Marie-Anne de Bovet

Marie-Anne de Bovet, née Anne Marie Bovet à Metz le [1], est une femme de lettres française féministe et patriote.

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Biographie

Fille du général de Bovet, sa ville natale est rattachée à l’Empire allemand en 1871 par le traité de Francfort après la guerre franco-prussienne. Marie-Anne a alors 16 ans.

Elle épouse en Paul Sébastien Guy des Champs de Boishébert[2] et continue d’écrire sous son nom Marie Anne de Bovet[3],[4].

Elle commence en 1889 par publier des récits de voyage. Elle participe enfin à plusieurs revues et journaux français et anglais et donne des traductions d’ouvrages anglais. Elle est donc parfaitement bilingue.

Dès 1888, Marie Anne de Bovet fréquente le salon de Juliette Adam et entre ainsi à La Nouvelle Revue où elle s’exerce à la critique littéraire. Elle voyage ensuite en Irlande pour le compte de La République Française, journal de Gambetta, qui a été un proche de Juliette Adam. Elle écrit également beaucoup pour La Vie parisienne, qui se fait une spécialité des tableaux de mœurs et des différentes modes en cours à Paris et ailleurs.

On peut noter sa participation au journal féministe[5] La Fronde, fondée en 1887 par Marguerite Durand, où elle écrit régulièrement des articles, parmi lesquels « Ménagère ou Courtisane » du , où elle s’en prend à Maupassant et Proudhon pour leurs discours sur les femmes, et « L’Éternel Féminin » du , où elle conteste justement cette notion, et rejette la catégorisation des femmes. Marie-Anne de Bovet proteste ainsi contre les préjugés misogynes et défend l’intelligence féminine.

« Qu’on laisse ainsi les femmes ordonner leur vie à leur guise et à leurs risques, le plus honnêtement possible. Quand on aura démontré que le métier de portefaix convient mieux à l’homme, inapte par contre à celui de nourrice, on a découvert l’Amérique. […] Quant à la valeur intellectuelle, elle se jauge à une mesure unique. Si ce qu’une femme écrit est bon, on le lit, sinon on le laisse. C’est une épreuve très sûre, qui épargne bien des flots d’encre et de lieux communs »[6]

Durant l’affaire Dreyfus, elle se positionne au côté des nationalistes et écrit le dans La Libre Parole, journal fortement antisémite, un article intitulé « Aux braves gens » en soutien à la veuve du lieutenant-colonel Henry, auteur des faux. Elle y lance un appel pour une souscription qui doit permettre à cette veuve de poursuivre en diffamation les accusateurs de son mari. En effet, Marie-Anne de Bovet se montre très prompte à défendre le sentiment patriotique et surtout la grandeur de l’armée.

« Et c’est très beau, cette fraternité d’armes qu’enveloppent les plis d’un drapeau dont tous, à titre égal, sont les défenseurs, tous versant leur sang pour lui quand il le leur commande, celui qui a tout à perdre comme celui qui n’a presque rien à y gagner, les trous à la peau pansés d’un bout de ruban ou de galon qui, aux uns de donne que la gloire, aux autres à peine un peu de beurre sur leur pain »[7]

Grande voyageuse, on peut remarquer qu’elle écrit essentiellement sur l’Irlande (elle y consacre trois ouvrages) et sur l’Algérie à la fin de sa vie, mais elle visite également l’Écosse, la Grèce et la Pologne.

Ainsi, si aujourd’hui elle est largement oubliée, elle fait partie du monde des salons, de la vie mondaine et de la littérature populaire de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle. De 1893 à 1930, elle aura publié pas moins de 35 romans, outre ses autres ouvrages.

En 1936, les journaux relatent la vente du mobilier et de la bibliothèque de sa maison de Gien, contenant de nombreux ouvrages dédicacés, vente qu'elle organise elle-même[8]. La date de son décès est inconnue.

Elle est aussi martiniste, Supérieur Inconnu[9].

Les deux ouvrages consultables sur Gallica indiquent sur la couverture "Marie Anne" sans tiret.

Metz, sa ville natale, a rendu hommage à son talent en nommant une rue du Quartier du Sablon en son honneur.

Œuvre

Récits de voyage
  • Lettres d’Irlande, Paris, Guillaumin et Cie, 1889
  • Trois mois en Irlande, article illustré extrait du Tour du Monde, Hachette, 1891[10]
  • La Jeune Grèce, Société française d’édition d’art L.-H. May, 1897 - Prix Kastner-Boursault de l'Académie française. Texte en ligne
  • L’Écosse. Souvenirs et impressions de voyage, Hachette, 1898
  • Cracovie, H. Laurens, Paris, 1910
  • L’Algérie, E. de Boccard, Paris, 1920 - Prix Montyon de l'Académie française.
  • Alger-Djelfa, Laghouat-Ghardaïa et l’Heptapole de M’Zab, Imprimerie Algérienne, 1924
  • De Paris aux dunes du Souf et retour en vingt-et-un jours, Georges Lacan, 1924
  • Monographie du tapis algérien'', édité par le Gouvernement général de l’Algérie, 1930
  • Le désert apprivoisé, Randonnées au Sahara'', Nouvelles Éditions Argo, Paris, 1933 - Prix Montyon de l'Académie française.
  • La Grande Pitié du Sahara, Plon, 1935
  • Notice sur les tapis algériens et autres industries indigènes, Imprimerie E. Pfister, ?
Romans
  • Terre d’Émeraude, Ollendorff, 1893 (publié sous forme de roman-feuilleton dans Le Temps du au )
  • Confessions d’une fille de trente ans, Lemerre, 1895
  • Roman de femmes, Lemerre, 1896
  • Confessions conjugales, Lemerre, 1896
  • Partie du pied gauche, Lemerre, 1897
  • Parole jurée, Lemerre, 1897
  • Par orgueil, Lemerre, 1898
  • Petites rosseries, Lemerre, 1898
  • Pris sur le vif, Lemerre, 1899
  • Marionnettes, Lemerre, 1899
  • Courte folie, Lemerre, 1901
  • Monsieur Victor, roman publié par Le Monde Moderne, Albert Quantin, Paris, 1901
  • Maîtresse royale, Lemerre, 1901
  • La Cadette, Armand Colin, 1901
  • La Belle Sabine, Lemerre, 1902
  • Ballons rouges, Lemerre, 1903
  • Autour de l’étendard, Lemerre, 1904 Texte en ligne
  • Ame d’Argile, Lemerre, 1904
  • Contre l’impossible, Lemerre, 1905
  • Plus fort que la Vie, Lemerre, 1905
  • Noces blanches, Lemerre, 1906
  • Le Beau Fernand, Hachette, 1906 - Prix Montyon de l'Académie française.
  • La repentie, Lemerre, 1907
  • Et l’Amour triomphe, Nilsson, 1907
  • Après le divorce, Lemerre, 1908
  • La Jolie Princesse, Lemerre, 1908
  • La Folle Passion, Lemerre, 1909
  • La Dame à l'oreille de velours, Lemerre, 1911
  • La Terre refleurira, Lemerre, 1913
  • Le Fils de l'autre, Lemerre, 1914
  • La Dernière de sa Race, Lemerre, 1924
  • La Dame d’Antibes, Lemerre, 1927
  • Veuvage blanc, édition de la Mode nationale, 1930
  • L'Homme rouge'', Nilsson, date?
  • Défends ta femme contre la tentation'', Nilsson, date?
Varia
  • Le Général Gordon, Paris, Firmin Didot, 1890
  • Charles C. F. Gréville, Les quinze premières années du règne de la reine Victoria. Souvenirs d’un témoin oculaire, Firmin Didot, 1888, traduit et annoté par Marie-Anne de Bovet
  • Charles C. F. Gréville, La cour de Georges IV et de Guillaume IV. Souvenirs d’un témoin oculaire, Firmin Didot, 1888, traduit et annoté par Marie-Anne de Bovet (extrait du journal de Charles C. F. Gréville, secrétaire du conseil privé)
  • Marguerite de Lostanges, Comtesse de Béduer, Les chanoinesses de Remiremont pendant douze siècles : 620 à 1792, introduction de Marie-Anne de Bovet, Tequi, 1900

Distinctions

De l'Académie française[11]

Notes et références

  1. Acte de naissance sur archives.metz (p. 331)
  2. Mariage La famille des Champs de Boishébert sur archive.org
  3. Guy des Champs de Boishébert est un pilote de la première guerre mondiale ( Brevet no 461) qui meurt en 1920 dans le crash de son avion
  4. Le Petit Parisen 1920 sur Gallica BnF ( Citation à l'ordre de la nation (1925)
  5. Mary Louise Roberts, « Le journalisme féministe en France à la fin du siècle dernier », dans Clio, n° 6, 1997.
  6. Marie-Anne de Bovet, « Ménagères ou courtisanes? » dans La Fronde, .
  7. Marie-Anne de Bovet, « Aux braves gens », dans La Libre Parole, .
  8. Le Nouvelliste d'Indochine, 5 septembre 1936
  9. Richard Raczynski, Un dictionnaire du Martinisme, Paris, Dualpha éd., 2009, p. 113.
  10. Jules Verne qui la cite dans son roman P'tit-Bonhomme (partie 1, chapitre 1) a utilisé cet ouvrage pour sourcer son roman (cf. Alexandre Tarrieu, Dictionnaire des personnes citées par Jules Verne, vol. 1 : A-E, éditions Paganel, 2019, p. 129)
  11. « Prix de l'Académie française pour Marie-Anne de Bovet », sur Académie française (consulté le )

Bibliographie

  • Marie Anne de Bovet, petite notice biographique, sans nom d’auteur, date et éditeur, numéro de notice : 107502526 à la BNUS
  • Han Ryner, Le Massacre des Amazones : études critiques sur deux cents bas-bleus contemporains : Mesdames Adam, Sarah Bernhardt, Marie-Anne de Bovet, Bradamante, Jeanne Chauvin, Alphonse Daudet…, Paris, Chamuel, 19--?, 300 p.

Liens externes

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