Paraclet

Paraclet, du latin paracletus, est un néologisme forgé par Jérôme de Stridon dans la traduction en latin de l'Évangile de Jean. Appliqué à l'Esprit saint, ce mot a le sens de « défenseur », d'« intercesseur », de « consolateur ».

Pour les articles homonymes, voir Abbaye du Paraclet.

Étymologie

Paraclet (παράκλητος, Parakletos ; en latin Paracletus) est un mot d'origine grecque qui signifie « celui qu'on appelle à son secours » (de παρακαλέω, « appeler auprès de soi»), ou « celui qui intercède », formant les substantifs « avocat », « défenseur », « intercesseur »[réf. nécessaire].

Occurrences dans le Nouveau Testament

La forme verbale παρακληθήσονται est utilisée dans Matthieu 5.4, dans le sermon sur la montagne : « Heureux les affligés, car ils seront consolés ! »

La forme nominale παράκλητος est utilisée six fois.

Dans la première Épître de Jean 2.1, le terme est appliqué à Jésus et la Vulgate; toutes les versions françaises donnent à paraklêtos le sens d'« avocat » :

« Si quelqu'un pèche, nous avons pour avocat auprès du Père, Jésus-Christ le juste par excellence. »

Les cinq autres occurrences se situent dans le discours de l'adieu de l'Évangile de Jean. Le Paraklêtos y est déclaré être l'Esprit de vérité, l'Esprit Saint.

Jean 14, 16-17 . « Et moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre paraklêtos, afin qu'il demeure éternellement avec vous, l'Esprit de vérité, que le monde ne peut recevoir, parce qu'il ne le voit point et ne le connaît point ; mais vous, vous le connaissez, car il demeure avec vous, et il sera en vous. »
Jean 14, 25-26 . « Je vous ai dit ces choses pendant que je demeure avec vous. Mais le paraklêtos, l'Esprit Saint, que le Père enverra en mon nom, vous enseignera toutes choses, et vous rappellera tout ce que je vous ai dit. »
Jean 15, 26-27 . « Quand sera venu le paraklêtos, que je vous enverrai de la part du Père, l'Esprit de vérité, qui vient du Père, il rendra témoignage de moi ; et vous aussi, vous rendrez témoignage, parce que vous êtes avec moi dès le commencement. »
Jean 16, 7-11 . « Cependant je vous dis la vérité : il vous est avantageux que je m'en aille, car si je ne m'en vais pas, le paraklêtos ne viendra pas vers vous ; mais, si je m'en vais, je vous l'enverrai. Et quand il sera venu, il convaincra le monde en ce qui concerne le péché, la justice, et le jugement : en ce qui concerne le péché, parce qu'ils ne croient pas en moi ; la justice, parce que je vais au Père, et que vous ne me verrez plus ; le jugement, parce que le prince de ce monde est jugé. »
Jean 16, 13-14 . « Quand le paraklêtos sera venu, l'Esprit de vérité, il vous conduira dans toute la vérité ; car il ne parlera pas de lui-même, mais il dira tout ce qu'il aura entendu, et il vous annoncera les choses à venir. Il me glorifiera, parce qu'il prendra de ce qui est à moi, et vous l'annoncera. Tout ce que le Père a est à moi ; c'est pourquoi j'ai dit qu'il prend de ce qui est à moi, et qu'il vous l'annoncera. »

Au Ve siècle, la traduction latine de Jérôme introduit, pour ces cinq occurrences, le néologisme paracletus, qui dans certaines traductions est rendu par paraclet. Ce n'est pourtant pas lui qui a inventé le terme, répandu dans la tradition latine patristique depuis Tertullien.

Dans la tradition chrétienne

Le paraclet est, chez les chrétiens, un des noms du Saint-Esprit.

Ainsi, selon le catéchisme de l'Église catholique : « Jésus, lorsqu’il annonce et promet la venue de l’Esprit Saint, le nomme le « Paraclet », littéralement : « celui qui est appelé auprès », ad-vocatus (Jn 14, 16. 26 ; 15, 26 ; 16, 7). « Paraclet » est traduit habituellement par « Consolateur », Jésus étant le premier consolateur (cf. 1 Jn 2, 1). Le Seigneur lui-même appelle l’Esprit Saint « l’Esprit de Vérité » (Jn 16, 13). »[1].

L’Église catholique romaine reprend la traduction latine de paracletus comme « avocat » ou « protecteur », envoyé par Dieu pour parler dans le cœur de l'homme, remplaçant avantageusement la présence physique du Christ sur Terre en donnant accès à sa parole pour tous les hommes. C'est ainsi que le péché contre la présence de Dieu qui nous protège nous prive de la miséricorde de Dieu, comme cela est explicité par Saint Matthieu 12:31 « C'est pourquoi je vous dis : Tout péché et tout blasphème sera pardonné aux hommes, mais le blasphème contre l'Esprit ne sera point pardonné. 32 Quiconque parlera contre le Fils de l'homme, il lui sera pardonné ; mais quiconque parlera contre le Saint-Esprit, il ne lui sera pardonné ni dans ce siècle ni dans le siècle à venir. »[2].

Dans le judaïsme

"Celui qui console" existe aussi dans la tradition juive, et il est assimilé au Messie[3].

Chez les gnostiques

Paraclet est le nom de l'un des éons de Valentin[4].

Dans le Montanisme

Montanus (vers 173) affirma être l'organe en extase du paraclet. Selon lui, le Paraclet serait différent du Saint-Esprit qui serait descendu sur les apôtres[5].

Dans la tradition islamique

"Paraclet" est un titre donné par certains musulmans à Mahomet. Il fait allusion au texte de l’Évangile selon Jean conformément au principe coranique d'une annonce de la venue de Mahomet dans les textes chrétiens. Ce principe d'annonce dans les textes chrétiens est, entre autres, exprimé dans la sourate VII, au verset 157 : « Ceux qui suivent le Messager, le Prophète illettré qu'ils trouvent écrit mentionné chez eux dans la Torah et l'Évangile[6],[7]. Cette association au paraclet évangélique apparaît avant le milieu du IIe siècle de l'hégire[8]. La question de l'assimilation de Mahomet au Paraclet est présente et a été réfutée dans le "dialogue" entre Timothée Ier et le calife al-Mahdi[9].

Ce terme "paraclet" a fait l'objet de deux « détournements linguistiques »[9]. Le premier a détourné le terme syriaque mnahmana utilisée dans une adaptation "très approximative du texte de Jean"[10]. Dès le VIIIe siècle, ce terme est associé par Ibn Ishaq à Mahomet. La racine de ce mot nhm n'a pourtant avec celle hmd de Mahomet que deux lettres en commun, et dans un ordre différent[9]. Cette interprétation s'est peu répandue au Moyen-Orient en raison du nombre de personnes parlant syriaque capable de "dénoncer la confusion", mais elle s'est tout de même répandu au Maghreb[9].

Certains apologètes musulmans ont aussi transcrit le terme parakletos par le mot "periklutos", modifiant le sens original d'"avocat" en celui de "loué", le "glorieux", sens du terme "Mohamed" ou particulièrement Ahmad (Cor.LXI. 6.)[8], en arabe. Ce dernier n'est devenu un des noms propre de Mahomet qu'après l'identification de Mahomet au paraclet[8]. Cependant, il n'est jamais fait mention de ce terme dans les manuscrits de la Bible en langue grecque et une association de ces termes « reviendrait à traiter une langue indo-européenne (le grec) comme une langue sémitique » dans laquelle primeraient les consonnes et où les voyelles seraient variables, ce qui est inexact[11],[9]. « L’histoire du texte et des traductions de l’Évangile, jointe au fait que le mot periklutos n’était pas courant en grec contemporain, montre que c’est impossible. »[8].

Dans la tradition baha'ie

Selon l'exégèse autorisée des écrits saints baha'is par le "Gardien de la Cause de Dieu" (Valí 'Amr'ulláh) Shoghi Effendi Rabbání (1897-1957), les allusions bibliques au "Mont Paran"[12] et au "Paraclet"[13] font référence à la révélation du prophète de l'islam[14]. Dans ses ouvrages intitulés Javáhíru'l-Asrár ("Joyaux des Mystères Divins")[15] et Kitáb-i-Íqán ("Livre de la Certitude")[16], Bahá'u'lláh (1817-1892), qui est le prophète-fondateur de la foi bahá’íe, donne une explication des prophéties bibliques et coraniques visant à mettre en évidence l'unité fondamentale de tous les prophètes, comme autant de réapparitions de la même lumière divine se reflétant successivement dans différents miroirs. Et dans son ouvrage intitulée Lawḥ-i-Aqdas ("épître la plus sainte", surnommée "épître aux chrétiens")[17], il déclare ouvertement être le retour annoncé par Jésus de "l'Esprit de Vérité".

Divers

L'Abbaye du Paraclet

Le Paraclet est le nom donné par Pierre Abélard au couvent l'abbaye du Paraclet, qu'il a établi près de Nogent-sur-Seine, dans le département de l'Aube.

L'Abbaye du Paraclet des Champs

L'ancienne abbaye du Paraclet des Champs, située sur le territoire de la commune de Cottenchy, dans le département de la Somme, au sud d'Amiens, était une abbaye de moniales cisterciennes fondée au XIIIe siècle et désertée au XVIIe siècle à cause des invasions espagnoles[18].

Dans la littérature

Notes et références

  1. Catéchisme de l'église catholique, verset 691, sur le site du Vatican, consulté le 6 novembre 2008
  2. http://www.vatican.va/archive/FRA0013/_P2I.HTM#4Q
  3. Talmud de Babylone, Sanhédrin 98b
  4. Tertulien, Adversus Valentinianos, 8.
  5. Encyclopédie Encarta, rubrique Montan
  6. Lire également : (Cor. LXI, Le rang : 5), (Cor. III : La Famille d'Imran : 75), (Cor. II, La Vache : 75)
  7. Traduction en ligne du Coran en français
  8. Schacht, J., “Aḥmad”, in: Encyclopédie de l’Islam.
  9. M.T. Urvoy, Dictionnaire du Coran, article "annonce de Mahomet", p. 55-56.
  10. La Pshitta, quant à elle, utilise le terme paraqlita.
  11. Marie-Thérèse Urvoy, Abécédaire du christianisme et de l’islam, éditions de Paris, , p. 69.
  12. Deutéronome: 33/2
  13. Évangile selon Saint Jean 14/16,26; 15/26 et 16/7-8,13-14
  14. Lettre du gardien du 26 décembre 1941 dans "Letters from the Guardian to Australia and New Zealand"
  15. Consultable en ligne sur la médiathèque baha'ie francophone
  16. Consultable en ligne sur le site Religare
  17. Consultable en ligne sur la médiathèque baha'ie francophone
  18. Philippe Seydoux, Abbayes de la Somme, Paris, Nouvelles Éditions latines,

Voir aussi

Liens externes

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