Marianne Camasse

Marie Jeanne Françoise, dite Marianne Camasse, comtesse de Forbach[1], née le à Strasbourg, et décédée le à Paris[2], est une danseuse, écrivaine et salonnière française qui devint l'épouse morganatique du duc Christian IV de Deux-Ponts-Birkenfeld[3].

Biographie

Comédienne

Fille de danseurs[4], Marie-Anne est engagée comme danseuse à Mannheim, résidence de l'Électeur Palatin Charles-Théodore. Cousin et héritier fort populaire dudit Électeur, le duc de Deux-Ponts, Christian IV, joli prince de 28 ans, s'éprend de la jolie danseuse de 16 ans, bientôt orpheline.

Mariage d'amour

Voulant que son épouse soit digne de son rang (à lui) et s'intègre aisément à son monde, le jeune souverain lui fait donner une éducation digne de son rang puis, au mépris des lois de l'empire et des usages de son temps, l'épouse en 1751. Le couple aura 6 enfants, qui selon les lois successorales de l'Empire, seront considérés comme non dynastes[5].

Le duc Christian IV
  • Christian, comte puis marquis de Forbach, chevalier de Deux-Ponts (1752-1817) épouse en 1783 Adélaïde de Béthune-Pologne (1761-1823) - d'où 3 filles.
  • Philippe-Guillaume Comte de Forbach, chevalier de Deux-Ponts (1754-1807) épouse en 1780 Adélaïde de Polastron (1760-1795), sœur de la duchesse de Polignac - d'où deux garçons sans postérité survivante et deux filles.
  • Caroline, comtesse de Forbach (1755-1806), qui épouse en 1771 César-François de Lantalut, marquis du Plessis.
  • Charles-Louis, comte de Forbach (1759-1763).
  • Elisabeth Auguste, comtesse de Forbach (1766-1836), qui épouse en 1786 François-Esprit, marquis du Chatellier-Dumesnil du Pully (+ 1790).
  • Jules Auguste (1771-1773).

Ne pouvant cependant donner son rang à sa femme, le duc la fait titrer, avec l'aide d'amis puissants, le roi Louis XV de France et le beau-père de celui-ci, le roi Stanislas, comtesse de Forbach en 1757. Située dans le Duché de Lorraine, la terre de Forbach est contiguë au Duché de Palatinat-Deux-Ponts. Elle devint Française en 1766 à la mort de Stanislas.

Marie-Anne, dont le charme et l'intelligence étaient reconnus, s'entoure d'artistes et d'intellectuels. Denis Diderot, qui lui était dévoué, reçut d’elle, vers 1772, un Essai sur l’éducation qu’elle avait rédigé de sa main. Parce qu’en effet, elle avait donné 6 enfants à son époux, Mme de Forbach se croyait à bon droit pourvue d’une certaine expérience maternelle et pédagogique dont elle entendait faire profiter son illustre ami. Après avoir lu ces pages, Diderot y répondit par une lettre théorique importante[6] que Naigeon a publiée pour la première fois, sans date, en 1799[7].

La mort du duc

Le duc mourut en 1775 et, ses enfants n'étant pas dynastes, c'est son neveu Charles II Auguste de Deux-Ponts qui lui succéda. Marie-Anne de Forbach se retira à Paris où elle fréquenta de nombreux artistes et personnalités de son époque. Elle fut proche de Louis XV auquel elle devait son titre de comtesse, et, dans un second temps, en tant que princesse Allemande dotée d'un charme reconnu, de Marie-Antoinette. Elle occupa aussi régulièrement son château à Forbach.

Elle mena une vie culturelle remarquable ; elle recevait bon nombre d'écrivains de son époque et possédait une riche bibliothèque.

En 1792, son fils aîné, qui s'était distingué pendant la guerre d'indépendance américaine, reçut du roi Louis XVI de France le titre de marquis auquel il renonça quand son cousin le duc Charles II Auguste de Deux-Ponts lui accorda le titre de chevalier de Deux-Ponts.

La révolution Française et le duché de Deux-Ponts

Le château de la comtesse à Forbach (état actuel)

La comtesse de Forbach presque sexagénaire, après s'être revendiquée de la nationalité de son mari pour se protéger, n'eut d'autre choix que d'émigrer en 1793. Son château et ses biens furent déclarés "Biens nationaux".

Le duché de Deux-Ponts fut annexé la même année 1793 par les armées de la révolution Française. Le duc Charles II, à son tour héritier des électorats de Palatinat et de Bavière, échappa de peu à la guillotine mais mourut quelques mois plus tard. C'est son frère et héritier Maximilien qui, à la mort du vieil électeur Charles-Théodore en 1799, hérita de l’électorat de Bavière (le Palatinat ayant été annexé par la France). En 1805, la Bavière sera élevée au rang de royaume par Napoléon Ier. Maximilien en sera le premier roi et le fondateur de la Maison royale de Bavière.

Marie-Anne Camasse, comtesse de Forbach, est donc la tante du premier roi de Bavière et la grand-tante de sa fille Augusta-Amélie de Bavière qui épousa en 1806 Eugène de Beauharnais, fils adoptif de l'empereur des Français, ce qui sera fort utile à la comtesse qui avait toujours sut faire valoir ses relations.

En effet, Marie-Anne de Forbach revint à la cour de l'impératrice Joséphine qui l'appréciait pour son charme et sa conversation du temps passé et à qui elle était d'ailleurs quelque peu apparentée puisqu'elle était la tante par alliance du prince Eugène de Beauharnais.

Marie-Anne de Forbach mourut à Paris le à l'âge de 73 ans.

Œuvres

  • Essai sur l'éducation.

Notes et références

  1. (en) Benjamin Franklin,Ellen R. Cohn, « The Papers of Benjamin Franklin: January 21 through May 15, 1783, Volume 39 », sur books.google.fr (consulté le ).
  2. (de) « Camasse Maria Johanna Francisca [genannt Marianne] », sur saarland-biografien.de (consulté le ).
  3. Évelyne Lever, « Lettres intimes (1778-1782): Que je suis heureuse d'être ta femme », sur books.google.fr (consulté le ).
  4. son père était Jean Baptiste Camasse († 1748), ordinaire de la troupe du roi Stanislas à Lunéville ; sa mère Eléonore Roux († 1750). Voir Samlaren tidskrift utgifvenaf Svenka literatursällskapets arbetsutskott : trettioattonde argangen : 1917, Uppsala, Almqvist & Wiksells boktryckeri-aktiebolag, 1917.
  5. Généalogie de la famille
  6. Lettre à la comtesse de Forbach sur l'éducation des enfants, à lire en ligne ici.
  7. Paragraphe rédigé à partir des Mémoires de Mannlich ; voir ici ; Roland Mortier, Diderot en Allemagne, Paris, Slatkine, 1986 (éd. mise à jour), p. 29.

Liens externes

Articles connexes

  • Appert, son officier de bouche de 1772 à 1784, fut l'inventeur de la conserve alimentaire (appertisation).

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