Ordre hospitalier de Saint-Antoine
L'ordre hospitalier de Saint-Antoine ou Antonins regroupe les frères de l'ordre religieux hospitalier des chanoines réguliers de Saint-Antoine-en-Viennois qui fonctionna de 1089 à 1803.
Pour les articles homonymes, voir Antonins.
Ordre hospitalier de Saint-Antoine | |
Ordre religieux | |
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Type | Ordre hospitalier |
Spiritualité | Règle de saint Augustin |
Structure et histoire | |
Fondation | 1089 |
Fondateur | Gaston et Guérin de Valloire |
Fin | 1803 |
Liste des ordres religieux |
Histoire
En 1070, Jocelyn de Châteauneuf et son beau-frère Guigues Disdier, originaires du Dauphiné, rapportèrent de Constantinople les reliques de saint Antoine. Elles furent déposées dans leur village, appelé alors « La-Mothe-au-Bois ». Ces reliques passaient pour souveraines contre le mal des ardents (ou feu de saint Antoine), maladie due à l'ergot du seigle, qui provoque la gangrène, des convulsions et des hallucinations. Ce dépôt fit changer le village de nom. Il s'appela d'abord Saint-Antoine-en-Viennois puis, plus tard, Saint-Antoine-l'Abbaye[1].
En 1088, face à l'afflux de pèlerins, les bénédictins de l'abbaye de Montmajour, près d'Arles, sont chargés de veiller sur les reliques du saint ermite et fondent un prieuré afin d'assurer le service religieux[1].
L'année 1089 va marquer une mutation. Un jeune noble, Guérin de Valloire, atteint par le « feu sacré », fait vœu, en cas de guérison, de se consacrer aux malades. Il est sauvé et avec son père Gaston, ils fondent une communauté, qui va se faire connaître sous le nom de compagnie charitable des frères de l'aumône. Regroupée dans un hôpital dédié à saint Antoine, la communauté recueille et soigne les malades atteints du mal des ardents[1].
Au concile de Clermont, tenu sous Urbain II, en 1095, Guérin de Valloire, est officialisé en tant que responsable de la compagnie charitable. Mais ce ne fut qu'en 1218 qu'Honorius III autorisa les frères à prononcer les trois vœux[1].
En 1247, Innocent IV érigea la communauté en ordre religieux placé sous la règle des Augustins. Dans un premier temps, la nouvelle communauté eut d'excellents rapports avec les Bénédictins, toujours chargés des reliques. Les uns assuraient le service religieux, les autres les soins aux malades. Mais dès que les Antonins furent reconnus en tant qu'ordre, il y eut un affrontement ouvert. D'autant que les hospitaliers voient leur nombre augmenter[1].
En 1289, le pape Boniface VIII doit arbitrer leurs querelles qui se traduisaient par des coups de force et des attaques armées. Il prend le parti des Antonins et renvoie les Bénédictins à l’abbaye de Montmajour. C’est à cette époque que les hospitaliers sont placés sous le régime de l'exemption, c'est-à-dire qu'ils échappent à la juridiction épiscopale et sont directement placés sous l'autorité pontificale[1].
Dès lors, la communauté devint « Ordre religieux hospitalier des chanoines réguliers de Saint-Antoine-en-Viennois ». L'ordre des Antonins était fondé et calqua ses règles sur celles des Ordres militaires. Il devient extrêmement hiérarchisé et centralisé, l'organisation est divisée en circonscriptions, appelées les baillies. À l'intérieur de celles-ci, se trouvent des commanderies, générales ou simples[1]. Pour se distinguer des autres ordres, les Antonins adoptèrent la marque du Tau, figurant la béquille des malades estropiés par le feu de saint Antoine[2]. Ils portèrent aussi le nom de religieux de Saint-Antoine du T[1].
Cette hiérarchisation des hospitaliers leur permet un développement rapide d’abord dans le Dauphiné, puis dans la France entière puis dans toute l'Europe. En Allemagne, par exemple, il devient si populaire qu’en 1502, l'empereur Maximilien Ier lui donna le droit de prendre pour armes l'aigle impériale, avec un écusson d'or sur l'estomac de l'aigle au T d'azur[1],[2].
Dans les années 1340, l'ordre compta jusqu’à 640 établissements en Europe. Ils étaient répartis le long des routes de pèlerinage vers Saint-Jacques-de-Compostelle et Jérusalem. Les soins consistaient à fournir d'abord aux malades une nourriture à base de viande et de vin. Les Antonins utilisaient aussi des baumes dans la composition desquels entraient des plantes (pavot, verveine, renoncule, gentiane, etc.), enfin il y avait le saint vinaigre dont on peut penser que l’effet vaso-dilatateur était utile[1].
À partir de l’an 1400, les Antonins pratiquèrent la chirurgie (amputation des membres secs). Leur réputation d’excellents médecins fit que les papes se les attachèrent à leur services. En 1253, Innocent IV les chargea de constituer un hôpital ambulant pour le suivre dans ses déplacements[1].
L'abbé général des Antonins, dans l'assemblée des États du Dauphiné, avait la place immédiatement après l'évêque de Grenoble, qui en était le président. Cette prérogative lui a été accordée en 1305, par le dauphin de Viennois et Louis XIV la lui a confirmée par lettres patentes de 1656[2]. Elle lui octroyait également le droit de présider aux États du Dauphiné en l'absence de l'évêque, ce que fit Théodore Mitte en l'an 1502, lequel fut ensuite maintenu par le parlement[3].
À son apogée, au XVe siècle, l’ordre comptait près de 10 000 frères. À la fin du siècle, il gérait encore 370 hôpitaux. Mais leur déclin s’approchait. Il semble en effet que la moindre fréquence des épidémies causa leur régression puis leur disparition. Dès le XVIe siècle, l'ergot du seigle est caractérisé comme responsable du feu de Saint-Antoine et dans le même temps les techniques de fabrication du pain s’améliorent, le fléau disparaît[1].
Les Antonins s'emploient alors à donner d'autres soins et plus particulièrement à ceux qui sont atteints d'affections de la peau. L'ordre décline rapidement au XVIIe siècle, puis, le , il est uni à l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem par lettres patentes à la suite de l'action de la Commission des réguliers. Il ne restait alors plus que 220 Antonins en France. Le pape Pie VI valide la fusion et donne tous leurs biens à l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem. L'ordre des Antonins disparaît complètement d’Europe en 1803. Il continue pourtant à subsister au Liban, où les Antonins maronites possèdent vingt-un monastères ainsi que de nombreuses écoles et séminaires[1].
En 1826, l'abbaye désertée, fut rachetée par Jean-Claude Courveille, fondateur des maristes, pour y établir un nouvel établissement avec le soutien de l'évêque de Grenoble, Philibert de Bruillard, et de Jules de Calvière, préfet de l'Isère[4].
Les archives de l'ordre sont conservées aux archives départementales du Rhône.
Références
- Histoire des Antonins
- Collection de décisions nouvelles et de notions relatives a la jurisprudence actuelle, Jean Baptiste Denisart; Desaint, 1773; p. 106
- Louis Moréri, « Mitte (Théodore) », Le grand dictionnaire historique, vol. 7e, chez les libraires associés, (lire en ligne), p. 578-579.
- Frère Louis-Laurent, Historique des origines de l'Institut, Bulletin de l'Institut 163, juillet 1956, Tome XXII, p. 223.
Annexes
Bibliographie
- Abbé Luc Maillet-Guy, Les commanderies de l'ordre de Saint-Antoine en Dauphiné, dans Revue Mabillon, 1926 p. 1-26, p. 173-191, p. 289-313, 1927, p. 114-131, p. 218-236, p. 352-378, 1928, p. 1-23, p. 81-95
- Renée Sandell-Dupeley, Saint Antoine en Dauphiné, 1988, Ccl éditions.
Articles connexes
Liens externes
- Site de l'Ordre des Antonins Maronites
- Site officiel de l'Ordre de Malte
- Œuvres Hospitalières Françaises de l'Ordre de Malte
- Association Française des Amis des Antonins - Les Amis des Antonins
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