Pierre Conty

Pierre Conty, né en à Grenoble, est un anarchiste français, auteur d'un triple meurtre en 1977 pour lequel il est condamné à mort par contumace en 1980. Il est au cœur de ce qui est resté dans les annales criminelles comme l’affaire des « tueurs fous de l'Ardèche ».

Pour les articles homonymes, voir Conty (homonymie).

Pierre Conty
Information
Naissance
Grenoble
Nationalité France
Surnom Pierrot
Condamnation 1980
Sentence Condamnation à mort
Victimes 3 morts
Période -
Ville Villefort

Biographie

Pierre Conty, né en [1], a grandi à Grenoble et est issu d'un milieu ouvrier, son père est un militant communiste. Il est un ami d’enfance de Paul Barril. (ref: Missions Très spéciales du Capitaine Barril P16). Enfant de mai 1968, il veut prouver aux paysans qu'un ouvrier peut revenir à la terre[2]. Anarchiste, il met un terme à son travail à Grenoble de fraiseur-ajusteur à vingt ans à Neyrpic et s'installe avec sa femme Véronique à la fin des années 1960 en Ardèche, d'abord à Antraigues.

En 1969, il entreprend avec quelques amis un retour à la terre. Il s'installe avec l'assentiment du maire de Chanéac, Georges Curinier, au hameau abandonné de Rochebesse et sur des terres en friche sur lesquelles la communauté fait paître des chèvres. Il est bien accueilli par les maires du cru et devient une vedette locale, un « personnage sulfureux opposé au système »[3]. Sa communauté de « hippies » est constituée de fils de bourgeois parisiens hostiles à la société de consommation. Il y règne une liberté sexuelle et sa femme tout comme lui s'y adonnent. Un jour, cette vie ne convient plus à sa femme qui le quitte avec les enfants. Pierre Conty se met alors en couple avec Marie-Thérèse « Maïté » Merlhiot. En , Le Nouvel Observateur lui consacre un article et le décrit ainsi : « Pierrot, le meneur du collectif des jeunes paysans de l'Ardèche »[3].

Rapidement, il s'oppose aux paysans locaux qui ne supportent plus ses excès. Il se bagarre avec ses voisins, paysans, propriétaires et chasseurs, ne paie pas les baux de location, ne rembourse pas ses emprunts. Il considère en effet que la terre appartient à celui qui la cultive. Il reconnaît s'être imposé avec violence mais soutient que c'est la société qui la lui impose. En difficulté et devenu dépressif, il plonge dans la délinquance avec bagarres, cambriolages, vols et « droit de cuissage » sur les filles de la communauté. Un jugement du tribunal des baux ruraux de Tournon décide le que les habitants de Rochebesse devront vider les lieux avant le [4].

Le , il braque une agence du Crédit agricole à Villefort (Lozère) dérobant 40 000 francs (22 000  en 2017)[5] avec deux complices Stéphane Viaux-Peccate et Jean-Philippe Mouillot. Le trio prend la fuite en voiture et se retrouve face à une Estafette de la gendarmerie en patrouille. Pierre Conty n'hésite pas à tirer sur le gendarme Dany Luczac (21 ans), qui mourra de ses blessures. Le deuxième gendarme Henri Klinz a le temps de prendre la fuite[6]. Conty, Mouillot et Viaux-Peccate croisent ensuite un véhicule dans lequel se trouvent deux habitants de Pont-de-Labeaume : Cyprien Malosse (21 ans) et son père Roland (54 ans). Ils tentent de voler leur voiture[2],[7], mais comme les deux hommes tardent à leur remettre les clefs, Conty les abat de sang-froid. Les trois fugitifs sont surnommés « les tueurs fous de l'Ardèche ». Conty devient l'homme le plus recherché de France. Il se signale une dernière fois, le , par une lettre au juge d'instruction dans laquelle il explique qu'il n'est « ni un tueur ni un otage »[8].

Le Stéphane Viaux-Peccate est arrêté à Groningue aux Pays-Bas dans une vaste opération menée contre la bande à Baader[9]. Jean-Philippe Mouillot se rend le [10]. En à Privas, Stéphane Viaux-Peccate est condamné à dix-huit ans de réclusion criminelle et Jean-Michel Mouillot à cinq ans de prison. Pierre Conty est condamné à mort par contumace.

En 1982, la justice ordonne la cessation des recherches, le fugitif est même supprimé du FPR. Le , la peine capitale prononcée à l'encontre de Pierre Conty est prescrite. Christian Bonnet, ministre de l'intérieur en 1977, a énigmatiquement déclaré à son sujet dans une conférence de presse « Il ne nuira plus », suggérant qu'il a été abattu par des anciens camarades ou par les services de renseignement français[11].

En , après s'être assurée auprès d'un avocat que les faits sont prescrits, une femme nommée Noëlle Sarrola publie sur internet un livre intitulé Une version des faits où elle raconte comment elle a apporté son aide au tueur présumé. Issue de la bourgeoisie parisienne, elle élevait alors des chèvres avec son compagnon dans la Drôme. Le troupeau de chèvres avait été acheté dans la communauté de Pierre Conty, à Rochebesse, deux ans plus tôt. Noëlle Sarrola raconte que le dimanche après-midi, Pierre Conty s'est réfugié dans sa ferme et y a passé huit jours. Après quoi, grimé et muni de faux papiers, il a pris la fuite vers « un pays d'où il ne pouvait être extradé. Il y avait des potes, sa survie ne pouvait passer que par un exil lointain[12],[13]. »

Bibliographie et sources

Livres

  • Yannick Blanc, Les Esperados : histoire vraie, Laffont, réédition en 2011 aux éditions L'Échappée sous le titre : Les Esperados : une histoire des années 1970, (ISBN 978-2915830613).
  • Noëlle Sarrola, Une Version des Faits, Saint-Denis, Publibook, , 149 p. (ISBN 978-2-342-15095-7, lire en ligne). Ce livre publié sur internet raconte les derniers jours en France de Pierre Conty , comment il a pu quitter le territoire national avec l’aide de l'auteur, Noëlle Sarrola, qui élevait alors des chèvres sur les hauteurs de la Drôme[14].
  • Henri Klinz, Mon témoignage sur l'affaire Pierre Conty : Le tueur fou de l'Ardèche, Mareuil Éditions, (ISBN 978-2-37254-077-3) Il s'agit du témoignage du gendarme rescapé de la fusillade de Crédit agricole en 1977.
  • Jean-Marie Pontaut, L'affaire de leur vie, confession des grands flics de la PJ, Tallandier, 2020

Articles de presse

  • Pierre Fayolle, « Pierre Conty : l’incroyable récit de sa disparition », Le Dauphiné, (lire en ligne).
  • Nathalie Courtial, « Noëlle Sarrola raconte comment elle a aidé à l’époque le « Tueur fou de l’Ardèche » à quitter la France », La Montagne, (lire en ligne).
  • Dominique Richard, « 40 ans après, le tueur fou de l’Ardèche est toujours introuvable », SudOuest, (lire en ligne).
  • Louisette Gouverne, « Henri Klinz, survivant des « tueurs de l'Ardèche », témoigne », Le Parisien, (lire en ligne).

Vidéos

  • L'affaire Conty, magazine de Patrice Morel, France 3, 2007, et
  • Daniel Pajonk, « Ardèche : l'affaire Conty refait surface », France 3 Auvergne-Rhône-Alpes, (lire en ligne).

Notes et références

  1. « De la marginalité au crime », sur lemonde.fr, .
  2. Le "hippy" introuvable, lemonde.fr, le 22 mai 1980.
  3. Jean-Marie Pontaut, L'affaire de leur vie : Confession des grands flics de la PJ, Paris, Tallandier, , 286 p. (ISBN 979-10-210-3594-2), Jacques Poinas - Retour au pays
  4. « De la marginalité au crime », Le Monde, (lire en ligne)
  5. Dominique Richard, « 40 ans après, le tueur fou de l’Ardèche est toujours introuvable », sur sudouest.fr, .
  6. Témoignage de Henri Klintz et présentation de son livre sorti en 2018
  7. Georges Bourquard, « Le fantôme de Pierre Conty », sur ledauphine.com, .
  8. Philippe Boggio, « Le "hippy" introuvable », Le Monde, (lire en ligne)
  9. midilibre.fr/2017/04/02/braquage-mortel-a-l-ete-1977-
  10. Pierre Conty et les tueurs fous de l’Ardèche, rtl.fr, le 8 janvier 2014.
  11. Jean Durand, De Mandrin à Conty : deux siècles de criminalité, Florac-Trois-Rivières, La Mirandole, , 246 p. (ISBN 978-2-909282-22-0), p. 223-229
  12. Pierre Fayolle, « Pierre Conty, l'incroyable récit de sa disparition », Le Dauphiné, (lire en ligne)
  13. lamontagne.fr/noelle-sarrola-raconte-comment-elle-a-aide-a-lepoque-le-tueur-fou-de-lardeche-a-quitter-la-france_12394344.html#
  14. « Pierre Conty : l’incroyable récit de sa disparition », sur Le Dauphiné Libéré,

Voir aussi

Article connexe

Liens externes

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