Manoir de la Cour (Flottemanville)

Le manoir de la Cour est une ancienne demeure fortifiée, du XVe siècle, remaniée au XVIIIe siècle, qui se dresse sur la commune française de Flottemanville dans le département de la Manche, en région Normandie.

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Le manoir fait l’objet d’une inscription partielle au titre des monuments historiques par arrêté du . Seuls les façades et les toitures du logis ainsi que le grand salon et la chapelle ; les façades et les toitures des communs ; l'assiette de l'ancien jardin avec le réseau hydraulique et les deux allées d'accès sont protégés[1].

Localisation

Le manoir de la Cour est situé à 400 mètres au sud-est de l'église Saint-Clément de Flottemanville dans le département français de la Manche.

Historique

Le site est occupé dès le XIIIe siècle[1]. À cette époque, le fief est la possession de la famille Erquembourg. Un acte de vente de 1406 parle de la vente du manoir, avec cent vergées de terre dont la « Lande Arquenbos », jardins domaines et colombier, par Jehan Arquembot à Jehan de Hainneville, prêtre[2].

Au XVe siècle, un Pierre de La Roque, époux de Florence du Saussay, est qualifié de seigneur de Flottemanville. Leur fils Pierre II de La Roque, époux de Jacquemine de Thieuville, est bailli du Cotentin de 1427 à 1431. Leurs fils Pierre III de La Roque épouse Anne de Pellevey. Leurs fils, Pierre IV de La Roque, seigneur de Flottemanville, Saussay, Baudreville, Thury, La Haulle et du Breuil, épouse Jeanne de La Haye. Il meurt en [note 1], et son héritage est partagé entre ses deux filles, Isabeau de La Roque mariée à Louis de Pellevé (Pellevey) et Françoise de La Roque[note 2], épouse depuis 1541, de François de Pierrepont[note 3], sieur du Ronceray (Les Moitiers-en-Bauptois), qui hérite, en 1549, de Flottemanville[3]. C'est Robert de Pierrepont, leurs troisième fils qui reçut ensuite le manoir de la Cour, et à la suite son frère, Guillaume de Pierrepont qui en hérite, et où il meurt en 1622. Se succède son fils, Hervieu de Pierrepond (mort en 1662), la sœur de ce dernier, Élisabeth (Isabeau) de Pierrepont, qui décède à son tour en 1664. Elle avait épousé en 1632, François du Moncel. Leur fils Jean-Trajan-Théodose du Moncel est à son tour seigneur de Flottemanville, son propre fils Louis-Hector du Moncel. Le Chateau passe ensuite à la famille Dancel, à la suite du mariage, en 1763, de Madeleine-Louise-Pulchérie du Moncel avec Georges-Antoine Dancel. Georges-Antoine Dancel de Quinéville, en possession du château habite de 1780 à 1792 à Paris où il est retenue à la suite d'un procès interminable. C'est son homme d'affaires, Burnouf, qui habite au château. À la Révolution, déclaré père d'immigré[note 4], il est décrété d’arrestation et son château de Flottemanville est séquestré et transformé en caserne[4].

Le manoir fut la possession de Bernard-Henri-Louis Hüe de Caligny (1763-1834), fils d'Anthenor Louis Hüe de Caligny et de Bonne Julie Morel de Courcy[5].

Le manoir est aujourd'hui la possession de M. et Mme Bertrand Lucas, fils de Michel Lucas[6].

Description

Le manoir est commencé vers 1490[7]. Il est agrandi au XVIIe siècle et de nouveaux aménagements ont lieu au XVIIIe siècle[1].

L'édifice a conservé deux tours octogonales et constitue un « bel exemple d'architecture civile du nord de la Manche »[1] et arbore des styles allant du gothique flamboyant aux ouvertures à linteau en arc surbaissé du XVIIIe siècle[7].

Les bâtiments en équerre sont occupés dans l'angle intérieur par une tour octogonale dont la porte est surmontée d'une triple accolade. À proximité, un escalier à double révolution permet d'accéder à un rez-de-chaussée surélevé. Le perron est surmonté par une loggia. Le logis principal est flanqué d'une seconde tour octogonale arborant une porte gothique. À l'arrière du bâtiment, une troisième tour, ronde cette fois, sur laquelle s'appuie une échauguette. L'existence de la chapelle est attestée en 1497, date à laquelle est fondée une procession du Saint-Sacrement, qui annuellement devra se rendre dans la chapelle[3].

Sur le mur extérieur de l'aile droite, on peut voir des armoiries. L'écu, écartelé avec un écusson brochant en cœur sur le tout, figure les armes des familles[8] :

  • au premier quartier : 3 pièces :
    • maison de Valois (d'azur semé de fleurs de lis d'or, bordé de gueules) ;
    • maison d'Artois (d'azur semé de fleurs de lis d'or au lambel en chef de gueules, chargé de trois triples tours d'or) ;
    • famille de Courtenay  empereurs latins de Constantinople  (de gueules à la croix d'or accompagnée de quatre besans du même chargés d'une croix pattée et alézée de sables et accompagnés eux-mêmes de quatre autres petites croix d'or).
  • au deuxième quartier : 4 pièces :
    • dynastie de Castille (de gueules à la tour surmontée de trois tourillons d'or ouverte et ajourée de gueules) ;
    • famille Dampmartin (burelé d'azur et d'argent bordé de gueules) ;
    • famille d'Harcourt (de gueules à deux fasces d'or) ;
    • famille Ponthieu (d'or à trois bandes d'azur, bordé de gueules).
  • au troisième quartier : 4 pièces :
    • famille Vieux-Pont (d'argent à dix annelets de gueules, le dernier en pointe) ;
    • famille de La Haye (d'or au sautoir d'azur) ;
    • famille Husson (d'azur à six annelets d'argent ordonnés 3,2,1) ;
    • famille Chalon (de gueules à la bande d'or).
  • au quatrième quartier : 5 pièces :
    • famille de La Rocque (ou Roque) (d'hermine à la fasce d'azur et au chef d'or chargé e trois rocs d'échiquier de sable) ;
    • famille de Pierrepont (d'azur à trois pals d'or et au chef de gueules) ;
    • famille d'Orglandes (d'hermine à six losanges de gueules, 2,2 et 1) ;
    • famille Aux-Épaules (de gueules à la fleur de lis d'or) ;
    • famille de Dreux (échiqueté d'or et d'azur à trois sur six traits bordé de gueules).
  • écusson brochant sur le tout 2 pièces :
    • famille du Moncel (de geules à trois losanges d'argent) et (une montagne à trois coupeaux de sinople et une couronne d'or au pied de la croix).

Possesseurs successifs

Liste non exhaustive.

  • Famille Ailgembourse
  • Famille La Roque (1382-1548)
  • Famille Pierrepont (1549-1662), par mariage
  • Famille du Moncel (1662-1770), par mariage
  • Famille Dancel (1770-1815), par mariage
  • Famille Hue de Caligny (1815-1920), par donation
  • M. Maurice Lucas, (1920), par achat

Notes et références

Notes

  1. Son épitaphe est conservée dans le chœur de l'église Saint-Clément de Flottemanville.
  2. Il se raconte que son destrier effrayé rentrant au galop passa sous la plus petite des deux portes de l'avant-cour, et Françoise, frappée au front, tomba raide morte sur le seuil.
  3. Fils de Jean III de Pierrepont et de Marguerite d'Orglandes.
  4. Son fils, Charles-Antoine Dancel est mort en 1792 en émigration.

Références

  1. « Manoir de la Cour », notice no PA50000060, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  2. Le château de Flottemanville - L'histoire de ses propriétaires : Édition salon du livre 17/18 novembre 2012 Valognes, Réal. Joseph Montreuil - Bibliothèque de Caen, , 31 p., p. 1.
  3. Le château de Flottemanville, 2012, p. 1.
  4. Le château de Flottemanville, 2012, p. 7.
  5. Girard et Lecœur 2005, p. 26.
  6. Le château de Flottemanville, 2012, p. 15.
  7. Norbert Girard et Maurice Lecœur, Trésors du Cotentin : Architecture civile & art religieux, Mayenne, Éditions Isoète, , 296 p. (ISBN 978-2-9139-2038-5), p. 157.
  8. Collectif, Blasons armoriés du Clos du Cotentin, Condé-sur-Noireau, Éditions Charles Corlet, , 214 p. (ISBN 2-85480-543-7), p. 47.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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