Phénix fils d'Amyntor

Dans la mythologie grecque, Phénix ou Phœnix (en grec ancien Φοῖνιξ / Phoînix), fils d'Amyntor, est, avec le centaure Chiron, l'éducateur d'Achille : Platon le considère comme le pédagogue d'Achille[1].

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Briséis et Phénix, kylix attique à figures rouges, v. -490, musée du Louvre (G 152)

Mythe

Phénix est un noble qui doit fuir la colère de son père qui l'a aveuglé après que sa concubine Phthia l'a accusé d'avoir tenté de la séduire ; selon Clément d'Alexandrie, Phénix brûlait pour les femmes d'un amour insensé[2]. Il se réfugie alors à la cour de Pélée. Ce dernier l'amène voir Chiron, qui lui rend la vue ; il en fait également son vassal en le nommant roi des Dolopes, un peuple d'Épire. Phénix participe à la chasse du sanglier de Calydon aux côtés de Pélée.

Après la naissance d'Achille, Pélée lui en confie l'éducation[2]. Henri-Irénée Marrou, dans son Histoire de l'éducation dans l'Antiquité (1948), appelle ce modèle celui de la « chevalerie homérique », et le trouve très similaire à la pré-féodalité carolingienne en Occident. Il prend aussi part, très âgé, à la guerre de Troie, mais ne revient jamais en Grèce : il meurt sur la route du retour, alors qu'il accompagne Néoptolème, fils d'Achille.

Phénix dans Le Banquet de Xénophon

Utilisant le centaure Chiron, Phénix et le roi Achille pour illustrer le respect d’un maître et son disciple[3], Socrate étaye son discours par des figures historiques et mythologiques qui ont toutes été aimées de Zeus, toutes uniquement pour leur esprit davantage que pour leur corps[4],[5].

Phénix dans l’Iliade

L'ambassade auprès d'Achille, de gauche à droite : Achille, Hermès, Phénix et Ulysse, kylix attique à figures rouges, v. 480470 av. J.-C.. Musée du Louvre (G 264).

L'Iliade met en avant le personnage de Phénix, qui apprend à Achille l'art de l'éloquence et le maniement des armes[6]. Privés de son appui, les Grecs essuient défaite sur défaite, et alors que les Grecs sont acculés et que les Troyens menacent de brûler leurs nefs, le vieux sage Nestor, Phénix et Ulysse viennent en ambassade plaider la cause achéenne[7].

Phénix, qu'Homère surnomme « le vieux meneur de chars »[8], est l'une des figures touchantes de l’Iliade. Il apparaît au chant IX, à l'occasion de l'ambassade de Nestor, d'Ajax et d'Ulysse pour persuader Achille de reprendre le combat. Il s'adresse à celui-ci quand l'ambassade a échoué, espérant le convaincre en lui rappelant son enfance. Son discours illustre l'idéal archaïque de l'éducation du jeune noble :

« Tu n'étais qu'un enfant, et tu ne savais rien encore du combat qui n'épargne personne, ni des Conseils où se font remarquer les hommes. Et c'est pour tout cela que Pélée m'avait dépêché : je devais t'apprendre à être en même temps un bon diseur d'avis, un bon faiseur d'exploits[9]. »

Achille l'appelle « mon bon vieux père » et lui témoigne respect et affection. De son côté, Phénix se remémore avec émotion l'éducation du jeune Péléide :

« Et c'est moi qui ainsi t'ai fait ce que tu es, Achille pareil aux dieux, en t'aimant de tout mon cœur. Aussi bien tu ne voulais pas toi-même de la compagnie d'un autre, qu'il s'agît ou de se rendre à un festin ou de manger à la maison : il fallait alors que je te prisse sur mes genoux, pour te couper ta viande, t'en gaver, t'approcher le vin des lèvres. Et que de fois tu as trempé le devant de ma tunique, en le recrachant, ce vin ! Les enfants donnent bien du mal[9]. »

Bibliographie

Sources

Notes

  1. La République, Livre III (390c) d'après Homère, Iliade [détail des éditions] [lire en ligne], IX (602-605)
  2. Clément d'Alexandrie, Le Pédagogue, I, 7.
  3. Xénophon, Le Banquet, 23.
  4. Xénophon 1967, p. 290.
  5. Xénophon 1996, p. 290.
  6. Homère, Iliade [détail des éditions] [lire en ligne], Chant IX, 438-442.
  7. Homère, Iliade [détail des éditions] [lire en ligne], Chant IX, 92-100.
  8. La traduction par Robert Flacelière traduit son épithète par « le vieux maître des chars » ; il porte ainsi la même épithète que Nestor, également un aîné parmi les Grecs présents à Troie.
  9. Les citations de l’Iliade sont issues de la traduction de Paul Mazon aux Belles Lettres, 1937-1938.

Voir aussi

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