Méprobamate
Le méprobamate, anciennement commercialisé sous le nom Equanil ou Miltown, est un médicament faisant partie de la famille des carbamates primaires[2], famille dont il a été le plus répandu. Il est toujours utilisé dans une dizaine de pays pour le traitement de l'anxiété ou de l'insomnie sévère[3], y compris parfois en médecine vétérinaire[4].
Méprobamate | |
Identification | |
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Nom UICPA | carbamate de 2-carbamoyloxyméthyl-2-méthylpentyle |
No CAS | |
No ECHA | 100.000.306 |
No CE | 200-337-5 |
Code ATC | N05 |
SMILES | |
InChI | |
Propriétés chimiques | |
Formule | C9H18N2O4 [Isomères] |
Masse molaire[1] | 218,2502 ± 0,0101 g/mol C 49,53 %, H 8,31 %, N 12,84 %, O 29,32 %, |
Données pharmacocinétiques | |
Demi-vie d’élim. | 10 heures |
Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire. | |
Historique et utilisation
Introduit sur le marché américain durant les années 1950, il connut un succès fulgurant[5] en tant que remplaçant des médicaments barbituriques[6], connus pour engendrer des effets secondaires fréquents et une dépendance problématique. Aux États-Unis, il prit largement la place de ces produits dans tous leurs usages hors-mis la gestion de l'épilepsie, jusqu'à l'arrivée des benzodiazépines[7].
Il était utilisé en France depuis 1987 pour ses propriétés myorelaxantes (relaxation musculaire) et anxiolytiques[8], ainsi que pour assister le sevrage alcoolique jusqu'à son retrait du marché en 2012. Il était produit par le groupe Sanofi pour la France[8], et par Wyeth ou Wallace Laboratories à en Amérique[9].
Le produit a pendant un certain temps été considéré par le public tant que par les médecins comme un tranquillisant mineur[10],[11], en opposition aux barbitals considérés comme sédatifs à part entière, comme en témoignent encore certaines publications récentes[12],[13]. Cette distinction ne repose pas sur une claire différence en termes d'activité pharmacologique, si ce n'est que la famille des carbamates ne présente pas d'activité anti-glutamate à des doses thérapeutiques[14] (contrairement aux barbitals[15]) ce qui modère la sensation d'ivresse ressentie pour une sédation comparable[16].
Le méprobamate était souvent consommé à hauteur de 400mg par prise, voire 800mg si utilisé comme hypnotique[17],[18].
Pharmacologie et pharmacocinétique
L'activité pharmacologique sédative du méprobamate repose en majorité sur la modulation positive des récepteurs GABA-A[14], de sous-types alpha et beta[19]. De ce fait, il augmente la réaction des récepteurs à leur activation par le GABA naturellement produit (ou par un autre agoniste, comme l'alcool[20]); ceci amplifie l'ouverture du canal ionique du chlore responsable de l'absorption par les neurones cibles de charges électriques négatives. Les neurones en question seront donc moins faciles à exciter par l’absorption d'ions positifs, et auront plus de mal à produire un courant électrique par dépolarisation[21]. Le composé est aussi capable d'activer seul ces récepteurs, il est donc lui-même un agoniste GABA-A à des doses thérapeutiques[14]. Il partage en grande partie cette activité avec son précurseur et analogue carisoprodol (en)[22],[23]. À titre de comparaison, les benzodiazépines qui ont largement remplacé les carbamates ne sont que des modulateurs positifs de récepteurs GABA-A, et pas des agonistes en tant que tels[24].
La molécule agit à un rythme intermédiaire avec un pic plasmatique (Tmax) atteint en plus ou moins 2 heures[25],[26]. Ce tempo d'action rapproche le méprobamate de l'oxazépam[27] qui l'a en partie supplanté. Sa demi-vie d'élimination plutôt courte se situant entre 6 et 17 heures selon les patients[25] lui confère un profil polyvalent, ce qui explique son utilisation à la fois comme anxiolytique et comme hypnotique. Il était d'ailleurs aussi disponible en association avec d'autres hypnotiques anti-histaminiques[28] tels que l'acéprométazine.
Effets secondaires et risques
Les effets indésirables rencontrés sont en particulier une certaine somnolence diurne, des nausées et une faiblesse musculaire[29], bien que ces effets ne soient réellement dérangeants que chez une minorité de patients[30], hors-mis les cas de dyskinésie chez les personnes âgées[31].
Son utilisation à long-terme pouvait induire une tolérance, dépendance et syndrome de sevrage non négligeable[32]. Tout comme pour les autres anxiolytiques et hypnotiques, l'apparition ou non d'une dépendance est largement influencée par quantités consommées[33]. Le méprobamate était globalement moins utilisé à des fins récréatives ou détournées que les barbituriques[34] ou la méthaqualone[35].
Les cas de surdose mortelle de méprobamate sont rares avec une incidence de moins de 5% parmi les personnes hospitalisées pour ce motif[36]. Le risque est cependant supérieur à celui lui de la surdose de benzodiazépines, ce qui explique en partie le retrait du méprobamate du marché européen[37].
Une utilisation simultanée de méprobamate, de benzodiazépines, d'alcool et/ou de narcotiques augmente fortement les risques encourus et les effets secondaires ressentis[38].
Propriétés physico-chimiques
Le méprobamate ne possède pas d'atome de carbone asymétrique car deux des substituants attachés au C3 sont identiques.
Meprobamate | |
Noms commerciaux |
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---|---|
Classe | Carbamate |
Autres informations | Sous classe : |
Identification | |
No CAS | |
No ECHA | 100.000.306 |
Code ATC | N05BC01 |
DrugBank | 00371 |
Liens externes
- Compendium suisse des médicaments : spécialités contenant Méprobamate
Notes et références
- Masse molaire calculée d’après « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
- « Carbamates - DrugBank », sur www.drugbank.ca (consulté le )
- (en) « Meprobamate », sur Drugs.com (consulté le )
- « Med'Vet - Médicament NERVICANIS® Méprobamate », sur www.med-vet.fr (consulté le )
- (en) James H. Kocsis, « Happy pills in America: From Miltown to Prozac », The Journal of Clinical Investigation, vol. 119, no 7, , p. 1744–1744 (ISSN 0021-9738, DOI 10.1172/JCI39766, lire en ligne, consulté le )
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- (en) « Rubrique nécrologique de Frank Berger - Nature » (consulté le )
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- (en-US) « Miltown, Equanil (Meprobamate) Addictions », sur Drug Addiction Treatment, (consulté le )
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