Orphée et Eurydice
Orfeo ed Euridice
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Orphée et Eurydice
pour la première édition imprimée (Paris, 1764)
de la version originale de Orfeo ed Euridice
Genre | Azione teatrale per musica / Tragédie opéra |
---|---|
Nbre d'actes | 3 |
Musique | Christoph Willibald Gluck |
Livret | (livret italien en ligne) |
Langue originale |
Italien |
Dates de composition |
1762 |
Partition autographe |
partition originale en ligne |
Création |
Burgtheater, Vienne |
Versions successives
Atto d'Orfeo (Acte d'Orphée), :
Teatrino di corte de Parme, deuxième version en italien, pour soprano castrat, donnée comme troisième acte du spectacle coupé Le feste d'Apollo (it) de Gluck
(livret original en ligne).
Orphée et Euridice[1], :
Théâtre du Palais-Royal de Paris, (Académie Royale de Musique), version en français sur en livret traduit et augmenté par Pierre-Louis Moline
(livret français et partition en ligne).
Orphée, :
Théâtre-Lyrique de Paris, version remaniée par Hector Berlioz[2], en quatre actes, avec le rôle-titre masculin ré-transposé pour une mezzo-soprano en travesti.
Personnages
- Orfeo/Orphée (contralto/soprano/haute-contre/mezzo-soprano)
- Euridice/Eurydice, (soprano)
- Amore/Amour, (soprano)
- ombre hereuse[3] (soprano)
Airs
- Che farò senza Euridice / J’ai perdu mon Eurydice – Acte III (lamento d'Orphée)
Orphée et Eurydice[1] (titre original en italien Orfeo ed Euridice) est le trentième et plus célèbre opéra de Christoph Willibald Gluck. Il s'agit d'une azione teatrale per musica, ou, selon les indications de la version française, d'une tragédie opéra (drame héroïque)[4] en trois actes. Il raconte le mythe grec d'Orphée et Eurydice. C'est à l'occasion de cet opéra qu'est créé le poste de harpe au sein de l'orchestre de l'Opera de Paris (alors Académie royale de musique).[réf. nécessaire]
Versions
Il en existe au moins quatre versions différentes[5] :
- la version originale viennoise, en italien, où le rôle-titre masculin est confié à un contralto castrat ;
- la version de Parme, encore en italien, réorganisée en un seul acte (une sorte d’acte de ballet à la française), où le rôle-titre est transposé par Gluck lui-même pour le soprano castrat, Vito Giuseppe Millico (it)[6] ;
- la version de Paris, en français, modifiée et élargie par Gluck lui-même, où le rôle-titre est chanté par une haute-contre ;
- la version arrangée par Berlioz au XIXe siècle, où le rôle-titre est confié à une mezzo-soprano.
Version italienne de Vienne, 1762
L'œuvre originale fut créée à Vienne le au Burgtheater[7] en présence de l'impératrice Marie-Thérèse. Le livret en italien est de Ranieri de’ Calzabigi ; la chorégraphie du ballet était réglée par Gasparo Angiolini ; le rôle titre était tenu par le castrat Gaetano Guadagni.
Numéros musicaux
- Ouverture . (Orchestre)
Acte I
- Chœur. Ah, se intorno a quest'urna funesta (Chœur, Orfeo)
- Récitatif. Basta, basta, o compagni ! (Orfeo)
- Ballet : (Larghetto) . (Orchestre)
- Chœur. Ah, se intorno a quest'urna funesta (Chœur)
- Air. Chiamo il mio ben cosi (Orfeo)
- Récitatif. T'assite Amore (Amore, Orfeo)
- Air. Gli sguardi trattieni (Amore)
- Récitatif. Che disse ? che ascoltai ? (Orfeo, Amore)
Acte II
- Ballet : (Maestoso) - Chœur. Chi mai dell'Erebo (Chœur)
- Scène. Deh ! placatevi con me (Orfeo, Chœur)
- Chœur. Misero giovane (Chœur)
- Ballet : (Andante) . (Orchestre)
- Arioso - Chœur. Che puro ciel, che chiaro sol (Orfeo, Chœur)
- Chœur. Vieni a' regni del riposo (Chœur)
- Ballet : (Andante) . (Orchestre)
- Récitatif. Anime avventurose (Orfeo)
Acte III
Fichier audio | |
Che farò senza Euridice | |
Che farò senza Euridice (en allemand) interprété par Ernestine Schumann-Heink | |
- Récitatif. Vieni, segui i miei passi (Orfeo, Euridice)
- Duo. Vieni, appaga il tuo consorte ! (Orfeo, Euridice)
- Récitatif. Qual vita è questa mai (Euridice)
- Air. Che fiero momento (Euridice)
- Récitatif. Ecco un nuovo tormento (Orfeo, Euridice)
- Air. Che faro senza Euridice ? (Orfeo)
- Récitatif. A finisca e per sempre (Orfeo)
- Maestoso : Ballet : (Grazioso - Allegro- Andante - Allegro) . (Orchestre)
- Chœur. Trionfi Amore ! (Orfeo, Amore, Euridice, Chœur)
Instrumentation
Orchestre en fosse de Orfeo ed Euridice |
Cordes |
Premiers violons, seconds violons, altos, violoncelles, contrebasses |
Bois |
2 flûtes traversières,
2 hautbois, 1 chalumeau, 2 bassons |
Cuivres |
2 cors,
2 trompettes, |
Percussions |
Timbales |
Autre |
Harpe, Clavecin. |
Version française de Paris, 1774
Lors de son séjour en France, invité par la jeune dauphine Marie-Antoinette d'Autriche, le compositeur dut adapter son opéra selon le goût français en confiant le rôle principal à une voix de haute-contre (ténor à la tessiture élevée) sur un livret traduit par Pierre-Louis Moline et sous le titre Orphée et Euridice (sic)[1]. Le , au Théâtre du Palais-Royal à Paris, il remporta un triomphe, avec Joseph Legros dans le rôle d'Orphée et Sophie Arnould dans celui d'Eurydice.
Instrumentation
Orchestre en fosse de Orphée et Euridice[1] |
Cordes |
Premiers violons, seconds violons, altos, violoncelles, contrebasses |
Bois |
2 flûtes traversières,
2 hautbois, 2 clarinettes, 2 bassons |
Cuivres |
2 cors,
2 trompettes, 3 trombones (Sacqueboute) |
Percussions |
Timbales |
Autre |
Harpe. |
Version française révisée par Berlioz
Hector Berlioz dut procéder à un remaniement[8] pour permettre à la mezzo-soprano Pauline Viardot de chanter Orphée. La première eut lieu le au Théâtre-Lyrique, à Paris. À partir de la version de Berlioz et pendant plus d'un siècle, beaucoup d’autres versions de moins en moins fidèles aux volontés du compositeur ont été créées par la suite et chantées, très souvent en italien, par d’innombrables contraltos et mezzo-sopranos, ce qui a par ailleurs contribué à maintenir ce chef-d'œuvre constamment au répertoire.
Postérité
Ces dernières décennies, on a assisté au retour à l'une des deux versions originales principales, le plus souvent la version de Vienne. La version de Berlioz conserve ses défenseurs. Guère d'intérêt n'a été montré pour la version de Parme peut-être par crainte d'une trop grande homogénéité de timbre (il n'y a que des sopranos dans la distribution). Il existe aussi des versions transposées pour baryton, qui ont été interprétées entre autres par Dietrich Fischer-Dieskau et Hermann Prey. On doit également à la directrice musicale et organiste Nariné Simonian une transposition pour orgue, flûte et harpe de la version 1774, dont la première mondiale a été donnée à Paris le .
Distribution des rôles
rôle | registre vocal | distribution de la première mondiale Vienne, [7] |
distribution de la première italienne (version révisée) Parme, |
distribution de la nouvelle version française Paris, |
distribution de l'édition Berlioz Paris, |
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Orfeo /Orphée | contralto castrat (1762) soprano castrat (1769) haute-contre (1774) mezzo-soprano (1859) |
Gaetano Guadagni | Giuseppe Millico (it) | Joseph Legros | Pauline Viardot |
Euridice /Euridice
(et Eurydice) |
soprano | Marianna Bianchi Tozzi | Maria Antonia Girelli-Aguilar | Sophie Arnould | Marie Constance Sass |
Amore /Amour | soprano travesti | Lucia Clavereau | Felicita Suardi | Rosalie Levasseur | Marie Marimon |
ombre heureuse | soprano | (rôle non prévu) | (rôle non prévu) | [3] | Mlle Moreau[9] |
Argument
Orphée et Eurydice comporte trois actes.
Après une ouverture enlevée et joyeuse, le rideau se lève à l'acte I sur une scène de déploration. Orphée et le chœur se lamentent près du tombeau d'Eurydice. Orphée, resté seul, prend la résolution de mettre fin à ses jours lorsqu'il apprend de l'Amour qu'il pourra récupérer Eurydice s'il parvient à convaincre l'Enfer, à la seule et unique condition qu'il ne regarde pas son épouse lors du trajet de retour à travers les enfers.
À l'acte II, un très impressionnant chœur infernal tente de barrer la route à Orphée mais, par son chant, ce dernier parvient à émouvoir les esprits qui lui cèdent le passage. Un ciel serein succède aux sombres bords du Cocyte, prétexte dans la version parisienne à un ravissant ballet des Ombres heureuses. Eurydice paraît et retrouve Orphée.
À l'acte III, les deux époux remontent vers la terre mais Eurydice s'inquiète de l'indifférence d'Orphée qui ne peut la regarder, ni expliquer la raison de son attitude. À l'écoute de ses reproches, il ne peut s'empêcher de se retourner et elle expire dans ses bras. Orphée se lamente dans le célèbre Che farò senza Euridice (dans la version française : J'ai perdu mon Euridice). L'Amour surgit pour l'empêcher de se suicider et lui rend Eurydice, l'œuvre s'achevant dans la version parisienne par un long ballet.
Discographie sélective
Les enregistrements sont fort nombreux. Voici un choix parmi les plus notables :
Version de Vienne en italien (1762)
- Enregistrement EMI de 1966, Orchestre du Gewandhaus et Rundfunkchor de Leipzig, dirigés par Václav Neumann, avec Grace Bumbry (mezzo-soprano, Orfeo), Anneliese Rothenberger (soprano, Euridice) et Ruth-Margret Pütz (soprano, Amore): premier enregistrement de l'édition critique établie par Anna Amalia Abert et Ludwig Fischer (1963).
- Enregistrement Vangard Classics de 1966, Orchestre Wiener Staatsoper Dirigés par Charles Mackerras, avec Maureen Forrester (mezzo-soprano, Orpheo), Térésa-Stich- Randall (soprano Euridice), Hanny Steffek (soprano Amore)
- Enregistrement Accent de 1981, La Petite Bande de Louvain et Collegium Vocale Gent, dirigés par Sigiswald Kuijken, avec René Jacobs (contre-ténor, Orfeo), Marjanne Kwecksilber (soprano, Euridice) et Magdalena Falewicz (soprano, Amore) : premier enregistrement sur « instruments originaux ».
- Enregistrement Sony de 1992, Tafelmusik Orchestra et le Kammerchor Stuttgart dirigés par Frieder Bernius, avec Michael Chance (contre-ténor, Orfeo), Nancy Argenta (soprano, Euridice) et Stefan Beckerbauer (treble du Tölzer Knabenchor, Amore).
- Enregistrement Philips de 1994, les English Baroque Soloists et le Monteverdi Choir dirigés par John Eliot Gardiner, avec Derek Lee Ragin (contre-ténor, Orfeo), Sylvia McNair (soprano, Euridice) et Cyndia Sieden (soprano, Amore).
Version de Paris en français (1774)
- Enregistrement Philips de 1956, l'Orchestre des Concerts Lamoureux dirigé par Hans Rosbaud avec Léopold Simoneau (ténor, Orphée), Suzanne Danco (soprano, Eurydice), Pierrette Alarie (soprano, l'Amour). Bien que cette version complète soit incomplète (il manque l'ariette) et qu'il faille compter avec plusieurs transpositions, il s'agit d'un très bon témoignage de ce que l'école de chant produisait après-guerre.
- Enregistrement Deutsche Grammophon (Archiv) de 2004, Les Musiciens du Louvre dirigés par Marc Minkowski, avec Richard Croft (ténor, Orphée), Mireille Delunsch (soprano, Eurydice) et Marion Harousseau (soprano, l'Amour).
- Enregistrement Decca de 2010, Coro y Orquesta Titular del Teatro Real de Madrid dirigés par Jesús López Cobos, avec Juan Diego Flórez (ténor, Orphée), Ainhoa Garmendia (soprano, Eurydice) et Alessandra Marianelli (soprano, l'Amour).
Version révisée par Hector Berlioz en français (1859)
- Enregistrement EMI, 1989, l'Orchestre de l'Opéra de Lyon et le Monteverdi Choir dirigés par John Eliot Gardiner, avec Anne Sofie von Otter (mezzo-soprano, Orphée), Barbara Hendricks (soprano, Eurydice) et Brigitte Fournier (soprano, l'Amour).
D’autres versions mélangées
- En anglais : Louise Kirkby Lunn a créé en 1905 le rôle d'Orfeo en anglais qui est considéré comme l'une de ses meilleurs pièces, sa pièce maîtresse, l'aria, Che farò senza Euridice, a été enregistrée sur un disque[10],[11].
- En italien : EMI, 1951, l'Orchestre de l'opéra néerlandais dirigé par Charles Bruck, avec Kathleen Ferrier (contralto, Orfeo), Greet Koeman (soprano, Euridice) et Nel Duval (soprano, Amore) : version historique qui vaut pour le chant de Kathleen Ferrier à son sommet.
- En italien : RCA, 1965, l'orchestre I virtuosi et le Chœur Polyphonique de Rome, dirigés par Renato Fasano, avec Shirley Verrett (mezzo-soprano, Orfeo), Anna Moffo (soprano, Euridice) et Judith Raskin (soprano, Amore) : premier enregistrement stéréophonique, cette édition a été considérée comme la meilleure de celles qui ne suivent pas une version originale de Gluck (ni celle de Berlioz non plus)[12].
- En italien : Decca, 1969, l'Orchestre et le Cœur de la Royal Opera House, Covent Garden dirigés par Sir Georg Solti, avec Marilyn Horne (mezzo-soprano, Orfeo), Pilar Lorengar (soprano, Euridice), Helen Donath (soprano, Amore).
- En italien : Erato, 1983, l'Orchestre philharmonique de Londres et le Glyndebourne Chorus dirigés par Raymond Leppard, avec Janet Baker (mezzo-soprano, Orfeo), Elisabeth Speiser (soprano, Euridice), Elizabeth Gale (soprano, Amore).
- En italien (version de Naples 1774): Erato, 2018, l'orchestre I Barocchisti et le Chœur de la Radiotelevisione svizzera dirigés par Diego Fasolis, avec Philippe Jaroussky (contreténor, Orfeo), Amanda Forsythe (soprano, Euridice) et Emöke Baráth (soprano, Amore).
Articles connexes
Notes et références
- L'orthographe originale du titre de la version française de 1774 est « Orphée et Euridice », où le second nom n'observe pas l'orthographe moderne correcte, « Eurydice » (cfr. Partition imprimée, consultable sur le site Gallica de la BnF).
- Partiellement réorchestrée par Camille Saint-Saëns.
- Dans l’édition parisienne de 1774 Gluck ajuta un nouvel air au deuxième acte, chanté par une ombre hereuse (soprano); en fait, à partir de la même première, cet air a été chanté très souvent par Eurydice ou, de toute façon, par la chanteuse jouant le rôle d'Eurydice.
- Entrée : Orphée et Euridyce, en Bertrand Dermoncourt (Éd.), L'univers de l'opéra : œuvres, scènes, compositeurs, interprètes, Paris, Laffont, 2012, (ISBN 978-2-221-11546-6).
- Source : (en) Patricia Howard (éd.), C.W. von Gluck: Orfeo, Cambridge/New York/Melbourne, Cambridge University Press, 1981 (édition consultée: collection Cambridge Opera Handbooks, paperback, 2010, (ISBN 0-521-29664-1))
- L’opéra fut inséré comme troisième acte dans un spectacle de fragments (ou spectacle coupé) sur le modèle alors très à la mode en France, Le feste d'Apollo (it), qui fut donné à Parme en 1769 à l'occasion du mariage du duc Ferdinand de Bourbon et de l'archiduchesse d'Autriche Marie-Amélie de Habsbourg-Lorraine.
- Piotr Kaminski, Mille et un opéras, Fayard, coll. « Les indispensables de la musique », , 1819 p. (ISBN 978-2-213-60017-8), p. 483
- Notamment : réorganisation de l’action en quatre actes, suppression du trio et des danses à la fin du dernier acte, remplacés par le chœur « Le Dieu de Paphos », tiré d’un autre opéra de Gluck, Écho et Narcisse.
- Le nom de Mlle Moreau (probablement Marie Moreau-Sainti) est rapporté directement par Berlioz: À travers chants, Études musicales, adorations, boutades et critiques, Parigi, Michel Lévy Frères, 1862, p. 116 (accessible gratuitement en ligne en books.google).
- HMV Italian 2-053121, c1915; Bennett 1967.
- (en) [vidéo] Louise Kirkby-Lunn - Che farò senza Euridice - 1915 sur YouTube
- Cf. par exemple : (it) Elvio Giudici, L'opera in CD e video - Guida all'ascolto, Milano, Il Saggiatore, 1995, p. 254.
Liens externes
- Ressources relatives à la musique :
- (en) International Music Score Library Project
- (en) AllMusic
- (en) MusicBrainz (œuvres)
- (de) Operone
- Orphée et Eurydice : partition intégrale (piano-chant) sur le site de la Médiathèque musicale de Paris
- Orpheus : partition intégrale (version allemand-français, piano-chant) sur le site de la Médiathèque musicale de Paris
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