Guerres barbaresques

Les guerres barbaresques sont deux conflits opposant les États-Unis aux États barbaresques (possessions de jure de l'Empire ottoman, mais de facto indépendantes, régence de Tunis, régence d'Alger et régence de Tripoli), de 1801 à 1805 lors de la première guerre barbaresque et en 1815 lors de la seconde guerre barbaresque.

Guerres barbaresques
Informations générales
Date 1801 – 1815
Lieu Mer Méditerranée et côtes d'Afrique du Nord-Ouest
Issue
  • Victoire des États-Unis
  • Liberté de circulation en Méditerranée
Belligérants
États-Unis
Suède (1800-1802)
Royaume des Deux-Siciles
États de la côte des Barbaresques :
Commandants
1re guerre barbaresque :

2e guerre barbaresque :

1re guerre barbaresque :

2e guerre barbaresque :

Forces en présence
1re guerre barbaresque :

2e guerre barbaresque :

1re guerre barbaresque :

2e guerre barbaresque :

Pertes
1re guerre barbaresque :
  • États-Unis : 35 morts, 64 blessés
  • Mercenaires grecs et arabes : inconnues

2e guerre barbaresque :

  • États-Unis : 10 morts,
    30 blessés[1]
1re guerre barbaresque :
  • Environ 800 morts, 1 200 blessés, plusieurs navires perdus

2e guerre barbaresque :

  • 53 morts, 486 prisonniers

Batailles



Seconde guerre barbaresque :

En effet, ces derniers imposent un tribut aux navires marchands américains naviguant en mer Méditerranée. En cas de non-paiement, les pirates barbaresques attaquent les navires, confisquent leurs biens, asservissent les membres d'équipage et exigent une rançon pour leur libération. Au fil des décennies, les puissances européennes construisent des bateaux toujours plus sophistiqués face auxquels les États barbaresques ne peuvent lutter[2]. Lorsque Thomas Jefferson devient président des États-Unis, il refuse de payer tribut et envoie une flotte navale en Méditerranée. Cette dernière bombarde différentes villes fortifiées des États barbaresques et arrache finalement des concessions équitables de passage à ces États.

Quelques années après ce premier conflit, les pirates barbaresques mettent à profit l'augmentation des tensions entre les États-Unis, le Royaume-Uni et la France, culminant avec la guerre anglo-américaine de 1812, pour reprendre leur activité de piraterie. À son tour, en 1815, l'administration du président James Madison entreprend une action militaire contre les villes servant de bases aux pirates des actuelles Libye, Tunisie et Algérie.

Contexte

Les Barbaresques sont des pirates qui opèrent principalement à partir des ports de Tunis, Tripoli et Alger en Afrique du Nord. Cette région est connue en Europe sous l’appellation de côte des Barbaresques, terme dérivé de barbare (suivant le sens originel : qui ne parle pas la langue). Ils agissent dans toute la mer Méditerranée, mais aussi le long de la côte de l'océan Atlantique de l'Afrique de l'Ouest et même en Amérique du Sud[3]. En plus de navires saisis, ils effectuent aussi des razzias et des raids sur les villes et villages côtiers européens, principalement en Italie, en France, en Espagne. Le but principal de leurs attaques est de capturer des esclaves chrétiens européens pour le marché aux esclaves arabo-musulman en Afrique du Nord[4].

La marine marchande américaine était avant la révolution protégée par la marine britannique. Seulement, le traité de Paris impose le désarmement de la Continental Navy, les navires américains n'ont donc plus aucune protection contre les pirates. La jeune nation n'a pas les fonds pour payer le tribut annuel réclamé par les États barbaresques, et, après 1785, ses navires deviennent vulnérables à la capture. En 1789, la nouvelle Constitution des États-Unis autorise le Congrès à créer une marine, mais pendant le premier mandat de George Washington (1787–1793) peu est fait pour réarmer la flotte[5]. En 1793, les guerres issues de la Révolution française entre la Grande-Bretagne et la France débutent, et une trêve est négociée entre le Portugal et Alger. Cela met fin au blocus du Portugal sur le détroit de Gibraltar, ce qui permet aux pirates barbaresques d'agir aussi en Atlantique. Rapidement, les pirates s'en prennent à la marine américaine et capturent 11 navires marchands et plus d'une centaine de marins[6],[7].

En réaction à la saisie des navires américains, le Congrès débat et approuve le Naval Act of 1794, qui autorise la construction de six frégates, quatre de 44 canons et deux de 6 canons. Les partisans de la loi sont pour la plupart des États du Nord et les régions côtières, qui soutiennent la Marine afin de protéger le commerce maritime et limiter le coût des rançons[6],[7].

Première guerre barbaresque

Le , alors que le nouveau président Thomas Jefferson refuse de payer une rançon toujours plus élevée, les Tripolitains déclarent la guerre aux États-Unis marquant le début de la guerre de Tripoli[8]. En 1803, lors du blocus de Tripoli mené par la marine américaine, l’USS Philadelphia est capturé par les Maures et emmenée à Tripoli. L'année suivante, un raid américain mené par Stephen Decatur à bord de l'USS Intrepid, permet de brûler le navire dans le port afin qu'il ne soit pas utilisé par l'ennemi[9]. Les Américains multiplient les bombardements contre Tripoli en 1804[10] et en 1805, les Marines envahissent les rives de Tripoli, capturant la ville de Derna. C’est la première fois dans l’histoire des États-Unis que son drapeau flotte sur une conquête étrangère[11]. Cette action militaire se montre suffisante pour inciter les dirigeants de Tripoli à signer un traité de paix[12].

Seconde guerre barbaresque

Pendant la guerre anglo-américaine de 1812, les États barbaresques profitent de la faiblesse de la Marine des États-Unis pour capturer à nouveau les navires marchands américains et leurs marins. Après la signature du traité de Gand, les États-Unis veulent mettre fin à la piraterie en Méditerranée, qui s’attaque à leurs navires depuis deux décennies. Le , le Congrès américain autorise le déploiement d’une force navale contre Alger dans le cadre du Mediterranean Squadron, ce qui marque le début de la seconde guerre barbaresque. Deux puissantes escadres sont constituées sous le commandement des commodores Stephen Decatur et William Bainbridge. La flotte qui fait route vers la mer Méditerranée comprend plusieurs frégates dont l'USS Guerriere (en), l'USS Constellation, et l'HMS Macedonian. Le , après le départ de Gibraltar, en route vers Alger, l'escadre de Decatur rencontre le vaisseau-amiral algérien le Mashouda et lors de la bataille qui s'ensuit, la bataille du cap Gata, la flotte capture la frégate algérienne alors que Hamidou ben Ali est tué dans l'affrontement. Peu de temps après, l'escadre américaine capture aussi le brick algérien Estedio lors de la bataille du cap Palos. Le , l’escadre américaine atteint Alger et contraint le Dey à négocier la paix. Les Américains obtiennent la libération de leurs prisonniers et le droit de naviguer et commercer en Méditerranée en toute liberté[13],[14].

Conséquences

Après l'élimination de Hamidou ben Ali par les États-Unis, les Britanniques lancent à leur tour une expédition en 1816 qui permet de libérer de nombreux esclaves[15]. Après la guerre de Tripoli, les conflits entre les nations occidentales n’ont pas permis de consolider la victoire contre les Barbaresques. Mais l'extinction de ces conflits, après la seconde guerre barbaresque, permet enfin aux Européens de contester la domination des Barbaresques en Méditerranée. Mais si un coup rude est porté à la piraterie en Méditerranée, cette dernière ne cessera totalement qu'en 1830 avec la prise d'Alger par les Français[10].

En effet, dans les années qui suivront, l'Algérie et la Tunisie sont colonisées par la France, respectivement à partir de 1830 et 1881. En 1835, Tripoli retourne sous le contrôle de l'Empire ottoman. En 1911, profitant du vide laissé par l'Empire ottoman, l'Italie prend le contrôle de Tripoli. Ces territoires sont demeurés sous contrôle européen jusqu'au milieu du XXe siècle tandis que la supériorité navale occidentale en Méditerranée est définitivement assurée avec l’avènement des cuirassés à coque en fer et dreadnought à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle.

Notes et références

  1. « Les Corsaires des Régences barbaresques », p. 6.
  2. Leiner (2007), p. 39-50
  3. Duro 1900, p. 185.
  4. Davis 2011
  5. Howarth 1999, p. 49–50.
  6. Miller 1997, p. 35–36.
  7. Moulin 2003, p. 22.
  8. Miller 1997, p. 46.
  9. Sweetman 2002, p. 19.
  10. Moulin 2003, p. 23.
  11. Sweetman 2002, p. 22.
  12. Miller 1997, p. 52–53.
  13. Sweetman 2002, p. 35.
  14. Lardas 2012, p. 28.
  15. Temimi 1968, p. 130.

Sources

  • (en) Robert Davis, « British Slaves on the Barbary Coast », sur bbc.co.uk, (consulté le )
  • (es) Cesáreo Fernández Duro, Armada española desde la unión de los reinos de Castilla y de León, vol. VI, Madrid, Est. tipográfico "Sucesores de Rivadeneyra", , 564 p. (OCLC 04413652, lire en ligne).
  • (en) Stephen Howarth, To Shining Sea : a History of the United States Navy, 1775–1998, Norman, OK, University of Oklahoma Press, , 630 p. (ISBN 0-8061-3026-1, OCLC 40200083, lire en ligne).
  • (en) Mark Lardas, American Light and Medium Frigates 1794-1836, Osprey Publishing, , 147 p. (ISBN 978-1-84603-266-0, lire en ligne).
  • (en) Frederic C. Leiner, The End of Barbary Terror, America's 1815 War against the Pirates of North Africa, Oxford University Press, , 39-50 p. (ISBN 978-0-19-532540-9, lire en ligne).
  • (en) Nathan Miller, The U.S. Navy : A History, Annapolis, MD, Naval Institute Press, , 324 p. (ISBN 1-55750-595-0, OCLC 37211290).
  • (fr) Jean Moulin, US Navy, t. 1 : 1898-1945 : du Maine au Missouri, Rennes, Marines éditions, , 512 p. (ISBN 2-915379-02-5).
  • (en) Jack Sweetman, American Naval History : An Illustrated Chronology of the U.S. Navy and Marine Corps, 1775-present, Annapolis, MD, Naval Institute Press, , 386 p. (ISBN 1-55750-867-4).
  • (en) Abdeljelil Temimi, « Documents turcs inédits sur le bombardement d'Alger en 1816 », Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée, vol. 5, no 1, , p. 111-133 (DOI 10.3406/remmm.1968.985).

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) Gardner Weld, Allen, Our Navy and the Barbary Corsairs, Houghton Mifflin & Co., Boston, New York & Chicago, , 354 p. (lire en ligne).
  • (en) Max Boot, The Savage Wars of Peace : Small Wars and the Rise of American Power, New York, Basic Books, , 448 p. (ISBN 978-0-465-00720-2).
  • (en) Gardner W. Harris, The Life and Services of Commodore William Bainbridge, United States Navy, Carey Lea & Blanchard, New York, , 254 p. (lire en ligne).
  • (en) Frank Lambert, The Barbary Wars : American Independence in the Atlantic World, Hill and Wang, , 240 p. (ISBN 978-0-8090-2811-5, lire en ligne).
  • (en) Joshua E. London, Victory in Tripoli : How America's War with the Barbary Pirates Established the U.S. Navy and Shaped a Nation, New Jersey, John Wiley & Sons, Inc., , 288 p. (ISBN 978-0-471-44415-2).
  • (en) Alexander Slidell Mackenzie, Life of Stephen Decatur : a commodore in the Navy of the United States, C. C. Little and J. Brown, (lire en ligne).
  • (en) Michael B. Oren, Power, Faith, and Fantasy : America in the Middle East: 1776 to the Present, New York, W. W. Norton & Company, , 864 p. (ISBN 978-0-393-33030-4).
  • (en) Edwin H. Simmons, The United States Marines : A History, Naval Institute Press, , 405 p. (ISBN 978-1-55750-868-3).
  • (en) Spencer Tucker, Stephen Decatur : A life most bold and daring, Annapolis, Maryland, Naval Institute Press, , 245 p. (ISBN 978-1-55750-999-4, lire en ligne).
  • (en) A. B. C. Whipple, To the Shores of Tripoli : The Birth of the U.S. Navy and Marines, Naval Institute Press, , 360 p. (ISBN 978-1-55750-966-6).

Articles connexes

Liens externes

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