Mine d'uranium Ranger

La mine d'uranium Ranger est une mine d'uranium située dans le parc national de Kakadu, à km à l'est de Jabiru230 km à l'est de Darwin) dans le Territoire du Nord en Australie. L'exploitation de cette mine dans un parc classé au patrimoine mondial est controversée en raison de son impact sur l'environnement. Après avoir extrait plus de 4 000 tonnes par an de concentrés d'oxyde d'uranium, la production de la mine est descendue à 2 000 tonnes en 2014, et l'exploitant envisage de l'arrêter en 2015[1].

L'usine de Ranger.

Histoire

Le minerai a été découvert en 1969, mais la mine n'a été mise en service qu'en 1980, l'usine associée atteignant sa pleine production d'oxyde d'uranium en 1981.
La mine et l'usine sont exploitées par "Energy Resources of Australia" (ERA), filiale à 68 % du groupe Rio Tinto.

L'uranium extrait à Ranger est vendu pour être utilisé dans les centrales nucléaires au Japon, en Corée du Sud, au Royaume-Uni, en France, en Espagne, en Allemagne, en Suède et aux États-Unis[2].

Le premier massif a fini d'être exploité à la fin de 1995, et un second site, dit « Ranger 2 » a commencé à être exploité en 1997, tous deux à ciel ouvert.

À la suite de la catastrophe de Fukushima en 2011, les cours de l'uranium chutent, ce qui diminue l'intérêt économique de l'exploitation de cette mine.

En , le projet d'exploiter un autre site, intitulé Ranger 3, est annulé, et la fermeture de la mine est envisagée[3].

Procédé industriel d'extraction

Le minerai est d'abord concassé en poudre fine puis lessivé par de l'acide sulfurique. La solution est ensuite séparée des résidus solides puis l'uranium est ensuite extrait par des solutions de kérosène avec des amines comme solvant. Le solvant est ensuite enlevé avec une solution de sulfate d'ammonium et d'ammoniac gazeux. Le diuranate d'ammonium est ensuite précipité par augmentation de pH et le précipité est concentré par centrifugation puis séché et transformé en oxyde d'uranium (U3O8) dans un four[2].

Au début de 2006, ERA a annoncé un agrandissement de son usine avec un nouveau procédé de transformation qui permettra d'exploiter des minerais à plus faible concentration en uranium. Ce procédé permet de produire 4000 tonnes de concentré d'oxyde d'uranium par an de 2008 à 2014[4].

Environnement

Le site est source de poussières légèrement radioactives, de rejets dans le milieu superficiel et d'une production de déchets légèrement radioactifs. Les stériles contiennent des substances indésirables et écotoxiques pouvant être érodées et emportée par l'eau. Des mesures et recherches[5] faites sur les crassiers de la mine d'uranium Ranger (Australie) ont en effet montré que les terrils de roche non gérés étaient 10 à 100 fois plus sensibles à l'érosion que les versants adjacents naturel locaux constitués du même matériau. SJ Riley (de l'ERISS[6]) précise que « les matières limoneuses et argileuses sont les premières à être érodées, et il y a de solides preuves qu'il n'existe pas de seuil bas en dessus duquel l'érosion n'existe pas et que même le plus petit des flux d'eau traversant un crassier de stériles peut l'éroder et transporter certains matériaux »[5]. La surface érodable d'un terril et l'élimination préférentielle des particules fines limono-argileux peuvent dégrader les écosystèmes à la fois sur le terril et en aval de ses pentes. Une végétalisation gérée peut fortement limiter ces risques[5]. Des enjeux de stabilité existent aussi pour les bords de mines ouvertes et les plateforme et voies constituées de stériles[7].

Le milieu aquatique (billabongs qui sont des bras morts restant en eau en saison sèche et la rivière Magela drainant le bassin où est situé la mine d'uranium Ranger fait l'objet depuis 2001 d'un suivi avec biomonitoring[8]. Les chercheurs ont à cette occasion constaté une bioconcentration importante du radium par une espèce locale de moule d'eau douce (Velesunio angasi). Cette moule qui était la plus contaminée à environ 20 km en aval de la mine concentre le radium diffusé avec l'eau. Le radium semble prendre la place du calcium dans l'organisme de la moule, d'autant plus que le calcium est rare dans le milieu et moins quand il est abondant. Une modélisation a été faite sur la base des données disponible, qui laisse penser que le radium a une « demi-vie biologique » longue, estimée à environ 13 ans pour cette espèce. Les moules du bassin versant du ruisseau Magela se sont montrées capables de bioconcentrer le radium à raison de 30 000 à 60 000 fois la teneur du milieu (dans leur chair, mais du radium pourrait aussi être accumulé dans les coquilles)[8].

À l'occasion d'une prolifération d' Eleocharis dulcis dans un bassin de lagunage industriel, visant à épurer des effluents de l'usine et de la mine, des chercheurs (étude[9] publiée en 2004) ont montré que cette plante bioaccumulait lentement mais efficacement de l'uranium dans ses racines et rhizomes après l'avoir capté dans l'eau.

Références

  1. (en) « ERA cans Ranger uranium mine in Kakadu », sur http://www.theaustralian.com.au/, (consulté le )
  2. (en)« Ranger », Australia's Uranium Mines, Uranium Information Centre, (consulté le )
  3. (en) « Ranger 3 Deeps cancellation should spell end for uranium mining in Kakadu », sur http://www.acfonline.org.au/, (consulté le )
  4. « ERA APPROVES LATERITE PROCESSING PLANT », ASX announcement, Energy Resources of Australia, (consulté le )
  5. SJ Riley, Aspects of the differences in the erodibility of the waste rock dump and natural surfaces, Ranger Uraniumn mine, Northern Territory, Australia ; Applied Geography Volume 15, Issue 4, October 1995, Pages 309-323 doi:10.1016/0143-6228(95)00014-U (résumé)
  6. ERISS : Environmental Research Institute of the Supervising Scientist
  7. S. J. Riley, Geomechanics abstract Excavations Groundwater problems and environmental effects Issues in assessing the long-term stability of engineered landforms at Ranger Uranium Mine, Northern Territory, Australia International Journal of Rock Mechanics and Mining Sciences & Geomechanics Abstracts Volume 33, Issue 6, September 1996, Pages A285 doi:10.1016/0148-9062(96)82030-4 ; Journal & Proceedings — Royal Society of New South Wales, 128(3–4), 1995, pp 67–78
  8. Andreas Bollhöfer, Jenny Brazier, Chris Humphrey, Bruce Ryan, Andrew Esparon, A study of radium bioaccumulation in freshwater mussels, Velesunio angasi, in the Magela Creek catchment, Northern Territory, Australia  ; Journal of Environmental Radioactivity Volume 102, Issue 10, October 2011, Pages 964-974 South Pacific Environmental Radioactivity Association: 2008 conference doi:10.1016/j.jenvrad.2010.04.001 (Résumé)
  9. Robyn A. Overall, David L. Parry, The uptake of uranium by Eleocharis dulcis (Chinese water chestnut) in the Ranger Uranium Mine constructed wetland filter, Environmental Pollution, Volume 132, Issue 2, November 2004, Pages 307-320 ([résumé])

Liens externes

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