Poverty Point

Poverty Point, connu pour ses constructions de tertres, est un site archéologique situé dans le nord-est de la Louisiane dans le Sud des États-Unis. Aujourd’hui, il se trouve à environ 25 km de l’actuelle rive occidentale du Mississippi[1], près du village d’Epps, dans la Paroisse de Carroll Ouest. Le nom « Poverty Point » est celui de la plantation sur laquelle fut découvert le site archéologique en 1873. Par extension, la culture de Poverty Point (Poverty Point culture) désigne la culture précolombienne de cette région qui se caractérise par l’aménagement de monticules en terre. Depuis 1962, le lieu est protégé et accueille des visiteurs. Les tertres monumentaux de Poverty Point sont inscrits au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 2014[2].

Historique

Époque précolombienne

Carte du site archéologique

Le site fut fondé entre 14 et 18 siècles av. J.-C.[3] La végétation a été brûlée afin d’aménager le site vers 1450-1250 av. J.-C. selon les analyses au carbone 14. Puis le secteur fut recouvert de limon avant que ne soient entreprises les premières levées de terre. Le site atteint son apogée vers 1000 av. J.-C.[4]

Fouilles archéologiques et protection

Poverty Point fut abandonné bien avant l’arrivée des Européens, peut-être vers 700 av. J.-C.[5],[4] Il fut en partie endommagé par les agriculteurs américains aux XIXe et XXe siècles.

Le site est reconnu dès 1873 par l’archéologue américain Samuel Lockett[6]. Des fouilles sont menées par James Ford et Stuart Neitzel dans les années 1950 pour le compte de l’American Museum of Natural History[6]. Les photographies aériennes permettent de mieux comprendre la nature et l’organisation du site.

Poverty Point fut classé National Historic Landmark par le Département de l'Intérieur des États-Unis le [7],[8], puis sur le Registre national des lieux historiques le . Le Poverty Point State Historic Site comprend également un musée où sont exposés les vestiges archéologiques. L’État de Louisiane travaille avec le Vicksburg Corps of Engineers afin de limiter l’érosion des tertres et des talus[8]. Les fouilles se poursuivent de nos jours.

Certains archéologues considèrent que Poverty Point était principalement utilisé comme centre cérémoniel par les Amérindiens, mais n’était pas une ville[1]. Pour eux, il s’agissait d’un lieu de rencontre et de réunions périodiques plus qu’un établissement permanent. Cependant, divers indices suggèrent que le site était occupé en continu comme les nombreuses boules d’argile (clay balls ou Poverty Point Objects) qui servaient à chauffer les aliments.

Actuellement, le site est ouvert aux visiteurs de 9 heures à 17 heures, sauf à Thanksgiving, Noël et au jour de l'an[5]. Son adresse est : 6859 Highway 577, Pioneer, Louisiana 71266. Le droit d’entrée est fixé à deux dollars par personne ; les plus de 62 ans et les moins de 12 ans bénéficient de la gratuité[5].

Description du site

Vue aérienne du site de Poverty Point.

Le site archéologique s’étend sur quelque 161,8 hectares[7]. Cependant, des recherches récentes montrent que les terrains occupés s’étalaient sur au moins 4,8 km[9]. Pover Point occupe le bayou Macon à l’ouest du fleuve Mississippi.

Le centre du site est occupé par un ensemble de six talus artificiels concentriques en demi-cercle qui forment un vaste « C[1] ». Dans l’état actuel du lieu, chaque levée de terre mesure un[1] à deux mètres de hauteur ; elles sont écartées de 43 à 60 mètres d’intervalle[6]. La plus petite a un diamètre de 600 mètres et délimite un espace de 14 hectares qui s’ouvre sur le Mississippi. La dernière est aussi la plus grande puisqu’elle s’étend sur environ 1,2 km de diamètre[6],.

Le site abrite plusieurs tertres en terre, peut-être sept au total. Le plus grand, appelé « Mound A », se trouve à l’ouest et à l’extérieur des talus. Il mesure 21 mètres de hauteur, 216 mètres de longueur et 195 mètres de largeur[6], ce qui en fait l’une des plus importantes structures en terre d’Amérique du Nord. Des fouilles récentes tendent à montrer que le Mound A fut aménagé rapidement, peut-être en trois mois[9]. Il représente pourtant un volume total d’environ 238 000 m3[9]. Vu du ciel, sa forme fait penser à la lettre « T » ou à un oiseau en train de voler, ailes déployées. Il représentait peut-être le centre cosmologique du site[9].

Un autre tertre a une forme conique et s’élève à 7,5 mètres. Sa plate-forme devait supporter un édifice en bois. Le Lower Jackson Mound se trouve au sud : il est sans doute le plus ancien de Poverty Point[1]. Au nord, le Motley Mound mesure 16 mètres de haut.

Les habitants de Poverty Point

Vestiges en argile retrouvés à Poverty Point

Les Amérindiens qui ont occupé le site de Poverty Point étaient des chasseurs-cueilleurs et non des agriculteurs. Ils ont dû déplacer quelque 750 000 à 1 million de mètres cubes de terre pour aménager le site[9].

Poverty Point fut le centre d’un réseau de commerce qui s’étendait jusqu’à 1 600 km. Par exemple, les archéologues ont retrouvé du cuivre provenant des Grands Lacs, des microlithes et des pointes de flèche des vallées de l’Ohio et du Tennessee, des montagnes Ouachita et Ozark, enfin de la stéatite des Appalaches. Des matières premières étaient déjà importées vers 1730 av. J.-C.[6] L’artisanat était développé comme l’attestent les figurines en argile, les bijoux en pierre.

Notes et références

  1. Milner 2004, p. 44-50
  2. « Tertres monumentaux de Poverty Point », sur UNESCO (consulté le )
  3. (en) Jon L. Gibson, « Poverty Point. A Terminal Archaic Culture of the Lower Mississippi Valley », University of Southwestern Louisiana, (consulté le )
  4. (en) « World Timeline of the Americas 1000 BC - AD 200 », The British Museum, (consulté le )
  5. (en) « Poverty Point State Historic Site », Louisiana Department of Culture, Recreation and Tourism (consulté le )
  6. (en) Jon L. Gibson, « Poverty Point. A Terminal Archaic Culture of the Lower Mississippi Valley », University of Southwestern Louisiana, (consulté le )
  7. (en) « Things to do », National Park Service (consulté le )
  8. (en) « Poverty Point » [archive du ], NHLP (consulté le )
  9. Kidder, Ortmann et Arco 2008

Annexes

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

  • (en) George R. Milner, The Moundbuilders: Ancient Peoples of Eastern North America, Londres, Thames & Hudson Ltd,
  • (en) Jon L. Gibson, Poverty Point. A Terminal Archaic Culture of the Lower Mississippi Valley, University of Southwestern Louisiana, (lire en ligne)
  • (en) Tristram R. Kidder, Anthony L. Ortmann et Lee J. Arco, « Povert Point and the archaeology of singularity », The SAA archaeological record, Society for American Archaeology, vol. 8, no 5, , p. 9-12 (ISSN 1532-7299)
  • (en) Michael L. Hargrave, Tad Britt et Matthew D. Reynolds, « Magnetic evidence of ridge construction and use at Povert Point », American antiquity, Society for American Archaeology, vol. 72, no 4, , p. 757-769 (ISSN 0002-7316)
  • (en) Jon L. Gibson, The Ancient Mounds of Poverty Point: Place of Rings, Gainesville, University Press of Florida,
  • Portail de la Louisiane
  • Portail de l’Amérique précolombienne
  • Portail de l’archéologie
  • Portail de la conservation de la nature
  • Portail du Registre national des lieux historiques
  • Portail du patrimoine mondial
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.