Maurice Legendre (historien)

Maurice Legendre, né à Paris le et mort à Madrid le , est un intellectuel catholique et un hispaniste français qui fut directeur de la Casa de Velázquez, centre culturel français à Madrid.

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Biographie

Maurice Legendre, 1864

Maurice Legendre est issu d'une famille assez aisée et d'origine beauceronne et auvergnate commerçant en dentelles et broderies[1]. Il fit ses études secondaires au lycée Michelet et Henri IV puis fut reçu à l'École normale supérieure à Paris en 1900 dans la promotion littéraire concours "Ulm"[2] au sein duquel il côtoyait Jacques Chevalier, Pierre-Maurice Masson, Paul Hazard. En 1904 il obtient l’agrégation d'histoire et de géographie, il se lança alors dans le journalisme chrétien en contact d’ecclésiastiques chrétiens : Guillaume Pouget, Fernand Portal ou des laïcs tels que Bergson ou Henri Lorin. Un ami M. Jacques Chevalier lui prêta l'Idearium de Ganivet. Geste décisif, non pour la vocation de Maurice Legendre elle était déjà éclose, mais pour l'orientation si particulière qui allait être la sienne, surtout au début. Ganivet le mena à Unamuno, Unamuno l'attira à Salamanque, et Salamanque à son tour le conduisit à la Alberca, aux Batuecas, à las Jurdes, et à cette Peña de Francia qui lui apparaissait comme le symbole de l'amitié franco-espagnole.

L’Académie française lui décerne le prix Bordin en 1924 et le prix Vitet en 1930

Intérêt pour l'Espagne

À l'été 1909, Legendre a été invité par le dominicain Père Matías à connaitre le sanctuaire de la Peña de Francia ou Rocher de la France (province de Salamanque), qui l'a initialement attiré par son nom (qui fait référence à la France), la raison de cet homonyme serait l'apparition de la Vierge au Français Simon Vela, au Moyen Âge dans la grotte "de la Peña de Francia" pour lui révéler une ancienne image miraculeuse. Deux ans plus tard, le , accompagné de Jacques Chevalier, Legendre écrit dans l'album du sanctuaire cette phrase qui exprime son désir de paix entre la France et l'Espagne : « Avec toute la confiance que me donne la prière déjà exaucée, je prie la Vierge de la Peña qu'elle me permette de revenir souvent encore à son sanctuaire, et d'en indiquer la voie à de nombreux amis français ; car c'est ici que les cœurs espagnols et français peuvent le mieux fraterniser dans le christianisme. »[3]

Durant l'été 1913, guidé par un analphabète le Tio Ignatio un solide muletier de La Alberca ; en plus du Rocher, il a visité la contrée de la région des Hurdes en compagnie de Jacques Chevalier, Severino Aznar et Miguel de Unamuno[4]. Depuis lors, Legendre a fait une campagne visant à attirer l'attention de l'opinion publique sur la question de la région des Hurdes en dénonçant son abandon historique et sa situation pénible. Legendre est mobilisé en comme commandant d'une batterie d'infanterie pour combattre l'armée allemande au front de la Champagne.

En , Legendre est invité et accompagné de son ami Miguel de Unamuno pour un voyage à travers la région, ce voyage a amené à préparer la Commission sanitaire présidé par son ami, le Dr Gregorio Marañón. Cette commission a permis d'appuyer la venu de Alfonso XIII, dans la région des Hurdes en juin de la même année, qui a donné naissance en 1933 au documentaire de Luis Buñuel Las Hurdes, Terre sans pain.

Il enseigna quelque temps la philosophie au Lycée Français de Madrid[5]. Il avait élaboré toute une interprétation de l'histoire à fondement théologique dont les bases pouvaient ne pas être acceptées par tous, mais qui ne manquait ni de force ni de valeur et qui méritait considération[6].

Tout au long de sa vie, Legendre a continué à s'intéresser au problème de la région de Hurdes, et y a par ailleurs consacré sa thèse de doctorat à l'Université de Bordeaux (Les Jurdes : Étude de géographie humaine, 1927[7]). Il a encouragé beaucoup de Français d'idéologies différentes à s'intéresser à l'histoire espagnole et sa culture, comme fut le cas de Pierre Vilar, de sorte qu'il peut être considéré comme l'un des initiateurs de l'hispanisme. Pour cette raison, il a été décoré de la Croix de Commandeur de l'ordre d'Alphonse XII.

En 1934, pour marquer le cinq cents anniversaire de la découverte de l'image, Maurice Legendre a organisé un pèlerinage officiel français, au sanctuaire de la Vierge de la Peña de Francia. Après la guerre civile, dans laquelle il a montré ses sympathies pour le camp des vainqueurs (Nouvelle histoire d'Espagne, 1938) et avec plus de motivation après la Deuxième Guerre mondiale (Semblanza de l'Espagne, 1944), il a bénéficié de la coopération des autorités franquistes, au milieu de l'isolement international, qui trouvaient sa proximité très utile à un intellectuel européen catholique (Notre Dame de France en Espagne, 1945). Cette même année, il a organisé un pèlerinage international de prière pour la paix mondiale. Maurice Legendre a remporté le Prix Blumenthal en 1954.

Legendre est mort le et ses restes ont été transférés et enterrés dans la nef de l'église du Sanctuaire de Notre-Dame du Rocher de France le .

Honneurs

Distinctions

  • Croix de Commandeur de l'ordre d'Alphonse XII
  • Chevalier de la Légion d'honneur à titre militaire pour la guerre 1914-1918, le
  • Officier de la légion d'honneur par décret du [8]

Hommages

Nommé fils adoptif de La Alberca, Maurice Legendre a un buste le représentant dans cette ville de la province de Salamanque, il a été sculpté par González Macías et inauguré le [9],[10].

Par ailleurs, une rue porte son nom à Madrid : "Calle Mauricio Legendre" dans le nord de Madrid à côté de la gare de Madrid-Chamartín-Clara Campoamor [11].

Œuvres

  • Le catholicisme et la société par l'abbé Lucien Laberthonnière, avec la participation de Jacques Chevalier, et de Maurice Legendre. Paris : V. Giard et Brière, 1907.
  • Le problème de l'éducation, Paris : Bloud & Gay, 1911.
  • La guerre prochaine et la mission de la France, Paris : M. Rivière et Cie, 1913.
  • La Guerre et la vie de l'esprit, Paris : Bloud et Gay, 1918.
  • La Paix prochaine et la Mission des Alliés, Paris : Bloud et Gay, 1918.
  • Las Jurdes: étude de géographie humaine, Bordeaux : Féret et fils, 1927. (Plusieurs éditions).
  • La Casa Velázquez. Paris : L'Artisan du Livre , 1928.
  • Sainte Therese d'Avila. Marseille : Éditions Publiroc, 1929.
  • Littérature espagnole. Paris : Bloud & Gay, 1930.
  • En Espagne. Paris : Hartmann , 1935. (Plusieurs éditions).
  • Nouvelle histoire d'Espagne. Paris : Éditions Hachette, 1938.
  • Notre Dame de France en Espagne. Madrid, 1945.

Préfacier

  • Antoine-Augustin Cournot, Consideraciones sobre la marcha de las ideas y de los acontecimientos en los tiempos modernos. [Considérations sur la marche des idées et des événements dans les temps modernes.] Traduction de Juan Domínguez Berrueta. Introduction de M. Legendre. Publication : Madrid, Editora nacional, 1942-1947.
  • Henri Chandebois, Portrait de saint Jean de la Croix, préface de Maurice Legendre. Publication : Paris, Grasset, 1947.
  • Joseph Henri, Silhouettes et esprit de saint Vincent de Paul. Présentation de Maurice Legendre. Publication : Madrid : impr. Orrier, 1954.

Notes et références

Annexes

Bibliographie

  • Josefina Gómez Mendoza, Maurice Legendre (1878-1955), militant catholique de l’hispanisme et premier géographe de Las Hurdes, Terre sans pain, in Pascal Clerc (dir.), Marie-Claire Robic (dir.), Des géographes hors-les-murs ? Itinéraires dans un Monde en mouvement (1900-1940), L'Harmattan, 2015, p. 183-226 (ISBN 978-2-343-07227-2)(lire en ligne)

Article connexe

Liens externes

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