Papyrus d'Herculanum

Les papyrus d'Herculanum forment un ensemble de plus de 1 800 papyrus trouvés à Herculanum au XVIIIe siècle, carbonisés lors de l'éruption du Vésuve en 79.

Papyrus d'Herculanum 1425 (De poem), dessiné par Giuseppe Casanova, ca. 1807.

Les papyrus, contenant un certain nombre de textes philosophiques grecs, proviennent de l'unique bibliothèque antique connue subsistant dans sa totalité[1]. La plupart des œuvres découvertes sont liées au poète et philosophe épicurien, Philodème de Gadara.

Découverte

Carte de la villa des Papyrus.

En 1752, des ouvriers de la famille royale de Bourbon découvrent ce qui est maintenant connu comme la villa des Papyrus[1],[2].

Vestiges

Les coulées pyroclastiques issues de l'éruption du Vésuve de 79[3] élevèrent fortement la température durant une très courte période dans la salle privée d'oxygène abritant les paquets de rouleaux, aboutissant à leur carbonisation en groupes compacts et hautement fragiles[1]. Ils ont ensuite été préservés par des couches de roches[3].

Total

Au moins 1 826 rouleaux et fragments sont dénombrés[4]. Plus de 340 sont presque complets, environ 970 sont partiellement désagrégés et partiellement déchiffrables et plus de 500 sont de simples fragments carbonisés[2].

Lecture

Premiers essais

À la fin du XVIIIe siècle, l'abbé Piaggio invente une machine pour dérouler les rouleaux. Ils sont ensuite copiés, revus par des hellénistes puis à nouveau corrigés, si nécessaire, par les dérouleurs/copieurs[1].

En 1802, Ferdinand III nomme l'antiquaire et homme d'église, John Hayter (à ne pas confondre avec le peintre) à la supervision de la tâche[1].

Une illustration d'un fac-similé d'Oxford.

De 1802 à 1806, Hayter déroule et déchiffre partiellement quelque 200 papyrus[2]. Ces copies sont conservées dans la bibliothèque bodléienne, où elles sont connues sous le nom « Oxford Facsimiles of the Herculaneum Papyri »[1].

En , les archéologues Pierre-Claude Molard et Raoul Rochette tentent de dérouler un papyrus avec une réplique de la machine de l'abbé Piaggio. Cependant, l'ensemble du rouleau est détruit par l'opération sans qu'aucune information ne soit obtenue[1].

En 1877, un papyrus est apporté dans un laboratoire du Louvre. Un essai pour le dérouler avec un « petit moulin » a lieu sans succès et aboutit à la destruction partielle du papyrus - laissant un côté intact[1].

Essais modernes

La majeure partie des parchemins préservés sont conservés au Biblioteca nazionale Vittorio Emanuele III.

En 1969, Marcello Gigante fonde le Centre International pour l'Étude des Papyrus d'Herculanum (Centro Internazionale per lo Studio dei Papiri Ercolanesi; CISPE)[5]. Avec l'intention de travailler à la reprise de l'excavation de la villa des Papyrus et promouvant le renouvellement des études des textes d'Herculanum, l'institution développe une nouvelle méthode de déroulage. Utilisant la méthode 'Oslo', l'équipe du CISPE sépare les différentes couches des papyrus. Un des rouleaux se désagrégea en 300 morceaux et un autre se désagrégea aussi mais de manière plus limitée[1].

Depuis 1999, les papyrus sont numérisés par imagerie multispectrale. Au , la numérisation de 1 600 papyrus d'Herculanum est annoncée[6],[7].

En 2013, un programme ambitieux de déchiffrement de rouleaux des papyrus débute. Il utilise la tomographie à contraste de phase à partir de rayons X de l'European Synchrotron Radiation Facility de Grenoble[8],[9],[10],[11]. Réduits à l'état de cylindres carbonisés, la plupart de ces 1 840 fragments de rouleaux sont restés illisibles jusqu'à nos jours, faute d'une technique capable de les déchiffrer sans risquer de les détruire. Deux mots et les lettres de l'alphabet grec ont pu être distingués, mais reste à reconstituer les textes[12]. Le , des résultats de l'équipe internationale chargée du déchiffrement de ces papyrus révèlent la présence d'une quantité non négligeable de plomb dans l'encre de deux fragments de papyrus[13]. Cette présence inattendue de plomb et avec une concentration élevée, doit faciliter la lecture de ces papyrus[14].

Notes et références

  1. Interview with Daniel Delattre: the Herculaneum scrolls given to Consul Bonaparte (2010), Napoleon.org.
  2. David Diringer, The Book Before Printing : Ancient, Medieval and Oriental, New York, Dover Publications, , 252–6 p. (ISBN 0-486-24243-9, lire en ligne).
  3. « History, Travel, Arts, Science, People, Places - Smithsonian », smithsonianmag.com.
  4. (1986) IV. The Herculaneum Papyri, Bulletin of the Institute of Classical Studies 33, pp. 36–45.
  5. CISPE Il Centro Internazionale per lo Studio dei Papiri Ercolanesi
  6. Digitization of Herculaneum Papyri Completed Insights 22/6 (2002) Maxwell Institute, Brigham Young U.
  7. BYU Herculaneum Project Honored with Mommsen Prize Insights 30/1 (2010) Maxwell Institute, Brigham Young U.
  8. (en) Vito Mocella, Emmanuel Brun, Claudio Ferrero et Daniel Delattre, « Revealing letters in rolled Herculaneum papyri by X-ray phase-contrast imaging », Nature Communications, vol. 6, (ISSN 2041-1723, DOI 10.1038/ncomms6895, lire en ligne, consulté le ).
  9. Le monde.fr du 20 janvier 2015, Des papyrus antiques carbonisés déchiffrés à la lumière des rayons X.
  10. Site de science et avenir du 20 janvier 2015, Les papyrus d'Herculanum livrent de nouveaux secrets. « Copie archivée » (version du 8 avril 2016 sur l'Internet Archive)
  11. Le point du 28 janvier 2015 Une nouvelle méthode pour déchiffrer les papyrus carbonisés d'Herculanum.
  12. lejdd du 31 mai 2015, La matière à l'état brut.
  13. placegrenet.fr du 24 mars 2016, Des papyrus vieux de 2000 ans livrent leurs secrets grâce aux rayons X du synchrotron.
  14. france3-regions.francetvinfo.fr du 29 mars 2016, Les chercheurs du synchrotron ESRF de Grenoble découvre du plomb dans l'encre des papyrus d'Herculanum.
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