Phan Thị Kim Phúc

Phan Thị Kim Phúc [ɸɐːn33.t̺ʰɪj31.kim33.ɸúk͡p̚35] (connue aussi sous le nom de Kim Phuc La petite fille au napalm »), née le à Trảng Bàng, est une Vietnamienne naturalisée Canadienne, célèbre pour avoir été prise en photographie hurlant de douleur après avoir été gravement brûlée dans le dos[1] à la suite d'une attaque au napalm du Sud-Viêt Nam lors de la guerre du Viêt Nam.

Biographie

Phan Thị Kim Phúc est née le dans le village de Trảng Bàng. Lors de l'attaque de son village , qui est alors sous le contrôle des communistes, elle est brûlée par le napalm des bombes de l'armée sud-viêtnamienne qui brûlent alors ses vêtements. Elle a été transportée à l'hôpital de Saïgon par Huỳnh Công Út, plus connu sous le nom de Nick Ut, le photographe de l'agence Associated Press à l'origine de la photographie (World Press Photo, 1972). Il a été diagnostiqué que ses brûlures étaient si sévères qu'elle n'aurait pas pu survivre sans une prise en charge immédiate. Néanmoins après 14 mois d'hospitalisation et 17 interventions chirurgicales, Kim Phuc a pu être sauvée. Nick Ut, qui a obtenu la même année le prix Pulitzer pour cette photographie, est resté en contact avec elle par la suite[2].

Elle est transportée à Cuba pour y être soignée[3].

Elle est ensuite mise sous étroite surveillance par le gouvernement vietnamien dans son pays et à Cuba où elle poursuit ses études (et où elle a rencontré son futur mari Bui Huy Toan). Tous deux s'enfuient en 1994 lors d'une escale technique à Gander lors du retour de leur voyage de noces à Moscou et demandent asile au Canada[4]. Phan Thị Kim Phúc fuyait notamment la récupération du régime communiste, qui l'exhibait dans les villes et les villages à des fins de propagande. Elle devient mère de deux garçons[5].

À Washington, en 1997, à l’occasion d’une cérémonie commémorative de la guerre du Viêt Nam, alors qu’elle faisait un discours devant des vétérans, elle a publiquement pardonné à l’officier américain qui avait ordonné le bombardement de son village au napalm[6],[7].

Le bombardement a été effectué par un A-1 Skyraider de l'armée de l'air sud-vietnamienne. Ce fut un bombardement par erreur de la part du pilote qui s'est trompé de cible.

Phan Thị Kim Phúc est ambassadrice de bonne volonté de l’UNESCO depuis 1997. Ayant décidé de consacrer sa vie à promouvoir la paix, elle a créé à cette fin la Fondation Kim Phuc. Cette fondation aide les enfants qui sont victimes de la guerre en leur offrant un soutien médical et psychologique afin qu’ils puissent surmonter leurs traumatismes. Aujourd’hui, Kim Phúc vit au Canada avec son mari et ses enfants et finance des projets d’écoles et d’hôpitaux dans le monde entier, comme en Ouganda, au Timor-Leste, en Roumanie, au Tadjikistan, au Kenya et en Afghanistan[8].

En , Kim Phúc est invitée par l'Alliance évangélique française pour intervenir pendant près d'une heure auprès de 6 000 jeunes chrétiens[9]. Convertie d'ailleurs au christianisme depuis 1982[10],[11], elle a publiquement pardonné au révérend John Plummer, ancien pilote, qui avait affirmé à tort qu’il était le responsable du bombardement[12].

En 2015, elle subit de nouveaux traitements dermatologiques, afin de soulager les cicatrices qui recouvrent 20 % de son corps et la font toujours souffrir[5].

Histoire de la photographie

Remise du prix World Press Photo of the Year en 1973.
Nick Ut montrant sa photo à la presse en 2016.

Kim Phúc apparaît sur une célèbre photo, prise le avec un Leica M3, la montrant à l'âge de neuf ans courant, de face, nue sur une route après avoir été grièvement brûlée, à la suite d'une attaque au napalm sur le village de Trang Bang.

Il existe également un film, beaucoup moins diffusé, tourné par le cadreur britannique Alan Downes d'ITN (Independent Television News), qui montre les événements juste avant et juste après la prise de cette photographie.

La parution de la photographie a été retardée jusqu'au au motif qu'elle mettait en scène la nudité frontale d'enfants, nudité absolument taboue pour la presse américaine. Après un débat au sein de l'agence de presse et une série de décisions individuelles, il a été finalement décidé de la publier en raison de son intérêt journalistique exceptionnel, mais en évitant de faire un gros plan sur l'enfant brûlée[13]. Faisant le tour du monde, elle suscite une indignation générale. Elle est depuis devenue un symbole de la guerre du Vietnam, figurant sur de nombreux livres et articles sur le sujet[5].

La véracité de ces événements et l'authenticité de la photographie, souvent présentée comme celle d'une petite fille hurlant simplement de terreur (alors qu'elle hurlait de douleur, après avoir été brûlée), avaient été mises en doute dès le , en particulier par le président américain Richard Nixon[14]. Cette mise en doute a entraîné de nombreuses réactions, y compris de la victime, et celle du photographe Nick Ut qui a déclaré que « la photographie était aussi authentique que la guerre du Viêt Nam elle-même »[15].

La question de la censure pour cause de nudité a été de nouveau soulevée lorsque Facebook a bloqué certains comptes d'utilisateurs de la presse à la fin du mois d'. Après une vague de protestation, l'image a été rétablie le vendredi par le réseau social prenant en compte le statut particulier d'image iconique et historique de la photographie incriminée[16],[17],[18]. Erna Solberg, le Premier ministre norvégien, qui a vu son compte censuré, soulignait à ce propos : « ce que Facebook fait en supprimant des photos de ce type, aussi bonnes soient leurs intentions, c’est de falsifier notre histoire commune »[16].

Publications

  • Prologue de Vive la Vie !, Éditions du Chêne, 2001 (ISBN 2-84277-351-9).
  • Sauvée de l'enfer - La fille de la photo raconte. traduit par Madeleine Dériaz, Romanel-sur-Lausanne, Ourania, 2018, (ISBN 978-2889130382).

Notes et références

  1. (en) Vietnam Napalm Girl Le reporter Nick Ut rapporte en particulier ses premières paroles « Je veux de l'eau. J'ai trop chaud, trop chaud ! » (en vietnamien « Nong qua, nong qua! »)
  2. (en) Kim Phuc and Nick Ut Meet Again : les retrouvailles de Kim Phuc et Nick Ut.
  3. Hernando Calvo Ospina, « Une Internationale… de la santé », sur Le Monde diplomatique,
  4. Annick Cojean, « « La fille de la photo » sort du cliché », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
  5. Maurin Picard, « La petite Vietnamienne brûlée au napalm », Le Figaro, samedi 16 / dimanche 17 juillet 2016, page 21.
  6. Annick Cojean, « L'Enfant symbole d'un Vietnam en feu », dans Jean Krauze et Stéphane Joseph, Grands reporters. Prix Albert Londres : 100 reportages d'exception de 1950 à aujourd'hui, Éditions 10/18, (ISBN 978-2-264-05887-4), p. 513.
  7. (en) « The Fraud Behind The Girl In The Photo (by Ronald N. Timberlake) », sur Vietnam Memoirs, (consulté le ).
  8. .
  9. Forum-rencontre avec Kim Phuc.
  10. Kim Phúc Phan Thị, Sauvée de l'enfer, Édition Ourania, (ISBN 978-2-88913-038-2), « 13 », p. 149
  11. https://www.wsj.com/articles/the-salvation-of-napalm-girl-1513899109 The Salvation of ‘Napalm Girl’, The Wall Street Journal, 21 décembre 2017
  12. http://www.11thcavnam.com/education/pastor_admits_lying_about_vietna.htm Pastor Admits Lying About Vietnam Bombing
  13. (en) How the Picture Reached the World.
  14. (en) « Nixon, The A-Bomb, And Napalm », CBS news, 2002. Le président américain Richard Nixon commentant la photographie déclare : « Je me demande si ce n'est pas truqué » « On another tape, Nixon sits down on June 12, 1972, with his chief of staff, H.R. Haldeman, and again discusses the Vietnam War. This time the focus was on a photo of children running from napalm - which was to become one of the most famous and haunting images of the 20th century. "I'm wondering if that was fixed", Nixon mused after seeing the photograph. Haldeman replies, "Could have been" ».
  15. (en) « Even though it has become one of the most memorable images of the twentieth century, President Nixon once doubted the authenticity of my photograph when he saw it in the papers on 12 June 1972… The picture for me and unquestionably for many others could not have been more real. The photo was as authentic as the Vietnam war itself. The horror of the Vietnam war recorded by me did not have to be fixed. That terrified little girl is still alive today and has become an eloquent testimony to the authenticity of that photo. That moment thirty years ago will be one Kim Phuc and I will never forget. It has ultimately changed both our lives » (Source : Program booklet for Humanist Art/Symbolic Sites: An Art Forum for the 21st Century).
  16. « Facebook revient sur sa décision de censurer la photo de la petite fille au napalm », sur Libération, (consulté le ).
  17. « Facebook renonce à censurer la photo de la petite Vietnamienne brûlée au napalm », sur RFI, (consulté le ).
  18. « Facebook renonce à censurer la photo de la Vietnamienne au napalm », sur Le Point, (consulté le ).

Annexes

Bibliographie

  • Denise Chong, La fille de la photo, traduit par France Camus-Pichon, Paris, Belfond, 2001, (ISBN 978-2714437921).

Liens externes

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