Palais de la Porte-Dorée

Le palais de la Porte-Dorée, construit à l'occasion de l'Exposition coloniale internationale de 1931, est un édifice situé à la porte Dorée dans le 12e arrondissement de Paris (France). Il abrite aujourd’hui le musée national de l'histoire de l'immigration et l’aquarium du palais de la Porte-Dorée. Ce bâtiment de 17 000 m² est considéré comme un joyau de l'Art déco, inaugurant ce mouvement de l'architecture monumentale à Paris (avant le palais de Chaillot et le palais de Tokyo en 1937).

Pour les articles homonymes, voir Porte dorée.

Histoire et architecture

Des affectations successives

Tout d'abord « musée des Colonies » de 1931 à 1935  avec sa dédicace d'inauguration « À la France colonisatrice et civilisatrice » , il change plusieurs fois de nom : « musée des colonies et de la France extérieure » en 1932, « musée de la France d’outre-mer » en 1935, « musée des Arts africains et océaniens » en 1960 et « musée national des Arts d'Afrique et d'Océanie » de 1990 à 2003, année au cours de laquelle le musée ferme ses portes. Une partie de ses collections part rejoindre celles du musée du quai Branly, qui sera inauguré par le président Jacques Chirac en , tandis qu'en , le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin décide d’installer au palais de la Porte-Dorée une « Cité nationale de l’histoire de l’immigration » (CNHI), ouverte en .

Logo de l'établissement public du palais de la Porte-Dorée (EPPPD).

En , l’établissement public du palais de la Porte-Dorée est officiellement créé par décret. Il regroupe en son sein un monument historique, le palais de la Porte-Dorée, un musée, le musée national de l'histoire de l'immigration[1] et un aquarium tropical. Sa mission est de mettre en valeur l’ensemble patrimonial du palais de la Porte-Dorée et de développer les projets scientifiques et culturels du musée et de l’aquarium.

Conception et construction

Le palais de la Porte-Dorée.

Le palais de la Porte-Dorée a été construit en l'espace de 18 mois pour l'Exposition coloniale internationale de 1931 par l'architecte français Albert Laprade, dans le style du mouvement Art déco qui prit son essor durant les années 1920. Il réalise pour l’événement une synthèse architecturale[2]. La façade monumentale et l’imposant péristyle évoquent l’architecture des temples grecs mais aussi le classicisme français, à l’instar de la colonnade du Louvre. Les lignes géométriques et épurées du bâtiment sont typiques du mouvement Art déco, tout comme une grande partie du décor et du mobilier du monument. Le palais n’est donc pas dominé par un unique style architectural et se présente plutôt comme une synthèse de différents styles. À cet égard, il se distinguait d’ailleurs des autres pavillons de l’Exposition coloniale[3].

Le caractère pérenne de ce bâtiment est affirmé dès sa construction. Celui-ci doit continuer à véhiculer le discours de l'Exposition coloniale. Conçu comme un condensé de l’Empire colonial français présenté sous son meilleur jour, le bâtiment est destiné à être un outil de promotion des relations idéalisées de la métropole avec ses colonies. En montrant la diversité des ressources de la France d’outre-mer et les productions artistiques qui fascinent les Européens, il doit ainsi faire aimer les colonies aux visiteurs et leur donner envie d'investir dans ces produits[2].

Le bâtiment de 17 000 m2 témoigne de la double inspiration de son auteur : sa silhouette parfaitement symétrique, sa façade austère sont d'inspiration très classique alors que sa technique d'éclairage zénithal s'inspire de l’architecture du Maroc, où Albert Laprade a exercé. La façade est ornée d'un bas-relief dû à Alfred Janniot, qui veut illustrer la richesse des colonies. À l'intérieur, dans la salle des fêtes (aujourd’hui le forum), qui constitue le cœur du bâtiment, on découvre une grande fresque de Pierre-Henri Ducos de La Haille illustrant le rayonnement de la France à travers le monde et ses apports aux colonies[4]. L'édifice comporte de multiples éléments décoratifs d'inspiration exotique.

En 1987, certaines parties[5] et en particulier la façade, sont classées au titre des monuments historiques et le reste du bâtiment est inscrit cette même année[6].

Architecture et décorations

Bas-relief

Le bas-relief de la façade du palais a été réalisé par Alfred Janniot, déjà connu pour la réalisation du décor du paquebot Île-de-France en 1927. Constitué de pierres du Poitou, il s'étend sur 1 128 m2. On y retrouve des représentations des grands ports maritimes et des aéroports français par où arrivent les marchandises importées de l'Afrique, de Madagascar, des Antilles, de l'Asie et de l'Océanie[7]. Il exprimait les richesses économiques et humaines des colonies françaises. La façade est classée monument historique en 1987[6].

Salle centrale

La salle centrale, l'actuel « Forum » a été conçue par Albert Laprade et possède une fresque de 600 m2 peinte par Pierre-Henri Ducos de La Haille et les élèves de l'École des beaux-arts. Elle entendait illustrer les apports de la France aux colonies, répondant ainsi au bas-relief extérieur du palais.

Salons ovales

Deux salons ovales sont présents de part et d'autre de l'entrée du bâtiment. Le premier, d'inspiration africaine, possède un mobilier de Jacques-Émile Ruhlmann. Le second, d'inspiration asiatique, est meublé par Eugène Printz. Ils symbolisent la contribution intellectuelle et artistique des colonies d'Afrique et d'Asie à la civilisation européenne.

  • Le salon d'Asie est décoré d'une œuvre murale d'André et Ivanna Lemaître. Le maréchal Lyautey y organisa des réceptions durant l'exposition coloniale.
  • Le salon d'Afrique est décoré de fresques de Louis Bouquet sur le thème des apports artistiques et intellectuels des colonies d'Afrique à la France. Le ministre des Colonies Paul Reynaud s'en servit pour organiser des réceptions.

Musée national de l’Histoire de l’immigration

Depuis le , la Cité nationale de l’histoire de l’immigration a pris le nom de musée national de l’Histoire de l’immigration. Il est le seul musée national consacré à l’histoire et aux cultures de l’immigration en France. Ouvert au public depuis 2007, il a été officiellement inauguré le , par le président François Hollande.

À son ouverture, le musée ne disposait pas de collections préalablement constituées. Les collections ont donc dû être créées ex-nihilo afin de pouvoir montrer deux siècles d’histoire de l’immigration en France[8]. Aujourd’hui, le musée national de l’Histoire de l’immigration est à la fois un musée d’histoire, un musée de société et un musée d’art contemporain, mettant en valeur les apports de l’immigration à l’histoire et à la culture françaises.

Par ailleurs, le musée porte de nombreuses réflexions sur des sujets d’actualité : migrations, mondialisations, questions identitaires, escalade des nationalismes, climats de tensions. Il est traversé par des enjeux du monde contemporain et son ambition est « d’ouvrir les regards au-delà des représentations »[9].

Un certain nombre d’expositions temporaires, accompagnées d’une programmation culturelle et artistique spécifique, sont également organisées au musée (Ciao Italia !, Persona grata, Lieux saints partagés, Paris-Londres. Music Migrations (1962-1989), etc.). Elles prolongent les réflexions du parcours permanent, de même que la revue de sciences sociales Hommes & Migrations, éditée par le musée, qui s’est aujourd’hui imposée sur les problématiques liées aux phénomènes migratoires.

Aquarium tropical

L'aquarium tropical du palais de la Porte-Dorée est installé dans le palais dès sa construction. Il était destiné à montrer aux visiteurs la faune présente dans les colonies. Situé au rez-de-chaussée inférieur du monument, il est longtemps resté le seul aquarium parisien. Sous la direction d’Antoine Gruvel, qui était alors professeur au Muséum d’histoire naturelle, l’aquarium a rapidement été enrichi d’un terrarium qui accueillait au départ des crocodiles du Nil.

Aujourd’hui, l’aquarium tropical du palais de la Porte-Dorée présente un certain nombre d’espèces qu’il est difficile de voir dans la nature. Il met en valeur la diversité, la complexité et la fragilité du monde vivant et souligne l’importance de la préservation des milieux aquatiques. Il présente une importante collection de poissons d'eau douce et d'eau de mer d’un peu partout dans le monde et de tous les Océans mais aussi des cnidaires, des crustacés, des mollusques, des coraux, des raies, des tortues et des alligators.[1] L'aquarium présente fréquemment des expositions temporaires (Baleinopolis, AQUA. L'eau de haut en bas, etc.).

Fréquentation

Chiffres de fréquentation 2007-2017[10]
Année Entrées gratuites Entrées payantes Total
2007 28130 21904 50034
2008 59499 34126 93625
2009 83760 20293 104053
2010 97775 11174 108949
2011 51557 13214 64771
2012 59155 11484 70639
2013 53594 38486 92080
2014 57958 52785 110743
2015 55714 55916 111630
2016 55302 51678 106980
2017 105295 80532 185827

Notes et références

  1. Le palais de la Porte Dorée après 1931, www.palais-portedoree.fr (consulté le 8 février 2019).
  2. « L'histoire du Palais chez vous | Palais de la Porte Dorée », sur www.palais-portedoree.fr (consulté le )
  3. « Le style architectural du Palais | Palais de la Porte Dorée », sur www.palais-portedoree.fr (consulté le )
  4. « Les fresques du forum | Palais de la Porte Dorée », sur www.palais-portedoree.fr (consulté le )
  5. La fiche Mérimée précise : « Les façades et toitures ; les grilles d'entrée ; le hall et la galerie entresolée ; les deux salons ovales dits de Lyautey et du Ministre ; la grande salle des fêtes ; les deux salles adjacentes à la précédente dites des Ecorces peintes et des Nouvelles-Hébrides ; les trois escaliers avec leurs ferronneries. »
  6. « Ancien musée national des Arts africains et océaniens, devenu Cité nationale de l'histoire de l'immigration », notice no PA00086583, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  7. Hélène Bocard, Le Palais de la Porte Dorée, Éditions du Patrimoine, , p. 32
  8. « Les collections du Musée | Musée national de l'histoire de l'immigration », sur www.histoire-immigration.fr (consulté le )
  9. Projet scientifique et culturel, Palais de la Porte-Dorée, avril 2020, p.50, https://www.palais-portedoree.fr/fr/le-projet-scientifique-et-culturel
  10. « Fréquentation des Musées de France », sur data.culture.gouv.fr (consulté le )

Bibliographie

  • Hélène Bocard, Le Palais de la Porte-Dorée, Éditions du Patrimoine, 2018, 63 p. (ISBN 978-2-7577-0599-5).
  • Maureen Murphy, Un palais pour une cité. Du musée des colonies à la Cité nationale de l’histoire et de l’immigration, Paris, Réunion des musées nationaux, 2007, 63 p. (ISBN 978-2-7118-5452-3).
  • Germain Viatte, Le Palais des Colonies. Histoire du musée des arts d'Afrique et d'Océanie, Réunion des musées nationaux, Paris, 2002, 240 p. (ISBN 2-7118-4470-6).

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

  • Portail du monde colonial
  • Portail de la culture
  • Portail des musées
  • Portail de Paris
  • Portail de l’Art déco
  • Portail du XXe siècle
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.