Mouche (esthétique)

Dans le domaine esthétique, une mouche désigne l'imitation d'un nævus situé le plus fréquemment sur un côté supérieur de la bouche ou au niveau du décolleté. Par extension, cette expression désigne également un nævus naturel situé à un endroit similaire, qui est plutôt appelé grain de beauté.

Pour les articles homonymes, voir mouche (homonymie).
Le mannequin américain Cindy Crawford, ici en 2009, renommée entre autres pour sa « mouche » naturelle au coin supérieur gauche des lèvres.
Almanach du commerce de Paris 1837, annonce d'un fabricant de « mouches pour le carnaval[1] ».

Pour le Dictionnaire de l'Académie française, il s'agit plus précisément d'un « petit rond de taffetas ou de velours noir, ou d'un point de crayon spécial, imitant le grain de beauté, que les femmes se mettent parfois sur le visage ou sur le décolleté[2] ». La mouche peut également être créée par maquillage permanent ou avec des pigments de tatouage traditionnels.

À l'époque de cette mode typique de la fin de l'Ancien Régime en Europe, la mouche peut être placée à divers endroits, et ainsi révéler tel ou tel aspect du caractère de sa porteuse[3].

« L'expression piquante que donnent à la physionomie certaines lentilles qui par leur teinte foncée tranchent sur la blancheur de la peau a dû faire chercher à les imiter et à en créer de toutes pièces. Telle est l'origine des mouches artificielles que l'on fabrique communément avec des parcelles de taffetas gommé découpées de diverses manières. Rien n'accentue davantage l'expression normale des traits et ne sert mieux la coquetterie que l'emploi de ces mouches[4]. ». Voici les noms par lesquels Antoine Le Camus[5] les désigne selon la place qu'elles occupent et l'accent qu'elles impriment au visage:

« A l'angle externe de l'œil, la mouche est nommée assassine; au milieu du front elle est majestueuse; celle que l'on met dans les plis que forment les ris est dite enjouée; la coquette est auprès des lèvres; Fatmé nomma encore celle ci précieuse; cette autre friponne selon l'effet qu'elles produisaient.

Les dames qui font usage des mouches, soit au théâtre, soit ailleurs apprennent vite et savent beaucoup mieux que nous la position qu'elles doivent occuper sur le visage pour faire valoir les grâces et la vivacité de l'expression. Il nous paraît donc inutile d'insister plus longtemps sur ce point cependant nous devons blâmer la conduite de certaines femmes qui se dessinent sur la peau en guise de mouches des taches noires persistantes et faites avec un pinceau imbibé d'une dissolution de nitrate d'argent. Cette pratique peut être funeste a la beauté en altérant à la longue la structure de l'organe cutané[4] »

On peut ajouter à celles-ci, la galante au milieu de la joue, la receleuse placé sur un bouton, la baiseuse au coin de la bouche, la coquette sur les lèvres[6].

Au milieu du XVIIIe siècle, on a vu Mme de Pompadour, très proche du Roi et des cercles de pouvoir, disposer des mouches sur les plans de bataille du maréchal d'Estrées pour marquer les postes de défense ou d'attaque des campagnes de 1757[6].

Il arriva que des hommes portent la mouche sur le visage, principalement à Aix-en-Provence et à Paris[6]. Un certain Dumont en 1699, note dans son ouvrage Le Voyage en Provence:
« Sur le Cours Mirabeau, on voit des femmes bien faites, mais il faut avouer que dans cette ville les hommes surpassent les femmes en beauté. C'est une merveille de voir les jeunes gentilshommes d'Aix, il y en a dix ou douze, entre autres, qui ne le cèdent point aux plus charmantes dames. Ce sont des teints de lis ou de rose, des yeux de feu et des bouches admirables, enfin des Adolphe ou des Joconde. C'est aussi ce qui fait dire communément en Provence au sujet de la beauté: hommes d'Aix et femmes de Marseille »[7]

La boîte à mouche faisait nécessairement partie du service de toilette des Dames[8].

Citation

  • « Tiens voilà ta mouche Merteuil ». 1991: Les Liaisons vachement dangereuses, sketch parodique des Inconnus (Antenne 2)

Notes et références

  1. Almanach du commerce de Paris 1837, p.332, 1re colonne.
  2. Article « mouche » sur Médiadico.
  3. « Le grain de beauté : l'atout glamour des stars » par Purepeople, date de parution inconnue.
  4. Essai de callilplastie, ou, L'art d'embellir le visage dans ses lignes et dans ses formes et de remédier à ses difformités. Ledoyen, 1855. Lire en ligne
  5. Antoine Le Camus, Abdeker ou l'Art de conserver la beauté, vol. 1, Libr. associés, , 263 p. (lire en ligne)
  6. Chol, 2002 : Secrets et décors des hôtels particuliers aixois D.J.E.Chol p. 172 (références Bibliothèque nationale de France)
  7. Chol, 2002 : Secrets et décors des hôtels particuliers aixois D.J.E.Chol p. 173 (références Bibliothèque nationale de France)
  8. Abbé Bencirechi, Leçons hebdomadaires de la langue italienne à l'usage des dames, suivies de deux vocabulaires; d'un recueil des synonymes français de l'abbé Girard, appliqués à cette langue; d'un discours sur les lettres familières; et d'un précis des règles de la versification italienne, cloitre Saint Germain l'Auxerrois, La Veuve Ravenel, , 324 p. (lire en ligne), p. 19-20
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