Phocion

Phocion (402-318) était un stratège et orateur athénien.

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Biographie

Il était le fils du fabricant de tours de potier, Phocos[N 1]. Plutarque notera qu'il vivait assez modestement puisqu'il refusait toujours les présents en argent de la part du roi Philippe II, malgré l'importance de ses responsabilités[N 2]. Malgré ses positions quelquefois partisanes d'un rapprochement avec la Macédoine après la bataille de Chéronée, il était très estimé de Démosthène.

Il fut élève de Platon et apprit le métier des armes auprès de Chabrias[1]. Il fut notamment envoyé par Chabrias en mer Égée afin de collecter les tributs régionaux pour la Seconde Confédération Athénienne. Comme les représentants d'Athènes étaient impopulaires parmi leurs alliés sujets, il fut attribué à Phocion une flotte de vingt navires de guerre. Cependant, il préféra n'emporter qu'un seul navire pour ne pas brusquer les alliés d'Athènes. Dans chaque cité, il négocia diplomatiquement, et, lors de son retour fut escorté par une grande flotte alliée, protégeant le trésor.

Du parti aristocratique, il fut réélu quarante-cinq fois stratège et repoussa les Macédoniens de l'Eubée et de Chersonèse. Valeureux général et combattant, il était cependant pacifiste et fut un ambassadeur efficace auprès d'Alexandre et d'Antipatros. Élu stratège pour la première fois en 371-370, il est ensuite réélu presque chaque année à ce poste. Entre 351 et 349, il aida l'empereur Perse Artaxerxès III pour soumettre la rébellion chypriote, il s'illustra lors des campagnes d'Athènes contre Philippe II de Macédoine en Eubée (348 et 341) et en Thrace (340). En 335, il fit partie avec Démade de l'ambassade chargée de rencontrer Alexandre, après l'échec de la révolte des Thébains dans laquelle Athènes s'était compromise[2].

À la mort d'Alexandre en 323, il tenta de refréner l'élan populaire mené par Léosthène et Hypéride, qui réclamaient la guerre contre les Macédoniens, mais il échoua puisque eut lieu la guerre lamiaque. Phocion fut forcé de mener les actions militaires contre la Béotie. Intelligemment, il appela les Athéniens de moins de 60 ans à s'enrôler, devant la protestation des anciens il s'exclama « C'est assez juste ! J'ai presque 80 ans, je mènerai l'attaque ». À la suite de la défaite à Crannon, Antipater se rapprocha de la cité, Démade était le seul autre leader d'Athènes à n'avoir pas fui. Il proposa l'envoi d'une ambassade pour négocier la paix. Phocion commenta alors que « Si j'avais été écouté auparavant, les athéniens n'auraient pas eu besoin de négocier ». Il devint dirigeant d'Athènes après la défaite des cités grecques contre la Macédoine lors de cette guerre en 322, les Macédoniens imposant alors un régime oligarchique et occupant la forteresse de Munichie au Pirée.

En 318, le nouveau dirigeant macédonien Polyperchon ayant décrété la liberté des cités grecques, la démocratie fut rétablie à Athènes et le gouvernement de Phocion renversé. Il fut alors condamné à s'empoisonner, en raison de ses relations avec les Macédoniens. Il échangera cette phrase avec son ami Emphylète que rapportera Plutarque :

— Ah ! Phocion, quel indigne traitement !
— Je n’en suis point surpris ; car c’est la fin qu’ont eue la plupart des grands hommes d’Athènes.

 Cornelius Nepos, Les Vies des grands capitaines - Phocion, IV, Dialogue entre Emphylète et Phocion[N 3]

Un autre échange se déroulant au même moment est rapporté par Plutarque dans les Œuvres morales (« Comment on peut se louer soi-même sans s'exposer à l'envie ») : « Phocion, qui d'ailleurs était d'un caractère si doux, donna, après sa condamnation, plusieurs preuves de sa grandeur d'âme. Entre autres, comme il vit un de ceux qu'on menait avec lui au supplice qui pleurait et se lamentait, Eh quoi ! lui dit-il, ne dois-tu pas t'estimer heureux de mourir avec Phocion ? »

Mise à mort par l’Ecclesia

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Le démagogue, membre du parti anti-macédonien et sycophante athénien accusa Phocion de traitrise, pour son refus d'attaquer Nicanor. Phocion décida de rencontrer en personne Polyperchon. Cependant, ce dernier arrêta et tortura un politicien du cortège de Phocion. Quand Phocion prit la parole, il fut immédiatement interrompu par Polyperchon, qui s'ennuyait. Phocion frappa le sol et décida de ne plus prononcer un mot. Dès lors, Polyperchon ordonna la mise en détention de Phocion. Par une lettre, Polyperchon annonça que les prisonniers seraient maintenant jugés par le peuple libre d'Athènes. Il fut condamné à boire la ciguë.

Il fut décrété que son corps ne pourrait reposer en Attique. Sa dépouille fut transporté près de Mégare où elle fut brûlée. Peu après, les Athéniens changèrent d'avis, ce qui fut facilité par la prise de la cité par Cassandre (317), et ses restes furent enterrés proprement, à la charge de la cité, et une statue de bronze fut érigée. Agnonidès fut exécuté, le fils de Phocion, Phocos traqua et tua les deux conspirateurs qui avaient fui la cité. Philippe II offrit beaucoup d'argent à Phocion, les hérauts macédoniens mentionnèrent les futurs besoins de ses fils. Phocion répondit : "Si mes fils sont comme moi, ma terre, qui a permis ma présence, leur suffira. Si, cependant, ils tombent dans la luxure, je ne serais pas coupable pour cela."[réf. nécessaire]

Alexandre envoya une délégation pour lui offrir 100 talents, mais il refusa, arguant qu'il « est un homme honorable, je ne voudrais pas blesser la réputation d'Alexandre ainsi que la mienne ». Plus tard, le roi lui offrit le gouvernement et la possession des cités de Cios et Milas. Phocion refusa, mais répondit à la requête de libérer des esclaves de Sardes. En 323, Harpale arriva à Athènes depuis le Cap Ténare, cherchant refuge. Il tenta de corrompre Phocion avec une partie des 700 talents qu'il avait emmené à Athènes pour acheter des soutiens. Phocion refusa. Phocion avertit qu'il ne devait pas essayer de corrompre Athènes ou il serait puni. En conséquence, Harpale retourna l'Assemblée entière contre Phocion avec des pots de vins. Phocion refusa aussi des présents de Menyllos, disant « Tu n'es pas un meilleur homme qu'Alexandre, donc il n'y a aucune raison que j'accepte tes présents ». Cette théorie est notamment portée par l'historien Lawrence A. Tritle.[réf. nécessaire] Phocion avait un mode de vie très frugal, à l'inverse, la majeure partie de la classe politique athénienne étant corrompue à cette époque.

Bibliographie

  • Émile Chambry, Émeline Marquis, Alain Billault et Dominique Goust (trad. du grec ancien par Émile Chambry), Lucien de Samosate : Œuvres complètes, Paris, Éditions Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 1248 p. (ISBN 978-2-221-10902-1). 
  • Christian Habicht (dir.) (trad. de l'allemand par Denis Knoepfler), Athènes hellénistique. : Histoire de la cité d'Alexandre le Grand à Marc Antoine [« Athen. Die Geschichte der Stadt in hellenistischer Zeit »], Les Belles Lettres, coll. « Histoire » (1re éd. 2006), 608 p. (ISBN 978-2-251-38077-3). 
  • Gabriel Bonnot de Mably publia en 1763 un ouvrage de philosophie politique appelé Entretiens de Phocion, sur le rapport de la morale avec la politique, présenté comme traduit d'un livre de Nicoclès, un compagnon de Phocion, pour éviter les poursuites.
  • Lawrence A. Tritle, Phocion the Good, New York : Routledge, Chapman and Hall, 1988.
  • Paul Clochè, Les dernières années de l'Athénien Phocion (322-318 AVANT J.-C.), Revue historique, tome 144, fasc. 2 (1923), pp. 161-186
  • Édouard Will, Histoire politique du monde hellénistique, éd. Seuil, Paris.

Notes et références

Notes

  1. Phocos était un homme illustre selon Plutarque, mais obscur selon Élien. Plutarque, Les Vies des grands capitaines - Phocion, I
  2. Plutarque, Vies parallèles [détail des éditions] [lire en ligne] Phocion, I
  3. Cornelius Nepos, Les Vies des grands capitaines - Phocion, IV

Références

  1. Habicht 2000, p. 29.
  2. Habicht 2000, p. 34.

Liens externes

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