Mouflon méditerranéen
Mouflon méditerranéen, parfois « mouflon européen », est utilisé selon les auteurs pour désigner trois groupes de mouflons différents. C'est donc un terme polysémique, à la définition variable :
- Au sens premier, il désigne les mouflons originaires de trois îles méditerranéennes : la Corse, la Sardaigne et Chypre.
- Certains auteurs peuvent parfois désigner sous ce terme l'ensemble des taxons relevant du groupe occidental du mouflon (54 chromosomes, au contraire des mouflons plus orientaux), et vivant de la Méditerranée à l'Iran.
- L'administration française réserve le terme aux seuls mouflons d'origine insulaire vivant sur le continent européen et hybridés avec des moutons domestiques[1].
l'appellation « Mouflon » s'applique en français à plusieurs taxons distincts.
Taxons concernés
- Mouflons issus de moutons primitifs introduits
au Néolithique dans les îles de la Méditerranée. - Sous-espèces concernées :
- Ovis orientalis musimon, le mouflon corse et sarde
- Ovis orientalis ophion, le mouflon cypriote
Le mouflon méditerranéen comme regroupement des mouflons de Corse, de Sardaigne et de Chypre
Ces mouflons descendraient de mouflons du Proche-Orient domestiqués, introduits dans les îles méditerranéennes de Corse, Sardaigne et Chypre au Néolithique avant de repasser à l'état sauvage.
Les 3 groupes sont étroitement apparentés. Ils correspondent aux sous-espèces sauvages : Ovis orientalis musimon (Corse et Sardaigne) et Ovis orientalis ophion (Chypre).
En 2000, le Taxonomy Working Group de l'Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN) proposait également dans sa synthèse de la conférence Workshop on Caprinae taxonomy de l'UICN, tenue à Ankara en que ces mouflons insulaires, mais aussi leurs descendants introduits en Europe, soient appelés Ovis gmelini musimon. Le Taxonomy Working Group rappelait cependant que ces animaux descendaient sans doute de moutons domestiques du Néolithique, et que leur rattachement à Ovis gmelini posait question[2].
À compter de 2004, l'administration française les considère comme une sous-espèce de Ovis gmelini : Ovis gmelini musimon. Les trois groupes insulaires ne sont pas pour l'administration des sous-espèces, mais de simples variétés : mouflon de Corse = variété corsicana, mouflon de Sardaigne = variété musimon et mouflon de Chypre = variété ophion[1].
En 2003, la International Commission on Zoological Nomenclature a recommandé : « le mouflon européen / méditerranéen doit inexorablement être placé avec O. aries (en compagnie des moutons domestiques)[3] » du fait qu'ils seraient descendants de moutons domestiques primitifs. Toutefois il serait faux de les considérer plus proches des moutons que des mouflons d'origine du fait de cet épisode domestique et en tant qu'espèce sauvage ils ont également le droit à l'appellation Ovis orientalis[4].
Le mouflon méditerranéen comme regroupement de tous les mouflons "occidentaux"
Selon les publications et les époques, ce mouflon a reçu de nombreux noms. La Newsletter of the IUCN/SSC Caprinae Specialist Groupa remarque avec ironie en que « très peu de taxons de grands vertébrés ont bénéficié d'une variété de noms scientifiques aussi grande que celle donnée au mouflon européen (Ovis aries par exemple, O. ammon, O. musimon, O. orientalis, O. gmelini, et même Aegoceros musimon[3] ».
Le Taxonomy Working Group rappel dans sa synthèse de la conférence Workshop on Caprinae taxonomy de l'UICN, tenue à Ankara en , que le plan d'action de l'UICN sur les Caprinae de 1997 proposait de définir une seule espèce Ovis orientalis, pour tous les mouflons et urial.
Lors de la conférence de 2000, la plupart des délégués ont indiqué leur désaccord avec cette taxonomie, en partie en raison des différences dans le nombre de chromosomes : 54 pour les mouflons, 58 pour les urials (Ovis vignei)[2] ».
Le groupe propose de retenir les taxons suivants[2] :
- Ovis gmelini, le mouflon au sens strict (54 chromosomes), avec les sous-espèces suivantes :
- O. g. gmelini, le mouflon arménien
- O. g. isphahanica, le mouflon d'Ispahan (Iran)
- O. g. laristanica, le mouflon du Lorestan (Iran)
- O. g. musimon, le mouflon d'Europe (en fait regroupant le mouflon de Sardaigne et le mouflon corse avec des introductions récentes dans les Alpes, aux Kerguelen…). Le groupe note que musimon descend sans doute de moutons domestiques primitifs et ne devrait peut-être pas être reconnu comme un taxon à part entière.
- O. g. ophion, le mouflon de Chypre, qui descend également sans doute de moutons domestiques primitifs et ne devrait peut-être pas être reconnu comme un taxon à part entière.
En 2002, un travail de recherche génétique montrait que les moutons domestiques descendaient de deux sous-espèces distinctes[5] du mouflon occidental (appelé dans ce travail Ovis musimon).
Le mouflon méditerranéen comme regroupement des hybrides européens de mouflons insulaires et de mouton domestique
L'administration française réserve le terme de « mouflon méditerranéen » aux seuls mouflons vivant sur le continent européen et hybridés avec des moutons domestiques.
Ainsi, l'Office national de la chasse et de la faune sauvage indique en 2004 dans sa fiche sur le « Mouflon méditerranéen » : « La taxonomie du Mouflon de Corse a fait l'objet de récentes révisions. La sous-espèce dénommée traditionnellement « Mouflon de Corse » (Ovis ammon musimon) prend la dénomination « Ovis gmelini musimon » avec trois variétés : Mouflon de Corse (var. corsicana), Mouflon de Sardaigne (var. musimon) et Mouflon de Chypre (var. ophion). Les Mouflons introduits en Europe et plus ou moins hybridés avec des moutons domestiques ou d'autres Mouflons sont regroupés et nettement distingués sous l'appellation de « Mouflon méditerranéen » (O. g. musimon x Ovis sp.)[1] ».
Synthèse
Finalement, les mouflons du groupe orientalis, porteurs de 54 chromosomes, au contraire des mouflons plus orientaux, donne les groupes suivants :
- le mouflon sauvage d'Arménie et d'Iran occidental (sous espèces orientalis, isphahanica et laristanica)
- les moutons domestiques, issus du premier groupe (Ovis aries aries).
- le mouflon méditerranéen proprement dit (Chypre, Sardaigne et Corse), descendant de moutons domestiques primitifs, eux-mêmes issus du premier groupe (sous-espèces musimon et ophion).
- Les mouflons d'Europe, d'origine sarde ou corse, mais souvent hybridés avec des moutons domestiques, peuvent être considérés comme un nouveau groupe. C'est le seul groupe que l'administration française appelle (depuis 2003) « mouflon méditerranéen », ou O. g. musimon x Ovis sp..
Le nom d'espèce est Ovis aries mais il est licite d'utiliser Ovis orientalis pour distinguer les sous-espèces sauvages (mouflons) de la sous-espèce domestique (mouton).
Notes et références
- Mouflon méditerranéen, fiche de l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS), 2004.
- IUCN/SSC - Caprinae Specialist Group - Workshop on Caprinae taxonomy, conférence d'Ankara, Turquie, les 8 et 10 mai 2000.
- « Taxonomic News - European Mouflon », sur la Newsletter of the IUCN/SSC Caprinae Specialist Group de mars 2004
- ICZN (International Commission on Zoological Nomenclature) opinion 2027
- Molecular analysis of wild and domestic sheep questions current nomenclature and provides evidence for domestication from two different subspecies, par Hiendleder, Kaupe, Wassmuth et Janke, publié le 7 mai 2002 dans Proceedings Biological sciences, The Royal Society of London.
Bibliographie
- (fr) Cugnasse J.M., Martinetto K., DaleryG., Vuiton C. & D. Maillard (2004), Gestion conservatoire de landes et de pelouses en faveur du Mouflon méditerranéen (Ovis gmelini misimon x Ovis sp.) dans le massif du Caroux-Espinouse (Hérault) Revue Faune sauvage (ONCFS) n° 262 : p. 47-52.
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