Maison de Jacques-Louis David
La maison de Jacques-Louis David est un hôtel de maître de style néo-classique situé au numéro 7 de la rue Léopold (anciennement rue Guillaume), à Bruxelles, où le peintre néo-classique expira le .
Historique
La rue Léopold
La rue Léopold fut tracée sous le règne du roi Guillaume Ier des Pays-Bas et s'appelait initialement rue Guillaume : elle ne prendra le nom de rue Léopold qu'en 1831[1].
Cette rue fait partie d'un ensemble néo-classique construit entre 1819 et 1822 selon des plans conçus par l'architecte français Louis Damesme entre 1817 et 1819; les maisons situées du côté impair (dont celle de David) furent édifiées plus précisément en 1819-1820[1].
L'immeuble
L'immeuble fut construit en 1819-1820 par Louis Damesme, Jean-Baptiste Vifquain, et Henri Partoes[2].
La maison de David et celles qui l'entourent, en mauvais état dans les années 1980, furent menacées par un projet immobilier en 1991[3].
Elle fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques à titre provisoire depuis le et à titre définitif depuis le sous la référence 2043-0239/0[2], grâce à la volonté du secrétaire d'État à la Protection du patrimoine Didier van Eyll de protéger les derniers ateliers d'artistes encore debout en Région bruxelloise[4].
Intégrée dans un projet hôtelier pour lequel un permis d'urbanisme a été délivré en , sa rénovation fut rendue possible par un arrêté autorisant la restauration pris par le secrétaire d'État Willem Draps[5].
Elle est maintenant intégrée dans un hôtel de prestige.
Jacques-Louis David à Bruxelles
Ce fut l’arrivée de la Restauration, qui n’eut aucun égard pour le talent de Jacques-Louis David et qui ne voyait en lui qu’un régicide[6], qui l’obligea à prendre le chemin de l’exil. Bruxelles l’accueillit en 1816.
Vers 1820, David devint un spectateur assidu du théâtre de la Monnaie et s'installa juste derrière, au 679 rue Guillaume (à l'époque, la numérotation ne se faisait pas par rue[3]), adresse correspondant au numéro 7 de l'actuelle rue Léopold.
David décéda à Bruxelles le [7]. Déjà malade, il avait voulu se récréer l'esprit en allant écouter le Tartuffe au Théâtre de la Monnaie, mais cet effort lui fut fatal[8] et provoqua une aggravation de son état de faiblesse au point de le mener jusqu'au délire.
Il eut des obsèques imposantes qui furent suivies par plus de quatre mille personnes.
Sa mort est commémorée par une plaque apposée sur la façade de la maison : " Le peintre français Louis David mourut dans cette maison le ".
Architecture
La maison de David présente une façade enduite et peinte en blanc, comme souvent dans l'architecture néo-classique à Bruxelles.
La façade de trois travées présente, sur un soubassement en pierre bleue, une maçonnerie lisse sauf au niveau de la porte cochère, qui possède un encadrement à bossages plats et à lignes de refend.
Autour de l'arc de la porte cochère cintrée, les bossages adoptent un profil rayonnant, typique de l'architecture néo-classique.
Séparé du rez-de-chaussée par un puissant cordon de pierre, le premier étage présente un balcon supporté par des consoles ornées de feuilles d'acanthe, une porte-fenêtre surmontée d'un petit entablement et deux fenêtres rectangulaires à encadrement mouluré.
Le deuxième étage est percé de trois fenêtres rectangulaires plus petites, surmontées d'un entablement lisse et d'un fronton percé d'un œil-de-bœuf.
Littérature
Le malaise éprouvé devant l'état d'abandon de la façade de la maison de David, éventrée, a inspiré à l'écrivain français Jean-Luc Seigle son roman Le Sacre de l'enfant mort[9].
Articles connexes
Références
- Le Patrimoine monumental de la Belgique, Bruxelles, Volume 1B, Pentagone E-M, Pierre Mardaga éditeur, 1993, p.319-320
- Registre du patrimoine immobilier protégé dans la Région de Bruxelles-Capitale, p.218
- Daniel Couvreur, Jean Rebuffat, « Paix à la chambre de Louis David », Le Soir,
- William Bourton, « Didier van Eyll veut protéger les derniers ateliers d'artistes », Le Soir,
- François Robert, « Réhabilitation de la maison de David, derrière la Monnaie », Le Soir,
- Alphonse Wauters, Histoire des environs de Bruxelles, Bruxelles, 1855, tome III, p. 27 : "(David) Que la Restauration chassa de France pour avoir voté la mort de Louis XVI".
- Mémoires de B. Barère, membre de la Constituante etc., publiés par Hippolyte Carnot et David (d’Angers), tome troisième, Paris, 1843, p. 390-391 : "Louis David, le grand peintre d’histoire, conventionnel énergique, plein de génie pour son art, de bon sens et de probité politique, est mort en exil à Bruxelles, le 29 septembre 1825, à l'âge de 77 ans, à dix heures du matin. Ses obsèques ont été accompagnées par plus de quatre mille personnes. L'église de Sainte-Gudule était pleine de monde le jour où la famille David a fait faire un service solennel pour les restes mortels du grand artiste. La famille David a acheté au grand cimetière de Louvain-Bruxelles un terrain privilégié. Elle y a fait construire un caveau pour y déposer la bière de David, garnie de plomb et renfermant les médailles que les diverses académies des beaux-arts de la Belgique ont fait frapper en son honneur. Là s'élève un obélisque de pierre avec des inscriptions. Les artistes de la Belgique et de la France ont ouvert une souscription pour lui élever, dans une chapelle de l'église de Sainte-Gudule, un tombeau en marbre
- A. Mahul, Annuaire nécrologique, 1825, Paris, 1826, p. 127 : "Le 19, David avait voulu aller au spectacle : on donnait le Tartufe ; il resta jusqu'à la fin de la pièce. Cette imprudence fut mortelle ; depuis ce moment le mal empira, le délire fut presque continuel ; mais, qu'il conservât ou non sa présence d'esprit, sa conversation, ses gestes, ses mouvements avaient presque toujours rapport aux arts. Un de ses élèves l'étant venu voir deux jours avant sa mort, David lui donna des conseils sur un tableau auquel il travaillait. La chaleur qu'il mit dans ses observations le fatigua bientôt, sa voix devint plus faible, au point qu'il lui fut impossible de parler plus long-temps ; mais il continuait à exprimer par la pose de son corps et de ses mains, celle qu'il désirait trouver dans un des personnages du tableau. Le lendemain on lui apporta la gravure de Léonidas, exécutée par Laugier. Cette vue le fit sortir de l'espèce d'assoupissement léthargique dans lequel il était plongé. « C'est bien, dit-il ; approchez-la de moi, ma vue est déjà si faible. » Puis, après l'avoir examinée, il la fit attacher contre un mur devant lui, et demanda qu'on roulât son fauteuil jusqu'à l'endroit où elle était placée. Ramassant alors le peu de forces qui lui restaient encore, il désignait avec le bout de son bâton, les parties qui lui paraissaient dignes de remarque".
- « L'enfant peint par David », La Libre,
Bibliographie
- Le Patrimoine monumental de la Belgique, Bruxelles, Volume 1B, Pentagone E-M, Pierre Mardaga éditeur, 1993
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