Laguatan

Les Laguatans ou Louata sont une confédération de tribus berbères qui résidait en Cyrénaïque pendant la période romaine[1], et se retrouve jusqu'aux confins de l'Égypte[2]. Avec les Austuriens, ils sont une branche d’un peuple du désert, les Nasamons. La confédération est également désignée sous les noms de Lévathes, Zaguantans ou Ilaguas à l'époque byzantine. Les auteurs de langue arabe la mentionnent sous le nom de Louata.

Laguatan

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Régions d’origine Afrique du Nord
Ethnies liées Berbères

Localisation

L'historien Christian Courtois défend la thèse de leur localisation primitive en Égypte, en prenant appui sur un passage d’Ibn Khaldoun, qui est aussi un autre argument, peut-être le principal, de l'archéologue David John Mattingly. Ce dernier avance en effet : « Il (le passage en question) établit que les Louatas (Laguatans) sont originaires d’Égypte et se déplacèrent à travers le désert derrière Barka (la Cyrénaïque). Une branche s’installa en Tripolitaine, une autre, les Nefza, sur d’autres territoires (probablement le moderne Nefzaoua en Tunisie). La tribu par la suite gagna Kairouan et au-delà »[3].

L'une des fractions des Laguatans, les Mzata, était présente en Égypte, jusqu'aux portes d'Alexandrie[2].

Histoire

Depuis sa première apparition à la fin du troisième siècle de notre ère, la confédération joue un rôle important dans la politique de l’Afrique romaine, vandale, byzantine et au début de l'ère arabe.

Les Laguatans émergent à la fin du iiie siècle, lorsque les premiers groupes commencent une migration vers l'ouest, depuis leurs régions d'origine dans le désert libyen. Sous le nom d'Austuriani (reflétant probablement une sous-tribu dominante à l'époque), ils apparaissent comme des pilleurs de la Cyrénaïque et de Tripolitaine au ive siècle.

Dans les années 520, sous leur chef Cabaon, ils remportent une victoire majeure sur les Vandales, gagnant une indépendance effective par rapport à ces derniers[4].

En 540, l’officier militaire byzantin Serge assassine 80 dirigeants de la confédération lors d’un banquet, ce qui provoque une révolte[5].

Les Laguatans rejoignent alors d'autres chefs de tribus berbères qui s'étaient également rebellés, y compris le chef des Frexes, Antalas.

Selon le poète byzantin Corippe, ils sont païens, et vénèrent Gurzil, identifié comme étant le fils d'Amon et d'une vache[6].

Pendant le moyen âge islamique, Ibn Khaldoun note que ce groupe berbère très mobile s'est propagé depuis les oasis du désert occidental d'Égypte vers la Cyrénaïque, la Tripolitaine au sud et vers le centre de la Tunisie et l'Algérie orientale[7].

Référencement

Références

  1. Wickham 2007, p. 333.
  2. Ernest Carette, Origine et migrations des principales tribus de l'Afrique septentrionale : Et particulièrement de l'Algérie, Collection XIX, , 497 p. (ISBN 978-2-346-06735-0, lire en ligne)
  3. Yves Modéran, « Chapitre 5. Le mythe du « mystérieux appel de l’Ouest » », dans Les Maures et l’Afrique romaine (IVe-VIIe siècle), Publications de l’École française de Rome, coll. « Bibliothèque des Écoles françaises d’Athènes et de Rome », (ISBN 978-2-7283-1003-6, lire en ligne), p. 153–207
  4. Mattingly 1983, p. 97-98.
  5. Martindale, Jones et Morris 1992, p. 1125, 1175.
  6. Mattingly 1983, p. 98-99.
  7. Mattingly 1983, p. 99-100.

Bibliographie

  • D. J. Mattingly, « Laguatan. (Ilaguas ; Leuathae ; Louāta/Lawāta) », dans Encyclopédie berbère, Éditions Peeters, (lire en ligne), p. 4314-4318
  • (en) D. J. Mattingly, « The Laguatan: A Libyan Tribal Confederation in the Late Roman Empire », Libyan Studies: Annual report of the Society for Libyan Studies, no 14, , p. 96-108 (lire en ligne [PDF])
  • (en) Isabella Sjöström, Tripolitania in Transition Avebury, Aldershot, Avebury, , 340 p. (ISBN 1-85628-707-6)
  • Charles Diehl, L'Afrique byzantine : histoire de la domination byzantine en Afrique (533-709), Paris, Ernest Leroux, , 644 p. (lire en ligne)
  • (en) John Robert Martindale, Arnold Hugh Martin Jones et John Morris, The Prosopography of the Later Roman Empire, Volume III : A.D. 527–641, Cambridge, Cambridge University Press, , 1575 p. (ISBN 0-521-20160-8)
  • Yves Modéran, Les Maures et l’Afrique romaine (IVe-VIIe siècle), Publications de l’École française de Rome, , 900 p. (ISBN 978-2-7283-0640-4 et 9782728310036, DOI 10.4000/books.efr.1395, lire en ligne)
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