Partition héraldique

En héraldique, on appelle partition la division régulière en plusieurs zones géométriques d'un écu, d’un champ, d’une charge ou d’un des éléments d’une partition précédente, ce qui constitue une re-partition[1].

Pour les articles homonymes, voir Partition.

Les zones définies, les écarts ou quartiers[1], sont situées sur une même couche (elles sont réputées côte à côte, contrairement à une chargeure, ou charge, qui est réputée posée sur).

On peut distinguer deux grands types de partitions, celles correspondant à des armes composées, et celles correspondant à des partitions géométriques. Ces partitions de base peuvent se combiner à l’infini, chaque quartier pouvant lui-même être l'objet d'une re-partition.

Généralités

Les quatre partitions de base : 1, parti ; 2, coupé ; 3, tranché et 4, taillé.

L'écu peut être divisé en plusieurs parties égales, selon des lignes simples. Les quatre partitions de base sont :

  • 1. le parti
  • 2. le coupé
  • 3. le tranché
  • 4. le taillé

L'origine en serait la marque des coups reçus sur le bouclier lors des combats (ces quatre partitions de bases sont appelées les quatre coups guerriers, bien que ces noms ne correspondent pas au vocabulaire de l'escrime médiévale).

Partant de ces traits simples, l'écartelé combine le parti et le coupé, tandis que l'écartelé en sautoir combine le tranché et le taillé.

Par ailleurs, une partition peut être répétée, conduisant à un champ rebattu, ou à certaines des pièces honorables comme le pal (délimité par deux traits de parti), la fasce (deux coupés), la bande (deux tranchés) et la barre (deux taillés).

Les partitions des armes composées

Pour un article plus général, voir Armes composées.

Les armes composées se comprennent mieux comme une réunion de plusieurs écus en un seul. Dans des armes composées, la table d'attente est divisée suivant une partition héraldique, mais ensuite, chaque élément de cette partition se comporte comme un écu à part entière (et donc peut être partitionné à son tour).

Dans la majorité des cas, ces partitions suivent les quatre coups guerriers, mais ce n'est pas une règle absolue. Une partition peut plus rarement être faite suivant les différentes formes des pièces, notamment lorsqu'il ne s'agit que de décrire un blason complexe, et non l'assemblage d'armes définies par ailleurs.

Les différentes zones d'une partition sont dénommées quartiers, quel que soit leur nombre. Ces quartiers peuvent généralement être indiqués dans le blasonnement uniquement par sous-entendu, ou de manière équivalente peuvent être explicités (au premier, au deuxième, etc.), le terme explicité quartier, quand il est exprimé, étant réservé aux quatre vrais quartiers de l'écu correspondant à l'écartelé ou à ses multiples issus des divisions similaires par parti et coupé.

Les partitions géométriques

Dans la majorité des cas, les partitions géométriques correspondent à une division du champ en deux zones, l'une étant remplie d'une manière et l'autre d'une autre.

Parti d'argent et de gueules, qui est d'Halberstadt.

Le plus fréquemment, ces champs sont plains, et la partition s'énonce simplement sur le modèle de « parti, [au premier] de […], [au second] de […] ». On aura ainsi un blasonnement parti, au premier d'argent, au second de gueules ou, de manière équivalente, parti d'argent et de gueules, qui est d'Halberstadt.

Mais ces mêmes partitions sont utilisées pour construire des armes composées.

Cas particulier de l'écartelé

L'écartelé peut être initialement, et au sens premier, une partition géométrique divisant le champ en deux parties dédoublées, elles-mêmes représentées par deux quartiers homologues, ce qui se blasonne directement comme dans : écartelé de gueules et d'argent.

Dans cette acception, l'écartelé n'appelle que deux descriptions, l'une applicable au premier et dernier quartier, 1 et 4, l'autre en 2 et 3. De ce fait, un écartelé, de A et de B signifie que la description A s'applique aux quartiers 1 et 4, alors que la description B s'applique en 2 et 3.

Mais par extension, l'écartelé est souvent la formule retenue pour des armes composées, et dans ce cas l'écartelé prend le sens de parti de un et coupé de un, et est utilisé dans ce sens pour les armes composées. Dans ce sens particulier, il devient nécessaire de préciser les différents quartiers (au premier… ; au second…) parce que l'écartelé ne suit plus sa description primitive, mais relève d'un cas dérivé. Dans ce cas dérivé, les quatre cantons qui en résultent sont au contraire décrits un par un, suivant la formule au premier… ; au deuxième… ; au troisième… ; au quatrième…

Vocabulaire des partitions géométriques

Chapé
Partition du champ divisé par 2 lignes obliques partant du milieu du chef et terminant en bas des flancs dextre et sénestre, le 1 étant entre ces obliques.

C'est le contraire de chaussé.
De gueules chapé d'or, qui est de Caudebronde.

Chaussé
Partition du champ divisé par 2 lignes obliques partant des angles dextre et sénestre du chef et terminant en pointe, le 1 étant entre ces obliques.

C'est le contraire de chapé.
De gueules chaussé d'or, qui est de Villars-le-Sec.

Contre-écartelé
Partition en écartelé d'un quartier quand l'écu est lui-même écartelé.

Écartelé : au 1) et 4) d'argent au lion de sable, à la bordure de gueules, au 2) et 3) contre-écartelé d'or et de sable, qui est d'Elnes.

Coupé
Partition horizontale en deux parties égales.
Coupé de gueules et d'argent, qui est de Soleure.
Coupé mi-parti
Voir Armes composées#Mi-parti Exemple : Coupé mi-parti d'argent à deux bonnets phrygiens de gueules ; de gueules et d'or.
Blasonnement préferable :Coupé au premier parti de gueules à la croix d'argent et d'azur à la truite d'argent posée en barre, au second d'argent à la grappe de raisin d'or tigée et feuillée au naturel.
Écartelé
Partition d'un écu par le coupé et le parti. L'écartelé est très fréquent dans les armes composées.

Écartelé d'or et de gueules, qui est de Jaen.

Écartelé en sautoir
Partition d'un écu par le taillé et le tranché (utilisé plus rarement dans les armes composées).
Échiqueté
Division du blason en un grand nombre de carreaux de même taille issus de l'utilisation de traits en pal et en coupé.

Les carreaux sont généralement composés d'un métal et d'un émail alterné sur chaque tire. On commence le blasonnement par la couleur du premier carreau dextre du chef.
Quand le nombre de carreaux est de 9 on le dit équipollé et non échiqueté. On parle donc d'échiqueté dès qu'on dépasse les 16 carreaux (4 traits en pal, 4 traits en coupé). Le nombre classique de carreaux est de trente-six (5 traits en pal, 5 traits en coupé). On blasonne le nombre de pièces utilisées quand il est différent de 36.
Échiqueté d'or et de gueules, qui est de Gouy.

Émanché
Division en deux quartiers égaux par un trait formant des angles entrant et sortant créant ainsi une ligne brisée nommée d'après la division correspondante : parti émanché, coupé émanché, taillé émanché, tranché émanché. Le chef peut également être dit émanché.

Pour éviter les confusions, il est préférable d'indiquer le nombre de pièces utilisées quand on blasonne.

Parti émanché de quatre plus une demie pièces d’argent et d’une demie plus quatre pièces de gueules, qui est de Saint-Léger-lès-Authie.
Coupé émanché d'azur et d'or de deux pièces, qui est de Grozon.
Taillé émanché de sinople et d'or, qui est de Garrevaques.
Tranché émanché de gueules et d'or, qui est de Cabanès.
D'azur, au chef émanché d'or, qui est de Jean de Kammerer von Worms.
Embrassé
Se dit d'un blason ayant le coupé en chevron couché. Il faut indiquer en blasonnant s'il est à dextre ou à sénestre. C'est une division assez rare.

D'argent embrassé à senestre de sinople, qui est de Saint-Sauveur.

Équipollé
Carrés égaux que donne la réunion du tiercé en pal et du tiercé en fasce. Se dit parfois de l'écu lui-même ainsi divisé.

Équipollé d'or et d'azur, qui est de Genève.
On commence par énoncer la couleur du point dextre du chef. Pour éviter toute ambiguïté, on peut préciser pour le même blason : cinq points d'or équipollés à quatre points d'azur.

Gironné
Écu alterné, divisé par les quatre traits de partition simple en huit parties triangulaires ayant un sommet commun au centre du blason.

Les angles au centre sont toujours égaux dans le gironné (du moins théoriquement, en supposant l'écu carré). Quand le nombre de divisions est différent de huit, on doit le préciser. Le gironné de six pièces se nomme mal gironné. De même que le gironné de 10 pièces, il peut être indifféremment à symétrie verticale ou horizontale.
Pour blasonner un gironné, on respecte la règle générale de priorité des énoncés: chef avant pointe, puis dextre avant senestre[2].

Pour Échavanne, on trouve en chef d'abord à dextre, un giron d'or, puis un giron de gueules donc : gironné d'or et de gueules.
Pour la famille Didonne, ou trouve en chef, d'abord à dextre un giron de gueules, puis un giron d'argent. Comme ce gironné comporte 12 pièces, on blasonnera : gironné de gueules et d'argent de douze pièces.
Une exception pour le gironné de 16 pièces, quand il s'applique à une croix ou un sautoir ; ce n'est pas l'égalité des angles au centre qui est respecté, mais la correspondance avec les extrémités des branches (Gaubertin).
Parti
Partition verticale en deux quartiers égaux.

Parti, au premier d'argent, au second de gueules ou parti d'argent et de gueules, qui est d'Halberstadt (mais aussi de quelques autres…).

Mi-parti voir Armes composées#Mi-parti Par exemple, Louis le Hutin et ses successeurs jusqu'à la séparation des royaumes de France et de Navarre portaient mi-parti d'azur semé de fleurs de lys d'or (qui est de France) et de gueules à l'escarboucle fermée et pommetée d'or allumée en cœur de sinople (qui est de Navarre).
Taillé
Partition par la diagonale chef-senestre à pointe-dextre (symétrique de tranché).

Taillé d'or et d'azur, qui est de Rieux.

Tiercé
Division en trois quartiers égaux par deux traits parallèles, nommée d'après la pièce honorable correspondante : tiercé en pal, tiercé en bande, tiercé en fasce, tiercé en barre. Par extension, on trouve les tiercés en pairle ou en chevron.
Tiercé en pal d'or, de sable et d'argent, qui est de Mazerolles-du-Razès.
Tiercé en bande d'or, de gueules et d'azur, qui est de Lauzun.
Tiercé en fasce d'or, d'azur et d'or, qui est de Cresecques.
Tiercé en barre d'argent, de sinople et de sable, qui est du Chapitre de Cosne.
Tiercé en pairle : au 1) d'azur au courlis contourné d'argent, au 2) de gueules à la coupole du temple de Jérusalem d'or, ouverte de sable, au 3) de sinople au dolmen d'argent, qui est d'Avon.
Tiercé en pairle renversé : au 1) d'or au faucon d'argent empiétant un gantelet du même, au 2) de gueules à deux bars adossés d'or, au 3) de sinople plain, qui est d'Issans.
Tiercé en chevron de gueules, d'argent et de sinople, qui est de Valentine.
Tiercé en chevron renversé de gueules chargé de trois lions d’or disposés 2-1, d’argent et d’azur chargé de deux bars adossés d’or, qui est de Vavincourt.
Tranché
Partition par la diagonale chef-dextre à pointe-senestre (symétrique de taillé).

Tranché, au premier d'azur à un lion couronné d'or lampassé de gueules, au second barré d'argent et de gueules, qui est de Görz.

Notes et références

  1. Théodore Veyrin-Forrer, Précis d'Héraldique, Larousse, 1951.
  2. L.-A. Duhoux d'Argicourt, Alphabet et figures de tous les termes du blason, Paris, 1899.
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