Pierre Dulin

Pierre Dulin[1], né le à Paris où il est mort le , est un peintre français.

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Pierre Dulin est le frère de Nicolas Dulin, architecte et contrôleur des Bâtiments du roi, membre de l'Académie royale d'architecture en 1718.

Biographie

Après avoir reçu quelques principes de grammaire et de latin, Dulin étudia la géométrie pratique et la perspective sous Leclerc. Comme son père le destinait à l’architecture, il l’obligea de faire un cours de cet art sous la direction de Philippe de La Hire. En assez peu de temps il en dessina les opérations avec facilité et avec goût. Pour le mettre en état de dessiner de même la figure et l’ornement, et toujours dans la vue de le faire architecte, son père le mit chez Jacques Antoine Friquet de Vauroze, reçu à l’Académie royale de peinture et de sculpture en 1670. C’est là que la peinture l’attendait pour se l’attacher uniquement. L’ascendant qu’elle prit sur lui le força à résister aux désirs de sa famille et obligea celle-ci à y céder.

On le plaça donc aux cours de l’Académie de peinture, sous Bon Boullogne dont le style classicisant devait fortement marquer le sien. Dulin, que ses premières études avaient retardé, n’eut part aux petits prix qu’en 1694, âgé pour lors de 25 ans. L’année suivante, son maître lui conseilla de se présenter pour les grands ; il fut admis au concours, mais ne fut pas du nombre des couronnés. Loin de s’en rebuter, il redoubla de courage et remporta le prix de l’année suivante d’une façon très distinguée. Son tableau, dont le sujet était Pharaon donnant son anneau à Joseph après l’explication des songes, fut trouvé si fort au-dessus de ce qu’on avait vu jusque-là de lui qu’on le soupçonna de secours illicites. L’Académie ordonna, à cette occasion, qu’avant d’adjuger le prix à Dulin, il ferait preuve de sa capacité réelle chez le directeur, en exécutant en sa présence le sujet qu’il voudrait lui prescrire : cette épreuve fut un nouveau succès pour le concurrent qui entra avec le même succès dans la même carrière l’année suivante avec les frères de Joseph retenus comme espions à la cour de Pharaon, qui même à d’autres égards fut encore plus brillant ; car l’année précédente, il y avait eu égalité de suffrages pour le premier prix entre lui et Cornical et il ne le dut qu’à la faveur du sort. Cette fois, il l’eut à la grande pluralité des voix sur ce rival.

L’Académie l’exclut des concours subséquents comme trop formidable et le mit sur la liste des sujets capables d’aller à l’Académie de Rome. Il ne fut cependant désigné pour ce voyage que l’année suivante, vers le temps où Houasse fut promu à la direction de Rome ; il se proposait de l’y accompagner, mais un ouvrage qu’il entreprit pour le duc de Richelieu l’obligea de différer. C’était un grand sujet allégorique destiné à décorer un cadran solaire qui était au fond du jardin de l’hôtel que ce seigneur occupait dans la place Royale. L’esquisse que Dulin lui avait présentée était tellement de son goût qu’il ne put se résoudre à le laisser partir ; il obtint même un ordre de Mansart pour le faire rester. Ce fut moins pour forcer sa volonté que pour lui conserver sa place et la pension de Rome. Le duc aimait les arts et les artistes, et portait ce sentiment à l’égard de Dulin à un degré de prédilection toute particulière, puisqu’il le retint chez lui, l’admit à sa table et lui donna pour son service un équipage de sa maison. Dans ce cadran achevé avec diligence, Dulin fit entrer dans la composition de cet ouvrage : le Temps, les trois Parques, le Point du jour personnifié, le Génie des heures avec les attributs convenables. Il fit aussi le portrait du duc de deux différentes façons, l’un vêtu à la romaine et à cheval, l’autre en armure à l’ordinaire et jusqu’aux genoux seulement, mais tous deux en grand.

Le morceau qui lui attira le plus d’applaudissements, et qui passa pour une merveille, fut un tableau qu’il fit en grand secret pour servir de pendant à trois tableaux de Poussin, représentant des fêtes païennes, et qui appartenaient au duc de Richelieu. Pour entrer dans l’esprit de ce sujet, Dulin avait choisi pour le sien une fête en l’honneur de Bacchus et l’avait si bien composé et exécuté dans le goût du Poussin, qu’on assure que plusieurs connaisseurs y furent pris, en sorte que son nouveau patron devint un de ses plus zélés preneurs. Les éloges qui parvinrent de lui jusqu’à Mansart, l’engagèrent à lui proposer de ne pas quitter Paris, avec offre de l’occuper pour le roi et de le recommander à l’Académie pour y être reçu.

Dulin plaça néanmoins par-dessus tout ce qu’il pouvait apprendre en Italie et il eut une si forte passion d’aller l’y chercher que, dans la crainte que le duc de Richelieu n’y mette quelque nouvel obstacle, Dulin partit sans prendre congé de lui. Il arriva à Rome au commencement du mois de mars de 1700. Les grandes merveilles de l’art qui l’y avaient attiré furent les objets de sa plus vive application. Il s’attacha surtout à se pénétrer des beautés des Raphael du Vatican. Son assiduité à les chercher et les soins qu’il employait à copier la Bataille d’Attila fixèrent sur lui l’attention du pape Clément XI. Ce pontife, qui aimait les arts, dans lesquels il avait été instruit dans sa jeunesse et se plaisait à s’en entretenir, l’entretint plus d’une fois avec des manières pleines de bonté.

À l’occasion d’un tableau d’autel que fit Dulin pour les dominicains de Rome, et qui eut pour sujet saint Thomas d’Aquin, à genoux, présentant à la sainte Vierge son livre de la Somme théologique, il entra en liaison assez particulière avec le père Cloche, général de cet ordre, auquel il donna quelques principes d’architecture, les proportions des cinq ordres, et l’initia dans la théorie des plans.

DuIin avoit pendant ce séjour fait plusieurs portraits qui l’avaient mis en réputation ; aussi fut-il choisi par préférence à tous autres pour faire celui que l’ambassadeur d’Espagne à Rome, devait envoyer en France, après avoir reçu du roi le cordon de l’ordre du Saint-Esprit, il s’acquitta de cette commission avec un succès qui lui valut un traitement très distingué.

Le temps de sa pension expiré, se préparant à retourner en France, il eut une audience particulière avec le pape au cours de laquelle celui-ci lui fit les offres les plus obligeantes pour l’engager à rester à Rome. Dulin s’en étant défendu, le pape lui fit présent de son portrait, monté en bague, garni de deux rubis et de quelques diamants, de plusieurs médailles et reliques.

Reçu à l’Académie le avec le tableau de Laomedon puni par Apollon et par Neptune comme morceau de réception, Dulin fut élu adjoint à professeur le .

Pierre Dulin s'est marié le avec Geneviève Catherine Hérault, fille de Charles-Antoine Hérault

Notes

  1. Ou quelquefois d’Ulin.

Peintures

  • Établissement de l’Hôtel Royal Des Invalides, 1674, Paris, musée de l’armée.
  • Jésus Christ guérissant les aveugles, Œuvre détruite.
  • Laomédon puni par Neptune et par Apollon, École Nationale Supérieure des Beaux-Arts.
  • Saint Claude ressuscitant un enfant, Versailles, musée national du château et des Trianons.
  • L'annonciation, Musée d'Evreux (œuvre interprétée en gravure par Jean Audran, Metropolitan Museum of Art, New York[1]).

Dessins

  • Un album de dessins relatant le sacre de Louis XV est conservé au Louvre, département des Arts graphiques, n° d'inventaire 26299 à 26357, réserve des grands albums. C'est un précieux document de 59 dessins sur le rituel du sacre.

Annexes

Références

Bibliographie et sources

  • Hendrick van Hulst, dans L. Dussieux,E. Soulié, Ph. de Chennevières, Paul Mantz, A. de Montaiglon, Mémoires inédits sur les artistes français des membres de l'Académie de peinture publiés d'après les manuscrits conservés à l'École impériale des Beaux-Arts, tome 2,, p. 250-254, J.-B. Dumoulin, Paris, 1854 (lire en ligne)
  • Ferdinand Hoefer, Nouvelle Biographie générale, t. 7, Paris, Firmin-Didot, 1857, p. 133.
  • Joseph-François Michaud, Louis-Gabriel Michaud, Biographie universelle, Paris, C. Desplaces, t. 2, 1833, p. 915.
  • Auguste Jal, Dictionnaire critique de biographie et d'histoire, p. 1213, H. Plon, Paris, 1867 (lire en ligne)

Liens externes

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