Nouba (musique)

La nouba, nūba ou nawba[1] est une forme musicale de la musique arabo-andalouse que l'on retrouve dans tout le Maghreb (Tunisie, Libye, Algérie et Maroc)[2].

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Son origine remonterait au VIIe siècle[3].

Dénomination et étymologie

Le mot se dit nūba (plur. nūbāt)[4] ou nawba (plur. nawbat[5]).

Le mot nouba voudrait dire « attendre son tour » ou se succéder en arabe natanawabou. Les musiciens se succèdent, chacun des musiciens attendant son tour pour chanter devant le calife.

Le terme nouba signifierait « corde », et en est arrivé, dans l'acceptation familière, à évoquer le désordre et les excès susceptibles de le provoquer[3].

La nouba se dit noubat au pluriel (prononcé noubète).

La nouba peut aussi être appelée en Tunisie ma'louf, en Algérie san'a et au Maroc girnati[6].

Description

Il s'agit d'une suite de neuf pièces instrumentales et vocales réalisées autour de poèmes dont les thèmes de prédilection sont l'amour, la nature, le vin ainsi que d'autres thèmes ayant trait à la vie mondaine. Néanmoins, certains d'entre eux abordent des sujets religieux prônant la piété et implorant la clémence divine[3].

Les nouba sont destinées à être exécutées à une heure très précise du jour ou de la nuit, la nature même des poèmes répondant à cette obligation de caractère mystique[3]. Par exemple, de minuit à une heure, la nouba célèbre la beauté du genre humain, d'une heure à deux heures du matin, celle de la nature, etc.[3].

La nouba comprend plusieurs mélodie. Son exécution peut se prolonger pendant une heure et c'est, pour les musiciens les plus savants, l'occasion de faire valoir leurs qualités d'improvisateurs[3].

D'un point de vue social et culturel, ce patrimoine, très raffiné, répond aux besoins d'une société urbaine au sein de laquelle il s'est développé. Grâce à l'ancien système des corporations artisanales et des confréries religieuses, la pratique de cet art s'est maintenue avec toute son ardeur. Dans toutes les fêtes publiques ou familiales, profanes ou religieuses, le répertoire des nouba bénéficie d'un grand prestige[3].

Le choix d'un de ces morceaux dans un concert ou à l'occasion d'une veillée intime est généralement lié à un état d'âme ou à un sentiment que l'on souhaite évoquer[3].

C'est une composition musicale bien structurée, construite selon un mode bien défini ; d'où le choix du nom nouba.

À l'origine, il y avait vingt-quatre noubas. Aujourd'hui, il n'en reste plus que douze, dans leur intégralité. Cependant, leur interprétation varie selon les écoles.

Les noubas furent introduites en Andalousie par Abou-al-Hassan ('Ali-ibn-Nâfî), plus connu sous le nom de Ziryâb, le merle noir parce qu'il avait le teint foncé. Ziryab naquit en 789 en Irak, où il reçut une solide formation scientifique et littéraire, nonobstant la géographie et l’astronomie. Il quitta Bagdad à la suite de menaces émanant de son maître Ishaq-al-Mawsili, dont on dit qu'il était l'élève favori. Il faut signaler que le succès de Ziryâb, auprès du calife Hâroun ar-Rachîd, fut tel qu'il suscita la jalousie de son maître Ishaq-el-Mawsili. Et dire que c'était celui-ci même, Ishaq-el-Mawsili, qui tint à présenter son bon élève au calife.

Zyriab, musicien de talent, prit soin d'affiner la nouba, si bien qu'il est considéré comme le père de la musique arabo-andalouse dont il avait constitué les fondements. Ainsi, une nouba est en fait un mode musical, joué à une heure précise du jour, d'où 24 noubas  : 24 heures. Selon les dires de certains musicologues, les plus belles noubate sont interprétées aux heures du petit matin devant un public de mélomanes seulement.

Ce n'est qu'au XXe siècle que les noubas furent transcrites en faisant l'objet d'enregistrements intégraux. Mais cela ne résout pas la difficulté à retrouver le corpus original qui transcenderait les différences académiques. Selon qu'un musicien se réclame de Grenade, de Séville ou de Cordoue, il ne jouera pas la même musique, surtout à l'époque de la Reconquista. Beaucoup de musiciens, musulmans et juifs confondus, durent fuir les royaumes catholiques d'Espagne et du Portugal pour se réfugier dans le Maghreb. Il ouvrirent des écoles et ces écoles, mêmes voisines géographiquement, interprètent le genre musical différemment, pendant que d'autres, très éloignées, peuvent être très proches dans le jeu. On parle ainsi de style différent, tel le gharnati, le malouf, etc.

École tunisienne

La nouba tunisienne appartient à la musique traditionnelle savante de la Tunisie : le malouf[3].

École algérienne

La nouba comporte des noms spécifiques dans chacune des régions d'Algérie[7],[8] :

Toutefois, selon Taoufik Bestandji, « école » est un terme impropre et flou, il n'y a pas de différences structurelles entre les spécificités de ces « Écoles »[7]. Les différences sensibles que l'on y décèle restent plutôt liées aux influences locales qu'à une différenciation originelle liée aux villes d'Andalousie[8].

École marocaine

La NubahLa Gamme
Raml al-Máya (Maroc)
Iráq al-Ajam (Maroc)
Al-Máya (Maroc)
Rasd (Maroc)
Hijaz Al Kabir (Maroc)
Hijaz (Maroc)
Al-Ushshaq (Maroc)
Al-Isbahán (Maroc)
Al-Istihlál (Maroc)
Gharíbat al-Housayn (Maroc)

Notes et références

  1. Michel Nicolas, Les sources du muwaššaḥ andalou & traité sur le zağal : du chant mésopotamien antique au chant "arabo-andalou", Editions Publibook, , 261 p. (ISBN 978-2-7483-5482-9, lire en ligne)
  2. Sālih al-Mahdī, La musique arabe : structures, historique, organologie; 39 exemples musicaux extraits du répertoire traditionnel, A. Leduc, (lire en ligne)
  3. Michel Malherbe et Amaury Rosa De Poullois, Les musiques de l'humanité, Fleurus, , 412 p. (ISBN 978-2-7413-0201-8, lire en ligne).
  4. Cahiers de musiques traditionnelles, Georg, (ISBN 978-2-8257-0920-7, lire en ligne)
  5. Jean-Paul Chagnollaud, L'élargissement de l'Europe vu du sud, Harmattan, (ISBN 978-2-7475-4487-0, lire en ligne)
  6. Habib Touma, La musique Arabe, Éditions Buchet/Chastel, (lire en ligne)
  7. Bestandji, Taoufik,, L'Algérie en musique, Paris, l'Harmattan, 123 p. (ISBN 978-2-343-13494-9, 2-343-13494-4 et 978-2-14-005292-7, OCLC 1062438393, lire en ligne), p. 36
  8. Manda Tchebwa, L'Afrique en musiques, Paris, L'Harmattan, , 348 p. (ISBN 978-2-296-96409-9, lire en ligne), p. 35
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