Prelle

Prelle est une des plus anciennes[1] manufactures lyonnaises d'étoffes pour ameublement et la seule qui soit restée une entreprise familiale.

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Livre année 1861 - Patron N°4694 Lampas nué broché

Il existe très peu de monographies sur les maisons de soyeux lyonnaises, malgré leur importance pour l'Histoire de la ville. Prelle, de par la qualité de ses fonds conservés, a permis d'en constituer une[2].

Historique

Créée en 1752 et installée à la Croix-Rousse depuis 1881, la manufacture change[3] plusieurs fois de statut et de patronyme (De Chazelle, Desfarges, Bony, Bissardon, Corderier, Chuard, Le Mire, Lamy) avant de prendre, au début du XXe siècle, celui d'Eugène Prelle, l'un de ses dessinateurs, dont les héritiers gèrent aujourd'hui l'entreprise.

XVIIe siècle

Depuis le XVIIIe siècle, fournisseur du garde meubles royal puis impérial, la manufacture livre brochés, lampas, velours ciselés, etc. aux princes d'Europe et jusqu'à la cour de Catherine II de Russie[4].

XIXe siècle

Au XIXe siècle, elle multiplie les récompenses dans les grandes expositions internationales et, au début du XXe siècle, devient un partenaire incontournable des ensembliers de l'art nouveau et de l'art déco[5]

La période Lamy

En 1866, la maison, alors Le Mire, est rachetée par Antoine Lamy qui s'associe successivement avec Giraud, puis Gautier. D'une renommée prestigieuse, elle est à cette période en grande difficulté financière. Antoine Lamy a auparavant gagné ses galons au sein de la Fabrique dans d'autres établissements. Avec sa propre maison de soieries, il accède aux plus hautes distinctions locales. Il devient membre de l'école supérieure de commerce et de tissage de Lyon. Il préside au cours de sa carrière plusieurs organisations professionnelles. Le couronnement de sa trajectoire a lieu en 1878, lorsqu'il obtient la légion d'honneur à la suite de ses résultats lors de l'exposition universelle. La même année, il devient également adjoint du maire du premier arrondissement de Lyon[6].

XX et XXIe siècle

Le lampas broché de la chambre de l’Impératrice au Château de Fontainebleau

Mais c'est surtout pour les grands chantiers de rénovation de la deuxième partie du XXe siècle que la manufacture est saluée. Cette vague de restauration a pour origine un programme de reconstitution des décors des châteaux royaux par l'État après la Seconde Guerre mondiale.

Entre 1946 et 1966, la firme travaille sur le retissage des tentures en brocart d'or, d'argent et de soie de la chambre du roi Louis XIV[7] et les tentures murales, les rideaux de fenêtre et de lit de la chambre de la Reine Marie-Antoinette au Château de Versailles (29 années de recherches et de tissage au rythme de trois centimètres par jour). La recherche historique pour retrouver les motifs (un broché à plumes de paon en relief) et couleurs d'origine se sont appuyés sur les inventaires et un tableau représentant la reine[8].

Entre 1965 et 1969, la société Prelle restaure à l'identique du grand broché de la chambre de l'Impératrice au Château de Fontainebleau[9]). Les pièces de tissus de cet ensemble peuvent être attribuées, sans certitude à Philippe de la Salle. Les étoffes originales ont été fabriquées aux alentours de 1789. Cette dernière reconstitution soulève de grande difficultés. Le dessin de 5,70 m sur 72 cm impose une mise en carte démesurée[8].

Enfin, en 2004, la manufacture Prelle participe à la restauration de l'Opéra Garnier en tissant les 670 m de tentures du grand Foyer, dessinées en 1874 par l'arrière-arrière-grand-père du dirigeant actuel.

L'exceptionnel fonds d'étoffes[10] qu'elle conserve depuis plusieurs siècles et sa volonté de pérenniser son savoir-faire technique font d'elle l'une des dernières manufactures d'étoffes lyonnaises où cohabitent avec bonheur le tissage des métiers à bras et celui des métiers électroniques.

Références

  1. Foray-Carlier Anne, Art de la Soie Prelle 1752-2002, p. 14 à 18 : "Des Ateliers Lyonnais aux palais parisiens" à l'occasion de l'exposition au Musée Carnavalet (Novembre 2002-Février 2003) pour fêter 250 ans d'existence.
  2. Charpigny 1981, p. 15.
  3. Valantin Florence, Art de la Soie Prelle 1752-2002, p 20 à 27 : "Prelle hier et aujourd'hui".
  4. Bouzard Marie, Les relations entre Lyon et la Russie à travers les archives lyonnaises de soierie d'ameublement, mémoire de DEA d'histoire de l'art, université lumière Lyon II, octobre 1989.
  5. Marchillac Félix, André Groult, 1884-1945 : décorateur ensemblier du XXe siècle, Paris 1997.
  6. Charpigny 1981, p. 16-17.
  7. Verzier Philippe, L'estampille / L'objet d'art Novembre 1998 : Les grandes heures de la soierie lyonnaise
  8. François Verzier, « Problèmes posés par la reconstitution des étoffes de la chambre de la Reine à Fontainebleau » in Bulletin de liaison du Centre international d'étude des textiles anciens, Lyon, Centre international d'étude des textiles anciens, 1969, n°30, p. 39-40 (ISSN 0008-980X), (notice BnF no FRBNF34414996).
  9. Samoyault-Verlet Colombe, Revue du Louvre Juin 1986 p3 : "Le tissage définitif pouvait commencer. Il fut réparti entre les deux maisons, Prelle pour le grand broché, Tassinari & Chatel pour la bordure. Le rythme de production fut sensiblement le même pour les deux étoffes, un mètre par mois, bien que leur largeur diffère [...] Le grand lampas comporte soixante-trois coloris de chenille et cinquante-huit de soie".
  10. Du Bellay Marie-France, Art de la Soie Prelle 1752-2002 p 70 à 78 : "La Mémoire de la Fabrique : diversité et usage". Voir l'inventaire minutieux dressé par Marie-France du Bellay, responsable des archives de la maison Prelle de 1984 à 2008.

Bibliographie

  • L'Art de la Soie Prelle 1752-2002 : des ateliers lyonnais aux palais parisiens, Paris/Courbevoie, Paris Musées, , 223 p. (ISBN 2-87900-713-5)
  • Colombe Samoyault-Verlet, La Revue du Louvre : Les soieries de la chambre de l'Impératrice, réunion des Musées Nationaux,
  • Florence-Patricia Charpigny, « La Fabrique lyonnaise de soieries : Une maison à travers ses archives de Lamy et Giraud à Lamy et Gautier », Bulletin de liaison du Centre international d'étude des textiles anciens, Lyon, Centre international d'étude des textiles anciens, no 54, , p. 15-17 (ISSN 1016-8982), (notice BnF no FRBNF34431528)

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Articles connexes

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