Offensive de la Baltique

L'offensive de la Baltique constitue une série d'offensives soviétiques visant à atteindre le rivage de la mer Baltique durant l'été et l'automne 1944. Ces offensives visent également à libérer les pays baltes de la présence allemande entre les mois de juillet et de novembre 1944. Au terme de ces offensives, parfois ponctués d'échecs tactiques soviétiques, les pays baltes, à l'exception de la Courlande sont occupés par les Soviétiques.

Contexte

Les pays baltes et le Reich en 1944

Dès les premiers jours de l'été 1944, le 28 juin 1944, lorsque la Wehrmacht essuie ses premières défaites en Biélorussie, les provinces baltes, alors sous contrôle allemand, sont directement menacées[1]. Les responsables de l'OKH analysent les conséquences du succès soviétique dont l'ampleur n'est pas encore connue, ils se prononcent en faveur du retrait allemand d'Estonie et du Nord de la Lettonie, afin de permettre au Reich de disposer d'une armée de réserve opérationnelle, en prévision de batailles à venir[2].

Cependant, face aux arguments mis en avant par Zeitzler, alors responsable des opérations sur le front de l'Est, Hitler oppose des arguments politiques, le retrait de la Finlande du conflit, économiques, la fin des livraisons d'huile de schiste estonien et de fer suédois, alors essentiels pour l'effort de guerre allemand, et militaires, la fin du contrôle allemand sur la Mer Baltique, c'est-à-dire à la fois la possibilité pour la flotte de guerre soviétique de mener des opérations dans cet espace et la perte d'un important espace d'essais pour les nouveaux sous-marins promis par Dönitz[2].

Premières incursions

À partir du 10 juillet 1944, la première grande offensive soviétique de conquête des pays baltes est déclenchée, dans le cadre de l'exploitation stratégique de la percée obtenue en Biélorussie[3].

Dès le , une percée est opérée en direction de la Baltique, après accord de Staline[N 1], mais, rapidement, alliées au manque de carburant et de munitions que rencontrent les unités soviétiques, les unités allemandes ralentissent efficacement les unités soviétiques pendant une semaine[4]. Mais, le , renforcé, le Premier front balte attaque, perce les lignes allemandes, et prend d'assaut Siauliai et ses magasins militaires[5], puis le , atteint la Baltique dans la région de Tukums, isolant le groupe d'armées Nord dans le Nord des pays baltes[2].

Rapidement les unités du groupes d'armées Nord sont menacées d'encerclement et doivent battre en retraite en direction du nord, en Estonie et Lettonie[6].

Préparatifs

Défense allemande

Au cours des échanges au sein de l'OKH en vue de préparer la défense allemande des pays baltes[N 2],[7], Zeitzler, comme le fera aussi son successeur par intérim Heusinger, propose l'organisation d'une ligne de défense sur la Dvina, donc l'abandon de l'Estonie et du Nord de la Lettonie; en contrepartie de cet abandon, le front allemand se trouverait raccourci de moitié, tandis que les effectifs considérables pourraient constituer une réserve stratégique[2].

Au cours de la première quinzaine de juillet, les responsables militaires allemands du Front de l'Est, Heusinger et Model, cette fois soutenus par Dönitz et Göring, demandent une dernière fois la mise en place d'une ligne de défense sur la Dvina, au grand courroux de Hitler. Contre l'avis de l'ensemble de ces conseillers, Hitler confie à Ferdinand Schörner le soin de défendre l'Estonie contre les offensives soviétiques[8].

Préparatifs soviétiques

Durant les premiers jours de , les planificateurs soviétiques parient sur une évacuation rapide des pays baltes par les unités allemandes.

Déroulé des opérations

Conquête soviétique

Le 14 septembre, une vaste offensive contre le groupe d'armées Nord est lancée, parvenant, au terme de 15 jours de combats acharnés, à atteindre la mer dans la région de Memel, isolant ainsi les unités allemandes positionnées au nord de la ville[9].

Le 9 octobre, le groupe d'armées Nord est ainsi définitivement isolé du reste des unités allemandes[10].

La ville de Riga, capitale de l'Ostland, tombe quelques jours plus tard, au milieu du mois d'octobre, tandis que la Wehrmacht se montre impuissante à préserver les fragiles résultats obtenus lors de la contre-attaque du mois d’août précédent[9].

Parallèlement à cette percée dans le Nord, une offensive est lancée sur la ville de Memel le , l'encerclant le 10, la prenant dans les jours qui suivent[11].

Issue

constitution des poches sur le littoral

À l'issue de cette offensive, le Reich conserve certes le contrôle sur la Courlande, consolide même ses défenses aux abords de la poche, grâce au raccourcissement du front. Cependant, les unités, comprenant 32 divisions, appuyés par 510 panzers ou Sturmgeschütze et 200 avions[10], qui y sont positionnées se voient privées de tout rôle stratégique jusqu'à la fin du conflit[9]. En effet, les 500 000 soldats qui y sont affectés retiennent certes des unités soviétiques, mais pas en nombre suffisant pour remettre en cause la menace soviétique sur la Vistule et dans les Balkans[12], ce qui n'échappe pas à Heinz Guderian, alors en charge du front de l'Est[N 3],[13].

Notes et références

Notes

  1. Cet accord est obtenu au terme d'échanges intenses entre Moscou et le commandement au front.
  2. Cette préparation fournit le prétexte à la démission de Zeiztler, brisé par deux années de confrontation permanente avec Hitler.
  3. Guderian tente d'obtenir l'évacuation de la poche une douzaine de fois jusqu'à son renvoi définitif le .

Références

  1. Kershaw 2012, p. 133.
  2. Lopez 2014, p. 246.
  3. Lopez 2014, p. 274.
  4. Lopez 2014, p. 278.
  5. Lopez 2014, p. 280.
  6. Kershaw 2012, p. 136.
  7. Lopez 2014, p. 247.
  8. Lopez 2014, p. 248.
  9. Kershaw 2012, p. 137.
  10. Lopez 2010, p. 32.
  11. Kershaw 2012, p. 153.
  12. Lopez 2010, p. 33.
  13. Lopez 2010, p. 34.

Bibliographie

  • Chistian Baechler, Guerre et extermination à l'Est. Hitler et la conquête de l'espace vital. 1933-1945, Paris, Tallandier, , 524 p. (ISBN 978-2-84734-906-1). 
  • Sophie Cœuré et Sabine Dullin, Frontières du communisme, Paris, La découverte, coll. « Recherches », , 470 p. (ISBN 978-2-7071-5321-0, lire en ligne ). 
  • Ian Kershaw (trad. de l'anglais), La Fin : Allemagne, 1944-1945, Paris, Seuil, , 665 p. (ISBN 978-2-02-080301-4). 
  • Jean Lopez, Berlin : Les offensives géantes de l'Armée Rouge. Vistule - Oder - Elbe (12 janvier-9 mai 1945), Paris, Economica, , 644 p. (ISBN 978-2-7178-5783-2). 
  • Jean Lopez, Opération Bagration : La revanche de Staline (1944), Paris, Economica, , 409 p. (ISBN 978-2-7178-6675-9). 
  • Philippe Masson, Histoire de l'Armée allemande. 1939-1945., Paris, Perrin, (ISBN 978-2-262-00844-4).
  • Philippe Masson, Hitler, Chef de Guerre, Paris, Perrin, (ISBN 978-2-262-01561-9).
  • Geoffrey Roberts (trad. de l'anglais), Les guerres de Staline : De la Guerre mondiale à la guerre froide, 1939-1953, Paris, Delga, , 545 p. (ISBN 978-2-915854-66-4). 

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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