Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan

La Maison d'arrêt et de correction d'Abidjan ou MACA, établie dans la capitale économique de la Côte d'Ivoire Abidjan, est la principale prison du pays. Construite en 1980, la prison de douze hectares est située entre le vaste quartier périphérique de Yopougon et le parc national du Banco, avec une capacité théorique de 1 500 détenus[1].

Pour les articles homonymes, voir Maca (homonymie).

Dégradée et surpeuplée, la MACA a une très mauvaise réputation.

Organisation et conditions de détention

La prison compte plusieurs bâtiments : le bâtiment des assimilés, le bâtiment des femmes, les bâtiments A, B et C[2].

Les bâtiments A, B et C abritent les grands criminels[2]. Le bâtiment C est un bâtiment très particulier : il s'agit d'un bâtiment de haute sécurité dans lequel tous les détenus n'ont pas accès à la cour de la prison[3]. Le bâtiment des « assimilés », selon la terminologie utilisée, est un fait un quartier VIP qui abrite les fonctionnaires, journalistes, hommes d’affaires, et surtout personnalités politiques et se situe un peu à l'écart[1].

Le gouvernement informel de la prison aux mains des détenus est surnommé la camorra[3],

Les conditions de détention hors le bâtiment des assimilés sont très difficiles : les détenus sont parqués par dizaines dans des cellules nauséabondes et surchauffées ; ils reçoivent peu de visites et n’ont pas la possibilité de se faire soigner. La tuberculose est la première cause de mortalité[1].

L'enceinte de la MACA abrite en outre le Centre d’observation des mineurs (COM), qui accueille entre 60 et 80 « pensionnaires » en moyenne toute l’année dans des conditions très difficiles[4]. Certains d'entre eux sont des « microbes », le terme qui prévaut depuis quelques années pour désigner les jeunes garçons rassemblés au sein de véritables gangs ultraviolents sévissant à Abidjan[5].

« Profitant » de l'évasion de tous les détenus en mars 2011, les autorités ont investi plus de 2 milliards de F CFA (environ 3 millions d’euros) pour réhabiliter entre mars et août 2011 portails, bureaux et cellules[1].

Évasions

En , environ 4 000 prisonniers ont profité des troubles anti-français violents qui agitaient Abidjan pour s'évader avec la complicité de surveillants, par les égouts et la forêt du banco[6].

En mars 2005, une vingtaine d'autres détenus se sont fait la belle, là encore par les égouts, baptisés depuis le « métro Abidjan cadeau »[6].

En mars 2011, au plus fort des violences déclenchées par la crise postélectorale, la totalité des prisonniers s’est évadée, possiblement avec le soutien actif d'un des deux camps[1].

Détenus notables

  • Denis Maho Glofiéhi, ancien chef des milices pro-Gbagbo pour l’ouest de la Côte d’Ivoire[1]
  • Ousmane Sy Savané, directeur général du groupe de presse Cyclone[1]
  • commandant Marcelin Ogou Toli, soupçonné d’être impliqué dans l’assassinat des Français Yves Lambelin et Stefan di Rippel, en avril 2011[1]
  • Laurent et Simone Gbagbo (1992)[1]
  • Henri Amouzou, Tapé Doh ou Angéline Kili, « pontes » de la filière café-cacao (fin des années 2000)
  • Laurent Akoun et Alphonse Douati, respectivement secrétaire général et secrétaire général adjoint du Front populaire ivoirien (FPI) (août 2012)[1].
  • Yacouba Coulibaly dit Yacou le Chinois, un criminel évadé de la MACA qui réapparaît pendant la crise postélectorale de 2011 en tant que membre des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI), loyales à Alassane Ouattara. De retour en prison, Yacou est considéré comme les yeux et les oreilles du régime Ouattara au sein de la MACA. Toutefois, il finit par prendre de facto en grande partie le contrôle de l'établissement pénitentiaire et est à l'origine de plusieurs mutineries. Il meurt le 20 février au cours d'une tentative de le transférer à Bouaké[7].
  • Youssouf Fofana, de l'affaire du gang des barbares (2006)[6]

Dans la fiction

L'histoire du film La nuit des rois, de Philppe Lacôte, tournée en 2020, se déroule au sein de la MACA. Il raconte l'histoire d'un jeune détenu, tout juste arrivé dans la prison, obligé de raconter une histoire aux autres détenus, tandis que couve une guerre de gangs rivaux. Le pénitencier y joue un rôle central[8].

Notes et références

  1. « Côte d’Ivoire : portes ouvertes à La Maca, prison centrale d’Abidjan – Jeune Afrique », sur JeuneAfrique.com, (consulté le )
  2. « Visite à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (MACA) : La prison fait peau neuve, en attendant les nouveaux détenus - Abidjan.net News », sur news.abidjan.net (consulté le )
  3. « Les conditions de la production du soin en prison (Abidjan, Côte d’Ivoire) », Politique africaine, no 155, , p. 175-181 (lire en ligne)
  4. « Dans l’enfer de la prison pour mineurs d’Abidjan », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  5. « Côte d’Ivoire : bienvenue chez les « microbes », les mineurs de la Maca – Jeune Afrique », sur JeuneAfrique.com, (consulté le )
  6. Patricia Tourancheau, « La Maca, la prison de Fofana », sur Libération (consulté le )
  7. « Fin de parcours pour « Yakou le Chinois », caïd de la prison d’Abidjan », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  8. « Avec « La Nuit des rois », Philippe Lacôte fait entrer Shakespeare à la Maca – Jeune Afrique », sur JeuneAfrique.com, (consulté le )

Voir aussi

  • Camp pénal de Bouaké
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