Maurice Bunau-Varilla

Maurice Jules Bunau-Varilla, né le à Paris[1] et mort le , était un homme d'affaires et un patron de presse français, directeur du Matin, devenu un journal collaborationniste et antisémite pendant l'occupation allemande.

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Biographie

Il crée avec son frère Philippe une société chargée de relancer le canal de Panama, faisant fortune à l'occasion du scandale dans lequel il est impliqué[2]. Il investit ensuite dans le quotidien Le Matin dont il devient actionnaire majoritaire. Il entre au conseil d’administration du journal le , puis en devint le président le .

Grâce à une stratégie qui s'appuie sur la publicité, le tirage du Matin passe de 285 000 exemplaires en 1902 à 1 million d'exemplaires en 1913. À la tête du journal, Bunau-Varilla soutient une ligne politique qui évolue en fonction de ses intérêts personnels. Radical et laïc, il s'oriente vers le nationalisme et l'anti-parlementarisme. Sa maquette met en valeur les titres accrocheurs et les articles agressifs. En 1917, le journal atteint 1,6 million d’exemplaires[réf. nécessaire]. Soutenant Raymond Poincaré[2], il s'oppose à Clemenceau et soutient les régimes totalitaires qui apparaissent en Europe[réf. nécessaire].

Ses ventes diminuent alors de manière spectaculaire. Entre 1918 et 1939, elles passent de plus d'un million à moins de 320 000 exemplaires. Bunau-Varilla poursuit cependant la même ligne politique, tandis qu'il ne cesse de promouvoir, depuis le début des années 1920, le Synthol, érigé en « remède-miracle » [2]. Il attaque le Front populaire et le gouvernement Daladier, approuve les ligues d’extrême droite, l’Italie fasciste et témoigne progressivement de sa sympathie à l'égard du régime de Hitler.

Après la défaite de juin 1940, Bunau-Varilla et son journal deviennent collaborationnistes. Il meurt le . Le Matin cesse de paraître le 17 du même mois. Impliqué dans la politique éditoriale du journal, Guy Bunau-Varilla, fils et associé de Maurice Bunau-Varilla, est condamné aux travaux forcés à perpétuité en .

Il avait épousé Sonia de Brunhoff, fille naturelle de Moritz von Haber et d'Ida de Brunhoff, sœur d'Ida (épouse de Philippe Bunau-Varilla) et de l'éditeur Maurice de Brunhoff (père de Michel et Jean de Brunhoff).

À la veille de la Seconde Guerre mondiale, Maurice Bunau-Varilla manifeste de forts sentiments pro-hitlériens. En témoignent quelques lignes reproduites à la page 74 de Mon journal après la Libération, de Jean Galtier-Boissière, patron du Crapouillot. Dans une lettre retrouvée par les rédacteurs du Populaire, Bunau-Varilla écrivait : "Aujourd'hui, de plus en plus persuadé que je suis de l'avenir heureux de la France grâce à votre grand Führer, je sens que l'année qui vient verra apparaître une démonstration effective de la vie heureuse des peuples de l'Europe nouvelle." Galtier-Boissière ironise en disant que l'occupant trouvait que Bunau-Varilla "affichait ses sentiments pro-allemands de façon trop prononcée" et qu'il était "plus hitlérien qu'Hitler".

Sources

  • Les papiers personnels de Maurice Bunau-Varilla sont conservés aux Archives nationales sous la cote 18AR : Inventaire du fonds 18AR
  • Magali Lacousse, Les Sources d’archives relatives aux journaux et aux journalistes dans les fonds d’archives privées (séries AB XIX, AP, AQ, AR, AS) XVIIIe-XXe siècles, p. 24, IV. Les Journalistes dans la série AR (Archives de presse) [3]
  • Claude Bellanger, Jacques Godechot, Pierre Guiral, Fernand Terrou (dir.), Histoire générale de la presse française, Paris, Presses universitaires de France, 1969, tomes 3-4.

Notes et références

  1. Archives de Paris, fichier de l'état-civil reconstitué.
  2. Dominique Pinsolle, Le Synthol, moteur de l’histoire..., Le Monde diplomatique, août 2009

Liens externes

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