Pollution plastique

La pollution par le plastique (ou « pollution plastique ») est une pollution engendrée par l'accumulation de déchets en matière plastique dans l'environnement. Il existe plusieurs formes et types de pollution plastique.

Déchets plastiques au jardin botanique de Bogor en Indonésie (2018).

Le système mondial de production, d'utilisation et d'élimination des matières plastique est un système défaillant. La pollution plastique est corrélée au faible coût du plastique, qui entraîne une utilisation massive et jetable de ce dernier. Elle est également due à la faible dégradabilité des plastiques.

Cette pollution peut avoir des effets nuisibles sur la terre, les mers et océans, ainsi que dans les cours d'eau en affectant la vie sauvage, l'habitat et secondairement ou par rétroaction des êtres humains[1].

On estime que 24 à 35 millions de tonnes de déchets plastiques pénètrent chaque année dans le milieu aquatique. Les organismes vivants, en particulier les animaux marins, peuvent être impactés, soit par des effets mécaniques tels que l'enchevêtrement dans des objets en plastique et des problèmes liés à l'ingestion de déchets plastiques, soit par l'exposition à des produits chimiques contenus dans les plastiques qui interfèrent avec leur physiologie. Les effets sur les êtres humains comprennent la perturbation de divers mécanismes hormonaux. Dans certaines régions, des efforts importants ont été déployés pour réduire l'importance de la pollution des plastiques en libre parcours, en réduisant la consommation de plastique, en nettoyant les déchets et en encourageant le recyclage des plastiques.

État des lieux

Une tortue de mer emmêlée dans un filet fantôme.

Une étude internationale publiée en septembre 2020 dans la revue Science par une équipe de chercheurs internationaux estime qu'entre 24 et 35 millions de tonnes de déchets plastiques pénètrent chaque année dans le milieu aquatique[2].

Le rapport « Mare Plasticum : The Mediterranean » publié en par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) évalue à environ 229 000 tonnes la masse de déchets plastiques déversés chaque année dans la Méditerranée, masse qui pourrait doubler d'ici à 2040 si aucune mesure ambitieuse n'est rapidement prise. L'Égypte rejette à elle seule 74 000 tonnes de déchets plastiques par an, suivie par l'Italie (34 000 tonnes) et la Turquie (24 000 tonnes). Par tête d'habitant, le Monténégro apparaît comme le plus polluant (8 kilos par habitant et par an), devant la Bosnie-Herzégovine et la Macédoine (3 kilos)[3].

Les organismes vivants, en particulier les animaux marins, peuvent être endommagés soit par des effets mécaniques, tels que l'enchevêtrement dans des objets en plastique, des problèmes liés à l'ingestion de déchets plastiques, soit par l'exposition à des produits chimiques contenus dans les plastiques qui interfèrent avec leur physiologie[4].

Selon un rapport de l'ONU, en seulement 65 ans, l'homme a produit 9 milliards de tonnes de plastique. Depuis 1945, la production mondiale de plastique n'a cessé d'augmenter, atteignant 359 millions de tonnes en 2018[5]. Chaque seconde, 100 tonnes de déchets (sur les 4 milliards produites annuellement) finissent dans les mers et les océans[6], une grande partie de cette contamination du milieu marin étant le fait de matières plastique (plus de 8 millions de tonnes[7] de déchets plastiques déversées annuellement dans les océans)[8].

Dans l'année 2017, la Chine, l'Indonésie, les Philippines, la Thaïlande et le Vietnam, cinq pays d’Asie, rejettent plus de déchets plastiques dans la mer que tous les autres pays du monde réunis[9]. Le continent asiatique accueillant les ordures d'une vingtaine de pays développés, les fleuves Yangzi Jiang, Indus, Jaune, Hai He, Ganges, Perle, Amour, et le Mékong fournissent, avec le Nil et le Niger, 95% des plastiques qui envahissent les océans[10],[11].

La pollution plastique est due à la faible dégradabilité des plastiques[12].

La masse des déchets plastiques progresse de plus de 3 % par an depuis 2010 et atteint à l'échelle mondiale 310 Mt (millions de tonnes) en 2016. La production de plastique, estimée à 396 Mt en 2016 dans un rapport du WWF, pourrait dépasser 550 Mt dans 30 ans. Or un bon tiers de ces déchets plastiques, soit une centaine de millions de tonnes par an, échappe à tout traitement (mise en décharge, incinération, recyclage) et part se perdre dans la nature. Les neuf dixièmes vont se répandre et s'accumuler dans les écosystèmes terrestres, le reste finit dans les océans à raison de plus de 9 millions de tonnes par an. Le WWF prévoit que la pollution plastique cumulée des océans pourrait atteindre 300 Mt d'ici à 2030, sur la base des prévisions actuelles ; les mers du globe porteront alors le même poids de déchets que de poissons. Selon une récente étude de la Banque mondiale, l'est de l'Asie et des pays du Pacifique est plus pollué, avec 57 Mt (millions de tonnes), que l'Europe et l'Asie centrale (45 Mt) et l'Amérique du Nord (35 Mt). À elle seule, la mer Méditerranée reçoit chaque année quelque 600 000 tonnes de plastiques sur les 24 Mt de déchets produits par ses 22 pays riverains. Le WWF a recensé plus de 270 espèces victimes d'enchevêtrement et plus de 240 victimes d'absorption de plastique. Les émissions de dioxyde de carbone résultant de l'incinération des déchets plastiques (15 % des déchets produits) ou de leur déversement à ciel ouvert (14 %) pourraient tripler d'ici à 2030 et atteindre annuellement 350 millions de tonnes[13].

Selon l'Environmental Protection Agency, en 2011, le plastique constitue environ 12 % des déchets solides municipaux, comparativement à moins de 1 % dans les années 1960[14].

Selon les opérations de nettoyage menées chaque année par Break Free From Plastic, organisation internationale qui réunit 1 700 mouvements de la société civile, les trois plus grand pollueurs de plastique de la planète en 2018 sont Coca-Cola, PepsiCo et Nestlé [15] « qui représentent à eux seuls près de 45 % des déchets retrouvés dans les opérations de ramassage de l'ONG[16] ». Au risque d'être accusées de greenwashing, les multinationales multiplient les promesses de réduction de l'impact environnemental de leurs emballages en plastique[17].

En mai 2021, un rapport publié par la fondation australienne Minderoo estime que vingt entreprises produisent 55 % des plastiques à usage unique dans le monde. 19 % de ces déchets auraient été rejetés dans l’environnement[18].

Lutte contre la pollution par les plastiques

Diverses initiatives ont été prises pour réduire cette pollution en amont, par un meilleur tri et une meilleure récupération des déchets, et parfois par une réduction de la consommation du plastique accompagnant la promotion du recyclage du plastique[19].

Des ONG dénoncent également l'usage abusif et croissant de microplastiques et microbilles de plastique dans les produits cosmétiques et de soins, et demandent aux décideurs et aux fabricants de bannir les microbilles de plastique de leurs produits.

Une ONG s'est créée, nommée « 5 Gyres Institute » qui collecte et diffuse des informations au sujet des microplastiques et de la soupe de plastique trouvée dans les gyres de l'océan. Selon cette ONG, un seul tube ou flacon de nettoyant pour le visage peut contenir plus de 300 000 de ces microbilles, et il s'en vend des millions chaque jour, alors qu'il existe des alternatives peu coûteuses, biodégradables et plus sûres (noyaux de fruits ou coquilles de fruits secs finement broyés par exemple, ou sel pour le gommage).

En 2013, plusieurs États des États-Unis (notamment des États riverains des Grands Lacs) ont commencé à légiférer pour interdire ces produits[20], avec une interdiction effective avant fin 2016 pour les États de New-York et de Californie (avec un délai d'un an supplémentaire si le produit cosmétique est aussi reconnu comme médicament par la Food and Drug Administration). La Californie interdit aussi la publicité pour ces produits à partir de cette date[21].

À la suite des campagnes lancées par les ONG, et à la suite de ces projets d'interdiction ou de nouvelles règlementations déjà votées aux États-Unis, plusieurs utilisateurs industriels se sont engagés à volontairement les supprimer de leurs produits, mais souvent sans annoncer de date butoir. Le groupe Johnson & Johnson a cependant annoncé avoir déjà cessé de développer de nouveaux produits contenant des microbilles de polyéthylène et être en train d'examiner des alternatives pour les produits qui en contiennent encore « Notre objectif est de clore une première phase de reformulations avant fin 2015 » a déclaré un porte-parole du groupe[21] (cette « première phase » correspond à environ la moitié des produits vendus par la société et contenant des microbilles, le contenu de la seconde phase sera déterminé par les progrès faits dans la première phase[21]).

Le groupe Personal Care Products Council qui rassemble les producteurs de cosmétiques et parfums s'est également prononcé en faveur d'alternatives au plastique[21].

Pour éviter la pollution plastique, certains pays comme le Rwanda ont adopté une nouvelle politique. En effet, dans ce pays, utiliser du plastique est passible d’une peine de 6 mois à 1 an d’emprisonnement et au Kenya de 4 ans. Il existe des contrôles dans les commerces où le moindre morceau de plastique détecté peut faire fermer le commerce. Le Rwanda a également pris comme mesure de sensibiliser les enfants à l’école sur les conséquences de la pollution plastique pour l'environnement et l’importance de recycler. Cette sensibilisation est également présente dans le cadre politique. À la suite de cela, beaucoup de personnes nettoient d’elles-mêmes la rue[22].

L'Union européenne institue une taxe, appliquée à partir du , sur le poids des déchets d'emballages plastiques non recyclés, avec un taux de 80 centimes d'euro par kilogramme. La France, pénalisée par son taux de recyclage médiocre, pourrait devoir verser 1,3 à 1,4 milliard d'euros par an pour s'en acquitter ; l'État pourrait décider d'en répercuter le coût sur les éco-organismes, sur les collectivités locales ou sur les distributeurs et fabricants[23].

Typologie de pollutions par le plastique

Pollution plastique sur des plantes.

La pollution plastique est constituée :

  • d'amoncellement de (macro-)déchets, avec notamment une accumulation de déchets en mer (portés par le vent, la pluie et les cours d'eau), la pollution de l'eau par les déchets et fragments ou microparticules de plastiques ;
  • des microplastiques issus de la dégradation d'éléments plus gros sous l'effet des éléments (eau, soleil, usure, etc.) remontant la chaine alimentaire ;
  • de l'arrivée dans les cours d'eau puis en mer de microbilles de plastique issues de produits cosmétiques et de produits de soins du corps en contenant (plus de six cents produits différents rien qu'aux États-Unis[24]).

Notes et références

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Plastic pollution » (voir la liste des auteurs).
  1. (en) « Plastic pollution », Encyclopædia Britannica
  2. (en) « Predicting the Future of Plastic Pollution and Why Cleanup is Part of the Solution », sur theoceancleanup.com,
  3. Un rapport pointe l'inflation galopante des plastiques en mer Méditerranée, Les Échos, 28 octobre 2020.
  4. « Le plastique colonise les océans », sur sciencesetavenir.fr (consulté le )
  5. « Production of plastics worldwide from 1950 to 2018 », sur statista.com (consulté le )
  6. Roselyne Messal, « Les déchets plastique dans les océans », sur futura-sciences.com,
  7. Entre 4.8 et 12.7 millions de tonnes de déchets, selon les marges d'erreur importantes. Cf (en) Jennifer A. Brandon, William Jones & Mark D. Ohman, « Multidecadal increase in plastic particles in coastal ocean sediments », Science Advances, vol. 5, no 9, (DOI 10.1126/sciadv.aax0587)
  8. Marion Durand, « La quantité de plastique dans les océans a explosé depuis 1945 », sur huffingtonpost.fr,
  9. (en) Hannah Leung, « Five Asian Countries Dump More Plastic Into Oceans Than Anyone Else Combined: How You Can Help », Forbes, (lire en ligne, consulté le ) :
    « China, Indonesia, Philippines, Thailand, and Vietnam are dumping more plastic into oceans than the rest of the world combined, according to a 2017 report by Ocean Conservancy »
  10. (en) Christian Schmidt, Tobias Krauth et Stephan Wagner, « Export of Plastic Debris by Rivers into the Sea », Environmental Science & Technology, vol. 51, no 21, , p. 12246–12253 (PMID 29019247, DOI 10.1021/acs.est.7b02368, Bibcode 2017EnST...5112246S) :
    « The 10 top-ranked rivers transport 88–95% of the global load into the sea »
  11. (en) Harald Franzen, « Almost all plastic in the ocean comes from just 10 rivers », Deutsche Welle, (lire en ligne, consulté le ) :
    « It turns out that about 90 percent of all the plastic that reaches the world's oceans gets flushed through just 10 rivers: The Yangtze, the Indus, Yellow River, Hai River, the Nile, the Ganges, Pearl River, Amur River, the Niger, and the Mekong (in that order). »
  12. (en) Ronald E. Hester et R. M. Harrison (éditeurs), Marine Pollution and Human Health, Royal Society of Chemistry, , 168 p. (ISBN 978-1-84973-240-6 et 1-84973-240-X, lire en ligne), p. 84-85
  13. Plastique : une pollution qui vire au désastre écologique, Les Échos, 12 juin 2019
  14. (en) « Plastics »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?), sur epa.gov
  15. « Pollution: la célèbre boîte en plastique jaune de Nesquik, c'est fini », sur ladepeche.fr,
  16. « Nestlé La fameuse boîte jaune Nesquik va disparaître », sur lavoixdunord.fr,
  17. « Plastique: Le groupe Unilever (Knorr, Lipton, Magnum, Dove...) va changer ses emballages », sur lavoixdunord.fr,
  18. Reporterre, « 20 entreprises produisent 55 % des déchets plastiques du monde », sur Reporterre, le quotidien de l'écologie (consulté le )
  19. (en) Bonnie Malkin, « Australian town bans bottled water », The Daily Telegraph,
  20. Governor Quinn Signs Bill to Ban Microbeads, Protect Illinois Waterways, Illinois Government News Network, 8 juin 2014.
  21. Jim Johnson, Momentum building for plastic microbead bans, PlasticNews, 9 mai 2014
  22. Kimiko de Freytas – Tamura (New York Times), « « Au pays du plastique illégal » », We Demain, , p.60-63
  23. Plastique : la nouvelle taxe européenne va coûter cher à la France, Les Échos, 23 juillet 2020.
  24. Becker, L. C., Bergfeld, W. F., Belsito, D. V., Hill, R. A., Klaassen, C. D., Liebler, D. C., … et Andersen, F. A. (2014), « Safety assessment of modified terephthalate polymers as used in cosmetics », International Journal of Toxicology, 33 (3 suppl), 36S-47S

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

  • Le 1, « Alerte - Le plastique serial killer des océans », .
  • Nathalie Gontard (avec Hélène Seingier) Plastique. Le grand emballement, Stock, 2020.
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