Maître de la Légende de sainte Lucie

Le Maître de la Légende de sainte Lucie est un maître anonyme, peintre actif à Bruges à la fin du XVe siècle et au début du XVIe siècle.

Histoire

C'est Max Jakob Friedländer[1] qui lui donna son nom d'après le tableau conservé dans l'église Saint-Jacques de Bruges représentant différents épisodes de la légende de Sainte Lucie. L'œuvre est divisée en trois scènes et est datée de 1480 par une inscription figurant sur le dais du trône du Consul dans la scène centrale[2]. Depuis lors, quelque vingt-cinq à trente-cinq œuvres lui ont été attribuées.

Son style se caractérise par un très grand réalisme, hérité de Jan van Eyck, et des types de composition très proche de Hans Memling, tout en trahissant une perte de la profondeur : les groupes de personnages se situant la plupart du temps à l'avant-plan et sans relation avec l'espace qui les entoure. Cette perte de la spatialité est récurrente dans la peinture brugeoise de la fin du XVe siècle et se retrouve notamment chez le Maître de la Légende de sainte Ursule[3]. Les influences de Dieric Bouts et de Hugo van der Goes ont également été reconnues dans son œuvre[4],[5]. Dans la plupart de ses tableaux, le Maître de la Légende de sainte Lucie fait figurer à l'arrière-plan une représentation urbaine. Bien que parfois imaginaire, il s'agit le plus souvent d'une vue de la ville de Bruges. Décrite de manière très fidèle, cette vue de la cité brugeoise a permis d'établir une chronologie de l'œuvre de l'artiste, allant d'avant 1483 à après 1501, en se basant sur la représentation des quatre différents stades de construction du beffroi surmontant les halles de la ville[6] Le Maître de la Légende de sainte Lucie semble avoir été à la tête d'un important atelier en raison du grand nombre de copies de ses compositions ainsi que de l'importante production destinée à l'exportation pour la région hanséatique[7],[8], l'Italie et plus particulièrement l'Espagne[9]

Plusieurs propositions d'identification du Maître ont été avancées[10]

  • Pour Jacqueline Versyp (1954), le Maître de la Légende de sainte Lucie serait le peintre brugeois Jan Fabiaen[11] (proposition soutenue par P.-G. Girault[12]).
  • Ann Michelle Roberts (1982) proposa d'identifier le Maître à Jan I de Hervy, actif à Bruges de 1472 à 1509[9], hypothèse qu'elle abandonnera par la suite.
  • Pour Janssens (2004), il s'agirait du peintre brugeois Frans Vanden Pitte, maître dans les années 1453-1456, qui mourut en 1508[13]

Liste d'œuvres

Galerie

Notes et références

  1. Max Jakob Friedländer, Meisterwerke der niederländischen Malerei des 15. und 16. Jahrhunderts auf der Ausstellung zu Brügge 1902, Munich, Verlagsanstalt Bruckmann, .
  2. DIT WAS GHEDAEN INT JAER M CCCC ENDE LXXX.
  3. Paul Philippot, « La fin du XVe siècle et les origines d'une nouvelle conception de l'image dans la peinture des Pays-Bas », Bulletin des Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique, vol. XI, , p. 3-38.
  4. Hippolyte Fierens-Gevaert, La Peinture à Bruges. Guide historique et critique, Bruxelles, Van Oest et Cie., , p. 20.
  5. Wolfgang Schöne, Dieric Bouts und seine Schule, Berlin, Verlag für Kunstwissenschaft, .
  6. Veronee-Verhaegen 1959.
  7. M. Lumiste, « Lucia-legendi meistri teos Tallinnas. Mustpeade altari autori probleemist », Kunst, vol. II, , p. 32-42.
  8. Nicole Veronee-Verhaegen, « Un important retable du Maître de la Légende de sainte Lucie conservé à Tallinn », Bulletin de l'Institut royal du Patrimoine artistique, vol. IV, , p. 142-154.
  9. Roberts 1982.
  10. Sacha Zdanov, « Quelle identité pour le Maître de la Légende de sainte Lucie ? Révision des hypothèses et proposition d'identification », Koregos. Revue et encyclopédie multimédia des arts, sous l'égide de l'Académie royale de Belgique, , article no 76 (lire en ligne, consulté le ).
  11. Jacqueline Versyp, De geschiedenis van de tapijtkunst te Brugge, Verhandelingen van de Kon. Acad. voor Wetenschappen, Letteren en Schone Kunsten van België, Klasse der Schone Kunsten, , p. 39.
  12. Pierre-Gilles Girault, « Cartonniers de tapisseries à Bruges et à Paris vers 1500 : Jan Fabiaen et Gauthier de Campes », Studies in Western Tapestry, (lire en ligne).
  13. Albert Janssens, « De anonieme Meesters van de Lucia- en Ursulalegende geïdentificeerd », Vlaanderen, Christelijk Vlaams Kunstenaarsverbond Tielt, vol. 54, , p. 151.
  14. « Virgin of the Rose Garden, between 1475 and 1480 » sur le site du Detroit Institute of Arts.
  15. Placé, en 1489, sur l'autel de la chambre de rhétorique « De Drie Sanctinnen » de l'église Notre-Dame à Bruges sur Fabritius.be.

Sources et bibliographie

  • (nl) Dirk de Vos, « Nieuwe toeschrijvingen aan de Meester van de Lucialegende, alias de Meester van de Rotterdamse Johannes op Patmos », Oud Holland, vol. XC, , p. 137-161.
  • (en) Max Jakob Friedländer, Early Netherlandish Painting, VI, Hans Memling and Gerard David, New York, 1972.
  • (de) Didier Martens, « Der Brügger Meister der Lucialegende. Bilanz der Forschungen und neue Hypothesen », dans Die Kunstbeziehungen Estlands mit den Niederlanden in den 15.-17. Jahrhunderten. Der Marienaltar des Meisters der Lucialegende 500 Jahre in Tallinn (Colloque 25-26 septembre 199, Tallinn, , 246 p., p. 59 -83.
  • (en) Ann Michelle Roberts, The Master of the Legend of Saint Lucy : a catalogue and critical essay (Dissertation), University of Pennsylvania, (présentation en ligne).
  • (fr) Nicole Veronee-Verhaegen, « Le Maître de la Légende de sainte Lucie : précisions sur son œuvre », Bulletin de l'Institut royal du Patrimoine artistique, vol. II, , p. 73-82.
  • (fr) S. Zdanov, « Quelle identité pour le Maître de la Légende de sainte Lucie ? Révision des hypothèses et proposition d'identification », in Koregos. Revue et encyclopédie multimédia des arts sous l'égide de l'Académie royale de Belgique, 2013, 76.

Liens externes

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