Maxime Cervulle

Maxime Cervulle, né en 1983[1], est maître de conférences en Sciences de l’information et de la communication à l'Université de ParisVIII Vincennes - Saint-Denis.

Biographie

Maxime Cervulle est également co-directeur du Centre d’études sur les médias, les technologies et l’internationalisation (CEMTI), co-directeur de la Mention de Master Culture et communication, responsable du parcours de Master « Médias et rapports sociaux de classe, race, genre » et membre du Conseil scientifique du GIS Institut du Genre[2]. Son thème de recherche principal est les Cultural Studies.

Il co-organise, en 2008, le premier Festival international du film porno de Paris, l'objectif est de remettre des films pornos dans les salles de cinéma et donc dans l'espace public en montrant des films qui cassent les clichés du film porno. La majorité des films proposés se mettent du point de vue des femmes et sont réalisés par des femmes[3]

« Homo exoticus »

Son premier ouvrage Homo exoticus écrit avec Nick Rees-Roberts (en) propose une analyse critique des conflictualités de classe, de race et de sexualité dans la culture visuelle gay, elle s'inscrit dans les cultural studies et des théories queer[4]. Il est considéré, d'après le site web de l'université de Bristol, comme la première publication académique en français à combiner la théorie queer avec le commentaire postcolonial[5]. Les auteurs livrent dans cet ouvrage une analyse, non exhaustive, des politiques et des représentations gay en France, marquées par une volonté assimilationniste et l’universalisme républicain. Mais ces politiques ignorent les enjeux de classe et de race qu’implique la lutte pour l’égalité, elles finissent par rejeter à la périphérie les groupes ethniques et les minorités sexuelles[4]. Ils situent l'« Homo exotique » dans le cadre d'une réponse critique à l'hostilité ouverte du gouvernement Sarkozy envers les immigrés et aux incertitudes postcoloniales plus larges[5]. Un gouvernement marqué par l'affaire Frédéric Mitterrand, ministre de la culture accusé de pédophilie en 2009, après avoir raconté ses rencontres avec de jeunes garçons thaïlandais dans un livre autofictionnel : La mauvaise vie. Le livre de Maxime Cervulle s'ouvre sur l'analyse de cette affaire[4]. Ils analysent les représentations et les discours la pornographie gay française ou du cinéma d'auteur, comme celui de Gaël Morel ou de François Ozon, qui font des corps de l’ouvrier maghrébin ou du jeune de banlieue un objet de fantasmes et d’excitation[4]. Le cinéma d'auteur ou pornographique démontre la place centrale des rapports sociaux de race et de classe dans la fabrique des fantasmes[6]. Ils dénoncent la prédilection pour le garçon arabe chez les gays[5] qu'ils qualifient d'érotisme postcolonial[6], qui contraste avec la vie gay en France qui exclut clairement les sans-papiers et les étrangers[7]. Maxime Cervulle reprend le concept d'homonationalisme, développé par la théoricienne queer américaine Jasbir Puar, pour analyser le comportement occidental qui cherche à imposer ces valeurs à des pays jugés homophobes en développant parfois des discours racistes ou xénophobes. Il s'exprime à ce sujet après la polémique de l'affiche de la marche LGBT de 2011 ou encore au sujet d'un débat sur Pink TV posant la question : faut-il boycotter les pays homophobes ?[7]. Il défend le droit à d'autres formes de sexualité et d'identité que celle du consommateur gay occidental[8]. Il a traduit un ouvrage de Jasbir Puar qui aborde la question de l'homonationalisme aux Etats-Unis dans le contexte d'après 11 septembre.

La « blanchité »

Il est un des premiers à avoir importé et expliqué le terme de privilège blanc dans son livre Dans le blanc des yeux publié en 2013[9],[10]. Il explique qu'il est aujourd’hui employé comme un outil d’éducation à l’antiracisme[11]. Il utilise et défend la notion émergente de « blanchité » qui permet de parler de la façon de se dire ou d’être perçu comme blanc a été investi d’un rapport de pouvoir quand le terme blancheur renvoie à une simple propriété chromatique[12]. Cette notion provient des whiteness studies qui se sont développées dès les années 80 aux Etats-Unis[12]. L'auteur part de l'analyse de Toni Morrison montrant la formation littéraire d'une « identité blanche imaginaire » présentée comme neutre et universelle[13] et dénonce le déni politique de l'existence des Blancs comme groupe social dominant, à l'image de la phrase type : « Je ne suis pas raciste car je ne vois pas les couleures »[14]. Pour l'auteur, c'est en interrogeant la notion de « diversité » au cinéma et à la télévision qu'il en est venu à donner une place centrale à la question de la blanchité dans ses travaux[15]. Il est l'auteur d'une thèse, qu'il soutiendra en 2011 à l'université Panthéon-Sorbonne[3] sous la direction de Bernard Darras, elle porte sur le cinéma et les questions de représentations raciales[16],[17].

Il déclare qu'il y a urgence à évaluer le degré de racialisation effective de la société française[18]. Cette nécessité est liée, entre autres, à la présence de lacunes dans la bibliographie[18]'. Ainsi, il participe activement à la traduction d'ouvrages universitaires en lien avec les questions raciales et plus largement en lien avec les Cultural studies qu'il considère également être en « carence » de traduction[19].

Publications

Pour une liste de ses publications plus complète voir le site du CEMTI[20].

Ouvrages

  • Maxime Cervulle et Nick Rees-Roberts (en), Homo exoticus. Race, classe et critique queer, Armand Collin et Ina éditions, 2010.
  • Maxime Cervulle, Dans le blanc des yeux, Diversité, raciscme et médias, Amsterdam, 2013.
  • Maxime Cervulle et Nelly Quemener, Cultural Studies, Théories et méthodes, Armand Collin, 2015.

Ouvrages collectifs

  • Collectif, Penser à gauche, Figures de la pensée critique aujourd'hui, Amsterdam, 2011
  • Anne Isabelle François (dir.), Maxime Cervulle (dir.) et Patrick Farges (dir.), Marges du masculin : exotisation, déplacements, recentrements, L'Harmattan, coll. "Identités, Genres, Sexualités", 2015.
  • Maxime Cervulle et Nelly Quemener, Queer, dans Juliette Rennes (dir.) Encyclopédie critique du genre, La découverte, 2016.
  • Maxime Cervulle (dir.), Nelly Quemener (dir.), Florian Voros (dir.), Matérialismes, culture & communication, Tome 2, Cultural studies, théories féministes et décoloniales, Presses des Mines, 2016.
  • Stuart Hall, Maxime Cervulle (dir.), Identités et cultures 1, Politiques des Cultural Studies, trad. Christophe Jaquet, Amsterdam, 2017.
  • Stuart Hall, Maxime Cervulle (dir.), Identités et cultures 2, Politique des différences, trad. Florian Vörös et Aurélien Blanchard, Amsterdam, 2019.
  • Maxime Cervulle, dans Malek Bouyahia (dir.), Franck Freitas-Ekué (dir.) et Karima Ramdani (dir.), Penser avec Stuart Hall, La dispute, 2021

Traductions

  • Eve Kosofsky Sedgwick, Épistémologie du placard (1990), trad. : Maxime Cervulle, Amsterdam, 2008.
  • Terkel Studs, Race. Histoires orales d’une obsession américaine, trad. : de Maxime Cervulle, Myriam Dennehy et Christophe Jaquet, Amsterdam, 2010.
  • Jasbir K. Puar, Homonationalisme, Politique Queer aprés le 11 septembre, trad. : Maxime Cervulle et Judy Minx, Amsterdam, 2012.
  • Raewyn Connell, Meoïn Hagège (dir.) et Arthur Vuattoux (dir.), Masculinités, Enjeux sociaux de l'hégémonie, trad. : Claire Richard, Clémence Garrot, Florian Vörös, Marion Duval et Maxime Cervulle, Amsterdam, 2014.
  • Florian Vörös (dir.), Cultures pornographiques, Anthologie des porn studies, trad : Maxime Cervulle, Marion Duval, Clémence Garrot, Lee Lebel-Canto, Fred Pailler et Nelly Quemener, Amsterdam, 2015.
  • Judith Butler, Défaire le genre, trad. Maxime Cervulle, Amsterdam, 2016.

Autres

  • Robin DiAngelo, préface de Maxime Cervulle, Fragilité blanche, Ce racisme que les Blancs ne voient pas, trad. : Bérengère Viennot, Les Arènes, 2020.

Notes et références

  1. « Catalogue SUDOC » (consulté le )
  2. « Un Haut Conseil à l’égalité entre femmes et hommes… à la composition sexiste ! », Libération, , p.26 (lire en ligne).
  3. « « Casser les clichés du film X » », Le Parisien, (lire en ligne).
  4. Nelly Quemener, « Homo Exoticus », Genre, sexualité & société, (lire en ligne)
  5. (en) Aliya Mughal, « French attitudes to race and homosexuality tackled in new book », sur bristol.ac.uk, (consulté le )
  6. Florian Bardou, «Je pensais que le milieu gay serait épargné par le racisme. J’ai vite déchanté», sur slate.fr, (consulté le )
  7. Jean Birnbaum, « Le nouveau nationalisme est-il gay ? », Le monde, (lire en ligne)
  8. Eric Loret, « Interview: «On assiste depuis plusieurs années à une véritable exotisation de l’homophobie» », Libération, (lire en ligne)
  9. Aude Lorriaux, « C’est quoi la « blanchité » ? », 20 minutes, (lire en ligne)
  10. « Maxime Cervulle : biographie, actualités et émissions France Culture », sur France Culture (consulté le )
  11. Simon Blin, « Y a-t-il un «privilège blanc» ? », Libération, , p. 19 (lire en ligne)
  12. Sonya Faure, « « Whiteness studies » Il était une fois les Blancs… », Libération, , p.18 (lire en ligne)
  13. Juliette Cerf, « Le “racisme anti-Blancs” serait-il une notion piège ? », Télérama, (lire en ligne)
  14. Florian Vörös, Désirer comme un homme, La Découverte, (ISBN 978-2-348-04539-4), p. 18
  15. Frantz Durupt, « A l’EHESS, réflexions sur la question «blanche» », Libération web, (lire en ligne)
  16. « Maxime Cervulle », sur R22.fr (consulté le )
  17. « L'écran blanc », sur SUDOC
  18. Sonya Faure, « « Whiteness studies » | Interview Maxime Cervulle : « Etudier les avantages que confère le fait d’être perçu comme blanc » », Libération, , p.18 (lire en ligne)
  19. Maxime Cervulle et Nelly Quemener, Cultural Studies, Paris, Armand Collin, , p. 138-139
  20. « Chercheurs Permanants, Maxime Cervulle », sur CEMTI (consulté le )

Liens externes

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