Portrait de Madame Trudaine
Le Portrait de Madame Trudaine (anciennement nommé portrait de Madame Chalgrin, aussi intitulé portrait de Louise Trudaine) est un portrait inachevé, peint par Jacques-Louis David en 1791-1792 à la demande de son époux Charles-Louis Trudaine. Le tableau fut autrefois identifié comme un portrait d'Émilie Chalgrin fille du peintre Joseph Vernet, exécutée pendant la Révolution française. Cette identification a, depuis, été écartée.
Historique
Peint en 1791 ou 1792 laissé inachevé, le tableau demeure dans les collections du peintre jusqu'à sa mort. Recensé comme un portrait de Mme Trudaine dans l'inventaire du des œuvres du peintre, le tableau demeure invendu lors de l'expositions après décès. Il est adjugé 40 francs lors de la vente de 1835. Le tableau se trouve dans la collection du peintre Léon Cogniet en 1845. Acquis peu après (vers 1846-1850) par le marquis de Gouvello, donné au peintre Horace Vernet. Dans la collection du peintre, transmis ensuite à son gendre Paul Delaroche, le tableau est légué au Louvre en 1890 par le petit-fils de celui-ci[1] (numéro de catalogue RF 670).
Description
La jeune femme est présentée assise de trois-quart sur une chaise, les mains croisées sur son ventre, regardant le spectateur. Elle est habillée d'une robe sombre ceinte d'une écharpe bleue et d'un haut de poitrine blanc, sa silhouette se détache sur un fond brossé de rouge. Cette œuvre est inachevée.
Contexte
La famille Trudaine est une famille de grands administrateurs au service de la monarchie française, depuis le XVIIe siècle. Avant la Révolution les frères Trudaine, Charles-Louis et Charles-Michel, fils de Philibert Trudaine de Montigny, avaient pour habitude d'accueillir dans leur salon parisien, place des Vosges, les plus grands artistes de l'époque, dont le poète André Chénier et le peintre Jacques-Louis David ou le journaliste François de Pange.
Ils demandèrent à David qui accepta de faire le portrait de l'épouse de Charles-Louis, Marie-Louise Trudaine, née Marie-Louise-Josèphe Micault de Courbeton (1769-1802). Lorsque la Révolution se radicalisa en 1792, le peintre, élu député de la Convention nationale et devenu extrémiste, se brouille avec la famille Trudaine qui choisit la clandestinité.
Identification du modèle
Des biographies de David comme celle de Saunier (1903), ont identifié le modèle comme étant Émilie Chalgrin (1760-1794), épouse de l'architecte Jean-François-Thérèse Chalgrin, fille du peintre Joseph Vernet et sœur de Carle Vernet. Ayant été compromise dans une affaire de vol et recel de biens nationaux, elle fut guillotinée en 1794. Une légende imputa à David la responsabilité de son exécution[1], dont l'origine provient des Mémoires d'un détenu d'Honoré Riouffe (1823) [2].Dans son Histoire des peintres français au dix-neuvième siècle Charles Blanc raconte que Carle Vernet accourut pour implorer la grâce de David, le peintre aurait alors répondu « j'ai peint Brutus, je ne puis solliciter Robespierre, le tribunal est juste »[3]. Le tableau fit partie un temps de la collection d'Horace Vernet et de son gendre Paul Delaroche. Cette identification fut défendue par Henri Toussaint sur la base d'une ressemblance entre les traits du modèle et ceux de Carle Vernet. Depuis les années 1980, le tableau est restitué par Régis Michel, historien d'art spécialiste de David, d'après l'inventaire après décès des œuvres du peintre daté du qui recense le tableau comme étant un portrait de Marie-Louise Trudaine (1769-1802). Un autre élément, qui avait emporté l'avis des historiens était la jeunesse du modèle, Marie-Louise Trudaine née en 1769 avait 23 ans tandis qu'Émilie Chalgrin née en 1760 était âgée de 32 ans.
Œuvre en rapport
Le British Museum possède dans ses collections de dessins, une copie en lavis à la sépia de ce portrait, avec la mention manuscrite Mme Chalgrin par David[4].
Notes et références
- Antoine Schnapper, David 1748-1825 catalogue exposition Louvre Versailles 1989 p. 280.
- Émile Campardon, (1866) Le Tribunal révolutionnaire de Paris volume 1 p. 6
- Charles Blanc (1846), Histoire des peintres français au dix-neuvième siècle chapitre Carle Vernet p. 283
- fiche du British Museum
Annexes
Liens externes
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