Mohsen Fakhrizadeh

Mohsen Fakhrizadeh Mahabadi (en persan : محسن فخری‌زاده مهابادی), né le à Qom et mort assassiné le près de Damavand (Iran), est un physicien iranien, général de brigade des Gardiens de la révolution et responsable de haut niveau dans le programme nucléaire iranien[1],[2],[3].

Biographie

Mohsen Fakhrizadeh est un officier iranien qui appartient au corps des Gardiens de la révolution islamique et un professeur de physique à l'université Imam Hossein à Téhéran.

Implication dans le programme nucléaire iranien

Entre 2000 et 2003, Mohsen Fakhrizadeh se consacre au « Projet 111 », centré sur la fabrication d'une ogive nucléaire[3],[4],[5] dans le cadre du Projet Amad (en) visant à doter l'Iran d'un arsenal nucléaire.

Dans le cadre de leurs travaux de vérification du programme nucléaire iranien dans les années 2000, l'AIEA demande à plusieurs reprises à interroger Mohsen Fakhrizadeh[3]. Face au refus de l’Iran, le physicien subit, à partir de 2006, un gel de ses avoirs et des restrictions sur ses déplacements, consécutifs à la suite d'une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies[6].

En 2007, un document interne du gouvernement iranien remis illégalement au journal The Sunday Times identifie Fakhrizadeh comme le directeur du Domaine pour l'expansion du déploiement des technologies avancées, le nom de code de l'organisme iranien qui supervise les efforts iraniens dans le domaine du nucléaire. Le document, intitulé Outlook for Special Neutron-Related Activities Over the Next 4 Years, présente un plan sur quatre ans pour mettre au point un initiateur neutronique au deutérure d'uranium[7],[8],[9]. Selon l'ONU, Fakhrizadeh-Mahabadi est un scientifique important qui œuvre pour le compte du Ministère de la Défense et des Forces armées et un ancien responsable du Centre de recherches physiques[10].

En , le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou le présente comme le « cerveau » du programme nucléaire iranien, et notamment son volet militaire, à l'occasion d'une conférence de presse où il affirme présenter des preuves concernant le programme nucléaire iranien[11]. Dans la foulée, l'AIEA affirme n'avoir « aucune indication crédible d’activités en Iran liées au développement d’un engin nucléaire après 2009 »[12].

Assassinat

Le lieu de l’attaque : voiture dans laquelle Fakhrizadeh se trouvait, apparemment intacte, et traces de sang sur la route.

Mohsen Fakhrizadeh est assassiné le à l'âge de 59 ans dans la ville d'Absard, à 50 km à l'est de Téhéran[13],[14].

Dans les jours qui suivent, le ministre des Affaires étrangères de l'Iran, Mohammad Djavad Zarif, ainsi que l'ambassadeur d'Iran auprès des Nations unies dénoncent l'assassinat en affirmant « avoir des indices sérieux de l'implication d'Israël »[13],[15]. Le New York Times affirme le qu'un « responsable américain — ainsi que deux autres responsables du renseignement — ont déclaré qu'Israël était derrière l'attaque contre le scientifique », sans citer leurs sources[13].

Le vendredi , l'ancien directeur de la CIA sous l'ère Obama, John O. Brennan, condamne l'assassinat de Mohsen Fakhrizadeh, le qualifiant de « criminel » et de « très imprudent »[16].

Le , réagissant à ces propos sur la chaîne d’information RT, l’ancien directeur du Mossad, Ephraim Halevy, juge déplacée la critique par Brennan du meurtre de Fakhrizadeh, faisant valoir que « le président Barack Obama a lui-même ordonné l'assassinat de musulmans au Yémen qui représentaient une menace potentielle pour la sécurité des États-Unis »[17].

En février 2021, le ministre iranien des Renseignements Mahmoud Alavi déclare qu'Israël a bénéficié de la complicité d'un membre des forces armées iraniennes pour les préparatifs de l'attentat[18].

D'après un article du New York Times corroboré par le Jerusalem Post, Mohsen Fakhrizadeh a été assassiné par le Mossad alors qu'il conduisait sa Nissan Teana entre sa maison de vacances sur la mer Caspienne et la ville d'Absard où il avait prévu de passer le week-end avec sa femme[19]. Des agents iraniens travaillant pour Israël avaient garé une camionnette bleue Nissan Zamyad sur le bord de la route avec une mitrailleuse de précision de calibre 7,62 mm dissimulée parmi des matériaux de construction. Le tir a été déclenché par un agent du Mossad situé à plus de 1500 km via un robot capable de faire fonctionner l'arme qui avait été introduite en contrebande dans le pays et ce morceau par morceau. Cependant, les explosifs placés sur la mitrailleuse et le robot ont laissé l'équipement largement intact, permettant aux Iraniens de reconstituer le mode opératoire de l'assassinat. L'opération a reçu l'aval du président américain Donald Trump dès 2019 et a été menée à bien par les services israéliens avant l'élection éventuelle de Joe Biden, partisan d'une politique plus accommodante avec l'Iran.

Notes et références

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Mohsen Fakhrizadeh-Mahabadi » (voir la liste des auteurs).
  1. « Iran : un responsable du programme nucléaire assassiné », sur LEFIGARO (consulté le )
  2. « L’Iran tient ses engagements sur le nucléaire, estime l’AIEA », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  3. « Iran : l'homme du projet 111 », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  4. (en) Father of Iran’s drive for nuclear warhead named
  5. (en) U.S. Rejected Aid for Israeli Raid on Iranian Nuclear Site
  6. (en) Individuals and Entities Designated as Subject to the Travel Notification Requirements and Assets Freeze Imposed by Resolutions 1737 (2006) and 1747 (2007), United Nations Sanctions Committee
  7. « Iran's secret nuclear trigger: translation of full document - Times Online » [archive], sur web.archive.org, (consulté le )
  8. (en) Will Fereydoun Abbasi-Davani lead Iran to nuclear weapons? (Rev. 1)
  9. (en) Robert Avag, « Documents Assessing the Organizational Structure of FEDAT | Institute for Science and International Security » [archive], sur isis-online.org (consulté le )
  10. UNSCR 1747 (2007)
  11. Julien Lacorie, « Le "père" du programme nucléaire iranien dans le viseur d'Israël », sur marianne.net, (consulté le ).
  12. « Nucléaire : Israël prétend détenir des preuves des mensonges continus de l’Iran », sur LeMonde.fr, (consulté le ).
  13. (en-US) Farnaz Fassihi (en), Ronen Bergman, David E. Sanger (en) et Eric P. Schmitt (en), « Live Updates: Iran’s Top Nuclear Scientist Killed in Attack, State Media Say », sur nytimes.com, (consulté le ).
  14. « Assassinat d’un spécialiste du nucléaire iranien près de Téhéran », sur Ici.Radio-Canada.ca, .
  15. « https://twitter.com/jzarif/status/1332345633425022976 », sur Twitter.com (consulté le ).
  16. (en) « Former CIA Director John Brennan says the assassination of a top Iranian nuclear scientist was 'criminal' and risked inflaming conflict in the Middle East », sur businessinsider.fr, (consulté le ).
  17. (en) « Ex-CIA head Brennan wrong to call Iranian scientist killing ‘criminal,’ US also carried out such actions, ex-Mossad chief tells RT », sur rt.com, (consulté le ).
  18. « Un membre des forces armées impliqué dans l'assassinat du physicien nucléaire », sur L'Orient-Le Jour, (consulté le )
  19. (en-US) Ronen Bergman et Farnaz Fassihi, « The Scientist and the A.I.-Assisted, Remote-Control Killing Machine », The New York Times, (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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