Porte Noire (Besançon)

La porte Noire de Besançon est un arc de triomphe gallo-romain de 16,56 m (enterré de m par le nivelage du temps) édifié sous l'empereur romain Marc Aurèle au IIe siècle, à l'origine entièrement décoré de fines sculptures représentant des divinités de la mythologie grecque et romaine et des scènes de combats pour la plupart effacées par le temps. La porte, probablement un des plus beaux monuments de Besançon à l'origine, est aujourd’hui très endommagée.

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La porte Noire fait l'objet d’un classement au titre des monuments historiques par la liste de 1840[1].

Histoire

La porte, qui dans l'antiquité était désignée sous le vocable de Porte de Mars[2], est associée aux victoires militaires de Marc Aurèle (161-180) et Lucius Aurelius Verus contre les Parthes, en 165-166. La représentation de la prise de Ctésiphon est toujours visible aujourd'hui, quoique fort abîmée. On ne sait si la construction de la porte doit être liée aux troubles en Séquanie (Franche-Comté gauloise) entre 171 et 175 mentionnés par l'Histoire Auguste. Le côté de la porte où les sculptures ne sont pas conservées évoquait peut-être les guerres germaniques de Marc Aurèle contre les Marcomans, Quades et Sarmates.

Description

Architecture et style

Primitivement, le monument présentait des proportions très élancées : plus de 16 m de haut pour seulement deux de profondeur et une hauteur sous baie de plus de 11 m. Le tout, sans doute couronné de statues, ne constituait pas une porte de la ville antique, mais un arc honorifique détaché d'autres bâtiments. La grande hauteur permettait une organisation des reliefs décoratifs en étages et registres. Pour sa décoration, on a pu parler d'horreur du vide tant les figures et statues recouvrent chaque partie de l'espace dans un décor foisonnant. Par son style, et surtout par l’omniprésence d'un discours décoratif envahissant à dominante mythologique, la porte Noire se distingue fortement des autres arcs de triomphe gallo-romains.

Décoration

Détail des sculptures d'ornementation, le roi des Parthes domine les murailles de Ctésiphon (seule la partie gauche est antique (partie sculptée), l'autre partie date des restaurations de Pierre Marnotte au XIXe siècle.

La porte était à l'origine entièrement recouverte de fines et très belles décorations sur le thème des divinités et des scènes de combats mythologiques des dieux et héros auxquels s'ajoutaient des scènes historiques représentant l'armée romaine. Ces reliefs sont malheureusement fortement effacés par la corrosion du temps, l'âge de la porte (1 800 ans), les nombreux incendies et la fragilité de la pierre utilisée.

Parmi les scènes et personnages mythologiques, on peut reconnaître Jupiter foudroyant les Géants, les Dioscures, Dédale et Icare, Thésée, Ajax devenu fou… L'identification d'une partie des reliefs est problématique en raison du mauvais état du monument. La porte Noire est un monument romain officiel, triomphal. On peut voir en lui un symbole de pouvoir et de puissance, voire un message de propagande impériale romaine honorifique à la gloire de la puissance militaire dominatrice de Rome, de l'Empire romain et des empereurs romains par le message de son abondante décoration finement et artistiquement sculptée sur le thème de la mythologie romaine. L'interprétation en est cependant délicate, car bien des éléments nous manquent pour reconstituer à la fois le contexte et le sens de cette construction. On peut penser que la représentation de dieux garants d'ordre, de sécurité et de bonheur diffusait un message rappelant la nécessaire obéissance à l'Empire, puissance protectrice et garante de la prospérité.

Archéologie, conservation

Conservation

La porte Noire a été construite en pierre de Vergenne, une pierre de taille provenant de Haute-Saône. Cette pierre tendre et fine permet de très belles et très fines sculptures, mais résiste très mal au temps et à la pollution, comme en témoigne l'état actuel du monument et l'effacement plus ou moins prononcé de toutes les fines décorations qui le recouvraient.

Restauration

Après un long abandon, c'est au XIXe siècle que le monument fut restauré le mieux possible et stabilisé dans son état actuel. Ces travaux de restauration et de stabilisation, rendus très difficiles par le mauvais état de l'ouvrage, se poursuivent de nos jours. La décoration de la porte est connue par de nombreux dessins et relevés anciens datant de périodes où elle était en meilleur état.

La Porte a été présentée au public après une importante campagne de restauration lors des journées du patrimoine des 17 et . Les restaurations ont mis en valeur la couleur claire de la pierre et présentent d'une manière plus lisible sa décoration[3].

Photos

Notes et références

Voir aussi

Bibliographie

  • Roman Ghirshman, « La Porte noire de Besançon et la prise de Ctésiphon », Aufstieg und Niedergang der römischen Welt (ANRW), II, 9, 1, p. 215-218.
  • Lucien Lerat, Hélène Walter, Besançon antique : ville gallo-romaine, Paris, Impr. nationale, coll. Guide archéologique de la France, 1990, 138 p.
  • Hélène Walter, La Porte noire de Besançon. Contribution à l'étude de l'art triomphal des Gaules, Besançon, Université de Franche-Comté (thèse de doctorat), 1986, 660 p. [(fr) lire en ligne]
  • Hélène Walter, « La Porte noire », in col., De Vesontio à Besançon, la ville s'expose, catalogue de l'exposition 2006, Besançon, 2006.

Articles connexes

Liens externes

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