Mogadiscio

Mogadiscio (/mo.ga.di.ʃjo/, /mo.ga.di.jo/ ou /mo.ga.di.ʃo/ ; en somali : Muqdisho, en arabe : مقديشو [Maqadīshū]) est la plus grande ville et la capitale de la Somalie, sur l'océan Indien. En 2015, la ville a une population de 2 120 000 habitants[2].

Pour les autres significations, voir Mogadiscio (téléfilm).

Mogadiscio

Mogadiscio
Administration
Pays Somalie
Région Banaadir
Démographie
Gentilé Mogadisciens [1]
Population 2 120 000 hab. (2015)
Densité 3 328 hab./km2
Géographie
Coordonnées 2° 02′ 00″ nord, 45° 21′ 00″ est
Altitude Min. 0 m
Max. 9 m
Superficie 63 700 ha = 637 km2
Localisation
Géolocalisation sur la carte : Somalie
Mogadiscio
Géolocalisation sur la carte : Somalie
Mogadiscio

    Histoire

    Centre-ville de Mogadiscio en 1936.

    L'existence de Mogadiscio est attestée dès le Xe siècle[3]. Elle est considérée comme la cité la plus belle, la plus avancée et la plus rayonnante de l’océan indien depuis plus de 900 ans avant sa récente chute dans les années 1990. Dans l’antiquité, Mogadiscio, était la célèbre cité portuaire Sarapion visité par un ancien voyageur grec.

    Ibn Battuta qui visite la ville en 1331, la décrit comme une ville immense avec des tours de 6 étages, de grands palais et de grandes mosquées. De riches marchands y commercent et elle est renommée pour la qualité du textile qu'elle exporte jusqu'en Égypte, à Jérusalem et dans toute la Méditerranée. La cité était alors gouvernée par un sultan somali habillé des plus belles soies, parlant le somali et l'arabe, car elle est la langue de l’islam. L’islam chez les Somalis, est très fort, ils sont imprégnés de cette religion depuis leur venue au monde et ils y tiennent beaucoup à tel point qu’elle a influencé leur culture. Voir aussi Wang Dayuan (1311-1350).

    Du XIIIe siècle au XVIIe siècle, Mogadiscio est une cité importante dans l'aire d'influence de l'État Ajuran. Zheng He, durant son expédition de 1413-1415, visite la région. La ville est gouvernée par la dynastie des Ajurans. Mogadiscio est l'une des rares villes de la côte de l'Afrique de l'Est à ne pas avoir été soumise par les Portugais au XVIe siècle[4]. Le renversement au XVIIe siècle de l’empire Ajuran et de sa capitale Mogadiscio, est dû à des querelles internes très importantes.

    En 1751, l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert la définit ainsi sous la plume de Louis de Jaucourt :

    « royaume d’Afrique sur la côte orientale de l’Éthiopie, au Zanguebar. AGADOXO, (Géog.) royaume d’Afrique, sur la côte orientale ; il est borné au nord, par le royaume d’Adel ; à l’orient, par la côte déserte ; au midi, par les terres de Brava ; & à l’occident, par le royaume des Machidas. »

    À partir de 1871, la ville est soumise au sultan Omanais qui dirigeait alors la côte swahili de zanzibar.

    À partir de 1892 et jusqu'en 1936, la ville est la capitale de la Somalie italienne. La ville est d'abord louée puis cédée aux Italiens en 1905 par le sultanat de Zanzibar, sous la pression des Britanniques qui ont alors établi leur protectorat sur le Sultanat. Avec la conquête italienne de l'Éthiopie en 1936, Mogadiscio perd son statut de capitale.

    À partir des années 1920, des milliers d'Italiens émigrent à Mogadiscio. Mogadiscio se modernise et voit quelques industries s'installer[5].

    En 1941, pendant la Seconde Guerre mondiale, les Britanniques prennent le contrôle de la ville sans combattre. Ils y restent jusqu'en 1950, lorsque l'ONU confie un mandat d'administration à l'Italie sur la Somalie en vue d'organiser son indépendance. Au moment de l'indépendance de la Somalie en , puis de son unification avec le Somaliland, Mogadiscio devient la capitale du nouvel État.

    Vue aérienne des côtes maritimes en 1993.
    Image prise dans un quartier résidentiel de Mogadiscio.

    En 1990, Mogadiscio fut prise par des rebelles qui contraignirent le président Siad Barre à l'exil. Les rebelles se scindèrent alors en factions rivales, reconnaissant des dirigeants différents. En , les Nations unies expédièrent une force armée, sous commandement américain, pour assurer la sécurité des opérations humanitaires. À la suite de combats meurtriers, ces forces « se replièrent dans le désordre »[6].

    Mogadiscio demeura alors sous le contrôle de seigneurs de la guerre rivaux jusqu'en , date à laquelle des islamistes formèrent une coalition avec des hommes d'affaires et prirent le contrôle de la capitale ; ils la dirigèrent sous le nom d'Union des tribunaux islamiques. Fin 2006, ils furent renversés par une intervention militaire éthiopienne, qui restaura le gouvernement somalien reconnu sur le plan international, longtemps demeuré en exil au Kenya. Les combats firent alors des centaines de victimes civiles. Un reporter de la BBC en décrivit une ville « abandonnée par la moitié au moins de ses habitants », une « ville fantôme » où l’on constate, « rue après rue en ruines, des bâtiments évidés par des bombes dans le centre de Mogadiscio »[6].

    Sa population était estimée en 2009 à 1 353 000 habitants[7].

    Les troupes éthiopiennes, parties de Somalie fin 2008 début 2009, ont depuis été remplacées par une opération de maintien de la paix de l'Union africaine, l'AMISOM, forte de 9 595 hommes au [8]. Cette mission, sous le commandement d'officiers ougandais, tente d'apporter la stabilité et la sécurité à la ville, et fournit des soins médicaux à la population[6],[9]. Depuis 2010, les gains territoriaux opérés par cette mission ainsi que par le Gouvernement fédéral de transition (le TFG) sont substantiels à Mogadiscio. Les islamistes shebabs ont dû se retirer de la plus grande partie de la ville après des combats importants ayant eu lieu notamment début [10].

    En septembre 2017, la Turquie a installé à Mogadiscio sa première base militaire en Somalie, à proximité de l'aéroport. Il s'agit d'une base capable d'accueillir 1 500 soldats et destinée à former les militaires somaliens dans la lutte contre les guerriers shebabs[11].

    Le , une attaque au camion piégé fait au moins 587 morts, et plus de 300 blessés. Cette attaque est considérée comme la pire de l’histoire de la Somalie.

    Population

    Il n'y a pas eu à Mogadiscio de recensement récent de la population. On ne connaît que des estimations.

    Évolution de la population
    2001 2009
    1 212 0001 353 000
    (Sources : estimation de l'ONU en 2001[12], de la CIA en 2009 dans son World Factbook[7])

    Climat

    Le climat de Mogadiscio est chaud et sec.

    Relevé météorologique de Mogadiscio
    Mois jan. fév. mars avril mai juin jui. août sep. oct. nov. déc.
    Température minimale moyenne (°C) 23 23 24 26 25 23 23 23 23 24 24 24
    Température maximale moyenne (°C) 30 30 31 32 32 29 28 28 29 30 31 30
    Précipitations (mm) 0 0 1 5 7 14 20 11 7 5 5 2
    Source : BBC Weather
    Diagramme climatique
    JFMAMJJASOND
     
     
     
    30
    23
    0
     
     
     
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    31
    24
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    32
    26
    5
     
     
     
    32
    25
    7
     
     
     
    29
    23
    14
     
     
     
    28
    23
    20
     
     
     
    28
    23
    11
     
     
     
    29
    23
    7
     
     
     
    30
    24
    5
     
     
     
    31
    24
    5
     
     
     
    30
    24
    2
    Moyennes : • Temp. maxi et mini °C • Précipitation mm

    Administration

    Mogadiscio est situé dans le Banaadir, une région administrative de Somalie. Cette région ne comprend quasiment que la ville et est bien plus petite que la région historique du Benadir.

    Mogadiscio est divisé officiellement en quatorze districts :

    • Abdiaziz
    • Bondhere
    • Dharkenley
    • Dayniille
    • Hamar-Jajab
    • Hamar-Weyne
    • Hodan weyn
    • Howl-Wadag
    • Kaaraany
    • Shangaani
    • Shibis
    • Waabari
    • Wadajir
    • Wardhiigley
    • Yaaqshiid

    Le maire actuel de la ville est, depuis le , Omar Mohamud Mohamed « Omar Finnish », également gouverneur de la province de Banaadir. Il a été nommé par le président de la République fédérale Mohamed Abdullahi Mohamed. C'est un ancien chef de guerre.

    Son prédécesseur était Abdirahman Omar Osman, gravement blessé le 24 juillet 2019 lors d'un attentat suicide perprétré par une femme, l'une de ses conseillères, aveugle, qui était en fait une taupe des shebabs et ayant succombé à ses blessures, le 1er août 2019, à l'hôpital de Doha au Qatar.

    L'anglais est souvent utilisé dans l'administration, ainsi que l'arabe. Tandis que l'italien a disparu depuis 1991, la guerre civile ayant été fatale pour cette langue. Les Casques bleus de l'ONU et les forces armées africaines de l'AMISOM étant souvent anglophones (Kenya, Ouganda).

    Économie

    Mogadiscio est le lieu d'échanges économiques informels importants. Le marché principal de Mogadiscio offre ainsi un grand nombre de produits, des produits alimentaires jusqu'aux gadgets électroniques les plus récents.

    La ville compte par ailleurs un certain nombre d'entreprises relativement importantes dans la région comme Hormuud Telecom (en) (téléphonie mobile) ou Jubba Airways (transport aérien).

    Transport

    La ville est reliée par le transport aérien avec l'aéroport international Aden Adde. Les compagnies Jubba Airways, Daallo Airlines, African Express Airways, Air Uganda, et Turkish Airlines, relient cet aéroport à d'autres villes notamment Djibouti, Istanbul, et Kampala.

    Mogadiscio est par ailleurs historiquement un port important. Sous le contrôle des Shebabs, il avait un revenu de deux millions de dollars américains par mois. Fin 2013, celui-ci est de six millions avec un trafic de 500 camions par jour[13].

    Éducation

    Université de Mogadiscio

    Mogadiscio est un centre éducatif en Somalie. S'y trouve notamment l’université de Mogadiscio[14], université non-étatique qui a réussi, malgré la guerre civile, à se développer et établir des partenariats avec d'autres universités dans le monde. L'université du Benadir a par ailleurs été fondée en 2002 dans l'objectif notamment de former des médecins[15].

    Culture

    La ville compte un certain nombre de médias, notamment la télévision nationale Somali National Television qui a recommencé à émettre en et la radio nationale Radio Mogadisho. S'y ajoutent également plusieurs radios privées comme Radio Shabelle (en) et Radio HornAfrik (en).

    Sports

    La ville compte un grand stade, le stade de Mogadiscio construit en 1956, disposant de 35 000 places et où se jouaient notamment des matchs de football. Cependant, depuis 1991, le stade sert de base militaire et change régulièrement d'occupant.

    Lieux de culte

    Parmi les lieux de culte, il y a principalement des mosquées musulmanes [16]. Il y a aussi des églises et des temples chrétiens : Diocèse de Mogadiscio (Église catholique), églises protestantes, églises évangéliques.

    Personnalités liées à la ville

    Notes et références

    1. « Recommandation concernant les noms d’États, d’habitants, de capitales, de sièges diplomatiques ou consulaires » [PDF], MINISTÈRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES,
    2. http://demographia.com/db-worldua.pdf
    3. Britannica, Mogadishu, britannica.com, USA, consulté le 28 juillet 2019
    4. Le Livre de Duarte Babosa de Duarte Barbosa compilé vers 1518 éditeur vedamsbooks
    5. Italian Mogadiscio (en)
    6. (en) Somalian 'ghost city' wracked by war- BBC News, 6 octobre 2008
    7. https://www.cia.gov/the-world-factbook/field/major-urban-areas-population
    8. (en) « AMISOM Military Component - AMISOM », sur AMISOM (consulté le ).
    9. (en) Inside Somalia's danger zone - BBC News, 5 octobre 2008
    10. RFI, « Somalie : les shebabs se retirent de Mogadiscio », sur rfi.fr, (consulté le ).
    11. Anne Andlauer, « La Turquie inaugure une base militaire en Somalie », RFI, (lire en ligne, consulté le ).
    12. http://unstats.un.org/unsd/demographic/products/dyb/dyb2009.htm
    13. Gaëlle Laleix, « Somalie: les prémices d’un développement économique », sur Radio France internationale, (consulté le )
    14. http://www.mogadishuuniversity.com
    15. http://www.benadiruniversity.net
    16. J. Gordon Melton, Martin Baumann, ‘‘Religions of the World: A Comprehensive Encyclopedia of Beliefs and Practices’’, ABC-CLIO, USA, 2010, p. 2663

    Voir aussi

    Bibliographie

    • Marc-Antoine Pérouse de Montclos, Villes en guerre en Somalie : Mogadiscio et Hargeisa, CEPED, Paris, 2000, 65 p. (ISBN 2-87762-127-8).
    • (en) Mogadishu rising ?: conflict and governance dynamics in the Somali capital, Saferworld, Londres, 2012, 27 p. (ISBN 978-1-904833-93-2).

    Filmographie

    Articles connexes

    Liens externes

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