Place Émile-Zola (Dijon)
La place Émile-Zola est une place du centre historique de Dijon.
Place Émile-Zola | |
Situation | |
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Coordonnées | 47° 19′ 17″ nord, 5° 02′ 29″ est |
Pays | France |
Région | Bourgogne-Franche-Comté |
Ville | Dijon |
Quartier(s) | Centre historique |
Morphologie | |
Type | Place |
Forme | parallélépipède |
Histoire | |
Anciens noms | Champ du Morimont, Place du Morimont, Place Émile-Zola (1921) |
Monuments | gibet, Roue, guillotine, fontaine |
Protection | Patrimoine mondial (2015, Climats du vignoble de Bourgogne) |
Situation et accès
Elle est en forme de parallélépipède et s'ouvre sur la route de l'Ouest de la ville, elle a très longtemps été la place du marché pour ce quartier, où les exécutions étaient régulières : en particulier la roue, le gibet, le bûcher puis la guillotine ont été érigés sur cette place publique jusqu'en 1832, rebaptisée place Émile-Zola en 1921[1].
Origine du nom
Elle porte le nom de l'écrivain français Émile Zola (1840-1902).
Historique
Autrefois appelée place du Morimont, parce que l'Abbaye de Morimond y avait un hôtel, à l'emplacement actuel du 17, rue Monge (anciennement rue Saint Jean)[2]. De plus le nom de Morimond vient du latin mori mundo (« mourir au monde »), illustrant l'idéal de renoncement au monde des moines cisterciens de cette Abbaye.
La place du Morimont, place des exécutions
Pendant près de cinq siècles, la place du Morimont offre aux Dijonnais le spectacle des exécutions publiques.
L'échafaud se dressait sur une plate-forme rectangulaire élevée d'environ deux mètres au-dessus du sol, sur cinq piliers de pierre. On y accédait par deux échelles latérales.
En 1535 avait été élevée contre lui une croix de calvaire à deux personnages au pied du Christ. C'est ainsi que le représenta le plan d'Edouard Bredin de 1574[3], et aussi le plan de Jean de Beaurain en 1767[4].
Sur l'échafaud se plaçait le billot, un bloc de bois « sur lequel le glaive retentissait comme un couperet sur l'étal d'un boucher »[5].
D'un côté, la potence attendait les pendus, de l'autre se trouvait la roue horizontale sur son pilier.
Dans certains cas particuliers, on disposait un bûcher en arrière de la plate-forme. Sous celle-ci étaient entreposés les instruments du bourreau (glaive, barre à rompre les os, tenailles et cordes...). La place était parfois décorée car il s'agissait d'un grand spectacle populaire : jusqu'au XIXe siècle, il y eut par exemple la mode d'exécuter de nuit, aux flambeaux.
Parmi les premiers bourreaux, un nommé Jehan qui brûla sur un certain Poncet de Soulier, « Triorlière », accusé de nécromancie en 1403.
Il a aussi exécuté en 1407 un âne de Plombières qui avait tué un enfant, et ainsi été condamné à la potence. Le sobriquet d'ânes donné aux habitants de Plombières date probablement de cette exécution.
En 1658, fut fondée la société de la Miséricorde pour secourir les pauvres et soigner les malades. Elle accompagnait aussi les condamnés jusqu'au supplice et recueillait leurs corps et les bois de justice, puis la guillotine dans sa chapelle de la Miséricorde construite derrière le moulin des Carmes.
Pendant la Révolution, le gibet et la roue disparurent mais la guillotine demeura deux ans sur la place en permanence.
Elle fut enlevée le à la demande des « âmes sensibles et délicates » du quartier qui avaient signé une pétition adressée au chargé de mission de la Convention, Jean-Marie Calès. La guillotine ne reparut que pour les exécutions. Le bourreau, François Étienne, y exécuta François Langonier, le maire de Venarey-les-Laumes.
Un arrêté municipal du fit transporter la guillotine de la place du Morimont à un emplacement situé sur le chemin communal de Cromois, au sud du Clos de Montmuzard, à l'est de la Porte Neuve. Il s'agissait d'éloigner les lieux d’exécutions du centre ville, pour mettre à distance le public et ne plus en faire un spectacle.
Place Émile Zola
En 1904, la municipalité Barabant fraichement élue décide de débaptiser plus d'une vingtaine de rues ou places portant le nom de saints. La place Saint-Jean, attenante à l'église du même nom à quelques dizaines de mètres de la place Morimond en fait les frais et se fait voit rebaptisée place Émile Zola. Dans un contexte politique et social encore marqué par l'affaire Dreyfus, de virulentes voix s'élèvent contre ce nouveau nom : une opposition forte qui pousse la municipalité en 1920 à donner le nom de l'écrivain à une rue attenante, la rue Bossuet, mais là encore, l'opposition pousse la municipalité à transiger. Elle finit par l'attribuer en 1921 à la place Morimont, en accord cette fois avec les riverains qui souhaitent "laisser tomber dans l'oubli cette expression macabre", associant le nom de leur place et son histoire à une étymologie qui signifierait "Mont des morts"[1].
Longtemps, la place a été occupée en son centre par des bennes à ordure. Réaménagée dans les années 1980, elle est désormais ornée d'un bassin entouré des terrasses des bars et restaurants qui bordent le lieu.
Voir aussi
Notes et références
- Bernard Richard, Les emblèmes de la république : Préface d'Alain Corbin, CNRS, , 441 p. (ISBN 978-2-271-07366-2, lire en ligne)
- « Discours fait au parlement de Dijon sur la présentation des lettres d’abolition obtenues par Hélène Gillet - Wikisource », sur fr.wikisource.org (consulté le )
- http://crdp.ac-dijon.fr/Plan-de-la-ville-de-Dijon-Bredin.html
- http://crdp.ac-dijon.fr/Nouveau-plan-de-la-ville-et-des.html
- http://www3.bienpublic.com/dossiers/decouverte/dijon1.html
Bibliographie
- Michel-Hilaire Clément-Janin, Le Morimont de Dijon. Bourreaux & suppliciés, Dijon, Darantière, 1889, X-176 p. En ligne sur Gallica.
- Yves Beauvalot, La Place royale de Dijon : mythes et réalités, Dijon, Les Cahiers du Vieux-Dijon, , 217 p. (ISBN 2-904856-02-1)
Articles connexes
Liens externes
- Discours fait au parlement de Dijon sur la présentation des Lettres d’abolition obtenues par Helène Gillet, condamnée à mort pour avoir celé sa grossesse et son fruict.
- Le Vray Portraict de la Ville de Dijon, Edouard Bredin, 1574
- Nouveau plan de la ville et des environs de Dijon dédié à son Altesse sérénissime monseigneur le Duc par son très humble et très obéissant serviteur Jean de Beaurain, géographe ordinaire du roy, 1767
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