Palais de la République (Allemagne)

Le palais de la République (Palast der Republik) était un bâtiment du centre de Berlin, capitale de l'Allemagne. Après la division de la ville, il se trouvait dans la partie orientale, alors capitale de l'ex-République démocratique allemande (RDA). Ouvert en 1976, il fut le siège de la Volkskammer (« chambre du peuple ») — le parlement est-allemand— et un important lieu culturel et de rencontre. En 2002, le Bundestag s'est prononcé pour sa destruction qui a commencé le et qui a pris fin le .

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Origine

Après la Seconde Guerre mondiale, le Château de Berlin (Berliner Stadtschloss) était fortement endommagé. Détesté par les communistes du secteur soviétique qui y voyaient le symbole du royaume de Prusse, ces derniers l'ont fait démolir en 1950. Pendant longtemps, la Schloßplatz (la « Place du Château ») resta vide de toutes constructions, devenant un lieu de défilés, de parades militaires et une tribune de propagande.

C'est alors que le gouvernement de Walter Ulbricht, cherchant un symbole pour la nouvelle nation, décida d'y ériger le Palais de la République. Ce bâtiment résolument moderne fut inauguré le après 32 mois de travaux conduits par l'architecte principal Heinz Graffunder secondé par Karl-Ernst Swora, Wolf R. Eisentraut, Günter Kunert, Manfred Prasser et Heinz Aust.

Localisation

Le Palais de la République était situé sur la Spreeinsel sur les bords du bras nord de la Spree. Il occupait la partie septentrionale du site du Berliner Stadtschloss et de la Schloßplatz - qui fut baptisée « place Marx-Engels » (Marx-Engels-Platz) entre 1949 et 1990.

Dimension

Le bâtiment avait une forme rectangulaire (longueur : 180 m, largeur : 85 m, hauteur : 32 m). Sa hauteur est alignée avec celle du Alter Marstall (« Anciennes écuries » du château) et du Staatsratsgebäude (ancien « Bâtiment du Conseil d'État ») voisins.

Utilisation

Façade arrière, vue de nuit, en 1976.
La 11e « journée du SED » (Parti socialiste unifié allemand) en 1986.

La construction du Palais se fonde sur le concept d'une « maison du peuple » plaidé par la mouvance socialiste du XIXe siècle. Les maisons de la Culture du début de l'URSS représentaient notamment un symbole du nouveau pouvoir. En Allemagne, ce sont surtout les organisations syndicales qui construisirent de tels établissements. En Allemagne de l'Est, la mission des « maisons de la Culture » ou « palais de la Culture » est devenue une orientation de la théorie de l'architecture[style à revoir].

Les faveurs du public étaient assurées en raison de l'absence d'un tel établissement dans le centre de Berlin-Est.
Du fait des innombrables lampes au plafond du foyer, le bâtiment fut surnommé par la « télévision de l'Ouest » Erichs Lampenladen (La boutique de luminaires d'Erich), allusion au chef d'État et du parti Erich Honecker — une telle familiarité n'aurait pas été possible à la télévision de la RDA — ainsi que dans le langage populaire.

Le bâtiment servait d'une part comme siège de la Volkskammer (chambre du peuple) — le parlement de la république démocratique allemande — qui se réunissait dans une grande salle des séances, d'autre part comme lieu de culture et de rencontre. Il existait également un vaste espace d'exposition dont on pouvait varier l'agencement. Une illustration de l'utilisation de cette salle était la « journée du Parti socialiste unifié allemand » (SED, le parti communiste est-allemand) qui s'y déroulait tous les cinq ans et qui, par le nombre des représentants qui y assistaient, justifiait la taille de cette salle.

Le bâtiment était pour la RDA unique en son genre : spectacles d'artistes nationaux et internationaux (le rockeur ouest-allemand Udo Lindenberg, Harry Belafonte, Mireille Mathieu, Carlos Santana et beaucoup d'autres), son propre petit théâtre (TiP), expositions, restaurants avec approvisionnement favorisé, un café à glaces, une discothèque, un bureau de poste ouvert tous les jours, une piste de bowling, des expositions dans le foyer de peintures grand format de 16 éminents artistes est-allemands (Willi Sitte, Walter Womacka, Wolfgang Mattheuer…) sur le thème « quand les communistes rêvent », nombreuses autres œuvres culturelles, marbre blanc importé de Suède.

Évolution depuis 1990

Fermeture pour cause d'amiante

Le , le palais fut fermé sur ordre de la Volkskammer (chambre du peuple) librement élue, en raison de la présence d'amiante, et cela en prévision de l'application en RDA des normes nationales et européennes de protection du travail et de la santé. À l'époque même de sa construction, il était déjà déconseillé d'utiliser ce matériau en guise d'isolation contre le feu pour les constructions métalliques. Depuis 1980, il y eut des avertissements de contamination de plus en plus importants. Le Palais ne fonctionna alors que temporairement et sur autorisation spéciale.

Destruction et réaménagement de l'espace

Déconstruction en cours en 2008.

Après de coûteux travaux de désamiantage de 1998 à 2001 et plusieurs concours d'architecte sur les relations avec le terrain historique de l'ancien Château de Berlin, le Bundestag (parlement allemand) décide en 2003 la démolition du Palais ainsi que l'aménagement temporaire d'un espace vert jusqu’à ce qu'y soit érigé le Forum Humboldt, qui abritera le musée des cultures extra-européennes, la bibliothèque centrale et régionale de Berlin, et la collection historique scientifique de l'Université Humboldt. Sa façade baroque devait être reconstruite sur le modèle de celle de l'ancien château de Berlin détruit en 1950. Mais le parlement n'a assuré le financement, ni du « Forum Humboldt » dont les coûts sont estimés à 590 millions d'euros, ni d'un concours d'architecte ou d'un aménagement temporaire. La démolition du Palais coûtera au moins 60 millions d'euros pour éviter la déstabilisation de la cathédrale voisine.

C’est l’architecte italien Francesco Stella qui a été choisi en pour construire le Forum Humboldt, avec un budget prévisionnel de 550 millions d’euros. La date de livraison était initialement prévue pour 2013, mais la première pierre n'a été officiellement posée que le .

Utilisation temporaire

L'installation ZWEIFEL de l'artiste Lars Ramberg sur le toit du Palais, en 2005.

En 2004, le Palais fut temporairement rouvert sur le thème de « Palais du Peuple » pour une série d'expositions, dont une montrant une partie (quelques centaines d'hommes) de l'armée de terre cuite du premier empereur de Chine. Durant l'été 2005, une nouvelle exposition « Der Berg », a essayé de faire revivre les lieux et retracé son histoire, tout en exigeant un vrai débat sur son futur. En « Der tote Palast der Republik », une exposition sur le thème de la mort.

Protestation contre la destruction

Du 26 janvier au , l'artiste norvégien Lars Ramberg installe sur le toit du Palais des lampes au néon de plus de 6 mètres de haut écrivant le mot « Zweifel » (doute). Cette signature est le logo du projet « Palast des Zweifels » avec lequel Ramberg souhaite continuer la discussion sur la démolition du Palais et, avec le discours sur les utopies perdues, joindre la recherche de nouvelles perspectives et identités.

Un encart, financé par les dons de centaines de personnes (dont au moins un Français), est publié le samedi (en page 7) du Frankfurter Allgemeine Zeitung. Le titre de cet encart était « Der Palast ist die Zukunft » (« Le palais est l'avenir »). Le samedi suivant (le ), une manifestation se déroule devant le Palais de la République à partir de 14 h. La parution dans le Frankfurter Allgemeine Zeitung, ainsi que la manifestation, avaient pour principal but de demander que le Palais de la République continue d'être utilisé comme lieu culturel, en attendant, au moins, que le reconstruction du château soit financièrement envisageable.

Voir aussi

Liens externes

Articles connexes

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