ 800 hommes sous les ordres du colonel Nsau Nzuzi[3]. Elle est constituée de deux bataillons d'infanterie et d'un bataillon de soutien aux capacités de combat limitées[4]. Des mortiers lourds de 120 mm sont déployés dans la ville mais ne joueront aucun rôle dans les combats[5]. Des unités de la garde civile zaïroise et de la division de sécurité présidentielle (en) (DSP) rejoignent la défense de la ville[6], ces dernières sous les ordres du colonel Nsimba Kinene[3].

Les forces de l'AFDL de Laurent-Désiré Kabila sont épaulées par les combattants de l'armée patriotique rwandaise[7]. Les rebelles sont également rejoints par les Tigres katangais, force issue d'exilés de la gendarmerie katangais. La troupe katangaise est sous le commandement de Sylvain Mbumba[8]. Ils rejoignent Ndola en Zambie par avion et prennent Lubumbashi en tenaille par l'ouest, transportés par des camions de l'armée zambienne[9]. 1 000 soldats zambiens auraient également participé aux combats selon le journal sud-africain The Sunday Independent (en)[10]. Le colonel rebelle Ntambo Mutchaïl reconnait l'usage d'enfants-soldats (kadogos)[11]. L'armement lourd des forces pro-Kabila se limite à des lance-roquettes et mortiers[9].

Prise de la ville

Les différents axes de progression des rebelles.

Moins de 300 rebelles auraient participé à l'attaque de la ville le , depuis trois directions différentes[5]. Plutôt que d'attaquer par Likasi (au nord-ouest) ou par Kasenga (au nord-est), l'attaque principale de l'AFDL arrive de Kipushi à la frontière zambienne[12]. Les FAZ n'opposent qu'une très bref résistance lors de l'assaut rebelle[13]. Le commandant de la région militaire, le général Peneloa Molanda, est le premier à s'enfuir[6]. Les soldats de la DSP et de la garde civile sont les seuls à résister[3]. Les militaires de la 21e brigade rejoignent les rebelles[14], et leur indiquent les positions des mortiers et lance-roquettes multiples de la garde présidentielle[3]. Encerclés dans l'aéroport, les soldats de la DSP tiennent jusqu'au au soir, même si une mutinerie éclate après que les officiers de l'unité ont tenté de s'enfuir[6]. Les soldats de l'ethnie Ngbandi (celle de Mobutu) sont évacués au dernier moment par avion[3]. La ville est ensuite pillée par ses habitants, ainsi que par les soldats de Mobutu en déroute[6].

Les rebelles reçoivent un accueil enthousiaste de la part de la population. La sécurité est assurée par le parti local Uferi[12], proche des combattants Tigres katangais[15].

Suites

Le drapeau historique du Congo-Léopoldville, repris dans la ville libérée.

La ville devient la capitale de facto des rebelles[16]. Les symboles zaïrois sont rapidement retirés de la ville et le drapeau historique de la république du Congo flotte sur les bâtiments publics tandis que de nombreux jeunes de la ville rejoignent les troupes rebelles[14].

De la libéthénite extraite d'une mine de Lubumbashi.

La conquête de Lubumbashi, ainsi que celle de la ville diamantifère de Mbujimayi (Kasaï-Oriental), siège de la société minière de Bakwanga, le , permet de renflouer les caisses de l'AFDL[14]. Le , l'AFDL signe un contrat avec l'America Mineral Fields (en) qui gère les mines de la ville[17]. Dès le , le chef du bureau de De Beers à Kinshasa part rencontrer Kabila[18]. Les représentants de Goldman Sachs et de First Bank of Boston (en) visitent à leur tour le leader rebelle[14].

Kabila devient dès lors pour la communauté internationale un élément clé dans la situation au Zaïre[19]. Il reçoit ainsi début mai une délégation américaine menée par Cynthia McKinney, membre de la chambre des représentants des États-Unis[20].

Notes et références

  1. Monique Mas, « De Mobutu à Kabila : Les deux guerres du Congo (1996-1998) », Radio France internationale, (lire en ligne).
  2. (en) « Zairean rebels claim second largest city about to fall », Australian Broadcasting Corporation, (lire en ligne).
  3. Jean-Philippe Ceppi, « Dès la mi-mars, Lubumbashi attendait les rebelles. Après la chute de Kisangani, le colonel chargé de défendre la ville avait préparé sa reddition. », Libération, (lire en ligne).
  4. (en) Tom Cooper, Great Lakes Holocaust : First Congo War, 1996-1997, Helion & Company, coll. « Africa@War » (no 13), , 72 p. (ISBN 978-1-909384-65-1, lire en ligne), p. 16.
  5. Thom 1999.
  6. Jean-Philippe Ceppi, « Le riche Lubumbashi en proie aux pillages. La capitale du Shaba est tombée mercredi. », Libération, (lire en ligne).
  7. (en) John Pomfret, « Rwandans Led Revolt In Congo », Washington Post, (lire en ligne).
  8. Kennes 1998, p. 22.
  9. Thomas Sotinel, « « On va manger Mobutu ! », crient les jeunes volontaires katangais de M. Kabila », Le Monde, , p. 4 (lire en ligne).
  10. Reyntjens 2009, p. 65.
  11. Rapport du Projet Mapping concernant les violations les plus graves des droits de l’homme et du droit international humanitaire commises entre mars 1993 et juin 2003 sur le territoire de la République démocratique du Congo, (lire en ligne), p. 347.
  12. Kennes 1998, p. 8.
  13. Reyntjens 2009, p. 109.
  14. Stearns 2012, p. 8. The dominoes fall.
  15. Kennes 1998, p. 13.
  16. (en) Howard W. French, « MOBUTU GIVES UP, LEAVING KINSHASA AND CEDING POWER », The New York Times, (lire en ligne).
  17. « 2-27 avril 1997 Zaïre. Conquête de Lubumbashi par l'A.F.D.L. », dans Encyclopedia Universalis (lire en ligne).
  18. Prunier 2009, p. 142.
  19. Reyntjens 2009, p. 126.
  20. (en) Thomas Lippman (en), « AS MOBUTU TOPPLES, U.S. SEES POTENTIAL FOR SIMILAR PROBLEMS », The Washington Post, (lire en ligne).

Bibliographie

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Erik Kennes, La guerre du Congo, , 28 p. (lire en ligne).
  • (en) Gérard Prunier, Africa’s world war. Congo, the Rwandan genocide, and the making of a continental catastrophe, Oxford/New York, Oxford University Press, , 529 p. (ISBN 978-0-19-537420-9).
  • (en) Filip Reyntjens, The Great African War Congo and Regional Geopolitics, 1996–2006, Cambridge, Cambridge University Press, , 340 p. (ISBN 978-0-521-11128-7, lire en ligne).
  • (en) Jason Stearns (en), Dancing in the Glory of Monsters : The Collapse of the Congo and the Great War of Africa, PublicAffairs, , 416 p. (ISBN 978-1-61039-107-8, lire en ligne).
  • (en) William G. Thom, « Congo-Zaire's 1996-97 Civil War in the Context of Evolving Patterns of Military Conflict in Africa in the Era of Independence », Journal of Conflict Studies, vol. 19, no 2, (ISSN 1715-5673, lire en ligne).
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