Ludger Duvernay

Ludger Duvernay, né le à Verchères et mort le à Montréal, est un imprimeur, éditeur, journaliste, et homme politique du Bas-Canada[1]. Il est député à la Chambre d'assemblée du Bas-Canada pour le Parti patriote, responsable de la publication du journal La Minerve et l'un des fondateurs de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal.

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Ludger Duvernay

Portrait par Jean-Baptiste Roy-Audy, 1832
Fonctions
Député de Lachenaie n° 2 à la Chambre d'assemblée du Bas-Canada
Prédécesseur Jean-Marie Rochon
Successeur Dernier titulaire
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Verchères
Date de décès
Lieu de décès Montréal
Parti politique Parti patriote
Père Joseph Duvernay
Mère Marie-Anne-Julie Rocbert de la Morandière
Conjoint Reine Harnois
Profession Imprimeur, journaliste

Biographie

L'ancêtre de Duvernay, Christophe Crevier, est originaire de Normandie. Ce dernier immigre en Nouvelle-France au milieu du XVIIe siècle et s’établit à Trois-Rivières. Son fils, Jean-Baptiste Crevier, adopte le patronyme Duverné qui devient, éventuellement, Duvernay[1]. Ludger Duvernay, quant à lui, est le fils de Joseph Duvernay, maître-charpentier et Marie-Anne-Julie, issue de la famille Rocbert de la Morandière, une ancienne famille aristocratique (son arrière-grand-père, Étienne Rocbert de la Morandière, est garde-magasin du roi et subdélégué de l’intendant à Montréal). Ludger Duvernay reçoit son éducation de Louis-Généreux Labadie, célèbre éducateur au Bas-Canada[2].

Carrière d'imprimeur

Duvernay apprend le métier d'imprimeur à Montréal, de 1813 à 1815, dans l'atelier du journal Le Spectateur, appartenant à Charles-Bernard Pasteur. Il y travaille jusqu'en 1817, et ensuite fonde une imprimerie à Trois-Rivières. Durant les années suivantes, il publie plusieurs journaux: la Gazette des Trois-Rivières (de 1817 à 1821), L'Ami de la religion et du roi (en 1820), Le Constitutionnel (de 1823 à 1824) et L'Argus (en 1826). Il épouse en 1825, à Saint-Antoine-de-la-Rivière-du-Loup, Reine Harnois, fille du capitaine Augustin Harnois et de Josephte Déjarlais. En décembre 1826, Duvernay retourne à Montréal[2].

Dans cette ville, il publie le Canadian Spectator de 1827 à 1829 et La Minerve de 1827 à 1837[3]. La Minerve, publié précédemment par Augustin-Norbert Morin, était un petit journal qui comptait tout au plus 240 abonnés. Il est devenu, avec Duvernay, une publication d'importance au Bas-Canada (malgré un tirage en 1832 de 1300 exemplaires) et un organe du Parti patriote[2]. L'imprimerie de Duvernay, située dans le quartier des affaires de Montréal, devient alors le principal imprimeur de livres, de brochures et de pamphlets de la ville. Accusé de diffamation dans ses écrits, Duvernay est emprisonné en 1828, en 1832 et en 1836[3].

Implication politique

Duvernay se présente aux élections partielles de 1833, sans succès. Il se représente en mai 1837, et est élu à la Chambre d'assemblée du Bas-Canada, dans la circonscription de Lachenaie. Il demeure député jusqu'à la suspension de la constitution, le 27 mars 1838. En 1834, il est co-fondateur du groupe « Aide-toi, le Ciel t’aidera » (précurseur de l’Association Saint-Jean-Baptiste, fondée en 1843, qui elle-même deviendra la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal). Le 24 juin 1834, il organise la première célébration de la Saint-Jean-Baptiste en tant que fête nationale des Canadiens français. Le 5 avril 1836, il livre un duel à Clément-Charles Sabrevois de Bleury, le député de Richelieu. Duvernay en sort blessé à la jambe droite[2].

Le 16 novembre 1837, un mandat d'arrêt est lancé contre 26 têtes dirigeantes des Patriotes, dont Duvernay[1]. Il quitte alors Montréal et fuit vers les États-Unis. Il se réfugie d'abord à Swanton et à Saint Albans, au Vermont, puis à Rouses Point, dans l'État de New York. Il s'installe ensuite à Burlington, au Vermont[2]. En décembre 1837, pendant la rébellion des Patriotes, il dirige à titre d'officier un petit bataillon de rebelles à la bataille de Moore's Corner[4]. De retour au sud de la frontière, à Burlington, il y fait paraître Le Patriote canadien, un journal s’adressant principalement aux Patriotes exilés aux États-Unis, en 1839 et 1840[2].

Après l'Union

Duvernay revient à Montréal en 1842, deux ans après l'Acte d'Union. À cette époque, le modéré Louis-Hippolyte La Fontaine s'impose comme successeur du plus radical Louis-Joseph Papineau comme chef des Canadiens français au parlement (dorénavant l'assemblée législative de la province du Canada). Les partisans de Lafontaine demandent alors à Duvernay de reprendre les rênes de La Minerve pour s'assurer qu'elle appuie les réformistes de La Fontaine, ce qu'il accepte. Tout en donnant cet appui, le journal prend également position contre Papineau et son refus d'accepter l'Union. Duvernay est aussi membre fondateur de l'Association Saint-Jean-Baptiste de Montréal en 1843, et il en devient le président en 1851[2]. Ludger Duvernay décède à Montréal le 28 novembre 1852. Il est enterré au cimetière Notre-Dame-des-Neiges, à Montréal.

Chronologie

  • Duvernay tel qu'illustré dans le volume 5 de l'Histoire des Canadiens-Français. 1608-1880 (1882).
    1799 - Le , naissance de Ludger Duvernay à Verchères, Bas-Canada.
  • 1813 - Il est choisi comme apprenti chez Charles-Bernard Pasteur, imprimeur du journal Le Spectateur de Montréal.
  • 1815 - Il termine son apprentissage et est embauché par Le Spectateur.
  • 1817 - Il ouvre sa propre imprimerie à Trois-Rivières.
  • 1817 - Le , il fait paraître la première édition de l'hebdomadaire La Gazette des Trois-Rivières, premier journal bas-canadien à paraître en dehors de villes de Québec et de Montréal.
  • 1819 - Il est inspecteur du service des incendies jusqu'en 1826.
  • 1820 - En septembre, parution du premier numéro de L'Ami de la religion et du roi, un mensuel religieux dirigé par le curé de Trois-Rivières, Louis-Marie Cadieux.
  • 1823 - Le , il fait paraître le premier numéro du journal Le Constitutionnel.
  • 1826 - En août, il fait paraître un « journal électorique », L'Argus que rédigent les frères Dominique et Charles-Elzéar Mondelet le temps d'une élection complémentaire.
  • 1826 - En décembre, le Canadian Spectator lui offre le poste d'éditeur qu'il accepte.
  • 1827 - En janvier, il est de retour à Montréal.
  • 1827 - Le , il fait l'acquisition du journal La Minerve.
  • 1828 - Le 18 décembre, il est accusé de diffamation, arrêté et emprisonné en même temps que Jocelyn Waller.
  • 1828 - En décembre, décès de Jocelyn Waller, rédacteur en chef du Canadian Spectator et âme du journal.
  • 1829 - En février, le Canadian Spectator cesse de paraître.
  • 1829 - En août, il achète l'imprimerie de James Lane.
  • 1832 - En janvier, il est de nouveau accusé de diffamation, arrêté et jeté en prison, cette fois aux côtés de Daniel Tracey, éditeur du journal The Vindicator.
  • 1833 - En février, il est candidat à l'élection dans la circonscription de Rouville, mais c'est François Rainville qui remporte la pluralité des votes.
  • 1834 - En mars, il est élu président de la Société Aide-toi, le Ciel t’aidera.
  • 1834 - Le , il organise la tenue d'un grand banquet patriotique dans le jardin de l'avocat Jean-François-Marie-Joseph MacDonell, le jour de la fête traditionnelle de la Saint-Jean-Baptiste, qui devient la fête nationale des Canadiens d'expression française.
  • 1836 - En septembre, il est condamné à 30 jours de prison pour outrage au tribunal, encore une fois pour un texte paru dans La Minerve.
  • 1836 - Le , il se bat en duel contre Clément-Charles Sabrevois de Bleury et se fait tirer une balle dans le genou droit.
  • 1837 - Le , il est élu député de la circonscription de Lachenaie sans opposition.
  • 1837 - Le , Gosford fait émettre des mandats d'arrestation contre Duvernay et 25 autres chefs patriotes.
  • 1837 - Le , il participe à la bataille de Moore's Corner en tant qu'officier.
  • 1837 - Après la défaite du , il se réfugie aux États-Unis.
  • 1852 - Le , il décède à Montréal.

Ouvrages

  • « Liste des journaux publiés dans le Bas-Canada depuis 1764 », dans La Canadienne, Montréal,  : 3–4

Journaux, revues

  • Gazette des Trois-Rivières, Trois-Rivières, 1817-1819
  • L'Ami de la religion et du roi, Trois-Rivières, 1820
  • Le Constitutionnel, Trois-Rivières, 1823
  • L'Argus, Trois-Rivières, 1826-1828
  • Canadian Spectator, Montréal 1822-1829
  • La Minerve, Montréal, 1826-1837 et 1842-1899
  • Le Guide du cultivateur, ou Nouvel almanac de la température pour chaque jour de l'année, Montréal, 1830-1833
  • Le Patriote canadien, Montréal, 1839
  • La Revue canadienne, Montréal, 1845-1848

Notes et références

  1. Jean-Marie Lebel, « Duvernay, Ludger », sur http://www.biographi.ca/ (consulté le )
  2. Maxime Dagenais, « Ludger Duvernay », sur https://www.thecanadianencyclopedia.ca/ (consulté le )
  3. « Duvernay, Ludger », sur https://www.patrimoine-culturel.gouv.qc.ca/ (consulté le )
  4. « Ludger Duvernay (1799-1852) », sur https://www.pc.gc.ca/ (consulté le )

Bibliographie

  • Jean-Marie Lebel. « Duvernay, Ludger », dans le Dictionnaire biographique du Canada en ligne, Université de Toronto, Université Laval, 2000
  • Donald Prémont. « Duvernay, Ludger (1799-1852) », dans le site Les Patriotes de 1837@1838,
  • Denis Monières. Ludger Duvernay et la révolution intellectuelle au Bas-Canada, Montréal : Éditions Québec/Amérique, 1987, 231 p.
  • Robert Rumilly. Histoire de la Société Saint-Jean Baptiste de Montréal (Des patriotes au fleurdelisé), Montréal : Éditions de l'Aurore, 1975, 564 p.
  • Jean-Marie Lebel. Ludger Duvernay et La Minerve. Étude d'une entreprise de presse montréalaise de la première moitié du XIXe siècle, Université Laval, 1982, 212 p.
  • Sylvain Beaudoin. « Ludger Duvernay, un patriote », dans le site Histoire et culture régionale du Québec
  • « Ludger Duvernay », dans le site Héritage global du Québec-français de la SSJB de St-Hubert
  • Aubin, Georges et Jonathan Lemire, Ludger Duvernay, Lettres d'exil, 1837-1842, Montréal, VLB éditeur, 2015, 302 p.
  • Laurent-Olivier David. Les Patriotes de 1837-1838, Montréal, Librairie Beauchemin, 1884, pp.72-73.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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