Guerre de Tripoli
La guerre de Tripoli (en anglais Tripolitan War), aussi appelée première guerre barbaresque (First Barbary War) ou guerre de la côte barbaresque (Barbary Coast War), est la toute première guerre déclarée et engagée par les États-Unis après leur indépendance, et la première de leurs deux guerres contre les États du Maghreb, alors connus sous le nom d'États barbaresques (le sultanat indépendant du Maroc et les trois régences d'Alger, de Tunis et de Tripoli, provinces — dans les faits quasiment indépendantes — de l'Empire ottoman).
Date | - |
---|---|
Lieu | Mer Méditerranée, côtes d'Afrique du Nord-Ouest |
Issue | Victoire suédoise et américaine |
États-Unis Suède (1800-1802) Royaume de Sicile[1],[2] | Régence de Tripoli |
Richard Dale Richard Valentine Morris William Eaton Edward Preble | Yusuf Karamanli |
13 frégates 4 goélettes 500 mercenaires arabes et grecs (bataille de Derna) Nombreux volontaires | 11-20 canonnières Plusieurs croiseurs 4 000 soldats |
États-Unis : 35 tués 64 blessés Mercenaires grecs et arabes: Inconnues | ≈ 800 morts 1,200 blessés à Derne Nombreux navires et marins perdus |
Batailles
- Tripoli (1er)
- Port de Tripoli (1er)
- Tripoli (2e)
- Port de Tripoli (2e)
- Derna
Les raisons de cette guerre étaient que les pirates barbaresques saisissaient les navires marchands américains et tenaient les équipages en rançon, demandant ensuite aux États-Unis de payer un tribut. Le président des États-Unis, Thomas Jefferson, refusa de payer ce tribut. En outre, la Suède, qui était en guerre avec les Tripolites depuis 1800, et le Royaume de Sicile participèrent à ce conflit aux côtés des États-Unis[3].
La guerre dura du au .
Contexte
Les pirates barbaresque d'Alger, de Tunis, de Tripoli, et du Maroc étaient les fléaux de la méditerranée[4], capturant les navires marchands, et soumettant en esclavage, ou rançonnant les équipages. L'ordre trinitaire a opéré en France pendant des décennies avec la mission de collecter des fonds pour racheter les prisonniers de ces pirates. Selon Robert Davis, 1 250 000 Européens ont été capturés par les pirates barbaresques, et vendus en esclavage entre 1530, et 1780[5][réf. incomplète].
Des lettres et des témoignages divers par des marins capturés décrivent leur captivité comme une forme d'esclavage, même si l'emprisonnement de la côte de Barbarie était différent de celui pratiqué par les pouvoirs publics et américains de l'époque[6]. De même qu'en Amérique des esclaves pouvaient accéder à la liberté, quelques rares prisonniers de la côte de Barbarie ont pu obtenir des postes à responsabilité. De tels exemples sont James Leander Cathcart, devenant conseiller du bey[7], et Hark Olufs, qui devint trésorier puis commandant au service du bey de Constantine.
En mer Méditerranée, les nations d'Europe se voyaient dans l'obligation de payer un tribut aux États barbaresques (Tripoli, Tunis, Alger, Maroc) pour protéger leurs intérêts commerciaux sous peine de voir leurs navires attaqués par les corsaires barbaresques. À l'indépendance des États-Unis, les navires de commerce américains perdirent la protection de la Royal Navy.
En 1784, un navire américain, le Betsby, est capturé par des pirates marocains, son équipage est libéré après 6 mois de détention. En 1785, des pirates d'Alger capturent 2 navires américains : le Dauphin et le Maria. De 1786 à 1793 le Portugal fait la guerre aux États barbaresques, ce qui empêche toute nouvelle capture. En 1787, les Américains contactent l'ordre français des Mathurins connus pour ses négociations de rachats d'esclaves aux barbaresques depuis des siècles. Mais les pourparlers ne donnent rien : un seul Américain est libéré jusqu'en 1790, année de dissolution de l'ordre des Mathurins prononcée par la Révolution française. En 1793, le Portugal cesse sa guerre, et les États barbaresques continuent leur piraterie : 10 navires américains furent capturés pour la seule année 1793. Cette fois, les États-Unis réagissent : ils décident de payer le tribut, 2 millions de dollars de 1794 à 1800 pour libérer les équipages capturés, et signèrent différents traités (voir le traité de Tripoli, le traité de paix et d'amitié avec le bey d’Alger et celui avec le bey de Tunis). Mais en même temps, il fut décidé par le Naval Act of 1794 de construire des navires de guerre pour protéger le commerce américain : 6 frégates, prévues pour 1800[8],[9].
Quand le bey de Tripoli augmenta le montant de la protection en demandant 225 000 dollars de plus — le budget fédéral s'élevait à 10 millions de dollars en 1800 —, la tension s'accrut et les États-Unis refusèrent de payer le tribut pour le passage de leurs navires en 1801. La flotte américaine était prête. Le dey de Tripoli incita alors ses alliés de Tunis et d'Alger à déclarer la guerre aux jeunes États-Unis qui semblaient lointains et encore fragiles[10].
La guerre
Une escadre de l’United States Navy fut envoyée sur place. La nouvellement formée Mediterranean Squadron se composait de trois frégates et d'une goélette. Arrivée en juillet, elle bloqua Tripoli. La goélette Enterprise de l'United States Navy remporta le premier combat naval de Tripoli contre la polacre tripolitaine Tripoli le [11].
La frégate USS Philadelphia s'échoue contre un récif le . Son capitaine William Bainbridge doit se rendre et la frégate est capturée pour être intégrée à la flotte du pacha de Tripoli[13]. Le navire est ensuite détruit dans le port de Tripoli le , à l'occasion d'un raid audacieux mené par l’Intrepid. 6 mois plus tard, un ketch tripolitain est capturé sous le commandement de Stephen Decatur .
Tripoli fut bombardée les , et et le [14]. En 1805, les Marines envahissent les rives de Tripoli, capturant la ville de Derna. C’est la première fois dans l’histoire des États-Unis que son drapeau flotte sur une conquête étrangère. Cette action militaire se montre suffisante pour inciter les dirigeants de Tripoli à signer un traité de paix.
Notes et références
- (en) « Tripolitan War », Encyclopedia.com (from The Oxford Companion to American Military History), (consulté le ).
- (en) « War with the Barbary Pirates (Tripolitan War) », veteranmuseum.org (consulté le ).
- (en) Woods, Tom, « Presidential War Powers: The Constitutional Answer », sur Libertyclassroom.com (consulté le )
- Masselman, George. The Cradle of Colonialism. New Haven: Yale University Press, 1963. (OCLC 242863). p. 205.
- Davis, Robert. Christian Slaves, Muslim Masters: White Slavery in the Mediterranean, the Barbary Coast and Italy, 1500–1800.
- Rojas, 168–9.
- Rojas, Martha Elena. "'Insults Unpunished' : Barbary Captives, American Slaves, and the Negotiation of Liberty." Early American Studies: An Interdisciplinary Journal. 1.2 (2003): 159–86, p. 163
- Parton, James. "Jefferson, American Minister in France." Atlantic Monthly. 30.180 (1872): 405–24.
- Miller, Hunter. United States. "Barbary Treaties 1786–1816: Treaty with Morocco June 28 and July 15, 1786". The Avalon Project, Yale Law School.
- (en) Nathan Miller, The U.S. Navy : a history, Naval Institute Press, , 324 p. (ISBN 978-1-55750-595-8, lire en ligne), p. 46
- Tucker, Glenn. Dawn like Thunder: The Barbary Wars and the Birth of the U.S. Navy. Indianapolis, Bobbs-Merrill, 1963. (OCLC 391442). p. 293.
- « La première guerre barbaresque en Méditerranée », Orient XXI, 1er décembre 2014, consulté le 25 février 2017.
- Moulin 2003, p. 23.
Bibliographie
- (en) James Tertius De Kay, A rage for glory : the life of Commodore Stephen Decatur, USN, New York, Free Press, , 237 p. (ISBN 978-0-7432-4245-5, lire en ligne)
- (en) Joshua E. London, Victory in Tripoli : how America's war with the Barbary pirates established the U.S. Navy and built a nation, Hoboken, Wiley Pub., , 276 p. (ISBN 978-0-471-44415-2)
- (en) Jean Moulin, L'US Navy : 1898-1945 du Maine au Missouri, t. 1, Rennes, Marines éditions, , 512 p. (ISBN 978-2-915379-02-0)
- (en) David Smethurst, Tripoli : the United States' first war on terror, New York, Ballantine Books, , 308 p. (ISBN 978-0-89141-859-7)
- (en) Joseph Wheelan, Jefferson's war : America's first war on terror, 1801-1805, New York, Carroll & Graf Publishers, , 414 p. (ISBN 978-0-7867-1232-8)
- (en) Richard Zacks, The pirate coast : Thomas Jefferson, the first marines, and the secret mission of 1805, New York, Hyperion, , 432 p. (ISBN 978-1-4013-0003-6)
Articles connexes
Liens externes
- (en) Treaties with The Barbary Powers : 1786-1836
- (en) Victory in Tripoli: Lessons for the War on Terrorism
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