Prieuré d'Orsan

Le prieuré Notre-Dame d’Orsan, situé à Maisonnais, dans le Cher, est un ancien prieuré de moniales appartenant à l'ordre de Fontevraud.

Prieuré d'Orsan

Prieuré Notre-Dame d'Orsan. Bâtiments sur rue
Présentation
Type Prieuré
Début de la construction XIIe siècle
Fin des travaux 1113
Protection  Inscrit MH (1926)[1]
Géographie
Pays France
Département Cher
Ville Maisonnais
Coordonnées 46° 40′ 36″ nord, 2° 13′ 09″ est
Géolocalisation sur la carte : Cher
Géolocalisation sur la carte : France

Il est inscrit aux monuments historiques depuis le [1]. Le site est réputé pour ses jardins.

Fondation

Au cours des 10 années qui suivent son arrivée en Berry, Robert d'Arbrissel fonde 18 prieurés, tous rattachés à l'abbaye de Fontevraud, dont celui d’Orsan en 1107. La première prieure d'Orsan est Agnès de Châteaumeillant, sous la protection de l’archevêque de Bourges Léger.

Prospérité

Le prieuré prospère rapidement. L’église est achevée en 1113. Les principaux seigneurs de la région prennent alors le prieuré sous leur protection. Le prieuré d'Orsan se retrouve rapidement en procès. Robert d'Arbrissel revient à Orsan en 1116 et c’est probablement à cette époque qu'il décède. Son cœur est à Orsan où est édifié pour l’abriter un petit monument dont le Père Lardier[2], historiographe et visiteur de l’Ordre a laissé un dessin : « c’était un petit mausolée de marbre surmonté d’une pyramide au décor en forme d’écailles »[3]; le reste de son corps est à Fontevraud. L’archevêque de Bourges Léger meurt quelques années plus tard ; il donne sa maison de campagne au prieuré et demande à être inhumé près du cœur de Robert d'Arbrissel.

Durant 5 siècles, le prieuré connaît une prospérité considérable. Devenu lieu de pèlerinage, car Robert d'Arbrissel était considéré comme un saint – on attribuait à sa relique de nombreux miracles – Notre-Dame d’Orsan reçoit de multiples donations, agrandissant ainsi son domaine remarquablement bien géré par ses différentes prieures. 22 religieuses y résidaient en 1668[4]. Orsan essaima aussi ; trois succursales en furent issues. A Longefont[5] sur la Creuse grâce à un don de Pierre Isambert, à Glatigny[6] sur le Tournon et à Jarsay [7].

L’oubli

Le prieuré d'Orsan échappe à la Guerre de Cent Ans mais ne se relève pas des guerres de Religion. En 1569, les bâtiments sont pillés et brûlés. Les religieuses s’enfuient au château du Châtelet et reviennent une année plus tard, constatant la disparition de nombreux documents. Fermiers et tenanciers refusent alors de payer fermages, rentes et redevances. Orsan acheva alors sa décadence dans de multiples procès. Malgré cela, les bâtiments furent reconstruits en 1596 grâce à Éléonore de Bourbon, abbesse de Fontevraud. La clôture et le grand portail furent achevés au XVIIIe siècle. À la Révolution, le prieuré et ses biens furent vendus et ses bâtiments furent utilisés comme exploitation agricole jusqu’en 1989.

Renaissance

En 1990, il ne restait du Prieuré d'Orsan que 4 bâtiments massifs, enserrant une cour de ferme désaffectée où dans les années 1950, poulailler, porcherie et hangar métallique avaient été érigés. L’église, les cloîtres et le moulin avaient disparu, leurs pierres réutilisées pour des constructions agricoles. Cette année-là, Patrice Taravella[8] et Sonia Lesot[9], architectes en quête d’une bâtisse à rénover, découvrent Orsan. Les murs sont délabrés, les toitures fatiguées, les portes sans clés, de vieilles machines agricoles jonchent les granges et les cours. Ils achètent le prieuré et les quarante hectares de bois et prairies alentour, et commencent à le rénover en 1991.

Les bâtiments sont inscrits depuis 1926 à l’Inventaire supplémentaire des monuments historiques. Un architecte des bâtiments de France intervient, subventions européennes et régionales se présentent. Les murs sont consolidés, les fenêtres remplacées et face à cela une cour nue. Tout naturellement, l’idée de créer des jardins apparaît. Il ne s’agissait pas de reconstituer des jardins à l’identique, puisqu’il ne restait aucun plan d’époque, mais plutôt d’évoquer des jardins monastiques médiévaux.

Les jardins du prieuré d'Orsan naissent en 1992 et ouvrent au public en 1994. Les bâtiments sont alors aménagés pour accueillir le public : tout d’abord une boutique-librairie, puis un restaurant-salon de thé en 1998, enfin en 2001, 6 chambres d’hôtel. Patrice Talavera, propriétaire du lieu, qui a acheté une exploitation viticole en Toscane[10], confie la gestion à un jeune couple[11]. Depuis le mois de mars 2017, Gareth Casey et Cyrille Pearon sont repris le prieuré[12]. Il reste ouvert à la visite[13]. La partie hôtellerie a été fermée.

Architecture


« Il ne reste des bâtiments réguliers qu'un corps de logis reconstruit aux 16e et 18e siècles. Sont également conservés un portique et sa lanterne des morts, au rez-de-chaussée le parloir lambrissé de la prieure, la tour Bourbon. Sous la porte charretière se trouvent : la salle capitulaire, le réfectoire et la cuisine. L'emplacement de l'église fut entièrement nivelé au milieu du 19e siècle. Le prieuré fut la proie de bandes de Reître s au cours des guerres de Religion, lesquels brûlèrent les bâtiments conventuels. »[14]

Chapelle prieurale

Le Bénédictin Dom Boyer[15] parvient à Orsan le . Il y remarque que « l’église sans doute reconstruite en 1596 grâce à l’Abbesse Éléonore de Bourbon a disparu[16]. Cette église est fort belle, les voûtes sont en calotte ou cul de lampe, comme celles de St-Pierre d’Angoulême (...). Auprès du maître-autel, du coté de l’Évangile, on voit une pyramide où est enfermé le cœur de Robert d'Arbrissel, qui y mourut en présence de Léger, arch. de Bourges, qui est aussi enterré auprès de cette pyramide, à coté d’Alard ou Adelard, principal bienfaiteur de cette maison. Dom Boyer admire au passage les boiseries du chœur de la chapelle, consulte le cartulaire[17] ».

Cloître

Le cloître et la plupart des bâtiments conventuels vendus comme biens nationaux lors de la Révolution française n’existent plus[18].

Bâtiments conventuels

il ne reste plus rien de la bibliothèque. Celle-ci était en partie constituée d’ouvrages en latin, comme à Notre-Dame-du-Charme, les commentaires sur la Bible et les textes expliqués des Saints Pères sont nombreux. La théologie scolastique et dogmatique, peu développée dans les autres ordres, représente en moyenne 5% des fonds, et elle est particulièrement développée à Orsan (15%). [19] Le prieuré abrite une pierre sculptée aux armes d’Éléonore de Bourbon, 22e abbesse de l’Ordre rénovatrice du Prieur. On peut y voir aussi la date 1596 entourée de deux croix[20].

Vues du prieuré d'Orsan
 
 
 
 
 
 
 
 

Mobilier

Certains éléments de l'ancien mobilier ont été conservés, comme les stalles datant du XVIe siècle qui se trouvent dans l'abbatiale Notre-Dame de Puyferrand au Châtelet.

Chartes, propriétés

« Le prieuré possédait des biens à Vigoulant (Indre), la chapelle d’Hérat et ses appartenances[21] ». Jadis dédiée à saint Hippolyte, l'église Saint-Pierre-et-Saint Paul de Maisonnais était la propriété du prieuré d'Orsan qui y assurait le culte paroissial ; plus tard, celui-ci fut confié à un clerc nommé par les dames d'Orsan, et auquel elles louaient le presbytère[22].

Prieures

La première prieure fut Agnès de Chateaumeillant, épouse du Seigneur du lieu Abélard de Châteaumeillant. répudiée pour cause de lien de parenté avec son époux. ( Voir supra le paragraphe intitulé «  Fondation ».) l’Abbesse Pétronille de Chemille ayant peut –être pu penser qu’elle ne l’avait pas assez soutenue contre la noblesse berrichone – dont Agnés était issue- dans sa demande de rapatriement du corps de Robert à Fontevraud fut éxilée par Pétronille …au monastére fontevriste de Vega de Leon… ! (Espagne actuelle)[23]. Louise de La Châtre fût prieure d'Orsan en 1559.[24]

Bibliographie

  • Sonia Lesot, Orsan : Des jardins d'inspiration monastique médiévale, Henri Gaud, , 168 p. (ISBN 978-2840801139).
  • Fabrice Moireau, Notre-Dame d'Orsan, Gallimard, coll. « Carrés de jardin », , 68 p. (ISBN 978-2742414390).
  • François Deshoulières, « Le Prieuré d’Orsan », Mémoires de la Société des antiquaires du Centre, vol. XXV, , p. 51-137 (lire en ligne)

Notes et références

  1. « Prieuré Notre-Dame d’Orsan », notice no PA00096833, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  2. « DOM Lardier, archiviste et mémorialiste de l'ordre de Fontevraud »
  3. Bulletin de l'Association des Prieurés fontevriste n° 12, p. 16,17.
  4. Bulletin de l’ APF (Association des Prieurés fontevristes) N° 12 p 57
  5. Notice wikipédia
  6. https://dictionnaireordremonastiquedefontevraud.wordpress.com/2012/03/12/g-prieure-de-glatigny-36210-chabris-references-darchives/ Glatigny fils d'Orsan
  7. Jarsay fils d'Orsans
  8. Notice biographique de Patrice Taravella sur babelio.com.
  9. Notice biographique de Sonia Lesot sur babelio.com.
  10. Page d'accueil de l'exploitation viticole et hôtel «  Vignamaggio ».
  11. « A Orsan , passage partiel de relais », sur le blog du jardinier.
  12. Serge Affret, « Repris, le prieuré Notre Dame d’Orsan reste ouvert », Le Berry républicain, (consulté le ).
  13. Page d'accueil du Prieuré d'Orsan, consulté le 15 mai 2021.
  14. Une histoire trés dommageable au prieuré.
  15. Journal de voyage de dom Jacques Boyer, religieux bénédictin de la congrégation de Saint-Maur..., par Antoine Vernière. [compte-rendu]
  16. Bulletin de l’Association des Prieurés fontevriste N° 12 p 57
  17. [ http://berry-medieval.over-blog.com/article-la-visite-de-dom-boyer-au-prieure-d-orsan-ordre-de-fontevraud-46911370.html La visite d'un moine venu de Fontevraud.]
  18. Jean de l'Habit, « -O- Vestiges du Prieuré de Notre Dame d’Orsan -18170. Maisonnais- », sur DICTIONNAIRE DE L'ORDRE MONASTIQUE DE FONTEVRAUD, (consulté le )
  19. )Analyse à partir des saisies révolutionnaires.
  20. Subsistance d'une pierre armoriée.
  21. Propriété d'Orsan extérieures au Prieuré.
  22. Changement de titulature de l'église.
  23. Une prieure d'Orsan exilée en Espagne
  24. Armoiries d'une Abbesse sur le socle d'une statue.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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