Peter Zumthor

Peter Zumthor, né à Bâle le , est un architecte suisse, lauréat du prix Pritzker 2009[1].

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Biographie

De 1958 à 1962, Peter Zumthor effectue un apprentissage d'ébéniste auprès de son père Oscar Zumthor à Oberwil près de Bâle. Il étudie ensuite l'architecture d'intérieur à la Schule für Gestaltung de Bâle et enfin, dans les années 1960, l'architecture à l'Institut Pratt de New York.

À partir de 1968, il exerce auprès des monuments historiques du canton des Grisons[2]. En 1979, il ouvre son agence à Haldenstein. Son travail de restauration lui a permis d'étudier la construction et les qualités des différents matériaux de construction rustiques. Au fil des projets, Zumthor intègre ses connaissances des matériaux à la construction et aux détails modernes. Dans ses édifices, il explore les qualités tactiles et sensorielles des espaces et des matériaux tout en conservant un sentiment minimaliste.

En 1994, il est élu membre de l'Académie des arts de Berlin[3].

En 1998, il reçoit le prix Carlsberg d'architecture pour le musée de Brégence (Kunsthaus Bregenz) et les thermes de Vals.

Depuis 1996, il est professeur à l'Académie d’architecture de l'université de la Suisse italienne à Mendrisio.

En 2009, il est désigné lauréat du prix Pritzker par la fondation américaine Hyatt pour l'ensemble de son œuvre[4], dont les thermes de Vals, qualifiés de chef-d'œuvre.

En 2014, il reçoit le prix du FILAF d'argent au Festival international du livre d'art et du film de Perpignan pour son ouvrage réalisé avec Thomas Durisch, Peter Zumthor Buildings & Projects, 1985-2013 (Scheidegger et Spiess éditions)[5].

Une architecture tangible

Sa conception de l’architecture

Peter Zumthor définit l’architecture non comme message ou symbole, mais comme enveloppe et arrière-fond de la vie qui passe : « un récipient sensible au rythme des pas sur le sol, à la concentration du travail, au silence du sommeil »[6]. Son architecture a ses sources dans les images et les atmosphères de son passé porteuses d'une connaissance de l’architecture qu’il a recueilli depuis des années. Ces images ont très souvent un lien avec son enfance : son expérience du monde constitue sa base de travail. La réalité de l’architecture est le concret. Il perçoit les formes, les masses et les espaces en architecture comme un tout.

Sa conception du projet

L’architecte travaille à l’écart tel un artisan. Il s’occupe personnellement de tous les projets, des esquisses jusqu’au dernier détail. Son processus de la pensée n’est pas abstrait et travaille avec les images de son expérience passée : « L’objet que j’ai créé acquiert certaines qualités des images utilisées comme modèles »[7]. Son travail de conception est un processus long qui « commence avec et renvoie à la notion d’habiter »[8]. Il développe toujours ses idées sur le lieu même : « Je dois m’imprégner d’un lieu, dit-il, voilà pourquoi je fais le tour du site à chacune de mes visites, pour voir comment il vit. »[9]

Les ruines de l'église Saint-Kolumba

Le rapport au lieu

Chacun de ses bâtiments est construit pour une utilisation spécifique, dans un endroit spécifique, pour une société spécifique. Ses bâtiments tentent de répondre aux questions qui émergent de ces simples faits de façon aussi précise et critique qu’ils le peuvent. Les bâtiments ne sont pas uniquement créés sur leur site, ils respectent toujours leur environnement ; ne faisant pas juste partie du contexte, ils jouent un rôle dans le dialogue avec le lieu dont ils tirent partiellement leur essence

Pour le projet de musée sur les ruines de l’église Saint-Kolumba, où la demande était de préserver un patrimoine historique en péril tout en l’harmonisant avec une nouvelle construction, il choisit de conserver l’authenticité du lieu et de rendre visible le paysage de ruines.

Le travail de la lumière

La lumière, et sa mise en scène, est un élément important du travail de Peter Zumthor. Elle constitue une matière que l’architecte travaille pour renforcer l’atmosphère souhaitée et influencer l’usager. Par la lumière, l’architecte tente d’établir une tension particulière entre tous les éléments. Dans de nombreux projets, il conçoit le bâtiment afin qu’il puisse aussi avoir une identité forte la nuit. De jour, le Kunsthaus capte tous les reflets changeant de la ville de Brégence, permettant ainsi d’apporter une lumière naturelle filtrée et discrète qui incite au recueillement et à la concentration nécessaire pour contempler des œuvres d’art. De nuit, c’est l’édifice qui rayonne, telle une lampe japonaise en papier de riz, dévoilant par transparence sa circulation et ses différences de niveaux.

Le travail du matériau

Le choix des matériaux opéré par Peter Zumthor et leurs traitements doivent certainement quelque chose à sa formation d'ébéniste d'où il a tiré une compréhension fine de leur qualités tectoniques et symboliques. L’architecte veut que les matériaux expriment simplement la qualité de leur surface naturelle. Il les utilise de façon sensible en fonction de leur essence, car le sens émerge lorsque l’on réussit à lier l’objet architectural à son matériau. Il porte une grande importance aux matériaux tels que le bois (ex. : le pavillon suisse), la pierre (ex. : les thermes de Vals) et le béton (ex. : le Kunsthaus).

Le travail du détail

« En tant qu’architecte, je veux pouvoir avoir une influence sur tout et le détail est une partie du tout. »[10], déclare Peter Zumthor. Chacun de ses édifices est un ensemble cohérent où les détails sont conçus afin de mener à la compréhension de l’ensemble, duquel ils sont indissociables.

Pour la maison Gugalum, dans le canton des Grisons, l’architecte a travaillé l’extension en conservant le rythme de l’édifice existant et, pour marquer la transition entre les deux parties, il a démarré l’extension au niveau de bois de bout, appartenant à l’ancienne partie. C’est grâce à cet élément que les deux parties ne forment plus qu’un et que la nouvelle donne l'impression d’avoir toujours fait partie de l’ancienne.

Le travail sur les sens

Peter Zumthor transmet à travers ses réalisations des émotions perçues par les sens. Il conçoit une architecture tangible qui s’adresse à tous les sens et pas seulement aux yeux. Elle est concrète et peut être appréhendée. « L’espace, dit-il, est influencé par ce qui constitue l’espace ou par ce qui l’entoure. L’espace lui-même est un vide, en tant qu’architectes nous ne définissons que l’enveloppe de l’espace, peut être sa forme, et vous percevez cela par les sens. »[10]

À Hanovre, dans le pavillon suisse, musique et architecture forment une unité. Il s’agit d’un cœur de résonance (« Sound Box »), un édifice perméable à l’environnement extérieur qui est à la fois une sculpture que l’usager peut parcourir et une forêt qui sent le bois. C’est une expérience sensorielle.

Principales réalisations

Les bains thermaux à Vals, 1986-1996.

Récompenses

Kunsthaus à Brégence, 1996-1997.
  • 1987 : Auszeichnung guter Bauten im Kanton Graubünden, Suisse
  • 1989 : Médaille Heinrich-Tessenow, Gottfried Wilhelm Leibniz Universität Hannover
  • 1991 : Gulam, European wiid-glue prize
  • 1992 : Internationaler Architekturpreis für Neues Bauen in den Alpen, Graubünden, Suisse
  • 1993 : Best Building 1993 award from Swiss tc's '10 vor '10, Graubünden, Suisse
  • 1994 : Auszeichnung guter Bauten im Kanton Graubünden, Suisse.
  • 1995 : International Prize for Stone Architecture, Fiera di Verona, Italie
  • 1995 : Internationaler Architekturpreis für Neues Bauen in den Alpen, Graubünden, Suisse
  • 1996 : Erich-Schelling-Preis für Architektur, Erich-Schelling-Stiftung, Allemagne
  • 1998 : Carlsberg Architectural Prize
  • 2006 : Spirit of Nature Wood Architecture Award
  • 2006 : Thomas Jefferson Foundation Medal in Architecture, University of Virginia
  • 2008 : Praemium Imperiale, Japan Arts Association
  • 2009 : prix Pritzker

Publications

  • Penser l’architecture, Basel, Boston, Berlin, Birkäuser, 2006
  • Atmospheres, Basel, Boston, Berlin, Birkäuser, 2006

Conférence

  • « Parole à l’architecture »[11], Centre Pompidou, Paris,

Références

  1. (en) « The Pritzker Architecture Prize », sur pritzkerprize.com (consulté le )
  2. (it) Francesco Garutti, « Peter Zumthor: Back to the future #07 », Klat Magazine, .
  3. (de) Peter Zumthor - Seit 1994 Mitglied der Akademie der Künste, Berlin, Sektion Baukunst sur le site de l'Académie des arts
  4. « Peter Zumthor reçoit le prix Pritzker 2009 », sur FIGARO, (consulté le )
  5. Site du FILAF, section 2014
  6. NEELEN, Marc : Nouvelles d’Archined : Peter Zumthor gagne le Carlberg-prize, www.archined.nl, septembre 1998
  7. COPANS, Richard : Les thermes de pierre, Arte, 1998
  8. Peter Zumthor works – buildings and projects 1979-1997, Lars Müller, Baden, 1998, p. 7
  9. Entrevue avec Peter Zumthor, www.zdf.de, sept 1998
  10. BÖHM, Ursula : Peter Zumthor: Der eigensinn des schönen, Arte, 2000
  11. Voir sur dailymotion.com.

Voir aussi

Bibliographie

  • ROOS, Anna : Sensibilité suisse : la culture de l’architecture en Suisse, Birkäuser, 2017
  • Matière d’Art - Architecture contemporaine suisse, Bâle, Boston, Berlin, Birkäuser, 1998
  • YOUNES, Chris & BONNAUD, Xavier : Perception / Architecture / Urbain, Suisse, col. Archigraphy Poche, inFolio, 2014
  • FÜZESSÉRY, Stéphane : Peter Zumthor : un architecte a-contemporain ?, laviedesidees.fr, 29.05.2009 (http://www.laviedesidees.fr/Peter-Zumthor-un-architecte-a-contemporain.html)
  • LEVY, Linn : interview d’Anna Roos, RTS, 2017 (https://www.rts.ch/play/radio/nectar/audio/sensibilite-suisse-la-culture-de- larchitecture-en-suisse-anna-roos-birkhauser?id=8993147&station=a83f29dee7a5d0d3f9fccdb9c92161b1afb512db)

Filmographie

  • Les Thermes de pierre de Richard Copans (2001, 26 min) ; film de la collection « Architectures » (de la chaîne Arte) sur les thermes de Vals, en Suisse.

Liens externes


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