Pío Moa

Luis Pío Moa Rodríguez est un journaliste espagnol né en 1948 à Vigo (Galice). Historien autodidacte[1], il suscite une violente controverse pour ses travaux sur la guerre d'Espagne et la IIe République espagnole[2], qui ont obtenu d'importants succès d'édition en Espagne[3].

Biographie

Pío Moa a commencé par être un militant d'extrême gauche : ancien militant du Parti communiste d'Espagne (PCE), il fut cofondateur du groupe d'inspiration maoïste GRAPO (Groupes de résistance antifasciste du premier octobre) et le responsable de sa propagande, participe à des actions violentes contre les phalangistes jusqu'à en être évincé en 1977.

C’est en sa qualité de combattant contre le franquisme, d’homme de gauche et de bibliothécaire de l'Athénée de Madrid qu’il a accès à la documentation de la Fondation socialiste Pablo Iglesias. Cette recherche est la source principale de son premier livre Los orígenes de la guerra civil española (1999) qui sera un vrai succès d'édition.

Il a ensuite changé de convictions politiques : se revendiquant libéral et démocrate depuis lors, également partisan du conservatisme, il a consacré ses travaux à la dénonciation de ce qu'il estime être des légendes de la propagande républicaine, concernant notamment le bombardement de Guernica et le massacre de Badajoz.

Il a dirigé dans les années 1990 deux revues culturelles (une d'histoire, Ayeres, et une de réflexion, Tanteos). Il travaille actuellement à Libertad Digital, à El Economista et à Chesterton.

Travaux sur la guerre d'Espagne

Le dépouillement des archives socialistes modifie radicalement sa vision de la guerre d'Espagne.

Les mythes de la guerre civile, paru en 2003 et dont plus de 100 000 exemplaires furent vendus en 4 mois, expose une de ses principales thèses sur la guerre d'Espagne : selon lui, l'origine du conflit n'est pas le coup d'État raté du contre la Seconde République espagnole mais la « menace rouge » que représentaient pour la démocratie les factions d'extrême gauche qui préparaient une révolution de type communiste ou anarchiste, dont la révolution asturienne manquée de 1934 serait emblématique et qu'il prend donc comme point de départ de la guerre civile.

La radicalisation de la gauche au pouvoir sous le Frente popular (assassinats de militants et hommes politiques des différentes composantes de la droite démocratique par les pistoleros de la CNT et des Jeunesses Socialistes, destruction d'édifices religieux, assassinats de religieux, etc.) va entraîner un raidissement des conservateurs. C'est l'escalade : le soulèvement militaire du survient alors que Largo Caballero et ses partisans avaient lancé depuis 1934 un processus révolutionnaire similaire à celui qui en a eu raison du régime Kerensky en Russie. Le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) et ses alliés indépendantistes catalans de l'Esquerra republicana de Catalunya porteraient ainsi la responsabilité de la guerre civile espagnole.

Réactions publiques

Cette vision de la guerre civile espagnole a été qualifiée de révisionniste et critiquée par l'éditeur et écrivain socialiste Thierry Pech[4], mais Pío Moa lui-même qualifie sa démarche comme « la plus élémentaire exigence de la méthode scientifique »[5] ; ses écrits font donc l'objet de vives controverses en Espagne et aussi chez les spécialistes de l'histoire de l'Espagne.

Critiques

De nombreux historiens critiquent avec virulence Pío Moa et ses thèses, parmi lesquels on peut citer en particulier Paul Preston[6], Alberto Reig Tapia[7], Javier Tusell[8], Justo Serna[9] et Enrique Moradiellos[10].

Ils l'accusent de perpétuer l’argumentation et les mythes traditionnellement utilisés par les historiens officiels du franquisme tels que Ricardo de la Cierva[11].

Pío Moa accuse pour sa part les milieux universitaires et les partisans de la gauche de refuser de remettre en cause ce qu'il estime être une version subjective de l'histoire élaborée après la mort de Franco et la transition démocratique, qui se baserait principalement sur des mensonges et des exagérations issues de la propagande républicaine anti-franquiste[1].

Soutiens

Parmi ceux qui soutiennent les analyses de Pío Moa, on peut citer les historiens Stanley Payne[12], José Manuel Cuenca Toribio, Hugh Thomas, José Luis Orella, Jesus Larrazabal, Carlos Seco Serrano[13] ainsi que Ricardo de la Cierva et César Vidal[14]. L'historien et hispaniste Henry Kamen a dénoncé la censure pratiquée par ceux qui rejettent en bloc les thèses de Pío Moa[15].

Polémiques publiques

  • Certaines de ses déclarations sur l'homosexualité[16] lui ont valu d'être accusé d'homophobie[17].
  • Une plainte en diffamation avait été lancée contre lui en à l'initiative d'un militant d'Izquierda Unida (coalition politique de la gauche de la gauche qui comprend le Parti communiste) soutenu par une pétition ayant recueilli plus de 2 000 signatures sur le site « TerceraInformación »[18]. L'affaire s'est soldée par un non-lieu[19].

Œuvre

Outre ses contributions à diverses publications (principalement Libertad Digital), il a publié les ouvrages suivants :

  • Reflexiones sobre el terrorismo. Autor, Madrid, 1985. (ISBN 84-398-4781-5)
  • El erótico crimen del Ateneo de Madrid. Mosand, Madrid, 1995. (ISBN 84-89616-00-0)
  • Los orígenes de la Guerra Civil española. Encuentro, Madrid, 1999. (ISBN 84-7490-526-5)
  • Los personajes de la República vistos por ellos mismos. Encuentro, Madrid, 2000. (ISBN 84-7490-579-6)
  • El derrumbe de la II República y la guerra civil. Encuentro, Madrid, 2001. (ISBN 84-7490-625-3)
  • De un tiempo y de un país. Encuentro, Madrid, 2002. (ISBN 84-7490-657-1)
  • La sociedad homosexual y otros ensayos, Editorial Criterio Libros, Madrid, 2001. (ISBN 84-95437-08-2)
  • Contra la mentira: guerra civil, izquierda nacionalista y jacobinismo. Libroslibres, Madrid, 2003. (ISBN 84-96088-06-5)
  • Los mitos de la Guerra Civil. La Esfera de los Libros, Madrid, 2003. (ISBN 84-9734-093-0), qui devait paraître aux éditions Tallandier sous le titre La Guerre d'Espagne (ISBN 284734277X).
  • De un tiempo y un país: la izquierda violenta (1968-1978). Encuentro, Madrid, 2003. (ISBN 84-7490-657-1)
  • Los libros fundamentales sobre la guerra civil. Encuentro, Madrid, 2004. (ISBN 84-7490-724-1)
  • Una historia chocante: los nacionalismos catalán y vasco en la historia contemporánea de España. Encuentro, Madrid, 2004. (ISBN 84-7490-747-0)
  • Los crímenes de la Guerra Civil y otras polémicas. La Esfera de los Libros, Madrid, 2004. (ISBN 84-9734-156-2)
  • 1934, comienza la guerra civil: el PSOE y la Esquerra emprenden la contienda (en collaboration avec Javier Ruiz Portella). Áltera, Barcelone, 2004. (ISBN 84-89779-59-7)
  • Federica Montseny o las dificultades del anarquismo, (en collaboration avec Antonina Rodrigo García). Ediciones B, Barcelone, 2004
  • 1936, el asalto final a la República. Áltera, Barcelone, 2005. (ISBN 84-89779-72-4)
  • Franco: un balance histórico. Planeta, Barcelone, 2005. (ISBN 84-08-06235-2)
  • Contra la balcanización de España. La Esfera de los Libros, Madrid, 2005. (ISBN 84-9734-323-9)
  • El iluminado de La Moncloa y otras plagas. Libros Libres, Madrid, 2006. (ISBN 84-96088-48-0)
  • La República que acabó en guerra civil. Áltera, Barcelone, 2006. (ISBN 84-89779-94-5)
  • La quiebra de la historia progresista. Ediciones Encuentro, 2007. (ISBN 84-7490-853-1)
  • Años de hierro. España en la posguerra. 1939-1945. La Esfera de los Libros, Madrid, 2007. (ISBN 978-84-9734-663-4)
  • Falacias de la izquierda, silencios de la derecha. Claves para entender el deterioro de la política española actual. Libroslibres, Madrid, 2008. (ISBN 978-84-96088-77-1)
  • Viaje por Vía de la Plata. Libroslibres, Madrid, 2008. (ISBN 978-84-96088-82-5)
  • Franco para antifranquistas: en 36 preguntas clave. Áltera, Barcelone, 2009. (ISBN 978-84-96840-42-3)
  • Nueva historia de España. La Esfera de los Libros, Madrid, 2010. (ISBN 978-84-9734-952-9)
  • La transición de cristal. Libroslibres, Madrid, 2010. (ISBN 978-84-92654-45-1)

Notes et références

  1. Il affirme ne pas avoir de diplôme universitaire d'histoire (es) Qu'est-ce qu'un historien?, article de Pío Moa sur Libertad Digital.
  2. (es) Dépêche d'Europa Press sur la thèse principale de Moa et la polémique qu'elle a suscité chez les historiens
  3. (es) Europa Press, « Pío Moa acusa al PSOE de comenzar la Guerra Civil en 1934 »,
  4. voir Thierry Pech, « Espagne : le temps du révisionnisme est-il venu ? » La république des Idées, janvier 2004
  5. (es)
  6. (es) Interview de Paul Preston dans El Mundo.
  7. (es) Quosque tandem Pío Moa?, article d'Alberto Reig Tapia, auteur d'Anti Pío Moa
  8. (es) El revisionismo histórico español, article de Javier Tusell.
  9. (es) Las ficciones de Pío Moa, article de Justo Serna.
  10. (es) Las razones de una crítica histórica: Pío Moa y la intervención extranjera en la Guerra Civil española, article d'Enrique Moradiellos.
  11. Voir notamment la fin de cet (es) article de Mercedes Yusta, de l'Université de Cergy-Pontoise, et la dernière partie de (fr) cet article de la revue Esprit.
  12. (es) Stanley Payne parle de l'œuvre de Moa
  13. « La contamination idéologique de l’histoire : l’exemple emblématique de la Guerre d’Espagne (2/2) / Polémia », sur Polémia, (consulté le ).
  14. (es) Verdades como puños.
  15. (es) Lo que (no) se quiere recuperar de la segunda republica (es) (El Mundo, 17 avril 2007) commenté par Moa dans Libertad Digital.
  16. Quelques-uns des articles de Pío Moa (ga) accusés d'homophobie : (es) Orgullo de tara, El armario y los salidos, Libertad sexual
  17. Cf. notamment le site internet de JereLesGay (30 mars 2008), une association gay de Jerez de la Frontera
  18. (es) plus de 2 000 signatures

Liens externes

Cette partie présente de nombreux liens pour présenter à la fois les arguments soutenus par Pío Moa et les différentes réactions suscitées par cet auteur sujet à controverse.

Arguments de Pío Moa

Critiques de Pío Moa

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