Melanie Klein

Melanie Klein, née Reizes le à Vienne et morte le à Londres, est une psychanalyste austro-britannique, qui s'est imposée à partir de 1925 comme une personnalité importante du mouvement psychanalytique britannique.

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Biographie

Formation

Melanie Klein (1900)

Melanie Reizes est née à Vienne, dans une famille austro-hongroise de tradition juive. Son père, Moritz Reizes, est médecin, originaire de Lemberg, ville de Galicie autrichienne, actuellement en Ukraine, et sa mère Libussa Reizes est originaire de Vrbovce, une ville de Haute-Hongrie, située aujourd'hui en Slovaquie. Elle est quatrième d'une fratrie, jeune sœur d'Émilie, Emmanuel et Sidonie. Elle fait ses études au lycée et décide d'étudier la médecine, projet pour lequel elle passe son examen d'entrée à l'université, mais auquel elle renonce lorsqu'elle se fiance en 1899 à Arthur Klein, qu'elle épouse le , à 21 ans. Leur premier enfant, Melitta, naît en 1904, suivie de Hans, en 1907 et d'Erich en 1913. À partir de 1909, la famille est à Budapest. Aux prises avec d'importantes phases dépressives, Melanie Klein commence une analyse avec Sándor Ferenczi en 1914. En 1918, elle assiste au 5e congrès de l'Association psychanalytique internationale qui se tient à Budapest ; elle y rencontre pour la première fois Sigmund Freud.

Elle présente en 1919 sa première contribution scientifique devant l'Association psychanalytique hongroise, sur une observation d'un enfant qu'elle nomme « Fritz », et qui lui permet d'être reçue membre[1]. Alors que l'antisémitisme se développe en Hongrie, Arthur Klein part travailler en Suède, tandis que Melanie réside avec ses enfants à Rosenberg, dans sa belle-famille. Elle assiste au 6e congrès de l'Association psychanalytique internationale, à La Haye où elle fait la connaissance de Joan Riviere. Elle s'installe à Berlin (1921-1925), où elle retrouve d'autres analystes hongrois, notamment Alice et Michael Balint, et Sándor Radó, qui fuient l'antisémitisme d'État en Hongrie. Elle présente en une observation d'un enfant qu'elle nomme « Felix ». Elle participe aux travaux de l'Association psychanalytique de Berlin dont Karl Abraham est le président[2], et elle y est acceptée comme membre associée en 1922, puis membre à part entière en 1923. Malgré une nouvelle tentative de vie commune, le couple Klein se sépare définitivement (1924). Melanie commence cette même année une analyse avec Karl Abraham. Elle présente le une communication à la Société psychanalytique de Vienne, où elle rencontre une hostilité réservée, alors que Hermine von Hug-Hellmuth, précurseure de l'analyse des enfants, a été assassinée par son neveu qu'elle psychanalysait, quelques mois auparavant. Melanie a une liaison amoureuse avec Chezkel Zvi Kloetzel, journaliste au Berliner Tageblatt et auteur de livres pour enfants, durant une année. Elle se lie avec Alix Strachey, venue à Berlin dans le but d'effectuer une analyse avec Karl Abraham. Celle-ci appuie auprès de son époux, James Strachey, et des psychanalystes britanniques, l'idée d'une invitation de Melanie Klein à Londres, pour une série de conférences.

Installation en Angleterre

En , Melanie Klein donne ainsi des conférences chez Adrian Stephen, puis se fixe définitivement à Londres en , où elle doit analyser les enfants d'Ernest Jones. Cette période coïncide avec la mort de Karl Abraham, qui soutenait l'orientation de recherche en psychanalyse des enfants de Klein, et clôt la période de formation. Son plus jeune fils, Erich la rejoint en . Elle présente une contribution consacrée au cas d'un enfant qu'elle nomme « Peter » à la Société britannique de psychanalyse, dont elle devient membre le . Melitta Schmideberg sa fille, diplômée en médecine et en formation analytique, la rejoint et devient membre de la société britannique en 1930. La même année, Klein présente sa contribution intitulée L'importance de la formation du symbole dans la formation du moi[3], puis publie en 1932 La psychanalyse des enfants[4]. À partir de 1933, des conflits avec sa fille Melitta, qui est en analyse avec Edward Glover, se manifestent dans le cadre de la société britannique de psychanalyse, sur le plan théorique. En 1934, son fils cadet Hans meurt, dans un accident de montagne. Elle présente au 13e congrès de l'Association psychanalytique internationale à Lucerne (1934), puis devant la SBP dans une version remaniée en 1935, Contribution à l'étude de la psychogenèse des états maniaco-dépressifs[5]. Elle commence sa collaboration avec Paula Heimann, qui devient sa secrétaire, tandis que Donald Winnicott réalise une analyse de son fils Eric[6], à la demande de Klein. Elle publie avec Joan Riviere L'amour, la culpabilité et le besoin de réparation[7].

Controverses scientifiques de la Société britannique de psychanalyse

En , Freud se réfugie à Londres, avec sa famille, et notamment sa fille Anna Freud, il y meurt en . La sœur de Melanie Klein, Émilie et son beau-frère s'installent également dans cette ville. La société psychanalytique londonienne, qui fête ses vingt-cinq ans en 1939, accueille ainsi de nombreux psychanalystes autrichiens qui fuient l'Autriche annexée. Un groupe de travail « kleinien », le Internal Object Group se constitue, dans la perspective d'organiser les idées kleiniennes. Le Royaume-Uni est en guerre avec l'Allemagne nazie à partir de . Melanie s'installe temporairement à Cambridge, puis à Pitlochry en Écosse[8], où elle continue l'analyse de « Dick » et prépare l'édition de son texte Le deuil et ses rapports avec les états maniaco-dépressifs (1940). Elle mène également l'analyse de « Richard », publié seulement en 1961, sous le titre The Conduct of the Psycho-Analysis of Children as seen in the Treatment of a Ten year old Boy[9] et traduit en 1973 sous le titre Psychanalyse d'un enfant[10], puis regagne Londres en 1941.

À ce moment-là, les tensions internes à la Société britannique de psychanalyse sont vives, entre le groupe acquis aux remaniements métapsychologiques que propose Melanie Klein, un groupe plus orthodoxe sur le plan théorique qui comporte les Viennois fédérés par Anna Freud, et enfin d'autres opposants internes à la SBP, notamment Edward Glover et Melitta Schmideberg. Ces fortes dissensions conduisent à l'organisation de controverses scientifiques, au sein de la Société, dont la première réunion se tient le [11].

Susan Isaacs présente une contribution intitulée The Nature and Function of Phantasy[12]. En , Klein présente pour la première fois une contribution dans le cadre des « Controverses », intitulée La vie émotionnelle et le développement du moi de l'infans avec une mention spéciale à la position dépressive[13].

Reconnaissance scientifique

En 1944, Hanna Segal et Herbert Rosenfeld commencent une analyse avec Klein, et inscrivent durablement leurs travaux théorico-cliniques dans une perspective kleinienne. Deux des protagonistes les plus engagés contre les idées kleiniennes lors des Controverses s'éloignent de la Société britannique de psychanalyse, Edward Glover en démissionne en , tout en restant membre de l'Association internationale, puis Melitta Schmideberg, la fille de Melanie Klein, part en 1945 pour les États-Unis, où elle s'installe durablement, jusqu'à la mort de sa mère en 1960. Cette évolution de la situation rend possible une résolution institutionnelle des conflits. Dès 1946, la société de psychanalyse anglaise prend acte de l'irréductible écart qui s'est installé entre les partisans de l'école anglaise de psychanalyse réunie autour de Melanie Klein et les partisans du courant orthodoxe mené par Anna Freud et crée deux cursus de formation, le courant A pour les annafreudiens, et le courant B pour les kleiniens. Un troisième groupe, qui souhaite garder son indépendance se constitue, le « groupe des Indépendants » ou Middle Group. Ce compromis permet sans doute d'éviter l'éclatement de la société psychanalytique, tandis qu'un membre des Indépendants, John Rickman devient président de la SBP en 1947.

70e anniversaire de Melanie Klein  
Blue plaque

Melanie Klein présente en 1946 une contribution intitulée Notes sur quelques mécanismes schizoïdes[14] devant la SBP. À l'occasion des 70 ans de Melanie Klein, ses collègues préparent l'édition d'un livre d'hommage, Développements de la psychanalyse[15], auquel contribuent les plus proches des kleiniens. Ernest Jones organise un dîner d'anniversaire qui rassemble les « kleiniens » parmi lesquels Michael Balint, Sylvia Payne, Paula Heimann, Donald Winnicott... Klein présente une contribution, Envie et gratitude, au 19e congrès de l'Association psychanalytique internationale, à Genève, en 1955. Elle complète, avec l'aide d'Elliott Jaques, son travail sur l'analyse de « Richard » qu'elle a menée durant la guerre, et publie l'ouvrage sous le titre Psychanalyse d'un enfant[16], puis en 1959, Les racines infantiles du monde adulte lu devant un congrès de sociologie à Londres et Se sentir seul[17] au 21e congrès de l'Association psychanalytique internationale à Copenhague. Elle est atteinte d'un cancer du côlon, diagnostiqué au printemps 1960, et elle meurt le de la même année, après des complications liées à une chute et une fracture de la hanche.

Apports et travaux de Melanie Klein

Melanie Klein a particulièrement théorisé les positions : position paranoïde-schizoïde et position dépressive

Publications

  • (2010) « Mélanie Klein (1882-1960) Bibliographie sélective », BnF,

Références

  1. Grosskurth 2001, p. 106.
  2. La Berliner Psychoanalytische Vereinigung, créée par Karl Abraham prend son nom actuel de Deutsche Psychoanalytische Gesellschaft (DPG) en 1926, alors que Melanie Klein a déjà quitté Berlin.
  3. The Importance of Symbol-Formation in the Development of the Ego
  4. The Psychoanalysis of Children, Hogarth Press.
  5. A Contribution to the Psychogenesis of Manic-Depressive States.
  6. Eric change son patronyme en Clyne lorsqu'il est naturalisé en 1937.
  7. Love, Guilt and Reparation (1937).
  8. Eleanor Sawbridge Burton, « Melanie Klein in Pitlochry », sur Melanie Klein Trust, (consulté le ).
  9. (en) Melanie Klein, « Narrative of a Child Analysis. The Conduct of the Psycho-Analysis of Children as seen in the Treatment of a Ten year old Boy », sur The International Psycho-Analytical Library, 55:1-536, (consulté le ).
  10. [compte rendu] Marcel Scheidhauer, « Mélanie Klein, Psychanalyse d'un enfant », Revue d'histoire et de philosophie religieuse, vol. 54, no 4, , p. 583-584 (lire en ligne, consulté le ).
  11. Pearl King, « Contextes et déroulement des controverses freudo-kleiniennes », p. 31-54, in P. King, R. Steiner, Les Controverses Anna Freud Melanie Klein 1941-1945, coll. « Histoire de la psychanalyse », Paris, Puf, 1996, 858 p.
  12. Article publié en français sous le titre « Nature et fonction du fantasme », in Melanie Klein, Joan Riviere, Susan Isaacs et Paula Heimann, Développements de la psychanalyse, p. 64-114, Paris, Puf, 1966 (ISBN 2130549608).
  13. The Emotional Life of the Infant. Cf. P. King et R. Steiner, Les Controverses Anna Freud Melanie Klein 1941-1945, p. 675-710, cf. bibliographie.
  14. Notes on Some Schizoid Mechanisms
  15. Developments in Psychoanalysis.
  16. Narrative of a Child Analysis.
  17. On the Sense of Loneliness.
  18. [compte rendu] Élisabeth Roudinesco, « Renversante Melanie Klein », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).

Annexes

Bibliographie

  • Dominique J. Arnoux, Melanie Klein, coll. « Psychanalystes d’aujourd’hui », no 7, Paris, Puf, 2004, (ISBN 2130483399)
  • Francis Drossart, Une théorie kleinienne de la destructivité et de la créativité, préface de Didier Houzel, contributions de Chantal Lheureux-Davidse et de Géraldine Le Roy, Larmor-Plage, éditions du Hublot, 2016, (ISBN 2-912186-45-5).
  • James Gammill, À partir de Melanie Klein, Lyon, Césura, (ISBN 2905709812)
  • Phyllis Grosskurth (trad. de l'anglais), Melanie Klein : Son monde et son œuvre, Paris, PUF, coll. « Quadrige », , 676 p. (ISBN 2-13-052364-1)
  • Robert D. Hinshelwood :
    • « Klein-Reizes, Melanie », p. 890-892, in Alain de Mijolla (dir.), Dictionnaire international de la psychanalyse 1. A/L. Paris, Calmann-Lévy, 2002, (ISBN 2-7021-2530-1)
    • Dictionnaire de la pensée kleinienne, Paris, PUF, 2000 (ISBN 2130504019).
    • Le génie clinique de Melanie Klein, (1994) Paris, Désir/Payot, 2001 (ISBN 222889477X)
  • Julia Kristeva, Le Génie féminin : 2. Melanie Klein, Paris, rééd. Gallimard, coll. « Folio essais », 2000.
  • Monique Lauret et Jean-Philippe Raynaud, Melanie Klein, une pensée vivante, Paris, PUF, 2008, (ISBN 2130570399)
  • Donald Meltzer, Le développement kleinien de la psychanalyse : Freud, Klein, Bion, Paris, Bayard, 1994 (ISBN 9782227233010)
  • Hanna Segal :
    • Introduction à l'œuvre de Melanie Klein, Paris, PUF, 2011, (ISBN 213058571X)
    • Melanie Klein. Développement d'une pensée, Paris, PUF, coll. « Bibliothèque de psychanalyse », 1985, (ISBN 2130391486)

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