Mary Ainsworth

Mary D. Salter Ainsworth (Glendale (Ohio), - Charlottesville (Virginie) ) est une psychologue du développement qui a joué un rôle important dans la théorie de l'attachement. Grâce à son expérience, la strange situation situation étrange »), elle a mis en évidence différents types d'attachements, qui sont le type sécure, type d'attachement optimal, et les types insécures ambivalents et évitants (fuyants).

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Biographie

Mary Ainsworth fait ses études de psychologie à l'université de Toronto[1], où elle obtient sa licence en 1935, son master en 1936 et son doctorat en 1939. Elle est professeure de psychologie à l'université de Toronto, puis à l'université de Virginie.

Elle figure sur la liste des cent principaux psychologues du XXe siècle, établie en 2002 par la Review of General Psychology (en), à la 97e place[2]

La Strange Situation

Cette expérience se fait avec un bébé, son pourvoyeur de soin (la personne à s'être occupé le plus de lui ), et un adulte inconnu, et comporte cinq parties principales :

  1. le bébé est en présence de son pourvoyeur de soins,
  2. le bébé, son pourvoyeur de soins, et l'adulte qui parlent ensemble
  3. le bébé, son pourvoyeur de soins et l'adulte qui s'intéresse à l'enfant
  4. le bébé avec l'adulte seul
  5. le bébé, avec le retour du pourvoyeur de soins, et le départ de l'adulte.

Elle étudie les capacités d'attachement et de séparation[3] à travers l'existence ou non des signes d'inquiétude, d'alarme, de tristesse. L'expérience n'est pas prolongée très longtemps, mais elle est renouvelée, et à la deuxième séparation les réactions du bébé sont encore plus parlantes. Dans la population globale on remarque 5 % d'enfants montrant un type d'attachement désorganisé, à risque de vulnérabilité psychique.

Les pleurs du nourrisson

Cette expérience étudie la manière dont le bébé évolue dans les premiers mois en fonction de l'attention que lui porte son pourvoyeur de soins, ou parent nourricier, ici la mère[4]. Il a été démontré depuis que ce lien peut se développer avec n'importe quel adulte, dès lors qu'il remplit la définition donnée du "caregiver", le pourvoyeur de soin ou "primary nurturing parent", parent nourricier principal[5]. 26 couples mère-bébé sont visités toutes les trois semaines pendant quatre heures.

Le premier constat est que les pleurs des bébés sont imprévisibles : qu'il y en ait peu ou beaucoup ne permet pas de prévoir comment il pleurera plus tard. par contre, l'attitude des pourvoyeurs de soins est très prévisible : celles qui répondent vite et souvent aux pleurs continuent à le faire.

Le second constat est qu'il n'y a pas de lien entre la réactivité du pourvoyeur de soins et la fréquence des pleurs pendant les six premiers mois. Par la suite, plus le bébé pleure, moins son pourvoyeur de soins répond. Plus encore, le parent nourricier qui agit selon le précepte « qu'il faut laisser le bébé pleurer sinon il sera trop gâté » favorise les pleurs de leurs bébés, au lieu de les diminuer.

Aucun changement n'est notable lors du premier trimestre. Mais le reste de l'année, les bébés dont les pleurs ont suscité une réaction rapide du parent nourricier ont non seulement développé une très large gamme de nouveaux moyens de communication (mimiques, vocalisation, mouvements…) mais la fréquence et la durée des pleurs se sont considérablement réduites. Cela revient à dire que laisser pleurer un bébé pour réduire ses pleurs est contre-productif[6].

Faute de réponse au principal moyen de communication du bébé lors des premiers mois, celui-ci a de plus grande difficulté à élaborer d'autres moyens de communication. L'auteur conclut que la réponse aux pleurs du bébé (c'est-à-dire son mode de communication primitif) est déterminant pour le développement de mode de communication plus raffinés.

Ce résultat est tout à fait cohérent avec les observations de René Spitz sur les bébés victimes d'hospitalisme.

Distinctions

Références

  1. (en) Lisa Held, « Mary Ainsworth - Psychology's Feminist Voices », sur www.feministvoices.com (consulté le )
  2. (en) Steven J. Haggbloom, Renee et al., Jason E. Warnick, Vinessa K. Jones, Gary L. Yarbrough, Tenea M. Russell, Chris M. Borecky, Reagan McGahhey et John L., III Powell, « The 100 most eminent psychologists of the 20th century », Review of General Psychology, vol. 6, no 2, , p. 139–152 (DOI 10.1037/1089-2680.6.2.139, lire en ligne)
  3. (en-GB) « Traumatic Separation and Attachment Style », sur Psychology Today (consulté le )
  4. Ainsworth et Bell, 1974
  5. Dr Nicole Guedeney, « Fiche n°13 de la revue bibliographique de l'ONPE, extrait du livre "L'attachement, un lien vital" », sur Observatoire National de la Protection de l'Enfance,
  6. (en) Nick ravo, « Mary Ainsworth, 85, Theorist On Mother-Infant Attachment », NYT, (lire en ligne, consulté le )
  7. « Mary D. Salter Ainsworth », Women's Intellectual Contributions to the Study of Mind and Society, sur faculty.webster.edu [lire en ligne]

Voir aussi

Bibliographie

  • Inge Bretherton, « Mary Ainsworth: Insightful Observer and Courageous Theoretician », chap.19, in Gregory A. Kimble & Michael Wertheimer, Portraits of Pioneers in Psychology, vol.5, American Psychological Association, 2003 (ISBN 978-1-59147-017-5).

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