Musée comtois
Le Musée comtois est un musée ethnographique français situé à Besançon (Doubs).
Histoire
Le Musée comtois, labellisé « musée de France », est présent dans le cadre prestigieux du Front royal de la citadelle de Besançon depuis 1960. Il est né de l’exemple du musée national des arts et traditions populaires créé à Paris en 1937, mais aussi, et surtout, de l’intérêt d’un prêtre, l’abbé Jean Garneret. Ce passionné a consacré toute une partie de sa vie à réunir et étudier des milliers d’objets représentatifs des savoir-faire et des traditions régionales des XIXe et XXe siècles.
Avec le soutien de l’Association folklore comtois, il a en outre réalisé plusieurs milliers de photographies et de dessins pour conserver la mémoire du passé.
Le Musée comtois transmet au public l’histoire des hommes et des paysages qui ont forgé la Franche-Comté au cours des derniers siècles, tout en s’inscrivant aujourd’hui dans un axe ethnographique ouvert sur le monde et les sociétés actuelles par le biais d’une forte dynamique d’expositions temporaires.
Les différentes salles du Musée comtois
Le Musée comtois répartit ses collections sur trois niveaux, en fonction de quatre thématiques : « Travailler », « Se nourrir », « Se divertir et croire en Franche-Comté ».
Laiterie
Cette salle évoque l’élevage des vaches montbéliardes, le lait et sa transformation en beurre ou fromage. La délicatesse des décors des moules à beurre, particulièrement importante quand ils sont destinés à être vendus, est ici mise en valeur. Un éclairage particulier est également apporté à la fabrication du fameux comté dont plus de 50 000 tonnes sont produites chaque année. Ce sont les hivers longs et rigoureux de la région qui ont poussé les Hommes à fabriquer ce fromage de garde dès le XIIIe siècle. Les producteurs rassemblaient déjà leur lait dans des fruitières (petites coopératives). Ce savoir-faire ancestral est aujourd’hui reconnu par plusieurs labels.
Fonderie
Ce sont les ressources naturelles de la région (minerai de fer, forêts, cours d’eau) qui permettent le fonctionnement d’une cinquantaine de hauts fourneaux à la fin du XVIIIe siècle. Si la plupart disparaissent dès les années 1850, la production d’objets en fonte de seconde fusion dans les nombreuses fonderies de la région, et notamment de Haute-Saône, continue de se développer. Cette production touche tous les domaines : vie quotidienne, arts décoratifs, industrie, religion, urbanisme…
Aujourd’hui, seule la fonderie de Larians est encore en activité, mais les collections du Musée comtois témoignent de la place importante occupée par cette activité en Franche-Comté, aujourd’hui encore première région industrielle de France.
Les Hommes et leur environnement
La Franche-Comté est réputée pour la rudesse de ses hivers. En effet, des records de froid sont régulièrement battus, comme à Mouthe où a été enregistré −41 °C en 1985. Pendant des siècles, la neige a constitué un facteur d’isolement. Toutefois il est à l’origine d’une véritable spécialisation géographique des productions telle que l’horlogerie ou la fabrication de pipes, de multiples activités évoquées au musée. Ces milieux et ces activités ont eux-mêmes eu une influence sur la forme, les matériaux et l’organisation de l’habitat. Un ensemble de maquettes permet alors de saisir la diversité des constructions du XVIIe au XIXe siècle, de la maison vigneronne à la maison pastorale, du bas pays à la montagne.
Se nourrir
Deux salles d’exposition proposent une plongée dans la cuisine traditionnelle comtoise, de l’acquisition (chasse aux oiseaux, cueillette des morilles…) et la culture des produits à leur consommation, en passant par leur conservation et leur préparation. Dans la première salle, six tables dressées évoquent les repas quotidiens selon différentes classes sociales ou zones de la Franche-Comté. L’alimentation des enfants y est par exemple représentée avec les gaudes (galette de maïs), repas typique de la région et recommandé par les médecins pour leur santé. Dans la seconde salle, l’évolution des pratiques culinaires régionales est présentée au public au travers d’objets datant de 5 500 ans avant notre ère jusqu’au XXe siècle. Une cuisine du XIXe siècle, appelée l’outo en patois, est reconstituée avec une mise en scène des traditionnels fourneaux, marmites, gaufriers… Une dernière partie est consacrée au café et au tabac, deux produits extra-européens rapportés en France et progressivement adoptés par les Comtois.
Les plaques de cheminées
Leur usage remonte au XIVe siècle. Adossée au mur de maçonnerie, la plaque évite l’éclatement de celui-ci. Quand le feu brûle, elle accumule la chaleur puis la restitue par rayonnement direct vers l’avant. Dans les maisons rurales, la plaque de cheminée peut chauffer deux pièces à la fois : dans le mur de séparation, une ouverture est pratiquée dans laquelle prend place la plaque. Lorsque celle-ci est chaude, elle diffuse la chaleur de part et d’autre. Au XIXe siècle, le décor s’appauvrit et perd de son relief. La transformation du mode de chauffage conduit alors à l’abandon de ce type de matériel.
Se divertir
Au XIXe siècle, le divertissement populaire prend une place importante dans la société. Le spectacle traditionnel de marionnettes devient à la mode et est présenté aussi bien dans des salons bourgeois que dans des lieux populaires. Le Musée comtois a pris le parti, par le biais d’une nouvelle muséographie, de reconstituer ces deux ambiances. C’est dans ce contexte que sont présentées quatre collections de marionnettes réalisées par des artistes régionaux à la fin du XIXe et au début du XXe siècle. Ces marionnettes ont notamment été utilisées pour jouer la fameuse crèche comtoise, pièce qui met en scène le personnage de Barbizier, modeste vigneron du quartier Battant de Besançon, portant un regard sévère sur sa société.
Croire
À Besançon, vers l’an 180, deux hommes : Ferréol et Ferjeux ont joué un rôle important dans la christianisation. L’Église a tenté d’effacer les anciennes croyances mais les traditions populaires ont persisté. Les Comtois n’auront certainement pas oublié la légendaire Vouivre, mi-femme, mi-vipère, divinité des eaux. À ces croyances païennes, se superpose le culte des saints liés à la vie quotidienne. C’est l’exemple de saint Isidore, protecteur des agriculteurs ou encore de saint Gengoult, patron des maris trompés. Besançon fut également une ville de pèlerinage pour une de ses reliques les plus célèbres : le Saint-Suaire de Besançon. Il apparaît en Franche-Comté vers 1523 probablement copié sur celui de Turin présent dans la région entre 1418 et 1452. Il était exposé à Pâques et à l’Ascension à la dévotion des fidèles. Du XVIe au XIXe siècles, de nombreuses représentations du suaire furent faites (médailles, gravures, etc.) qui circulaient comme de vrais talismans.
En 1794, il est envoyé à Paris où sa destruction est votée, mais son culte se poursuit avant de s’essouffler et de disparaître au XIXe siècle. Le musée présente en détail l’histoire de cette relique qui eut des implications importantes pendant plusieurs siècles.